L'Ame et la vie

L'Ame et la vie

L'Âme et la Vie


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Psychologie
Histoire · Écoles · Psychologues · Émotion · Cognition
L'Âme et la Vie
Auteur Carl Gustav Jung
Genre Essai psychanalytique
Pays d'origine Suisse Suisse
Éditeur Livre de poche
Date de parution -
Nombre de pages 413
ISBN -

L'Âme et la Vie est un ouvrage constitué de textes essentiels de Carl Gustav Jung, réunis et présentés par Jolande Jacobi, introduits par Michel Cazenave.

Ce choix de textes éclaire et illustre les aspects les plus caractéristiques, les plus accessibles aussi de la doctrine de Carl Gustav Jung.

Sommaire

Résumé chapitre par chapitre

Témoignage en faveur de lâme

Jung établit un lien entre le corps et lâme. "Il nexiste probablement pas une maladie du corps dans laquelle ne joue aucun facteur psychique, de même que dans nombre de troubles psychogènes interviennent des éléments corporels".

La définition de lâme prend ses sources dans la philosophie, la théologie, la psychologie. Lâme représente la partie invisible de lhomme. Lâme ou psyché est à lorigine de tous les faits humains : de la civilisation comme de la guerre. "Tout est dabord psychique et invisible".

Il est important de différencier âme et conscience. La conscience est à rapprocher du Logos (du verbe), de la capacité à dire le réel, tandis que lâme humaine est « fantaisie créatrice ». La psyché crée chaque jour la réalité . La conscience observe et dit la réalité.

Lâme est mouvante, changeante. Elle soppose à la rigidité des doctrines, élaborées par la conscience : "La vie éternellement changeante de lâme représente comme une réalité plus forte, mais aussi moins confortable que la sécurité rigide dune doctrine".

Les mythes nourrissent lâme humaine. La fiction trouve une résonance dans les fondements de lessence humaine. Les récits fabuleux, tentant de donner un sens à lorigine, sont en premier lieu « des manifestations psychiques représentant lessence de lâme ». On observe avec la montée des sciences, la despiritualisation de la nature, apanage des sciences physiques et naturelles avec leur connaissance objective. Le monde semble circonscrit dans des théories scientifiques qui donnent un sens au réel, au visible. Le danger est, décarter linvisible, la part inconsciente, inconnue de tout être humain, doublier lâme.

La psychologie ouvre dautres portes, une autre perception de lâme, après les mythes. Elle ressemble à Janus aux deux visages. Elle regarde en avant et en arrière. Elle sintéresse au passé et au présent pour construire un avenir meilleur.

La conscience et linconscient

La conscience est « comme un enfant qui naît chaque jour du fond originel maternel de linconscient ». Elle se laisse dresser comme un perroquet, mais ceci nest pas vrai de linconscient. Cest dailleurs pour cela que St Augustin remercia Dieu de ne pas lavoir rendu responsable de ses rêves. Les dieux sont des personnifications indubitables des forces de lâme. La conscience est une île dans locéan dinconscient. Lémotion est la source principale de toute prise de conscience.

La conscience conduit aussi à une forme dorgueil, symbolisé dans la conscience gonflée de la grenouille (cf: fable de La Fontaine "la grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf"). Une conscience gonflée comme la grenouille de la fable est égocentrique et nest consciente que de sa propre présence. Elle est incapable de tirer des leçons du passé, incapable de comprendre les événements du moment, et incapable de trouver des conclusions justes quant à lavenir. Une telle conscience est hypnotisée par elle-même, cest pourquoi il est impossible de converser avec elle. Elle se condamne inévitablement à des catastrophes qui risquent de la détruire dun seul coup.

Explication de la genèse

L'histoire d'Adam et Eve représente lacquisition de la conscience, la violation dun tabou. Dieu a interdit aux hommes de goûter au fruit de l'arbre de la connaissance et pourtant ils l'ont fait. Cet événement de l'histoire biblique fait écho au mythe de Prométhée. Toute démarche vers une plus grande conscience est une sorte de culpabilité prométhéenne. La conquête dune nouvelle connaissance est comme un rapt du feu divin. On arrache un élément de linconscient pour le rendre conscient. Adam et dEve rappellent le « péché » de la conscience. La conquête de la conscience est le fruit le plus précieux de larbre de Vie. Larbre magique confère à lhomme sa victoire sur la terre et subséquemment une plus grande victoire sur lui-même: il devient lui-même créateur et entre en concurrence avec Dieu.

Les archétypes

Lâme du nouveau- est prédéterminée par lhérédité. Elle est pleine, individualisée.

Définition de larchétype :

Ce sont des images que la raison admet généralement comme étant sans valeur. On peut les utiliser dans diverses formes dexpression, tels que lart, la spéculation philosophique, la spéculation quasi religieuse. Les archétypes sont des forces vitales. Ils doivent être pris au sérieux car ils protègent et sauvent. Les enfreindre entraîne des névroses, « des périls de lâme », bien connus des peuples primitifs. Ils sont des symboles vivants : plus le symbole est archaïque et profond, cest-à-dire plus il est physiologique, plus il devient collectif et universel, matériel.

La vie du Christ est archétypique. Elle représente un modèle pour les Chrétiens, toujours vivant. Elle est reliée à la vie secrète et inconsciente de chacun. Le Dieu fait homme est parlant par son histoire et celles de ses paraboles. Un symbole actif est inattaquable. Les Dieux païens sont aussi des archétypes de linconscient.

Le rêve

Les rêves sont les produits de lâme inconsciente.

Pour interpréter un rêve, il faut connaître le contexte conscient et savoir que linconscient a une tendance compensatrice par rapport au conscient. Le rêve sexprime toujours à laide de paraboles et dallégories.

Selon Nietzsche, la pensée onirique est une forme « phologénétique » antérieure de notre pensée. Un rêve appartient à une série, il faut éviter de linterpréter isolément. Certains praticiens estiment que le rêve est indispensable au traitement des névroses, notamment ceux qui attribuent à linconscient un rôle déterminant.

Soccuper des rêves, cest réfléchir sur soi-même. Réflexion sur le SOI (être social, libéré de l'ego, du moi), sur lâme obscure, la part dinconscient en nous.

Médecin et malade

Le bon médecin est celui qui a connu la vie : lamour et la haine. Le médecin qui observe, libéré de toute formule, doit laisser agir sur lui la réalité sans loi, vivante, dans toute sa richesse. Dans la réalité psychologique, il ny a que des cas individuels révélant des besoins et des exigences si divers, quau fond, on ne peut jamais savoir dans quelle voie un cas nous engagera. Le médecin a donc avantage à renoncer à toute opinion préalable. « Lart [pratique médicale] véritable est créateur et ce qui crée est au-delà de toute théorie. »

Un bon médecin doit avoir fait une psychothérapie avec quelqu'un dautre, car on est souvent aveugle à son propre égard. Pour soigner un malade, il ne faut jamais que le médecin condamne en son for intérieur lêtre qui se confie à lui. On ne saurait changer ce quon naccepte pas. La condamnation morale ne libère pas, elle opprime. On peut condamner on espère et lon peut aider et améliorer. Un bon médecin est quelqu'un qui sest accepté avec toutes ses faiblesses. Les malades ne veulent pas de discours moralisateurs.

La névrose est désunion avec soi-même. Elle est la souffrance dune âme, avec toute sa complicité. Perdre une névrose est synonyme de perdre son objet ; la vie sémousse et ainsi demeure vide de sens. Ce nest pas une guérison, cest une amputation. La névrose est donc une partie intrinsèque de lêtre. Létat de souffrance de la névrose rappelle celui de la guerre civile.

Le névrosé est malade parce quil na pas conscience de ses problèmes. Lorsque le moi est « un antre de peur », cest parce que lindividu senfuit devant lui-même sans en rien vouloir connaître.

Le problème de la guérison est un problème religieux. Le pardon permet de guérir létat de souffrance des hommes. Mais comment peut-on dire "frère" au loup qui nous dévore ? Une névrose est liquidée, quand elle a corrigé la mauvaise attitude du moi.

Homme et femme

l'amour règne, il n'y a pas volonté de puissance et domine la puissance, manque l'amour. L'un est l'ombre de l'autre.

Jung pense que les maladies sexuelles ont un lien avec lâme. Ethos (respectabilité, dignité, morale) et sexualité sopposent au lieu de sallier. La vie érotique ne sépanouit que lorsque lesprit et linstinct se trouvent en une heureuse concordance. Trop danimalité défigure lhomme civilisé, trop de culture crée des animaux malades.

La psychologie de la femme sappuie sur lEros (relation psychique, amour), tandis que celle de lhomme sur le Logos (intérêt objectif, verbe). La femme est reliée à lamour, lhomme à lesprit (rappelle la complémentarité anima/animus). Beaucoup dhommes sont aveugles dun point de vue érotique car ils confondent lEros et la sexualité.

Jeunesse et vieillesse

Dans la première moitié de sa vie, dont l'orientation est biologique, l'homme a en général, vu la juvénilité de tout son organisme, la possibilité de supporter l'élargissement vital et d'en faire quelque chose de valable. L'homme dans la seconde moitié (que l'on appelle le subconscient) est naturellement orienté vers le savoir parce que les forces déclinantes de son organisme permettent de subordonner les instincts aux intérêts culturels.

Tout ce que nous voulons modifier chez les enfants devrait d'abord être examiné avec attention pour voir si ce n'est pas quelque chose qui devrait être changé en nous-mêmes : notre enthousiasme pédagogique par exemple.

Le processus même de la civilisation consiste en un domptage progressif de tout ce qu'il y a d'animalité dans l'homme... Deux réalités s'imposent nécessairement en nous : nature et civilisation.

Education :

Pour lhomme jeune, il sagit pour léducateur de lever les obstacles qui empêchent lépanouissement et lascension. Pour lhomme vieux, il est important de favoriser tout ce qui peut constituer un appui au cours de la descente.

Léducateur doit posséder un « enthousiasme pédagogique » et connaître ses points faibles. On oublie trop souvent limportance de « léducation de léducateur ». On éduque des enfants et parfois on néglige léducation des adultes. « Les enfants sont éduqués par ce que ladulte est et non par ses bavardages ». Un homme de valeur inférieure nest jamais un bon maître, il dissimule sa dangereuse infériorité empoisonneuse secrète des élèves, derrière dexcellents procédés et une brillante aptitude intellectuelle à lélocution. Certains bons élèves peuvent être « bons » par leurs bonnes méthodes et non par ce quils sont. Léducateur doit veiller à léducation de lêtre et non au paraître.

La discipline à étudier est évidemment un matériau dont on ne peut se passer, mais la chaleur est lélément vital nécessaire à la plante comme à lâme de lenfant. « La meilleure méthode [éducative] est celle qui sait faire pousser un arbre de façon à ce quil remplisse le plus parfaitement possible les conditions de croissance mises en lui par la nature. » Lart de vivre est le plus noble des arts.

L'individu et la communauté

Dans la mesure les collectivités sont de simples accumulations d'individus, leurs problèmes sont aussi des accumulations de problèmes individuels. De pareils problèmes ne sont jamais résolus par la législation ou par des tours de passe-passe. Ils ne peuvent être résolus que par un changement général dans l'attitude de l'homme. Et ce changement ne saurait commencer ni par la propagande ou par des meetings monstres, ni par la violence. Il commence par un changement dans les individus. Et il se manifestera par la transformation de leurs penchants, de leurs goûts et dégoûts personnels, et de leur conception de la vie et de ses valeurs, et seule une accumulation de telles métamorphoses individuelles amènera une solution collective.

On a tendance à projeter notre psychologie sur autrui. « La psychologie des individus correspond à la psychologie des nations. Ce que font les nations chaque individu le fait aussi (…). Seules des modifications dans lattitude profonde des individus peuvent être à lorigine de changement dans la psychologie des nations. »

La guerre

Elle est expliquée par le psychologue comme un état de possession inconscient. La métamorphose seffectue dans lindividu isolé, car les masses sont des animaux aveugles. Le conflit avec soi est souvent humiliant. Il abaisse intérieurement et extérieurement. Le changement de la société passe par un changement de lindividu. Dans létat de guerre, on projette sur le voisin son propre état psychique : ainsi se crée le devoir sacré davoir les plus gros canons et les gaz les plus asphyxiants.

Guerres et cataclysmes ne sont rien dautres que des épidémies psychiques. Elles nous menacent.

Inconscient collectif

Les conditions sociales, politiques et religieuses générales affectent linconscient collectif et animent ainsi ses contenus. Le plus souvent alors un individu ou plusieurs doués dune intuition particulièrement puissante, perçoivent ces transformations de linconscient collectif et les traduisent en idées communicables. Ces idées se répandent ensuite avec rapidité, parce que des transformations analogues se sont produites dans linconscient dautres hommes. « La modification du caractère qui résulte de lirruption des forces collectives est étonnante. Un être doux et raisonnable peut devenir un forcené ou une bête sauvage. (…) Nous vivons sur un volcan qui peut se mettre en éruption. Le fou comme la masse est gouverné par des forces impersonnelles bouleversantes. »

Critique de lesprit de masse

"Les amas dhommes sont toujours les foyers dépidémies psychiques". Il cite notamment la maladie du monde romain et la chute de lempire qui en résulta.

Dionysos

Dieu de livresse, de la musique, de lorgie et de la fête. Il représente labîme de la dissolution passionnée de tout particularisme humain au sein de ce que lâme originelle peut avoir de divin et danimal. Il symbolise le déchaînement contre une humanité noblement assoupie dans la culture.

Le culte de Dionysos avait un réel pouvoir spirituel, celui de contrôler lenfer orgiaque. Aujourdhui, nous lavons abandonné et nous avons ouvert les portes de lenfer.

« La disposition desprit primitive ninvente pas de mythes, elle les vit. Les mythes sont, lorigine, des révélations de lâme préconsciente, des affirmations involontaires au sujet de faits psychiques inconscients. (…) La mythologie chez les tribus primitives est une religion vivante, sa perte entraîne des catastrophes morales importantes. »

Prépondérance de lindividu sur la masse

« Cest lindividu qui est par excellence le facteur de différenciation. Les plus grandes vertus, les créations les plus sublimes, comme aussi les pires défauts et les pires atrocités sont individuelles. Nier la force individuelle, cest anéantir la seule source du progrès moral et spirituel. » « Tant que lélu cherche à atteindre un prestige, son action est créatrice, celle de son clan lest également quand ce dernier cherche à lutter contre des forces hostiles et obscures. Dès que lapprobation générale est atteinte, lélu perd de son prestige. Ce schisme produira loccasion de recommencer. »

Différenciation individualisme/individuation

Individualisme : il met en relief la prétendue particularité de lindividu en opposition aux égards et aux devoirs en faveur de la collectivité. EGO, MOI.

Individuation : accomplissement meilleur et plus complet des tâches collectives dun être. Il sagit de « lêtre collectif », du « Soi ».

Connaissance et création

Science

La connaissance repose non seulement sur la vérité mais aussi sur lerreur. Le but de la science nest pas la description des faits, mais la découverte de la loi (ce qui est reproductible, ce qui peut être réinventé, ce quon peut reproduire dans le réel).

Les opinions contradictoires sont nécessaires à lavancée de la science. Elles ne doivent pas se raidir sous peine de se dresser les unes contre les autres au lieu de communier et de chercher une synthèse.

Quest-ce qui entrave les progrès de la science ? « (…)un conservatisme typique de lautorité, la vanité infantile du savant qui veut avoir raison et sa peur de se tromper. »

Il faut également faire attention aux pièges du rationalisme éclairé, à la foi inébranlable que lhomme accorde à tout ce qui porte létiquette scientifique et au sectarisme scientifique.

Différenciation entre dogme/science

Dogme : facteur religieux dune valeur inestimable, précisément à cause de son caractère absolu.

Science : elle a besoin de lincertitude pour avancer, cest un élément vital.

Le risque dans les deux cas est de sombrer dans lintolérance, le dogmatisme, le fanatisme, car on écarte tous les doutes qui perturbent. Seul le doute est père de la vérité scientifique.

Différenciation entre philosophie/psychologie

La philosophie sintéresse au monde, tandis que la psychologie se penche sur lâme.

Art

« Les forces créatrices irrationnelles qui se manifestent avec le plus de netteté dans lart, se moquent finalement de tout effort de rationalisation. » Lœuvre dart nest pas constitué déléments personnels, elle sélève au-dessus du moi. Elle provient de lesprit et du cœur. Les éléments personnels constituent une limitation ou même un vice à lart. Faust prend ses racines dans lâme de lhumanité.

Chef-dœuvre« un chef-dœuvre, tout en étant objectif et impersonnel, nous atteint dans ce que nous avons de plus profond. (…) cest ainsi que les besoins psychiques dun peuple saccomplissent dans lœuvre du poète et cest pourquoi cette œuvre est en fait et en vérité plus quune destinée personnelle pour son auteur. ».

Lartiste fait parler linconscient collectif Lartiste est linterprète des secrets de lâme de son temps, sans le vouloir, comme tout vrai prophète, parfois inconsciemment à la manière dun somnambule. Il est instrument de son œuvre. Il est rarement capable dinterpréter son œuvre, il laisse aux autres le soin de le faire. Lartiste est un « homme collectif ». Il faut distinguer la personne parfois égoïste et lartiste, homme collectif qui porte et exprime lâme inconsciente et active de lhumanité. On remarque souvent une discordance entre le génie et le caractère humain, les dons supérieurs nont pas forcément de développement en rapport avec la maturité de la personne. « Lhomme est parfois puéril, insouciant, égoïste, naïf, vaniteux ».

Jung ne croit pas aux génies méconnus. Ils sont pour lui des incapables à la recherche deux-mêmes.

Du recueillement et de la prise de conscience de soi-même

Ne point vouloir voir ses propres fautes et les projeter est le début de la plupart des querelles; c'est la garantie, la plus solide garantie que l'injustice, la haine et la persécution ne sont pas sur le point de disparaitre.

Jung propose de donner plusieurs définitions qui aident au travail sur soi:

Barbarie: La barbarie est partialité, manque de mesure, bref, défaut de proportion.

Erreur : Lerreur est une condition de vie aussi importante que la vérité.

Action : ce qui importe, ce ne sont pas les bons et sages discours, cest uniquement laction.

Liberté : Nous ne jouissons pas dune liberté souveraine : nous sommes perpétuellement menacés par certains facteurs psychiques qui en tant que « forces de la nature » peuvent nous prendre en leur possession. « Pour être libre, il faut en premier lieu vaincre la barbarie. On y parvient en comprenant les causes et motivations de sa moralité comme des éléments de sa propre nature et non comme des bornes extérieures. »

Doutes/certitudes : On désire que la vie soit simple, sûre et sans encombre, cest pourquoi les problèmes sont tabous. On veut des certitudes et non des doutes ; on veut des résultats et non des expériences, sans sapercevoir que les certitudes ne peuvent provenir que des doutes et les résultats des expériences.

Hypocrisie et vertus : De nos jours, lindividu se sentant encore entravé par lhypocrite opinion publique, préfère organiser en privé sa vie secrète et jouer en public lêtre vertueux. « Les hommes qui simposent un éthique excessive dont la pensée, les sentiments et les actes sont toujours altruistes et idéalistes se vengent de cet intolérable idéalisme en se tendant des pièges. » « Limperfection humaine détonne toujours dans lharmonie de nos idéaux. »

Soi : Le soi est lensemble complexe de la personnalité englobant le conscient et linconscient. Le sentiment dinfériorité morale provient dun conflit avec le Soi (être collectif, social).

Saimer : Vivre en se fuyant soi-même est amer et vivre avec soi-même exige un ensemble de vertus chrétiennes quil faut sappliquer à soi-même : patience, amour, foi, espérance et humilité. Il vaut mieux toujours apprendre à se supporter que de se faire la guerre à soi-même.

Querelles : « Ne point vouloir voir ses propres fautes et les projeter, tel est le début de la plupart des querelles. »

Responsabilité individuelle : « Lhomme intelligent puise son enseignement de ses propres fautes ». Il se posera la question : qui suis-je donc pour que tout cela marrive ? « Lautocritique en tant quactivité dintrospection et de discrimination, est indispensable à toute tentative de comprendre sa propre psychologie. » Lhomme qui se sent dans une situation difficile, qui sent quil a besoin de saméliorer, bref, qui veut « devenir » est bien obligé de se consulter lui-même.

Entre le bien et le mal

Jung propose de donner quelques définitions de ce qui nous fait souffrir, de ces concepts qui se trouvent à la limite entre le bien et le mal. Est-ce un bien ou un mal de vouloir donner une image parfaite de soi-même? Il explique aussi qu'en tout être humain se trouve une part d'ombre et de lumière. La part d'ombre doit être acceptée, digérée, "consciencisée", afin de permettre une plus grande plénitude.

Persona : elle est ce que lêtre paraît, ce que les gens voient en nous. Elle se veut limage idéale, mais factice de nous-mêmes. Tout ce que la personne ne réussit pas à faire cadrer avec lensemble apparemment parfait sera refoulé, oublié, omis. Le sujet, dans ce cas, sacrifie trop de composantes humaines au bénéfice dune image idéale de lui-même. « Celui qui sest forgé une persona trop avantageuse souffre dune émotivité maladive. » « Le miroir ne flatte pas, il donne une image fidèle de ce qui regarde en lui, cest-à-dire le visage que nous ne montrons jamais au monde parce que nous le dissimulons au moyen de la persona, ce masque de lacteur. »

Etres personnels : Les êtres très personnels sont en même temps très susceptibles, car il suffit dun rien pour quils se trouvent confrontés avec un aspect de leur caractère réel, c-a-d individuel auquel ils se refusent et dont ils refusent de prendre conscience. Les charges et les titres sont des compensations faciles à des insuffisances personnelles. Lhomme saliène au profit dune personnalité artificielle.

Lombre : Malheureusement il nest pas douteux que lhomme est, dans lensemble moins bon quil ne simagine ou ne voudrait être. Chacun est suivi dune ombre et moins celle-ci est incorporée dans la vie consciente de lindividu plus elle est noire et dense. Si une infériorité est consciente, on a toujours la chance essentielle de la corriger. Si lombre est refoulée et isolée de la conscience, elle ne sera jamais corrigée. « Lombre est quelque chose dinférieur, de primitif, dinadapté et de malencontreux, mais non dabsolument mauvais. » « Il ny a pas de lumière sans ombre et pas de totalité psychique sans imperfection. La vie nécessite pour son épanouissement non pas de la perfection mais de la plénitude. Sans imperfection, il ny a ni progression, ni ascension. »

Névrose : « la névrose est lombre considérablement intensifiée. La guérison de la névrose passe par un équilibre entre la personnalité consciente et lombre. »

Refoulement : cest une manière semi-consciente, semi-intentionnelle de laisser aller les choses dans lindécision ou une tentative de masquer par du mépris une impuissance à atteindre qqch dinaccessible, ou bien un refus de voir, permettant de ne pas prendre conscience de ses propres désirs. « le refoulement répond à un penchant plutôt immoral. On cherche à sabstraire de la nécessité afin de ne pas prendre des décisions désagréables. »

Maladie : le secret et la rétention affective entraînent des dommages auxquels la nature en fin de compte répond par des maladies. Ils entraînent des dommages que si le secret et la retenue sont personnels. Mis en commun, ils peuvent devenir des vertus salutaires.

Souffrance : cest de la souffrance de lâme que germe toute création spirituelle et cest en elle que prend naissance tout progrès de lhomme en tant quesprit. Or, le motif de cette souffrance est la stagnation spirituelle, la stérilité de lâme.

De la vie de lesprit

Lesprit est supérieur à lintellect, car il englobe non seulement ce dernier, mais encore avec lui la sensibilité et le cœur. Il est orientation et principe de vie aspirant à de claires hauteurs surhumaines.

Héraclite a découvert la loi des contraires. Lirrationnel ne doit et ne peut être exterminé. Les Dieux ne peuvent et ne doivent pas mourir. Lesprit occidental doit trouver une posture qui permette lunion des contraires, tel que le taochinois lenseigne. Union entre intérieur et extérieur. Cest de la synthèse des contraires que naît lénergie créatrice. Si devenir fou nest pas un art, on peut extraire de la folie une forme de sagesse. Le vrai sage est celui qui a su contrôler sa part de folie.

Linstinct traîne toujours à sa suite et dans son orbe des teneurs archétypiques aux aspects spirituels, teneurs par lesquelles il se trouve à la fois fondé et limité. La sexualité est le porte parole des instincts. Le spirituel la considère comme ennemie. Le spirituel et linstinct se mêlent pour former lénergie psychique.

Loccident/ LOrient

La culture orientale nous recentre sur ce que nous repoussons comme estimant être sans importance : le destin de notre humanité intérieure. Lorient apprend le non-agir, le fait de laisser venir.

Il faut tenir compte de ce que nous trouvons inférieur. Les grands changements proviennent den bas. Le bas, la terre sont des principes essentiels. Larbre prend racine dans le sol. Lhistoire se trouve davantage dans notre sang que dans les grands volumes.

Le devenir de la personnalité

Nous percevons le monde de manière subjective. Ce que nous ressentons, provient de nous. Il est important de se réformer soi-même avant de réformer le monde.

Chacun a une intuition (« prescience intuitive ») de ce qui devrait être et ce quil devrait être. Ne pas tenir compte de cette intuition, cest faire fausse route et déboucher à plus ou moins long terme dans la maladie.

Il ny a pas de solution à un problème, juste un enfouissement ou un dépassement. Le problème na ni été refoulé, ni été inconscient, il est simplement apparu sous un jour différent qui la transformé. Nous ne sommes plus dans le problème mais au-dessus. Les grands problèmes de la vie ne sont jamais définitivement résolus. Sils le paraissent parfois, cest toujours à notre détriment. Leur sens et leur but ne semblent pas résider dans leur solution, mais dans lactivité que nous dépensons inlassablement à les résoudre.

Destin, mort et renouvellement

La vie nest pas rationnelle, car elle possède un fondement en dehors de la raison humaine. La raison est incapable de créer limage, le symbole qui est irrationnel. Nous sommes partout soumis au hasard imprévisible.

La mort est psychiquement parlant aussi importante que la naissance et comme celle-ci, elle est une partie intégrante de la vie.

Lâme existe avant le moi. Sil nest pas possible de prouver son immortalité, on peut y croire. Le culte des morts repose sur la croyance à la durée intemporelle de lâme. En le rationalisant, nous avons écarté le besoin spirituel. « Le Livre des morts du Tibet » de Bardo Thödol est un enseignement important. Le Christ meurt toujours, de même quil renaît toujours ; car la vie psychique est intemporelle en comparaison de notre attachement individuel au temps. Notre époque est celle de la mort et de la disparition de Dieu. Le don doit être perçu comme une perte, un anéantissement, un auto-sacrifice. Par lauto-sacrifice nous nous gagnons nous-mêmes, c'st à dire le Soi. « Cest seulement ce que nous donnons que nous possédons. »

La voie vers Dieu

«  Les religions sont des systèmes psychothérapeutiques (…). Elles expriment limmensité du problème psychique en puissantes images. Ce sont des professions de foi et des perceptions de lâme et en même temps des révélations et des manifestations de son essence. » Il existe une image archétypique de Dieu. Lintellect humain ne peut répondre à la question divine.

Les protestants ne croient pas en la naissance virginale et ont perdu le sens du Salut. Ils ont écarté lintercession de lEglise entre Dieu et les hommes. Ils ont donné plus dimportance au texte biblique. Daprès Jung, psychologiquement, la naissance virginale existe. Il conteste certains principes du protestantisme.

« Dans une humanité spirituellement sous-alimentée, Dieu lui-même ne peut prospérer Le monde est la souffrance de Dieu. »

Le paradoxe aussi étrange que cela semble, est une de nos possessions spirituelles suprêmes, alors que la pensée univoque est un signe de faiblesse. Le paradoxe embrasse la plénitude de la vie.

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  • âme — (â m ) s. f. 1°   Principe de vie. 2° Le principe immatériel de la vie, l âme après la mort. 3° L ensemble des facultés morales et intellectuelles. Grande âme. Avoir de l âme. Être tout âme. 4° L âme, en parlant des relations amoureuses. 5° Une… …   Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré

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