La chanson des nibelungen

La chanson des nibelungen

La Chanson des Nibelungen

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Première page du manuscrit C de la chanson des Nibelungen (en 1220)
Représentation issue du manuscrit K de la chanson des Nibelungen (1480–90)

La Chanson des Nibelungen (Nibelungenlied en allemand) est une épopée médiévale allemande. Elle a vu le jour au XIIIe siècle, rédigée dans la langue vulgaire de l'époque : le moyen haut-allemand. Le titre sous lequel elle est connue depuis sa redécouverte au milieu du XVIIIe siècle dérive des dernières lignes de l'une des deux principales versions du texte : « hie hât daz mære ein ende : daz ist der Nibelunge liet » (« ici a l'histoire une fin : c'est le liet des Nibelungen », en allemand « hier hat die Geschichte[1] ein Ende : das ist das Niebelungenlied ». Liet en moyen haut allemand n'est pas synonyme de l'actuel Lied (« chant »), mais signifie plutôt « strophes » ou « épopée », tel que La Chanson de Roland.

La Chanson des Nibelungen raconte les exploits de Siegfried, maître du trésor des Nibelungen, pour aider Gunther à conquérir la main de Brunehilde, son mariage avec Kriemhild, sœur de Gunther, son assassinat par le traître Hagen et la vengeance sanglante de Kriemhild.

Sommaire

Le noyau historique

Le Nibelungenlied est la formulation allemande au Haut Moyen Âge de la légende des Nibelungen, dont les racines remontent aux temps héroïques des migrations des peuples germaniques.

L'un des noyaux historiques de la légende est l'effondrement du royaume des Burgondes, dans la région de Worms/Alzey, pendant l'Antiquité tardive (vers 436) sous les coups du magister militum romain Aetius avec l'aide de troupes hunniques mercenaires des Romains.

D'autres évènements historiques, qui jouent probablement un rôle ici, sont le conflit mérovingien entre Brunehilde et Frédégonde ainsi que le mariage entre Attila et la princesse burgonde Ildikó en 453.

Rédacteur et création

Conformément aux règles du récit épique, qui met en avant le noyau historique du récit plutôt que l'auteur, l'auteur du Nibelungenlied n'est pas cité dans le texte. Il n'est toujours pas connu s'il existe un texte « original », et par-delà un auteur, ou si le texte est constitué de plusieurs fragments venant de plusieurs récitateurs. Entre-temps, il est de toute évidence que la chanson des Nibelungen fut rédigée par un seul auteur se référant aux oeuvres contemporaines.

La date de création de ce texte coïncide avec le plein essor de la littérature du moyen-haut-allemand (1180-1210). Les historiens de la littérature supposent que le lieu d’origine de cette oeuvre se trouve dans la région entre Passau et Vienne. Les raisons de cette localisation sont multiples. La chanson témoigne non seulement d’une connaissance des lieux précise par l’auteur mais aussi d’une bonne connaissance de la vie de Wolfger von Erla, pontife de Passau dont la personne est mise en relief de façon ostensible. En outre, les traditions antérieures se concentraient sur la région allemande sud-est autrichienne. De nos jours on part du fait que le poète avait recu une formation littéraire ainsi que cléricale et qu'il trouva son public parmi les cercles de la cour épiscopale. L’appendice de la chanson des Nibelungen, nommé la Plainte des Nibelungen, traite entre autres la question de la genèse de cette poésie. Conformément au caractère du récit épique, ces indications contextuelles veulent donner l’impression que l’action s'est passée en réalité. Pour cette raison, les premières notes sont transposées à l’époque du protagoniste. La Plainte y met en relief Maître Konrad qui fut chargé par l’évêque Pilgrim de Passau, témoin oculaire de la scène, de coucher les événements par écrit.

On admet que cette référence correspond à un hommage envers l’évêque Pilgrim de Passau, prédécesseur et protecteur supposé de Wolfger. Comme la chanson reflète la situation politique du Xe siècle notamment les guerres de Hongrie et le rôle-clé de Passau en ce qui concerne la christianisation de ce pays sous Pilgrim, l’auteur se servait probablement des sources littéraires de ce temps-là. Il est incertain si le personnage épique, Maitre Konrad, se réfère vraiment à l’auteur d’une des sources datées de l’epoque de Pilgrim. De la même facon, il reste inexpliqué si celui de la Plainte se cache derrière la mention de Maitre Konrad.

Forme et langue

Résumé

Première partie: "Siegfried"

Le début des Nibelungen se situe lorsque Siegfried quitte la forêt où il a grandi avec le nain Mime (Siegfried, opéra de Wagner), après avoir forgé son épée Notung (ou Balmung selon les légendes) que son père avait brisée au cours d'un combat où il trouva la mort. Siegfried quitte ce lieu pour épouser Kriemhild, la soeur des rois burgondes Gunther, Giselher et Gernot dont il a entendu vanter la beauté.

Siegfried part pour Worms où habite Kriemhild. En chemin, il rencontre un dragon et le tue. Or si l'on se baigne dans le sang d'un dragon, on devient invulnérable, notre peau devient plus solide que de la corne et on comprend le chant des oiseaux. Siegfried prend donc un bain, mais comme chacun a son talon d'Achille, une feuille de tilleul se pose entre les omoplates du héros, empêchant le sang de couler à cet endroit. Siegfried a donc un point faible.

Puis il continue son chemin et arrive à l'entrée du peuple des Nibelungen, des nains vivant sous terre, selon la mythologie scandinave. Leur maître n'est autre qu'Alberich, possesseur du Tarnhelm qui rend invisible ou qui permet de prendre l'apparence que l'on souhaite, possesseur de l'or du Rhin qu'il avait volé aux filles du Rhin et dont il a fait un trésor. Siegfried combat Alberich et s'empare du trésor et du Tarnhelm.

En chemin, il réussit à conquérir douze royaumes, et il a désormais douze vassaux. On chante ses prouesses dans chaque contrée.

Il arrive enfin à Worms où il demande la main de Kriemhild au roi Gunther. Hagen de Tronje[2], un vassal du roi burgonde, semble ne pas beaucoup apprécier le héros. Gunther accepte à une condition : Siegfried l'aide à conquérir la belle Brunhild, une Walkyrie selon certaines légendes, reine d'Islande, dont le château entouré de flammes protège des prétendants trop lâches. Pour pouvoir épouser Brunhild, il faut la vaincre lors de trois épreuves, et Gunther n'a pas assez de valeur pour triompher d'elle. Le héros accepte.

Ils arrivent en Islande et passent les flammes (elles s'éteignent dès que paraît Siegfried, preuve que c'est un homme valeureux). Brünhild tombe amoureuse de lui mais méprise Gunther. Le lendemain commencent la joute opposant Brunhild: Siegfried est caché par le Tarnhelm qui le rend invisible et remporte tout à la place de Gunther, qui feint de réaliser les épreuves seul. Brunhild est vaincue et doit suivre son futur mari, malgré son amour pour le héros.(Les Nibelungen, Fritz lang, 1924)

À leur retour à Worms a lieu un double mariage : celui de Siegfried et Kriemhild et celui de Gunther et Brunhild. Cette dernière est horriblement jalouse de la soeur du roi et va tout faire pour être désagréable. Mais pour le moment, elle doit résister à Gunther qui compte bien consommer le mariage. Elle le ligote et le suspend avec une ceinture au-dessus du lit nuptial. Le lendemain, le roi se plaint à Siegfried. Ils décident alors que le héros va aider une seconde fois le roi, en revêtant l'apparence de celui-ci grâce au Tarnhelm. Brunhild est domptée le soir même. Siegfried vole une ceinture et une bague à Brunhild. Humiliée, elle décide de se venger sur Kriemhild. En rentrant dans sa chambre, le héros offre la bague et la ceinture à sa femme et lui raconte son exploit en lui demandant de se taire.

Le lendemain, à l'heure d'aller à la messe, Brunhild ordonne à Kriemhild de la laisser passer en premier, car elle est reine de Burgondie et la femme de Siegfried n'est qu'une vassale. Une dispute éclate, au cours de laquelle Kriemhild révèle à sa souveraine que c'est Siegfried qui l'a domptée. Pour preuve, elle lui montre la bague et la ceinture qu'elle porte. Humiliée une seconde fois, Brunhild jure de se venger en tuant Siegfried.

Pour convaincre Gunther de tuer Siegfried, Brunhild lui fait croire que l'homme qui l'a domptée l'a également violée. La mort du héros est alors décidée. (Les Nibelungen, Fritz Lang, 1924) Hagen de Tronje accepte d'accomplir cette basse besogne. Il fait croire à Kriemhild qu'une guerre se prépare, et lui propose de protéger son mari. Il lui demande alors où la feuille de tilleul s'est posée pour pouvoir mieux le protéger encore. Kriemhild lui dit qu'elle brodera une petite croix à cet endroit. Une chasse est organisée le lendemain. Hagen propose à Siegfried de faire une course. Ainsi, il n'aura pas l'idée de se retourner lorsqu'Hagen lui administrera le coup fatal. Arrivé le premier, le héros se penche pour boire à l'eau d'une source. Hagen le tue, et lui prend son épée. Le corps est rapporté à Worms. Enfin vengée, Brunhild se suicide à côté du cadavre du seul homme qu'elle a jamais aimé (Le crépuscule des Dieux, opéra de Wagner). Kriemhild jure de se venger de Hagen.

Deuxième partie: "La vengeance de Kriemhild"

Le roi Attila demande la main de Kriemhild au roi Gunther et à ses frères. Elle accepte, voyant en ce mariage une opportunité pour ruminer sa vengeance. Elle fait jurer à l'émissaire d'Attila, le margrave Rudiger, de la venger. Au royaume des Huns, elle fait prêter le même serment à Attila. Elle accouche d'un fils qu'on appelle Ortlieb. Pour fêter cet évènement, on convie les Burgondes à la cour d'Attila. Kriemhild y voit un moyen de tuer Hagen.

Ceux-ci partent. En chemin, Giselher épouse la fille de Rudiger. (Les Nibelungen, Fritz Lang, 1924) Kriemhild fait bien comprendre à son peuple qu'elle récompensera celui qui lui livrera la tête de Hagen, mais Attila lui interdit de toucher à ses hôtes.

Au cours de la fête, les Huns qui veulent tous la récompense tuent une grande partie de l'escorte burgonde. Pour se venger de cette attaque, Hagen décapite Ortlieb.

Les Burgondes ne sont plus considérés comme des hôtes. Ils se réfugient alors dans une tour pour se défendre. La reine des Huns envoie Rudiger pour qu'il respecte son serment. Il se voit obligé de tuer Hagen alors qu'il est protégé corps et âme par les trois rois. Il tue son propre gendre, Giselher, et meurt à son tour sans avoir pu tuer Hagen. Gernot est également tué au cours de la bataille.

Comme les Huns ne parviennent pas à battre ainsi les Burgondes, Kriemhild fait mettre le feu à la tour (Les Nibelungen, Fritz Lang, 1924). Un vassal d'Attila va chercher Hagen et Gunther qui sont les seuls survivants. Kriemhild récupère l'épée de Siegfried et demande à Hagen où est le trésor. Celui-ci reste muet. Il dit enfin qu'il gardera ce secret tant qu'un de ses rois vivra. Aussitôt, Kriemhild fait décapiter Gunther, son propre frère, et apporte la tête à Hagen. Mais celui-ci reste fidèle à son roi jusque dans la mort, et déclare : "Désormais, seuls Dieu et moi savons où est le trésor des Nibelungen." (Les Nibelungen, Fritz Lang, 1924). Kriemhild, folle de rage, se rue sur Hagen et le décapite.

Horrifié qu'une femme ait porté la main sur un si vaillant chevalier, Attila ordonne la mort de Kriemhild. Elle est taillée en pièces.

Ainsi se termine l'histoire des Nibelungen.

Transmission

  • Mario Bauch: Wer waren die Nibelungen wirklich? Die historischen Hintergründe der germanischen Heldensagen. Berlin 2006. (ISBN 3-938807-09-1) -

Connaissance des Nibelungen dans l'Allemagne médiévale

L'histoire des Nibelungen au Moyen Âge tardif

Réception de l'œuvre

Adaptations au cinéma

La Chanson des Nibelungen a été adaptée en 1924 et 1967 pour le cinéma, et en 2004 pour la télévision. La version qui a connu le plus de succès et le plus marqué l'histoire du cinéma est le film muet en deux parties réalisé en 1924 par Fritz Lang.

Bibliographie

Traductions

  • La Chanson des Nibelungen, La Plainte, trad. du moyen-haut-allemand par Danielle Buschinger et Jean-Marc Pastré, présenté et annoté par Danielle Buschinger, Paris : Gallimard, 2001 (ISBN 2-07-075999-7)

Notes

  1. Le mot Märchen (conte) est issu du mot mære ([æ] devient [ä], le [e] devenant tréma [¨]), mais n'a pas exactement la même signification : le mot Märchen signifie conte (pour enfants), le suffixe "-chen" étant un diminutif. Le mot mære est remplacé par Geschichte, qui signifie histoire - roman comme réalité.
  2. Gunther et Hagen apparaîssent aussi dans la chanson de geste le Waltharilied écrit par le moine Ekkehart de Saint-Gall vers 930.

Voir aussi

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