- Kinderdijk
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Réseau des moulins de Kinderdijk-Elshout * Patrimoine mondial de l'UNESCO Coordonnées Pays Pays-Bas Subdivision Nieuw-Lekkerland et Alblasserdam, Hollande-Méridionale Type Culturel Critères (i) (ii) (iv) Numéro
d’identification818 Zone géographique Europe et Amérique du Nord ** Année d’inscription 1997 (21e session) modifier Kinderdijk est un village des Pays-Bas, situé à cheval sur le territoire des communes de Nieuw-Lekkerland et d'Alblasserdam, à environ 15 km à l'est de Rotterdam.
Le village se trouve dans un polder au confluent des rivières Lek et Noord. Pour drainer le polder, un système de moulins à vent a été construit vers 1740. Ce groupe de moulins à vent est désormais le groupe de vieux moulins le plus important et le mieux conservé des Pays-Bas.
Les moulins à vent de Kinderdijk sont l'un des sites touristiques les plus connus des Pays-Bas. Le site a été reconnu comme faisant partie du patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO en 1997.
Plusieurs histoires circulent au sujet de l'origine du nom du site, qui rattache la digue aux enfants. L'une d'entre elles a pour origine une légende rapportée lors de l’inondation du 18 au 19 novembre 1421 (Inondation de la Sainte-Élisabeth), restée tristement célèbre, les flots ayant englouti quelque 60 villages. La légende rapporte qu’un chat, au milieu des vagues déchaînées, aurait réussi à maintenir en équilibre un bébé dans son berceau. La digue sur laquelle le berceau se serait échoué a été nommée Kinderdijk, la digue de l’enfant.
Sommaire
Historique
On sait que la région de Kinderdijk est habitée depuis le XIe siècle. Afin de s'approvisionner en combustible pour leurs besoins quotidiens et aussi pour gagner des terres cultivables sur les marécages en creusant des fossés et des canaux, les habitants ont commencé à extraire la tourbe et ont ainsi peu à peu asséché la région.
Au début, l'eau des marécages s'évacuait naturellement et l'eau de pluie s'écoulait par le biais des ruisseaux à travers des tourbières, pour rejoindre la mer via les grandes rivières autour de I'Alblasserwaard et de Vijfheerenlanden. Mais l'extraction de la tourbe et l'exploitation des terres cultivables, dont l'humus minéralise très rapidement, a eu comme conséquence que les sols ont commencé à s'affaisser tandis que, par rapport au sol, le niveau des rivières continuait de monter. Pour contrôler cette montée du niveau des eaux, les habitants ont bâti des digues et des écluses, afin que la région ne soit pas submergée.
Les premiers longs canaux de drainage dans l’Alblasserwaard datent du XIe siècle. Cent ans plus tard, une digue entourait déjà la quasi-totalité de la région et les bassins des deux rivières qui traversent l’Alblasserwaard, l’Alblas et le Giessen, étaient aménagés. Ils sont devenus respectivement les districts du Nederwaard (la basse terre) et du Overwaard (la haute terre). En 1277, le comte Florent V de Hollande créait l’Administration des eaux et polders de ce district, organisme chargé de l’entretien des digues.
A cette époque, lorsque le niveau des rivières était bas, on pouvait assécher les champs en ouvrant les écluses pour déverser dans les rivières l'eau excédentaire. Cependant, puisque le processus de minéralisation des sols et l'extraction de la tourbe pour en faire du combustible ont continué, le sol à continué à s'affaisser et le niveau des eaux à monter, assécher les polders au moyen d'écluses situées sur les canaux et les digues n'était plus suffisant pour contrôler le niveau des eaux.
En 1366, des bassins furent aménagés à l'endroit le plus bas de l'Alblasserwaard, et l'on pouvait encore déverser de l'eau dans la rivière grâce aussi à l'emploi d'écluses. Toutefois, au début du XVe siècle, on a commencé à utiliser des moulins afin de maintenir au plus bas le niveau de l'eau dans les polders.
A la suite d’une grande inondation survenue en 1726, il devint clair que des moulins de drainage étaient indispensables. On construisit donc en 1738 dans le Nederwaard les 8 moulins ronds en briques que l'on peut encore admirer sur place. Deux ans plus tard, le même nombre de moulins, cette fois octogonaux et couverts de chaume, fut bâti de l'autre côté du canal, sur le Overwaard. Grâce à ces moulins, l'eau pouvait atteindre 1 m de plus dans les bassins supérieurs, avant d'être déversée dans la Lek en fonction de son niveau.
En 1868, en pleine révolution industrielle, des stations de pompage à vapeur furent construites de chaque côté de la Lek. Aujourd'hui, la gestion des eaux est assurée par des stations de pompage modernes comme la station sur le Nederwaard (J.U. Smit-gemaal), dont la capacité est de 1'350 m³/minute ou encore celle sur l'Overwaard, dont la capacité est de 1'500 m³/minute. Ces stations de pompage utilisent un système de vis d'Archimède dont on peut observer le fonctionnement sur place. En 2001, un troisième palier de drainage a été mis à contribution, encore une fois pour faire baisser le niveau des rivières qui continue de monter par rapport au sol.
Le site de Kinderdijk
Depuis des siècles, Kinderdijk gère les eaux de Alblasserwaard. La région est toujours constituée du réseau de canaux, de bassins et de moulins, grâce auxquels l'eau des polders était à l'origine évacuée vers la Lek. La campagne environnante libre de toutes constructions, condition nécessaire à une mise à profit optimale du vent, est toujours en grande partie inchangée.
C'est pour cette raison qu'en 1997, le réseau de moulins de Kinderdijk a été placé sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, une reconnaissance de l'importance de la gestion et de la conservation de cette région.
Le site de Kinderdijk est unique au monde, on ne trouve nulle part ailleurs autant de moulins aussi bien conservés et en aussi grand nombre. En tout, dix-neuf moulins à vent s'y dressent à proximité les uns des autres :
- 8 moulins sur le Nederwaard
- 8 moulins sur I'Overwaard
- 2 moulins sur le polder de Nieuw-Lekkerland, dont un moulin à pivot
- 1 moulin sur le Blokweer
Les moulins du Nederwaard sont des moulins en brique à calotte tournante avec roue à aubes couverte. Ils ont été construits en 1738. Ceux d'Overwaard et du polder de Nieuw-Lekkerland sont des moulins octogonaux avec roue à aubes couverte et calotte en chaume, qui ont été construits en 1740. Seul le dernier moulin du polder de Nieuw-Lekkerland, un moulin à eau du type 'Wipmolen' ou moulin à pivot, date de 1761.
La hauteur des moulins, qui correspond à peu près à l'envergure totale des ailes, est en moyenne de 28 m. L'arbre moteur, dont on ne voit que la tête et où les verges se croisent, se trouve environ à 15 m au-dessus du sol. Les moulins de Kinderdijk sont tous ce que l'on appelle des "Boezemmolens" ou moulins de drainage. Ils ont évacué les eaux des bassins collecteurs du "Hoogheemraadschap" de l'Alblasserwaard et de Vijfheerenlanden, qui est également chargé de la gestion des digues. Un "Hoogheemraadschap" est un "Waterschap", c'est-à-dire une région regroupant un ensemble de districts, dans ce cas ceux de Nederwaard et d'Overwaard, gérée par une administration des eaux.
Tous les moulins qui se dressant dans les polders autour du réseau de Kinderdijk évacuent l'eau excédentaire et la déversent dans un bassin commun situé à un niveau plus bas; le canal double qui traverse le waterschap et prend fin entre les deux rangées de moulins. Ce canal, qui peut être considéré comme l'artère du waterschap, déverse l'eau excédentaire dans une rivière, la Lek, par le biais d'écluses.
L'administration des eaux a pour responsabilité de veiller à ce que les bassins bas, qui s'emplissent d'eau lentement, soient drainés par le biais des écluses précitées. A Kinderdijk, à l'époque le problème était de taille car l'eau excédentaire devait être déversée dans la rivière dont le niveau de ses eaux subit fortement l'influence de la marée.
L'eau s'écoule naturellement dans la rivière pendant la marée basse mais pas pendant la période de marée haute. Pour pouvoir tout de même assécher les polders pendant les périodes de marée haute, les moulins de Kinderdijk drainaient l'eau des bassins situés à un niveau plus bas et la déversaient dans les jonchères entourées de digues basses, situées derrière les moulins, qui formaient les bassins hauts. C'est ce que l'on appelle le "drainage par paliers" (Fig. 1). Les moulins qui évacuent l'eau des polders l'emmagasinent dans le bassin commun. Les moulins de Kinderdijk, qui le bordent, en retirent l'eau pour la conduire dans des bassins surélevés.
Ces bassins surélevés, qui sont en fait une sorte de réservoir, sont reliés à la rivière au moyen d'écluses et dès que leur niveau dépasse celui de la rivière, les écluses s'ouvrent pour la laisser s'écouler naturellement vers la mer. Si le niveau de la rivière dépasse celui du bassin, les écluses se referment grâce à la pression que l'eau de la rivière exerce sur elles.
Les moulins
Dans les moulins, c'est une roue à aubes, dont la partie inférieure tourne entre deux murs de pierre, qui se charge d'amener l'eau dans un bassin surélevé.
La rotation de la roue fait remonter l'eau du polder, qui est projetée au-dessus d'un palier. La pression de l'eau projetée ouvre la porte en fer de l'écluse, appelée "porte de garde". Dès que le moulin s'arrête, l'eau du bassin qui se trouve à un niveau plus haut, en voulant refluer, referme cette porte.
La roue à aubes peut amener l'eau à 1 m de hauteur au maximum. Pour comprendre comment la roue à aubes est entraînée par le vent, il nous faut observer le mécanisme de transmission qui est composé des ailes du moulin et de ses différents rouages. Le moulin de polder se compose d'une tour en briques ou en bois, chapeautée par une calotte tournante. Celle-ci abrite l'arbre moteur, auquel sont fixées les ailes. La calotte est montée sur un rail de roulement et, en la faisant pivoter, on peut placer les ailes face au vent. Les moulins surmontés d'une petite calotte qui seule peut pivoter sont appelés 'Bovenkruier'.
La calotte est orientée à partir du sol. A cet effet, une lourde poutre, la queue, qui atteint presque le sol, est fixée à l'arrière de la calotte. Pour éviter les torsions, la calotte est traversée par deux poutres horizontales, dont les quatre extrémités sont attachées à la queue par de longs étais. Une roue solide, fixée au bout de la queue, permet d'enrouler une chaîne dont l'extrémité est fixée à un lourd poteau de chêne, et ainsi de faire pivoter la calotte et les ailes.
Une fois qu'il a placé les ailes face au vent en faisant pivoter la calotte, le meunier doit tirer le meilleur profit du vent. Tous les moulins ont quatre ailes, constituées de deux longues poutres creuses. De nos jours ces poutres sont généralement en métal. Les poutres traversent l'une derrière l'autre la tête de l'arbre moteur du moulin. Ces deux poutres sont appelées respectivement la verge extérieure et la verge intérieure.
La verge intérieure est celle qui se trouve le plus près du corps du moulin. Les deux verges sont incurvées, la verge intérieure un peu plus que la verge extérieure, afin de tourner autant que possible sur un seul plan.
Des lattes sont fixées sur l'un des côtés de la verge dans des ouvertures situées à égale distance les unes des autres. Ces lattes sont reliées les unes aux autres par trois autres longues lattes, cotrets ou lattes intermédiaires, placées parallèlement à la verge. Verges, lattes et cotrets forment ensemble quatre surfaces légèrement hélicoïdales. Si elles étaient plates et faisaient perpendiculairement face au vent, celui-ci ne pourrait pas les faire tourner.
Les ailes sont tendues de toile qui, selon la force du vent, est entièrement ou partiellement déroulée. Par vent moyen, la toile est entièrement déroulée et l'on dit que le moulin "marche en tête". Par vent fort, la toile n'est qu'à demi déroulée et lors des tempêtes, les ailes tournent sans toiles et on dit que le moulin "marche jambes nues". C'est aussi par ce moyen que les ailes tournent lentement ou rapidement.
Pour arrêter un moulin ou le maintenir à l'arrêt, on se sert d'un système de freinage qui agit sur la face externe du rouet à alluchons, lui-même fixé à l'arbre moteur dans la calotte. Ce système peut être comparé aux freins à tambour d'un train. Un certain nombre de morceaux de bois de saule recourbés, reliés entre eux, sont fixés sur tout le pourtour lisse du rouet. Lorsque le frein n'est pas utilisé, les morceaux de bois laissent la roue tourner librement. Lorsque le meunier doit arrêter son moulin, il peut d'en bas, en tirant sur une corde, le "hardeau", refermer ces morceaux de bois sur la roue, ralentissant ainsi le mouvement des ailes jusqu'à ce que le moulin finisse par s'arrêter.
Les moulins ont toujours deux portes l'une en face de l'autre. Quel que soit le côté où se trouvent les ailes, on peut toujours entrer ou sortir sans se mettre en danger lorsque les ailes tournent.
En haut de la calotte se trouve l'arbre moteur. A l'endroit où il traverse la calotte, il repose sur une lourde poutre de bois, appelée le sommier. Ce dernier doit aussi supporter le poids des verges qui sont fixées à l'arbre moteur, juste en dehors de la calotte. Sous le collet de l'arbre moteur se trouve un morceau de pierre de taille légèrement excavé, le marbre, sur lequel tourne l'arbre moteur.
L'extrémité de l'arbre moteur, qui de par la légère inclinaison des ailes du moulin est bien sûr lui aussi incliné, tourne dans une deuxième pierre que l'on appelle le heurtoir.
Le mouvement de l'arbre moteur est transmis à un axe vertical en bois appelé gros fer ou vertical. La transmission du mouvement est répercutée par une grande roue de bois, le rouet, qui enserre l'arbre moteur. Le rouet est pourvu d'alluchons, des dents en bois, qui s'engrènent dans les fuseaux de bois d'une lanterne, fixée au sommet du gros fer.
En tournant celui-ci transmet le mouvement rotatif et la force du vent à un autre engrenage, au bas du moulin, qu'entraîne à son tour une autre grande roue, la roue inférieure. Celle-ci est fixée au même essieu que la roue à aubes. Lorsque le vent fait tourner les ailes, la roue à aubes tourne également, entraînant l'eau du polder.
Chaque fois que les ailes du moulin font deux tours, la roue à aubes en fait un. Plus les ailes tournent vite, plus la quantité d'eau déplacée est élevée. Plus le niveau auquel l'eau doit être portée est élevé, plus il faut de force pour ouvrir la porte de l'écluse et amener l'eau là où l'on veut.
Les hommes
Autrefois, les moulins de Kinderdijk étaient tous habités. La tâche du meunier était de maintenir l'eau au niveau désiré. Il devait être constamment attentif aux changements de direction du vent et replacer si nécessaire les ailes du côté voulu. Sa femme et ses enfants participaient à ces activités. L'espace habitable dans le moulin était très restreint et toujours utilisé avec parcimonie et habileté.
Si vous avez la chance de visiter l'intérieur de l'un des moulins ouverts au public lorsque les ailes tournent à plein régime, ayez le courage de monter jusque dans la calotte. Si en montant vous ne laissez pas la peur ou le vertige vous prendre au ventre, vous aurez droit à une expérience unique et à des sensations fortes garanties ! Là-haut, vous avez vraiment l'impression d'être dans une coquille de noix en pleine tempête et que la structure du moulin va se briser en mille morceaux d'un moment à l'autre, vous laissant à la merci des éléments déchaînés. Mais comment faisaient-t-ils pour dormir avec ce vacarme et ce tangage ?
C'est aussi dans ce contexte que l'on peut s'étonner de l'extraordinaire élasticité et flexibilité de la structure, durement mise à l'épreuve dans ces conditions. On perçoit aisement la somme de soins attentifs et continuels que les mécanismes ont nécessité de la part du meunier pour pouvoir continuer à fonctionner correctement pendant des siècles.
En visitant le site de Kinderdijk, on peut se rendre compte des dures conditions de vie auxquelles ces hommes et ces femmes courageux et endurants ont dû faire face au travers des siècles et témoigne de la lutte des hommes contre les eaux telle qu'elle a été menée, par ce peuple étonnant, avec ingéniosité et persévérance.
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