- La construction du mythe d'Alexandre le Grand
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Construction du mythe d'Alexandre le Grand
Onésicrite et Callisthène compagnons d'Alexandre sont à l'origine de la légende dans leurs récits des campagnes d'Asie. Au IVe siècle av. J.-C., l'historien grec Clitarque d'Alexandrie écrit une Histoire d'Alexandre déjà remplie de fables. Ce fut le premier ouvrage à construire le mythe.
En Égypte, sous le règne des Ptolémées, se crée la plus grande part du mythe. Pour légitimer leur dynastie, ils inventent un Alexandre égyptien de caractère divin par une assimilation à des dieux ou à des héros comme Héraclès.
L'admiration pour le conquérant gagne progressivement Rome. Pendant la deuxième guerre punique, Plaute y voit le modèle parfait du héros.
Mais à Alexandrie, on entend rester maître de la légende. Une Histoire d'Alexandre le Grand, écrite par un pseudo-Callisthène vers 222, raconte qu'Alexandre n'est pas le fils de Philippe de Macédoine mais le fils d'Olympias et du dernier pharaon d'Égypte qui va se réfugier à Pella, capitale de la Macédoine, pour fuir l'armée perse. Le héros du pseudo-Callisthène parcourt tout l'univers connu et mythique, agrémentant ses déplacements d'aventures merveilleuses (dont certaines appartenaient déjà à l'Épopée de Gilgamesh).
En Iran, l'histoire d'Alexandre (appelé "Iskandar" en persan) est abondamment reprise dans le Shâh Nâmâ de Ferdowsi, qui s'est très largement inspiré de l'Iskandar Nâmâ du pseudo-Callisthène. C'est un passage très développé, qui présente peu de points communs avec l'histoire réelle. Alexandre est présenté comme un sage, qui a notamment dépassé le bout du monde, conversé avec l'arbre waq-waq...
Ces voyages et ces récits sont repris et enjolivés dans des versions postérieures de ce premier « roman » d'Alexandre. Une des dernières est écrite en France au XIIe siècle.
Sommaire
Les récupérations
- Les Juifs :
- Le pseudo-Callisthène leur a déjà ouvert la voie, narrant une rencontre entre Alexandre et le grand prêtre de Jérusalem. Le Talmud reprenant cette tradition, fait d'Alexandre un héros sémitique, défenseur et propagateur de la religion du Dieu unique.
- Selon le Talmud, Alexandre vit en rêve chaque veille de bataille le visage du grand prêtre Juif, après chaque « rencontre » il savait comment gagner la bataille, ou s'il n'allait pas gagner la bataille. Lors de son arrivée aux portes de Jérusalem, il vit le grand prêtre, reconnaissant sa grandeur, il s'agenouilla devant lui, le grand prêtre fit de même et naquit ainsi une amitié entre le peuple Juif et Alexandre.
- Alexandre est aussi présent dans la Haggadah.
- Les Chrétiens d'orient :
- Les Musulmans :
- La Sourate de la caverne (Sourate XVIII) mentionne Dhû'l-Qarnâ' « le Bicornu ». Dans cette Sourate, le Coran s'inspire de l'histoire légendaire d'Alexandre.
- On retrouve cet Al-Iskandar Dhû'l-Qarnâ' dans des passages des Mille et une nuits.
Le nom du héros national albanais Skanderbeg proviendrait de la contraction de "Iskander" (Alexandre en persan) et du titre honorifique ottoman "bey".
Alexandre dans le Coran
Certains identifient la personnalité de Dhû'l-Qarnâ' cité dans le Coran à Alexandre :
« Ils t'interrogent au sujet de Dhû'l-Qarnâ'. Dis : « Je vais vous raconter une histoire qui le concerne. » Nous avions affermi sa puissance sur la terre et nous l'avions comblé de toutes sortes de biens. »
(Le Coran, XVIII, 83)Tabarî a tenté une explication sur l'origine de la relation aux cornes. Cette thèse n'est cependant appuyée par aucune preuve concrète :
« Alexandre est appelé Dhû'l-Qarnâ' pour cette raison qu'il alla d'un bout à l'autre du monde. Le mot qarn veut dire une corne, et on appelle les extrémités du monde “cornes”. Lui, étant allé aux deux extrémités du monde, tant à l'orient qu'à l'occident, on l'appelle Dhû'l-Qarnâ [1] ».
On considère généralement que le nom de Dhû'l-Qarnâ' donné à Alexandre le Grand a une explication plus simple. En effet, on peut voir Alexandre, portant les cornes du dieu Ammon, sur le tétradrachme frappé à son effigie. Cette pièce a circulé dans tout l'Orient et a servi de modèle aux monnaies arabes (le mot dirham vient du grec drachme, δραχμη / drakhmê).
Toutefois, plusieurs théologiens et historiens musulmans — dont As-Suhayliy (XIIIe siècle), Ibn Taymiyyah (XIVe siècle) et Al-Maqrîziy (XVe siècle) — réfutent l'idée selon laquelle Dhû'l-Qarnâ' serait Alexandre, et font remonter le personnage coranique à l'époque d'Abraham.
Notes
Voir aussi
Catégorie : Légende - Les Juifs :
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