- Le Sang d'un poète
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Le Sang d'un poète
Données clés Réalisation Jean Cocteau Scénario Jean Cocteau Acteurs principaux Enrique Rivero
Lee Miller
Féral Benga
Pauline Carton
Jean DesbordesPays d’origine France Genre Film expérimental- Film fantastique Sortie 1930 Durée 49 minutes Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Le Sang d'un poète est un film français expérimental réalisé par Jean Cocteau en 1930.
Sommaire
Synopsis
Le film se décompose en quatre parties :
- Première partie : une cheminée d'usine s'apprête à tomber. Durant ce temps, dans la chambre d'un poète, une statue sans bras s'anime brusquement. Cette dernière l'invite à plonger dans un miroir et de découvrir un autre monde. Des lieux et des personnages étranges s'offrent à lui : un couloir d'hôtel borgne, une fumerie d'opium, une chambre où l'on donne une leçon de vol à une jeune fille, un hermaphrodite, etc. Le poète s'arrache à ses fascinations malsaines et non sans mal regagne sa chambre. Il détruit la statue, après quoi il devient statue lui-même.
- Deuxième partie : dans une école, le spectateur assiste à une bataille de boules de neige. L'une d'elles, en fait du marbre, heurte de plein fouet un garçonnet et le tue.
- Troisième partie : des spectateurs en habits de soirée viennent assister comme au théâtre, à l'agonie de l'enfant près du corps duquel le poète et une jeune femme jouent aux cartes. Le cœur de l'enfant devient un atout maître dans le jeu. Le poète se suicide, sous les applaudissements des invités.
- Quatrième partie : un tableau vivant représentant la femme statue tenant une lyre et une mappemonde clôture le film. Quand l'on voit que la cheminée d'usine s'écroule, le spectateur se rend compte qu'il ne s'est écoulé qu'une seconde, comme dans un rêve.
Fiche technique
- Titre : Le sang d'un poète
- Réalisation : Jean Cocteau
- Scénario : Jean Cocteau
- Photographie : Georges Périnal
- Décors : Jean d'Eaubonne (crédité Jean Gabriel d'Eaubonne)
- Musique : Georges Auric
- Direction technique : Michel J. Arnaud
- Ingénieur du son : Henri Labrély
- Date de sortie française : 1930
- Durée : 49 min
Distribution
- Enrique Rivero (crédité Errique Rivero) : le poète
- Lee Miller : la statue
- Féral Benga : l'ange noir
- Pauline Carton : la dresseuse d'enfants
- Jean Desbordes : Louis XV / l'ami
- Odette Talazac
- Fernand Dichamps
- Lucien Jager
- Barbette
Production et réception
Le vicomte Charles de Noailles est le mécène du Sang d’un poète, premier film de Jean Cocteau avec un budget d'un million de francs. Il lui commande un film d’animation, et un autre en prise de vue réelle à Luis Buñuel qui réalisera ainsi L'Âge d'or. Cependant, Cocteau, conscient des difficultés que représentent les techniques du cinéma d’animation, propose « de faire un film [en images réelles] aussi libre qu’un dessin animé, en choisissant des visages et des lieux qui correspond[ent] à la liberté où se trouve un dessinateur inventant un monde qui lui est propre »[1]. L’âge d’or et Le Sang d’un poète, tous deux aidés par le Vicomte de Noailles, sont associés au surréalisme, ce que Cocteau a toujours rejeté pour son film. Il est également accusé par des critiques d’avoir « copié sur L’Âge d’or », ce qu’il nie complètement, allant même jusqu’à dire qu’il n’a pas vu le film de Buñuel avant d’avoir terminé son propre film. Le film n’est pas sorti dans l’immédiat car l’image qu’il donnait de la bourgeoisie n’était pas du tout apprécié par le Vicomte de Noailles et sa femme. Les critiques du film ont évolué au cours des années, arrivant aujourd’hui à le considérer comme une œuvre incontournable.
Commentaire
Le Sang d’un poète, laisse entrevoir la suite des œuvres de Cocteau telles qu’Orphée ou Le Testament d'Orphée, à travers des thèmes et des symboles qui lui sont chers tels que la mort, le miroir ou les étoiles. Cocteau nous présente certainement ici son film le plus personnel, où il décrit les souffrances du poète et les affres de la création. En l’espace d’un instant, alors que s’écroule une cheminée, le film se déroule à « la manière dont les souvenirs s’enchaînent et se déforment chez l’homme qui marche et qui dort debout »[2]. Pour Cocteau, son film « n’est qu’une descente en soi-même, une manière d’employer le mécanisme du rêve sans dormir, une bougie maladroite, souvent éteinte par quelque souffle, promenée dans la grande nuit du corps humain. »[3] La temporalité du film est intérieure, semblable à celle d’un rêve. Les événements se déroulent comme ils peuvent le faire dans l’esprit humain, ils s’enchaînent les uns les autres dans une logique qui échappe au spectateur, en dehors de toute linéarité.
Notes et références
- Jean Cocteau, cité par Jean Collet, « Le sang d’un poète », Télérama, n°840, 20 au 26 février 1966
- « Notices pour être lue avant Le Sang d’un poète : vers 1949 »
- Jean Cocteau, De la difficulté d’être, « Du merveilleux au cinématographe », Éditions du rocher, 1957
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
- Le Sang d'un poète sur l’Internet Movie Database - Version plus complète en anglais
- Le sang d’un poète en streaming et téléchargement sur oldcinemovies.fr
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