- Le Calvaire
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Le Calvaire Édition princepsAuteur Octave Mirbeau Genre Roman Pays d'origine France Lieu de parution Paris Éditeur Ollendorff Date de parution 1886 Le Calvaire est un roman français d’Octave Mirbeau, paru le 23 novembre 1886, après une prépublication tronquée dans la Nouvelle Revue de Juliette Adam.
Sommaire
Le roman
La trame
Fichier:Calvaire -Jeanniot 1902.JPGPublié chez Ollendorff, chez qui ont déjà paru tous les romans qu’Octave Mirbeau a rédigés comme nègre, Le Calvaire est un roman très largement autobiographique, où le romancier transpose, pour s’en purger, sa dévastatrice liaison de près de quatre années avec une femme de petite vertu, Judith Vimmer, rebaptisée ici Juliette Roux. Le thème fondamental en est l’enfer de la passion, qui n’est pas seulement une source de souffrances, mais aussi de déchéance morale et de tarissement de l’inspiration créatrice. Les relations entre les sexes reposent sur un éternel malentendu, et un abîme d’incompréhension les sépare à tout jamais, faisant de l’amour une duperie.
Le récit est rédigé à la première personne par l’anti-héros, Jean Mintié, originaire du Perche comme le romancier. Écrivain raté, il est le narrateur de son propre calvaire et il entend expier ses fautes, ses lâchetés et ses velléités homicides, par l’aveu qu’il en fait. La souffrance va être également transmuée en œuvre d’art susceptible d’avoir sur son auteur un effet thérapeutique. Au terme de son récit, il disparaît, habillé en ouvrier, après avoir eu une hallucination où le rut et le meurtre ont partie liée.
Mirbeau avait prévu une suite, qu’il n’a jamais écrite, et qui devait s’intituler La Rédemption. Il en a sans doute utilisé des éléments dans son deuxième roman officiel, l’Abbé Jules.
Commentaires
La subjectivité de la narration, où l’on trouve nombre de cauchemars et d’hallucinations qui lui confèrent parfois une apparence proche du fantastique, éloigne ce roman des normes naturalistes. Les influences littéraires dominantes sont celles de Barbey d'Aurevilly, d’Edgar Poe, de Tolstoï et de Dostoïevski.
Mirbeau règle au passage ses comptes avec les structures d’oppression et d’aliénation que sont la famille, l’école et surtout l’armée. Le chapitre II, qui a fait scandale et que la revancharde Juliette Adam avait refusé de publier, est une démystification en règle, non seulement de l’armée en tant qu’institution et de la guerre en tant que mode de résolution des conflits, mais aussi de l’idée même de patrie, au nom de laquelle s’affrontent, en des guerres sanglantes, des peuples qui ne se connaissent même pas et qui n’ont aucune raison de se battre.
Citations
- « Je comprenais que la loi du monde, c'était la lutte ; loi inexorable, homicide, qui ne se contentait pas d'armer les peuples entre eux, mais faisaient se ruer l'un contre l'autre les enfants d'une même race, d'une même famille, d'un même ventre. Je ne retrouvais aucune des abstractions sublimes d'honneur, de justice, de charité, de patrie dont les livres classiques débordent, avec lesquelles on nous élève, on nous berce, on nous hypnotise pour mieux duper les bons et les petits, les mieux asservir, les mieux égorger. Qu'était-ce donc que cette patrie, au nom de laquelle se commettaient tant de folies et tant de forfaits, qui nous avait arrachés, remplis d'amour, à la nature maternelle, qui nous jetait, pleins de haine, affamés et tout nus, sur la terre marâtre?… »
- « On condamne à mort le meurtrier timide qui tue le passant d'un coup de surin, au détour des rues nocturnes, et l'on jette son tronc décapité aux sépultures infâmes. Mais le conquérant qui a brûlé les villes, décimé les peuples, toute la folie, toute la lâcheté humaines se coalisent pour le hisser sur des pavois monstrueux; en son honneur on dresse des arcs de triomphe, des colonnes vertigineuses de bronze, et, dans les cathédrales, les foules s'agenouillent pieusement autour de son tombeau de marbre bénit que gardent les saints et les anges, sous l'œil de Dieu charmé !… »
Bibliographie
- Claude Herzfeld, Octave Mirbeau - Le Calvaire - Étude du roman, L'Harmattan, 2008, 121 pages.
Liens externes
- Octave Mirbeau, Le Calvaire, Éditions du Boucher.
- Le Calvaire sur Gallica.
- Pierre Michel, Préface du Calvaire.
- Aurore Delmas, Le Calvaire : quelques remarques sur le statut de l’œuvre et le statut du narrateur.
- Sharif Gemie, Mirbeau et Habermas : l’exemple du Calvaire.
- Pierre Michel, Le Calvaire et L’âme errante : Mirbeau, Brulat et l’hystérie.
- Virginie Quaruccio, La Puissance du mystère féminin dans Le Calvaire.
- Éléonore Reverzy, Le Calvaire, roman de l’artiste.
- Anne-Cécile Thoby, Sous le signe de Caïn : les moblots de Léon Bloy et Octave Mirbeau.
Catégories :- Roman français du XIXe siècle
- Roman paru en 1886
- Roman d'Octave Mirbeau
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