- La Blanche Hermine (chanson)
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La Blanche Hermine est une chanson de Gilles Servat composée en 1970 dont le texte est l'affirmation revendiquée de l'identité bretonne. Elle est éponyme d'un album sorti en 1972. Le succès commercial en fait un disque d'or. La chanson est rapidement devenue l'hymne officieux de la Bretagne, avec un idéal de liberté et de justice.
Techniquement, c’est un heptasyllabe[1] en laisse à rimes croisées. Alternativement (le phrasé inclinant davantage à cette interprétation), elle peut être considérée comme un tétrakaïdécasyllabe (vers à quatorze syllabes) avec césure à l’hémistiche (c’est-à-dire que le phrasé se coupe naturellement à la moitié, ici à la septième syllabe) et rimes plates sur les hémistiches.
L'hermine est l'animal emblématique du Duché de Bretagne, alors souverain et indépendant, dont la devise, toujours présente dans la mémoire collective, est : « Kentoc'h mervel eget bezañ saotret », qui se traduit en français par l'expression « Plutôt la mort que la souillure ». Elle vient d'une légende selon laquelle une blanche hermine, poursuivie par des chasseurs, préféra se laisser prendre plutôt que souiller son pelage en traversant une rivière boueuse. La duchesse Anne de Bretagne (ou, selon d’autres sources[réf. nécessaire], Alain Barbetorte), témoin de la scène, aurait ordonné que l'on relâche l'animal.
Un certain passage (Elle aura bien de la peine pour élever les enfants / Elle aura bien de la peine car je m'en vais pour longtemps / Je viendrai à la nuit noire tant que la guerre durera / Comme les femmes en noir triste et seule elle m'attendra) de la chanson lui ayant été signalé comme misogyne à notre époque, Gilles Servat en interprètera aussi une version modifiée qu'il nommera « Le Partisan ».
Sommaire
L'album
La chanson figure sur un disque sur lequel, on trouve les morceaux suivants :
- Koc'h ki gwenn ha koc'h ki du
- La blanche hermine
- An alarc'h
- Les bretons typiques
- L'institutrice de Quimperlé
- Gwerz Marv Pontkallek
- Les prolétaires
- Kalondour
- Me zo ganet
- Montparnasse blues
Controverses autour de la chanson
En 1975, le recueil Gilles Servat, poésie et chansons, réalisé par Guy Millière, rend compte du dialogue avec Servat qui « n'hésite pas à critiquer aujourd'hui les faiblesses de La Blanche Hermine. [ … ] La référence à une « troupe de marins, d'ouvriers, de paysans » ne suffit pas à justifier le très équivoque « faire la guerre aux Francs ». De plus, utiliser des termes datant de l'époque féodale, « Francs » par exemple, mais il y en a d'autres, pour décrire la situation actuelle, ouvre la porte aux récupérations les plus réactionnaires. »[2]
Dès 1976, Daniel Chatelain et Pierre Tafini, dans Qu'est ce qui fait courir les autonomistes ? exposent aussi que « La Blanche Hermine de Servat où le héros part faire la guerre aux Francs pourrait très bien passer pour une œuvre de La Villemarqué ! [ … ] L'artiste capte un flux émotionnel se portant à la fois sur sa personne et la mère patrie qu'il se charge d'incarner. On entre en plein dans l'irrationnel national qui fit communier dans le mythe Servat les militants culturels bretons de base de toutes tendances, des fascisants aux nationaux-gauchistes, réunis dans une même assemblée en 1973. »
Le texte renvoie aux guerres ayant opposé la Bretagne à la France, notamment sur les frontières (châteaux de Fougères et Clisson), mais a été aussi interprété comme faisant référence à la chouannerie, époque magnifiée par La Villemarqué dans le Barzaz Breiz [réf. nécessaire], cette chanson est souvent reprise dans des recueils consacrés à la Vendée et aux Chouans par des royalistes, collecteurs de chansons militaires, et autres.
En 1998, considérant que des militants du Front National récupéraient indûment sa chanson dans leurs meetings, il compose une violente diatribe contre l'extrême droite intitulée « Touche pas à la Blanche Hermine ». Ce texte figure sur l'album du même nom enregistré en public au Centre culturel Athéna d'Auray (Morbihan) ; sa récitation est un prélude à la chanson.
Reprises
En 2010, Les Ramoneurs de menhirs sur l'album Amzer an dispac'h !, avec des arrangements des Bérurier Noir et des Ramoneurs de memhirs. Gilles Servat chante le dernier couplet.
Bibliographie
- Daniel Chatelain et Pierre Tafini, Qu'est ce qui fait courir les autonomistes ?, Stock, 1976
- Erwan Chartier, Gilles Servat. Portrait, Blanc Silex, 2004
- Guy Millière, Gilles Servat, poésie et chansons, Seghers, 1975
- Le Peuple Breton no 128, 4 chansons pour un combat, Gilles Servat, 1974
Liens externes
Notes
- e caducs La régularité du nombre de syllabes n’est pas complète si la chanson est prononcée en suivant exactement les règles classiques, qui occultent les
- Guy Millière, Gilles Servat, poésie et chansons, p. 30-31.
Catégories :- Chanson française
- Chanson bretonne
- Chanson de 1972
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