- Le fantôme du roi Léopold
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Les Fantômes du roi Léopold
Les fantômes du roi Léopold (King Leopold's Ghost) (1998) est un livre d'Adam Hochschild (ISBN 2-714436137). Il décrit l'exploitation de l'État indépendant du Congo par Léopold II de Belgique.
Selon Hochshild, le roi Léopold prend sa place avec les grands tyrans Staline, Hitler et Pol Pot, ayant réduit la population de l'État indépendant du Congo de vingt millions d'habitants à dix millions en quarante ans. La motivation de Léopold, à en croire Hochschild, n'était qu'un désir pour l'argent qu'il pouvait gagner de l'exploitation des ressources du Congo.
Sous la forte pression des Britanniques Léopold céda en 1909 son domaine à la nation belge.
Après que l'État indépendant du Congo eût cessé d'exister, le Congo étant cédé comme colonie à l'État Belge, l'oppression du Congo aurait perduré. Hochschild nous dit que 80 pour cent de l'uranium dans les bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki fut extrait dans le Congo par des travaux forcés.
Les héros de ce livre sont les ennemis de Léopold, ceux qui ont conté l'histoire de l'État indépendant du Congo :
- George Washington Williams, écrivain, le premier à faire un reportage des crimes atroces dans le Congo.
- William Henry Sheppard, un missionnaire presbytérien qui dirigea des missionnaires européens et américains, qui était presque les seuls acteurs indépendants dans le Congo, dans un conflit constant contre Léopold et sa politique.
- Emile Vandervelde, avocat et homme politique belge, président de la Deuxième Internationale Socialiste, qui se rendit au Congo en 1909 pour assurer la défense de Sheppard, attaqué en justice par Léopold II.
- Edmund Dene Morel, un Français naturalisé Britannique qui travaillait à Anvers pour une agence maritime de Liverpool et dont l'influence, à la tête de la Congo Reform Association, fut déterminante dans le contexte de l'époque. Ce fut surtout grâce à lui que l'opinion publique belge et internationale furent mises au fait des atrocités commises au Congo. Il fit l'observation que pendant qu'on recevait de la gomme et du minerai valant beaucoup d'argent, tout ce qu'on renvoyait au Congo, c'étaient des fusils et des chaînes. De cette évidence, Morel déduisait que le Congo était un état basé sur l'esclavage. Durant la Première Guerre mondiale, Morel, qui était pacifiste, fut condamné à six mois de prison au Royaume-Uni pour avoir envoyé un pamphlet à Romain Rolland, qui était alors réfugié en Suisse. Après la guerre, remportant le siège de Dundee contre Winston Churchill, il fut élu pour le Parti travailliste indépendant.
- Sir Roger Casement, diplomate britannique et nationaliste irlandais, auteur d'un rapport sur l'État indépendant du Congo. En août 1916, Casement fut condamné à mort et exécuté au Royaume-Uni pour intelligence avec l'Allemagne dans le contexte de sa lutte pour l'indépendance irlandaise.
- Joseph Conrad, capitaine anglo-polonais qui tomba tellement malade par ce qu'il vit dans un seul voyage. Huit ans plus tard il écrivit Heart of Darkness (en français, Au cœur des ténèbres).
Les travaux des hommes cités ci-dessus amenèrent la première campagne internationale pour protéger les droits de l'homme, ancêtre direct de l'Anti-Slavery Society et de Amnesty International et d'autres groupes.
La plupart des renseignements sur les meurtres et les tortures furent recueillies par les missionnaires britanniques, suédois et américains.
Critique du livre
Par son statut de best-seller, le livre de Hochschild a poussé de nombreux historiens à en vérifier l'exactitude. Quelques-uns, comme les professeurs Jan Vansina, de l'université de Wisconsin, et Robert Harms, de Yale, sont en général en accord avec Hochschild. D'autres soulignent des erreurs factuelles et des fausses interprétations.
Ainsi, Hochschild regarde le chef-d'œuvre de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres, comme une mise en accusation du régime de Léopold II. Or, si Conrad décrit les crimes d'un Européen désaxé, il ne peut s'attaquer au régime léopoldien, puisque Conrad a voyagé en Afrique en 1890 et s'est inspiré de ce qu'il a vu là-bas à cette époque précise. À cette date, la récolte forcée du caoutchouc, source majeure des abus systématiques, n'avait pas encore débuté. Ces abus, d'autre part, ne se sont pas étendus à l'ensemble du Congo : des distinctions géographiques, là, sont indispensables. Localisations dans le temps et localisations dans l'espace font de l'idée d'un "holocauste" dû à Léopold II, non pas une absurdité mais simplement une impossibilité.
Sur le nombre de victimes, la théorie de Hochschild est battue en brèche entre autres par l'historien belge Jean Stengers, spécialiste de l'histoire du Congo belge, dans Congo, Mythes et réalités. Les estimations du nombre total de morts restent extrêmement difficiles, tout comme la détermination de la cause de ces morts. L'estimation de la population congolaise sur laquelle se base Adam Hochschild pour chiffrer le nombre total de morts, date de 1924. Cette estimation (et non recensement) effectuée par l'administration belge de l'époque s'élevait à 10 000 000 d'indigènes. Toutefois, il n'y a là non plus aucune raison de penser que ce chiffre soit exact (en 1948, soit 24 ans plus tard, l'administration coloniale belge déclara qu'elle n'avait, dans les faits, aucune idée de la population du Congo).
Les historiens sont donc confrontés à une absence totale de chiffres fiables pour dénombrer la population indigène du Congo. Certains, se basant sur les témoignages de colons ou de missionnaires présents dans certains villages du Congo, s'autorisent à lancer des chiffres qui varient fortement : ainsi, le rapport du diplomate britannique Roger Casement en 1904 donne un chiffre de 3 millions de personnes, Forbath parle d’au moins 5 millions, Adam Hochschild, de 10 millions, Isidore Ndawel È Nziem, historien congolais, dans son Histoire du Zaïre: De l'héritage ancien à l'âge contemporain (2002), de 13 millions, l’Encyclopædia Britannica donne une perte de population de 8 à 30 millions. L'historien et anthropologue Jan Vansina, auteur de beaucoup des livres savants sur le sujet des peuples de Congo, estime que la perte de population entre 1880 et 1920 était 50%.
Concernant les "mains coupées" tant décrites par Hochschild, il apparaît qu'elles n'étaient coupées qu'aux cadavres pour justifier l'utilisation des balles (pour s'assurer que les balles n'étaient pas revendues ou utilisées pour chasser, entre autres).
Liens externes
Ce documentaire choc (Sélection Officielle au Maryland Film Festival) qui a gagné de nombreux prix dont celui du meilleur documentaire(2006)au Pan African Film Festival et à l'Indian-Mumbai Film Festival est inspiré du livre "King Leopold's Ghost" par Adam Hochschild.
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