- Langue ouralienne
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Langues ouraliennes
Les langues ouraliennes (du nom de l'Oural, leur lieu supposé d'origine) sont une famille d'une trentaine de langues parlées par à peu près 20 millions de personnes en Europe et en Asie. Les langues ouraliennes ayant le plus de locuteurs sont l'estonien, le finnois et le hongrois.
Sommaire
Arbre généalogique
Si la répartition interne des langues ouraliennes est sujette à débat depuis sa création, deux sous-familles, les langues finno-ougriennes et les langues samoyèdes, sont reconnues comme bien distinctes, bien que certains considèrent les langues samoyèdes comme une des branches de la famille finno-ougrienne. Elles auraient toutes deux pour ancêtre le proto-ouralien, qui se serait divisé en proto-finno-ougrien et proto-samoyède.
De nombreuses recherches ont été faites pour relier les langues ouraliennes à d'autres familles de langues. Toutes étant à l'heure actuelle très controversées, peut-être la moins controversée est celle visant à relier cette famille au youkaguire. La théorie reliant les langues ouraliennes aux langues altaïques, un temps très populaire, est aujourd'hui rejetée par la majorité des linguistes.
Les super-familles qui pourraient inclure les langues ouraliennes sont les suivantes :
- eurasiatique ;
- nostratique ;
- proto-World ;
- langues ouralo-altaïques ;
- langues ouralo-dravidiennes ;
- langues indo-ouraliennes ;
- langues ouralo-sibériennes ;
- langues ouralo-youkaguires.
Classification interne
La classification traditionnelle des langues ouraliennes est la suivante. Les noms obsolètes sont en italique.
- Langues samoyèdes du Sud
- Langues samoyèdes du Nord
- Langues ougriennes
- Hongrois (Magyar)
- Langues ob-ougriennes
- Langues finno-permiennes
- Langues permiennes
- Langues finno-volgaïques
- Mari (tchérémisse)
- Langues mordves
- Langues finno-volgaïques éteintes de position incertaine
- Merya (XVIIe siècle)
- Mouromien
- Mechtchérien
- Langues finno-sames
- Same (Lapon)
- langues sames de l'Ouest
- Same du Sud
- Same d'Ume — presque éteint
- Same de Lule
- Same de Pite — presque éteint
- Same du Nord
- Langues sames de l'Est
- Same de Kainuu — éteint
- Same de Kemi — éteint
- Same d'Inari
- Same d'Akkala — éteint (23 décembre 2003)
- Same de Kildin
- Same skolt
- Same de Ter — presque éteint
- langues sames de l'Ouest
- Langues fenniques
- Same (Lapon)
Les langues mordves sont plus proches des langues finno-sames que du mari.
Typologie
Les principales caractéristiques structurelles communes aux langues ouraliennes sont les suivantes :
- ce sont des langues agglutinantes ;
- un grand nombre de cas (en moyenne 13–14), par exemple :
- erza : 12 cas,
- estonien : 14 cas,
- finnois : 15 cas (ou plus),
- hongrois : 18 cas (et d'autres suffixes agissant comme des cas),
- same d'Inari : 9 cas,
- komi : dans certains dialectes, jusqu'à 27 cas,
- moksha : 13 cas,
- nénètse : 7 cas,
- same du Nord : 6 cas,
- oudmourte : 16 cas,
- vepse : 24 cas ;
- un système de cas ouralien dont toutes les langues ouraliennes actuelles descendent :
- le nominatif singulier n'a pas de suffixe casuel,
- les suffixes d'accusatif et de génitif sont des nasales (-n, -m, etc ...),
- une distinction tripartite dans le système des cas de localisation qui sont divisés en formes qui correspondent à peu près à « de », « vers », « dans / à » ; c'est particulièrement visible, par exemple en hongrois qui possède plusieurs séries de cas de localisation, comme les séries « à l'intérieur », « à l'extérieur », « au-dessus » ;
- une harmonie vocalique, perdue récemment en estonien standard, mais qui survit dans ses dialectes ;
- pas de genre grammatical ;
- un verbe négatif présent dans presque toutes les langues actuelles ;
- une palatalisation des consonnes ne dépendant pas de la voyelle qui suit, sauf dans certaines langues fenniques, qui après l'avoir perdue l'ont à nouveau acquise, sous l'influence de certaines voyelles ;
- pas d'accent jouant un rôle en phonétique ;
- un grand nombre de postpositions alors que les prépositions sont très rares. ;
- un vocabulaire commun d'à peu près 200 mots, notamment des parties du corps, des membres de la famille, des animaux, des objets naturels, des verbes et pronoms basiques, et des numéraux ; les dérivés augmentent le nombre de mots communs ;
- des suffixes possessifs, mais pas de pronom possessif ;
- le duel perdu par certaines branches ;
- des marqueurs de pluriel communs : -j / -i et -t /-d ;
- pas de verbe « avoir » mais une structure employant la copule et un suffixe possessif, ou un cas particulier ; par exemple : le finnois « Minulla on kalani » (mot à mot « sur_moi est poisson_mien ») ;
- les numéraux sont suivis d'un singulier ;
- l'accent est toujours sur la première syllabe, à quelques rares exceptions près.
Une sélection de cognats
Français Proto-ouralien Finnois Estonien Same du Nord Erza Mari Komi Khanty Mansi Hongrois Nénètse feu *tuli tuli tuli dolla tol tul tyl- - - - tu poisson *kala kala kala guolli kal kol - kul kul hal xalya panier *pesä pesä pesa beassi pize pəžaš poz pel pit'ii fészek pyidya main, bras *käti käsi käsi giehta ked´ kit ki köt kaat kéz - oeil *śilmä silmä silm čalbmi śel´me šinča śin sem sam szem sæw° brasse *süli syli süli salla sel´ šülö syl Löl täl öl tyíbya veine / nerf *sïxni suoni soon suotna san šün sën Lan taan ín te' os *luwi luu luu - lovaža lu ly loγ luw - le foie *mïksa maksa maks - makso mokš mus muγəl maat máj mud° urine *kunśi kusi kusi gožža - kəž kudź kos- końć- húgy - aller *meni- mennä minema mannat - mija- mun- mən- men- menni myin- vivre *elä- elää elama eallit - ila- ol- - - élni yilye- mourir *kaxli- kuolla - - kulo- kola- kul- kol- kool- halni xa- laver *mośki- - mõskma - muśke- muška- myśky- - - mosni masø- Divers
- code de langue IETF (en) : urj
Bibliographie
- (en) Abondolo, Daniel (ed., 1998), The Uralic Languages, Londres et New York, (ISBN 0-415-08198-X)
- (en) Collinder, Björn (1957), Survey of the Uralic Languages, Stockholm.
- (en) Collinder, Björn (1960), An Etymological Dictionary of the Uralic Languages, Stockholm.
- (en) Décsy, Gyula (1990), The Uralic Protolanguage: A Comprehensive Reconstruction, Bloomington, Indiana.
- (fr) / (en) Jocelyne Fernandez-Vest (dir.), Les Langues ouraliennes aujourd'hui. Approche linguistique et cognitive, Paris : Honoré Champion, coll. « Bibliothèque de l'École des hautes études, sciences historiques et philologiques » t. 340, 2005
- (hu) Hajdu, Péter, (1963), Finnugor népek és nyelvek, Gondolat kiadó, Budapest [Transl. G. F. Cushing as Finni-Ugrian Languages and Peoples (1975), André Deutsch, Londres].
- (fi) Laakso, Johanna (1992), Uralilaiset kansat (Uralic Peoples), Porvoo – Helsinki – Juva, (ISBN 951-0-16485-2)
- (de) Rédei, Károly (ed.) (1986-88), Uralisches etymologisches Wörterbuch, Budapest.
- (fi) Sammallahti, Pekka, Matti Morottaja (1983): Säämi – suoma – säämi škovlasänikirje. Helsset/Helsinki: Ruovttueatnan gielaid dutkanguovddaš/Kotimaisten kielten tutkimuskeskus, (ISBN 951-9475-36-2)
- (en) Sammallahti, Pekka (1988): Historical Phonology of the Uralic Languages In: Denis Sinor (ed.): The Uralic Languages, pp. 478-554. Leiden: E.J. Brill.
- (fr) Sauvageot, Aurélien (1930), Recherches sur le vocabulaire des langues ouralo-altaïques, Paris.
Liens
Liens internes
Liens externes
- Les langues ouraliennes aujourd'hui (bibliographie)
- Ethnologue (anglais)
- The Untenability of the Finno-Ugrian Theory from a Linguistic Point of View par Dr. László Marácz, opinion minoritaire sur cette famille de langues. (anglais)
- “The Ugric-Turkic Battle”: A Critical Review (PDF) par Angela Marcantonio (Rome), Pirjo Nummenaho (Naples) et Michela Salvagni (Rome) (anglais)
- Linguistic Shadow-Boxing par Johanna Laakso (anglais)
- The Finno-Ugrics, The Economist, 20 décembre 2005 (anglais)
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