- L'Imitation de Jésus-Christ
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L'Imitation de Jésus-Christ (en latin De imitatione Christi) est une œuvre anonyme de piété chrétienne de la fin du XIVe siècle ou du début du XVe siècle, représentative d'une nouvelle expérience spirituelle appelée devotio moderna qui a été illustré par Jean de Ruysbroek. On accorde actuellement cette œuvre à Thomas a Kempis.
Sommaire
Origine
Son attribution est discutée. Il a été question de l'Italien Jean Gersen, de l'ordre de Saint Benoît, de Jean Gerson[1], chancelier de l'université de Paris, du mystique néerlandais Gérard Groote. Selon l'opinion qui prévaut aujourd'hui dans les milieux spécialisés, l'auteur serait Thomas a Kempis, moine allemand du monastère augustin du Mont Sainte-Agnès situé à Windesheim, en Hollande.
En effet, douze contemporains attribuent l'Imitation à Thomas a Kempis[2] : Jean Busch (1400-1479) ; Hermann Ryd (1408-1483) ; Jean Monbrun (1460-1502) ; Adrien de But (1480) ; Wessel Gandsfrod (1489) ; Farinator ; Peter Schott ; Trithème ; Willibald Pirckheimer ; Martin Simus ; le biographe anonyme de Thomas a Kempis ; l'éditeur de la première traduction française de l'Imitation en 1493. Tous affirment plus ou moins nettement la paternité de l'ouvrage à Thomas a Kempis.
Composition
Le texte est divisé en quatre parties :
- Avertissements utiles à la vie spirituelle (admonitiones ad vitam spiritualem utiles)
- Avertissements entraînant à la vie intérieure (admonitiones ad interna trahentes)
- De la consolation intérieure (de interna consolatione)
- Exhortation à la sainte communion (de sacramento).
Il commence par ces mots :
- « Celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres[3], dit le Seigneur. Ce sont les paroles de Jésus-Christ, par lesquelles il nous exhorte à imiter sa conduite et sa vie, si nous voulons être vraiment éclairés et délivrés de tout aveuglement du cœur ».
Présentation
L'œuvre est assez simple et faite surtout d'aphorismes et de maximes sans aucune prétention théologique. Elle alimenta la dévotion et la prière de nombreuses générations de chrétiens, surtout des laïcs, qui cherchaient dans leur vie quotidienne à vivre en respectant les préceptes du Christ (d'où son titre). Elle suscite davantage de réserves aujourd'hui car certains estiment qu'elle donne trop d'importance à l'humilité, la résignation et l'abnégation.
Du point de vue de la libraKirie, l’Imitation est un succès qui ne se dément pas depuis des siècles. En 1450, il en existait plus de deux cent cinquante manuscrits. De nouvelles éditions sortent encore régulièrement. Les traductions de Pierre Corneille et Félicité Robert de Lamennais furent republiées récemment dans des collections de poche, en 1978 et 1998 respectivement.
Le rythme de l'Imitation
Le texte de l'Imitation est composé de façon à être lu en rythme, selon les mesures métriques grégoriennes. En effet, un manuscrit de l'Imitation de 1441[4] comporte une ponctuation métrique telle qu'elle suggère de lire chaque phrase selon un rythme précis, tel la lecture des psaumes.
Parmi la centaine de traductions françaises de l'Imitation, les plus célèbres et les plus recommandées sont celles de Michel de Marillac (1621), Pierre Corneille (traduction en vers [1651-1659]), Lemaistre de Sacy (1662), Gonnelieu (1712), Jacques-Philippe Lallemant (1740), Jean-Baptiste-Modeste Gence (1820), Genoude (1822), Lamennais (1825), Georges Darboy (1855). Dietrich (traduction rythmée du texte de Thomas a Kempis) (1999, 2009 Editions Salvator)Comparaison de deux traductions, Lamennais et Dietrich.
Traduction Lamennais
Vanité donc, d'amasser des richesses périssables et d'espérer en elles. Vanité, d'aspirer aux honneurs et de s'élever à ce qu'il y a de plus haut. Vanité, de suivre les désirs de la chair et de rechercher ce dont il faudra bientôt être rigoureusement puni. Vanité, de souhaiter une longue vie et de ne pas se soucier de bien vivre. Vanité, de ne penser qu'à la vie présente et de ne pas prévoir ce qui la suivra. Vanité, de s'attacher à ce qui passe si vite et de ne pas se hâter vers la joie qui ne finit point.
Traduction Dietrich
Vanité donc de rechercher
des richesses périssables *
et de mettre son espoir en elles.
Vanité encore de rechercher les honneurs *
et de s'élever aux plus hautes places.
Vanité de suivre les désirs de la chair *
et de souhaiter ce qui sera,
par la suite, gravement puni.
Vanité de désirer une longue vie *
et de veiller si peu à mener une vie bonne.
Vanité de penser uniquement
à la vie présente *
et de ne pas prévoir l'avenir.
Vanité d'aimer ce qui passe à grande vitesse *
et de ne point se hâter
là où se trouve la joie éternelle.
L'astérisque comme l'indique Charles Dietrich dans sa préface a pour but "de respecter les diverses pauses propices à l'attention et à la réflexion." Il ajoute : "Si donc le lecteur veut s'imprégner de la pensée de l'auteur, en tirer quelque avantage spirituel, il marquera une pause après chaque astérisque et réfléchira sur ce qu'il vient de lire."Traits et textes à l'honneur de l'Imitation
« Depuis longtemps je soutenais ma vie spirituelle avec la pure farine contenue dans l'Imitation. Ce petit livre ne me quittait jamais, en été dans ma poche, en hiver dans mon manchon. J'en connaissais par coeur presque tous les chapitres. » Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, Histoire d'une âme
« L'Imitation de Jésus Christ est à la mystique de l'Eglise ce que la Somme Théologique de saint Thomas d'Aquin est à la scolastique : le chef-d'œuvre contenant le plus pur esprit de la doctrine dans son expression achevée » Mgr Puyol, lettres apostoliques
« L'Imitation de Jésus-Christ est le plus beau qui soit parti de la main d'un homme, puisque l'Évangile n'en vient pas » Fontenelle
Note
- 1842, 334 p. Voir notamment Collectanea gersoniana ou recueil d’études de recherches et de correspondances littéraires ayant trait au problème bibliographique de l’origine de « L’Imitation de Jésus-Christ », publiées par Jehan Spencer Smith, Caen, Hardel-Mancel,
- Imitation de Jésus-Christ, édition Tours maison Alfred Mame et fils, 1930, introduction, par R.P A. Fleury
- Jn 8, 12.
- Manuscrit de l'Imitation de Jésus-Christ, Bibliothèque Royale de Bruxelles, n° 5855-5861
Articles connexes
Liens externes
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