- Laguiole (couteau)
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Le couteau de Laguiole (prononcez Laïole[1] ou moins usité localement Laguiole) est un couteau fermant dont le manche est en corne de bovin, en bois, en ivoire ou en os et qui s'orne d'une abeille ou mouche (généralement, mais on trouve aussi des couteaux de Laguiole avec d'autres motifs) à la jonction du manche et de la lame. Il tire son nom de la ville de Laguiole en Aveyron où il a toujours été fabriqué. La production du Laguiole a été relancée depuis les années 1960 en partenariat avec des entreprises thiernoises.
Sommaire
Origine
La légende (car aucun document écrit de l'époque ne l'atteste) veut que Pierre-Jean Calmels ait créé ce couteau pliant en 1829. La marque Laguiole n'existe pas. Elle n'a jamais été déposée et se trouve donc dans le domaine public. Cette absence de protection est à l'origine de fabrications de mauvaise qualité venant notamment d'Asie. Un couteau pliant supposé être fabriqué de manière artisanale et soignée en France et vendu à bas prix laisse à penser qu'il s'agit d'une pièce importée.
L'étude historique fait apparaître une origine différente de la légende. Avant la création du couteau de Laguiole sous sa forme actuelle, les habitants de l'Aubrac utilisaient un couteau fixe, le Capuchadou, simple et rustique même s'il existait quelques modèles un peu plus luxueux. Ils utilisaient aussi depuis fort longtemps un vieux couteau pliant "la jambette stéphanoise", laquelle possédait déjà le manche courbé et la lame de type yatagan. Cela ne permet pas d'affirmer une filiation directe d'autant que le mode de retenue de la lame n'est pas le même (2 clous sur la jambette, ressort à cran forcé sur le laguiole). Par ailleurs la forme initiale du couteau de laguiole était une forme droite, manche droit à bec de corbin et lame bourbonnaise, mouche plate lisse avec ou sans facettes, pas de guillochage, manche en corne ou en ivoire. La fabrication du Capuchadou subsista parallèlement à celle du couteau de laguiole jusqu'à son arrêt vers 1920.
La création du laguiole droit est aux alentours des débuts du XIXème siécle, peu après l'apparition des premiers couteliers de laguiole. En 1840 le laguiole droit se dota d'un poinçon, destiné à percer la panse des vaches atteintes de météorisme.
La forme actuelle du laguiole remonte aux années 1860. A ses débuts sa mouche était lisse, soit en spatule, losange, carré, ou ovale. Les ressorts sont lisses, au mieux ornés de deux traits à la lime couteaux et d'une crois de St André, elle même parfois présente sur la lame. Pas de croix sur le manche donc, ni d'abeille. La forme est alors grossière, la finition plus rustique,les manches sont en corne cachée (partie creuse chauffée et aplatie) ou en pointe de corne, rapidement aussi en ivoire. Les couteaux réalisés à laguiole n'ont pas de mitres. Les fournitures proviennent très vite de Thiers, dont les couteliers fabriquent aussi des laguioles pour les couteliers laguiolais, ensuite frappés à la marque des couteliers laguiolais. L'histoire du couteau de laguiole est donc indissociable de Thiers [2].
Entre 1880 et 1910 les mouches évoluent et deviennent ornées de trèfles, fleurs, et les ressorts sont guillochés à la lime. Les plus belles pièces proviennent des couteliers Calmels, Pagés, Salette (à Espalion). A noter que ces trois couteliers ont gagnés de nombreuses médailles dans divers concours (10 pour Calmels) recompensant l'excellence de leur travail. En 1880 apparaît le tire bouchon sur le laguiole.
La période 1900/1910 voit la naissance de nouvelles formes de ce couteau comme le pied de cheval et l'aile de pigeon.
L'abeille apparaît en 1908/1909, crée par Jules Calmels. Toutefois, au même moment Nicolas Crocombettes de Pigerolles se mit à orner lui aussi ses mouches d'un décor d'abeille, et ses ressorts de feuilles de chêne (il est depuis considéré comme le plus grand artisan du laguiole ayant existé, et ses couteaux sont très prisés des collectionneurs).
Dans les années 1930 apparaît la mouche soudée, elle était jusqu'alors forgée avec le ressort. La mouche forgée est encore de nos jours un signe distinctif de qualité pour un laguiole.
À partir des années 1950 la croix apparait sur le manche.
Ainsi, contrairement à l'image d'Epinal du laguiole et aux effets acculturant du marketing de certains couteliers le laguiole ne s'identifie pas que par une abeille et une mouche. Riche de son histoire et des ses multiples variantes, il prend donc des formes et des décors divers. De nos jours, le regain d'intérêt pour ce couteau permet aux couteliers de recommencer à fabriquer plusieurs versions de ce superbe couteau.
(sources: histoire du couteau de laguiole, Ch Lemasson. Ed de la momtmarie)
Il faut préciser que la "mouche" est un terme technique qui définit l'excroissance à la jonction entre le ressort et la lame, on peut donc parler de mouche abeille, mouche trèfle, mouche florale etc
Un couteau de prestige
Grâce à leur élégance et à leurs lignes distinctives, ainsi qu'à l'utilisation de matériaux de luxe et une finition irréprochable, ils sont devenus de véritables œuvres d'art et peuvent atteindre des prix très élevés. Certains modèles de collection en matières rares, ou avec un travail très important, peuvent coûter plusieurs milliers d'euros. Les différents modèles ont en commun leur fine et courbe silhouette, de 7 à 13 cm une fois repliés. Les matériaux utilisés sont, chaque fois, de grande qualité : des bois exotiques, des cornes de zébu plus souvent que de vaches françaises, ivoire et damas. À l'origine, le couteau de Laguiole était le « une pièce », avec seulement la lame. Vers 1840, on a rajouté le poinçon, puis enfin, en 1880, le tire bouchon, afin d'obtenir le plus complet des Laguiole : le « trois pièces ».
L'arrêt de la lame est la plupart du temps une abeille, la légende dit que c'est Napoléon Ier qui octroya aux habitants de Laguiole le droit d'utiliser ce symbole impérial en récompense de leur bravoure au combat. Napoléon 1er étant mort en 1821 il s'agit là d'une impossibilité historique, d'autant que l'apparition de l'abeille est assez tardive dans l'histoire du laguiole comme expliqué plus haut. Mais il existe également d'autres motifs que l'abeille. Par exemple, autrefois, lors d'un mariage, il était de coutume d'offrir un magnifique couteau de Laguiole avec un manche en ivoire, sur lequel, à la place de l'abeille, on trouvait un trèfle à quatre feuilles. Ce couteau d'exception était un couteau porte-bonheur pour le jeune couple.
Le prestige de ce couteau tient particulièrement à l'exceptionnel savoir-faire entièrement mis au point par l'artisanat laguiolais et thiernois. Aujourd'hui beaucoup de couteaux Laguiole de fabrication française sont produits dans la région de Thiers, dans le Puy-de-Dôme. Il n'existe pas de différence de qualité observable entre un bon laguiole fabriqué à Laguiole et un fabriqué à Thiers, les deux villes possédant des artisans d'excellent niveau.
Néanmoins, l'image de ce couteau patît des productions de mauvaise qualité en provenance de chine et du Pakistan. Ces pseudos laguioles vendus quelques euros sur les marchés et dans les hypermarchés ne peuvent rivaliser en qualité, beauté, longévité avec les couteaux artisanaux français. Ils nuisent à l'image du laguiole. Le vrai laguiole, si ce terme peut être employé, est d'abord et surtout un couteau de grande qualité réalisé à la main par de bons ouvriers. Ce qui explique son prix parfois élevé, il est en effet illusoire d'espérer posséder quoi que ce soit de convenable à moins de 60 euros, ni de bien à moins de 100 euros. Les pièces de prestiges peuvent atteindre des tarifs très élevés et nécessitent de nombreuses heures de travail et des matériaux de grand luxe.
Marque collective
Un produit manufacturé ne peut pas être protégé par une AOC. Le couteau Laguiole n'est donc pas un produit de terroir au sens où le serait un produit alimentaire (vin, fromage...) et sa fabrication à Laguiole ou à Thiers ne préjuge donc en rien de sa qualité.
Ainsi les couteaux pliants poinçonnés « Laguiole Origine Garantie » excluent les fabricants thiernois ayant participé au développement et à la notoriété du couteau Laguiole des origines jusqu'à aujourd'hui.
Thiers, capitale française de la coutellerie représente en 2009 plus de 1200 emplois dans le domaine de la coutellerie (chiffre officiel Chambre de commerce et d'industrie de Thiers). Ainsi, depuis sa création jusqu'à aujourd'hui, le couteau Laguiole de fabrication 100 % française est réalisé en grande partie à Thiers. De même, certains couteliers du village de Laguiole (1200 habitants) font fabriquer leurs couteaux Laguiole à Thiers et ce depuis l'origine du célèbre couteau Laguiole au XIXe siècle. La production manufacturée de couteau Laguiole a été implantée dans le village de Laguiole seulement à la fin du XXe siècle.
Le laguiole aujourd'hui
Le couteau laguiole est de nos jours le couteau régional le plus produit en France et constitue avec le couteau Opinel les produits phares de la coutellerie française dans le monde. Des couteliers d'art français réalisent de nos jours des pièces somptueuses, comparables à la haute couture, mais aussi des pièces uniques plus abordables. Entre les couteliers d'art dont certains sont Meilleur Ouvrier de France (Robert Beillonnet, Jean-Michel Cayron, Pascal Gravelines) et les artisans de type semi-industriels (ils conçoivent leurs couteaux à partir de fournitures) qui réalisent des pièces magnifiques d'un haut niveau de qualité (matériaux nobles, lames en Damas etc) l'offre française est large et répond aux désirs de chaque passionné qui souhaite avoir le "graal" de tout passionné, un couteau unique.
Néanmoins, le couteau laguiole ne saurait faire oublier l'extraordinaire richesse historique et créatrice de la coutellerie française. La France possède en effet un patrimoine coutelier divers et varié qui se compare à son patrimoine viticole ou fromager. Aussi le laguiole peut être la porte d'entrée d'un monde de découvertes.
Notes et références
- L'histoire du couteau de Laguiole ». Consulté le 4 mars 2010 Musée du Laguiole, «
- http://www.ffcoutellerie.org/spip.php?rubrique4
Histoire du couteau de Laguiole, par Christian Lemasson, éditions de la Montmarie.
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