- Le Joueur (roman)
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Le Joueur Auteur Fiodor Dostoïevski Genre Roman Version originale Titre original Игрок Éditeur original Stellovski Langue originale Russe Pays d'origine Empire russe Lieu de parution original Saint-Pétersbourg Date de parution originale 1867 Version française Le Joueur (en russe Игрок) est un roman de l'écrivain russe Fiodor Dostoïevski. Rédigé[1] dans l'urgence, le roman a été dicté en vingt-sept jours[2] à Anna Grigorievna Snitkina[3]. Pressé par son éditeur Stellovski à qui il avait promis ce roman, contemporain de Crime et Châtiment, Dostoïevski néanmoins en a fait une œuvre marquante.
Sommaire
Résumé
L'action se déroule à Roulettenbourg[4], une ville d'eau imaginaire d'Allemagne, dont le casino attire de nombreux touristes. Alexeï Ivanovitch ne possède rien ; précepteur dans une famille hétéroclite composée d'un général vieillissant amoureux fou de Mademoiselle Blanche, une jeune Française demi-mondaine, des deux jeunes enfants dont il est le maître et de Paulina Alexandrovna, jeune fille dont Alexeï Ivanovitch est follement amoureux. Autour d'eux évoluent également Mr Astley, un riche Anglais franc, honnête et timide également amoureux de Paulina et le marquis des Grieux[5], Français pique-assiette aimé de Paulina. Cette famille est au bord de la ruine et attend la mort de la Baboulinka pour en percevoir l'énorme héritage.
Au lieu de mourir, la grand-mère débarque à l'improviste, comme une apparition relevant ni plus ni moins du fantastique, en plein milieu du roman. Le narrateur commence à jouer pour la Baboulinka ainsi que pour Paulina, à qui il a promis une totale dévotion et obéissance. Il le fait à contrecœur, car ce n'est pas ainsi qu'il en avait décidé : il est convaincu que lorsqu'il se mettra à jouer pour lui-même, il gagnera. Et il gagne, pour son plus grand malheur. Il offre ses gains à Paulina, qui le repousse. Il part alors à Paris avec Mademoiselle Blanche, qui lui dépense tout son argent. Il finit valet, atteint par le virus du jeu, et espère se refaire.
Aspects autobiographiques
Si Le Joueur n'est pas le roman le plus important de Fiodor Dostoïevski, il permet néanmoins de mettre en lumière des aspects importants de la personnalité de l'écrivain russe. En effet, Dostoïevski fut, comme son personnage principal, un joueur compulsif qui perdit des sommes considérables à la roulette dans les villes d'eaux allemandes, suisses ou françaises. Pendant des années, le romancier ne parvint pas à se défaire de ce que lui-même nommait une maladie et ce n'est qu'en 1871 qu'il renonça à la roulette. Le roman constitue donc une analyse implacable de l'addiction au jeu, à un moment où l'auteur était lui-même en pleine crise.
Autre aspect autobiographique du roman, Alexeï Ivanovitch est amoureux de Paulina, comme Dostoïevski le fut de Pauline Souslova, qui fut sa maîtresse, avant qu'il n'épouse Anna Grigorievna Snitkina, la jeune femme qui prit en sténo la rédaction du roman.
Le Joueur est aussi l'occasion pour Dostoïevski de fustiger les nations européennes qu'il détestait, en particulier la France et l'Allemagne, en dressant d'elles des portraits acides. C'est là toute l'ambiguïté du récit : si le romancier analyse implacablement sa maladie du jeu et la dénonce, son protagoniste n'en est pas moins l'occasion de vanter le caractère russe, qui vit de passion, plutôt que de se livrer à des calculs froids, tels que sont supposés le faire les personnages issus de l'Europe occidentale.
Contexte d'écriture
Ce court roman est écrit entre les parties V et VI de Crime et Châtiment en 1866. C’est par ailleurs le premier roman qu’il dicta. La sténographe, A. G. Snitkina, deviendra sa femme par la suite.
C’est dans un état de grande anxiété qu’il rédige Le Joueur du fait de sa collaboration avec l’éditeur crapuleux Stellovski. En effet celui-ci lui ayant acheté les droits du futur roman pour peu, a fait signer à Dostoïevski un contrat comportant une clause qui engage le romancier à rendre le roman pour le premier novembre 1866. Il ne lui reste donc plus que 27 jours pour écrire le roman, sinon « libre à lui, Stellovski, d’éditer pendant 9 ans comme il le voudrait tout ce que j’écrirai sans avoir à me verser de gratification. »
Le 31 octobre de la même année, Dostoïevski se présenta chez l’éditeur, respectant donc les engagements. L’éditeur avide du gain que lui procurerait le non-respect du contrat, indiqua à un de ses employés de l’annoncer absent pour quelques jours. Dostoïevski ne pouvant se résoudre à accepter les conditions qui l’engageaient, alla déposer son manuscrit dans un commissariat afin de dater le roman au 31 octobre 1866 aux yeux de l’État. Ce roman lui permit d’échapper aux fourberies de son éditeur et de relancer sa vie sur le plan sentimental en épousant A. G. Snitkina quelque temps après.
Citations
- « Pour moi, j’aimerais mieux errer toute ma vie et coucher sous la tente des Khirghiz que de m’agenouiller devant l’idole des Allemands[6]. »
- « La négligence des Russes n’est-elle pas plus noble que la sueur honnête des Allemands[6] ? »
- « J’aime mieux me vautrer comme un Russe, ou m'enrichir à la roulette. Je ne veux pas, moi, devenir un Hoppe et Cie dans cinq générations. Moi, l'argent, je le veux pour moi-même, et je ne me considère pas comme une part indispensable et indivisible du capital[7]. »
Adaptations à l'écran
L'adaptation cinématographique la plus connue du roman est le film américain
Le roman a également fait l'objet de diverses adaptations au cinéma ou à la télévision :
- Die rollende Kugel, film muet allemand sorti en 1919, réalisé par Rudolf Biebrach sur un scénario de Henrik Galeen, avec notamment Martha Angerstein dans le rôle de Pauline Sagorianskij ;
- Passion fatale (The Great Sinner), film américain sorti en 1949 et réalisé par Robert Siodmak sur un scénario de Ladislas Fodor, Christopher Isherwood et René Fülöp-Miller, avec dans les rôles principaux Gregory Peck (Fédor dit Fedja), Ava Gardner (Pauline Ostrovsky) et Melvyn Douglas (Armand de Glasse).
- Le Joueur, film français sorti en 1958, réalisé par Claude Autant-Lara sur un scénario de Jean Aurenche, Jean Boyer et Pierre Bost, avec dans les rôles principaux Gérard Philipe (Alexeï Ivanovitch) et Liselotte Pulver (Pauline Zagorianski) ;
- Le Joueur, téléfilm français initialement diffusé en 1962, réalisé par François Gir sur un scénario d'André Charpak, avec dans les rôles principaux André Charpak (Alexis) et Huguette Hue (Pauline) ;
- Le Joueur (The Gambler), film britannnique sorti en 1997, réalisé par Károly Makk sur un scénario de Katharine Ogden, Charles Cohen et Nick Dear, avec dans les rôles principaux Michael Gambon (Fiodor Dostoïevski), Polly Walker (Polina) et Dominic West (Alexeï).
Notes et références
- Le roman fut directement dicté (Le Joueur, avertissement du traducteur, p. 7, Coll. Thesaurus, Actes Sud).
- Le Joueur, avertissement du traducteur, p. 7, Coll. Thesaurus, Actes Sud.
- Anna Grigorievna Snitkina devient l'épouse de l'écrivain en octobre 1866.
- Le Joueur est initialement intitulé Roulettenbourg (Joseph Frank, Dostoïevski. Les années miraculeuses (1865-1871), p. 254).
- Manon Lescaut, roman de l'abbé Prévost Nom emprunté à
- Le Joueur, chap. IV, p. 576, Coll. Thesaurus, Actes Sud
- Le Joueur, chap. IV, p. 577, Coll. Thesaurus, Actes Sud
Bibliographie
- Le Joueur traduit par André Markowicz, Ed. Actes Sud, Collection Babel, Arles, 1991, (ISBN 2 86869 753 4)
- Le Joueur traduit par André Markowicz, Ed. Actes Sud, Collection Thésaurus, Arles, 1993, (ISBN 2-7427-1936-9)
- Le joueur traduit par Pierre Pascal, Bibliothèque de la pléiade, Édition Gallimard, 1956, 146 pages (ISBN 2-07-010178-9)
- Joseph Frank, Dostoïevski, les années miraculeuses (1865-1871), traduit de l'anglais par Aline Weil, éd. Actes Sud, 1998, 768 pages.
Voir aussi
Article connexe
Lien externe
Catégories :- Roman de Fiodor Dostoïevski
- Roman paru en 1866
- Œuvre littéraire à l'origine d'un livret d'opéra ou de ballet
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