- K'inich Janaab' Pakal I
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K'inich Janaab' Pakal I (23 mars 603 - 28 août 683)[2], aussi connu sous le nom de Pacal II et de Pacal le Grand, fut le plus célèbre souverain de la cité-État maya de Palenque. Il monta sur le trône à l'âge de 12 ans le 29 juillet 615, et vécut jusqu'à l'âge de 80 ans. Sa mère a dirigé la cité en attendant que son fils devienne adulte. Son nom signifie « Grand Soleil (K'inich) - « Bouclier » (Pakal) - « rayonnant » (Janaab') en maya.
K'inich Janaab' Pakal I restaura la puissance de Palenque après une série de revers catastrophiques au cours de conflits avec Calakmul et se lança dans une campagne de constructions qui marquent encore de leur empreinte le site archéologique actuel.
La découverte de son tombeau en 1952 est considérée comme une des plus importantes de l'archéologie maya[3].
Sommaire
Histoire
K'inich Janaab pakal I accéda au trône alors que Palenque, qui avait subi plusieurs attaques de Calakmul, était au plus bas. Il succéda à un souverain mystérieux connu sous le nom de Muwaan Mat. À la fin d XXe siècle, on pensait que derrière ce nom se dissimulait la mère de Pakal, Dame Sak K'uk'[4] qui serait montée sur le trône, faute d'héritier mâle éligible. La chose s'était déjà produite à Palenque. Cette théorie est aujourd'hui largement abandonnée. Son père, K'an Hix Mo pourrait être d'origine étrangère et certains auteurs[5] spéculent même que Pakal serait né ailleurs qu'à Palenque. La Tablette ovale du Palais témoigne en tout cas que sa mère exerça un grand rôle au début du règne, sans qu'on puisse préciser lequel.
On a trouvé peu de références à cette période, qui ne fut donc probablement pas très faste[6]. Les premiers grands évènements relatés furent son mariage avec Dame Tz'akb'u, ajaw de la cité de Totkan, vers 626[7], puis la capture d'un de ses seigneurs par la cité de Piedras Negras en 628[6].
Ensuite, la stabilité de son long règne et celle, contemporaine, d'autres grandes cités mayas comme Tikal permirent à Palenque de développer sa puissance et son prestige[6]. Ainsi, à partir de 647, Pakal put financer la construction du « Templo Olvidado » (« temple oublié », connu aussi sous le nom de temple H), puis des bâtiments du secteur est du Palais (maisons A, B et C)[6].
Après sa mort, son fils K'inich Kan Balam II lui succéda, puis ce fut son cadet, Kan Joy Chitam II.
Monument funéraire
K'inich Janaab' Pakal I conçut son propre monument funéraire, le Temple des inscriptions, qui fut achevé par son fils K'inich Kan Balam II.
L'histoire de sa découverte est un des épisodes célèbres de l'archéologie maya. En 1949, l'attention de l'archéologue mexicain Alberto Ruz Lhuillier, qui travaillait sur le site, se porta sur une particularité d'une grande dalle de la salle arrière du Temple des inscriptions: elle était percée de deux rangées de trous obstrués par des bouchons de pierre[8]. La chose était connue mais personne ne s'y était intéressé jusqu'alors. Ruz eut l'intuition qu'il s'agissait de trous ayant servi à soulever la dalle. Il commença à creuser à côté de la dalle et découvrit l'amorce d'un escalier secret qui avait été soigneusement comblé. Il ne fallut pas moins de quatre saisons de fouilles à l'équipe de Ruz pour déblayer l'escalier voûté qui s'enfonçait au coeur de la pyramide. Le travail se révéla lent et pénible. En juin 1952, arrivés 22 mètrs plus bas, les archéologues se heurtèrent à deux murs. Après avoir percé le premier, ils trouvèrent une cache d'objets précieux. Juste derrière se trouvait un deuxième mur compact et épais de près de 4 mètres, dont le percement se révéla ardu. Les archéologues découvrirent une chambre où se trouvait un coffre contenant les restes de six individus sacrifiés. Au fond de cette chambre se trouvait une grande dalle triangulaire. Après l'avoir déplacée, Ruz se retrouva dans une crypte dont la plus grande partie était occupée par une plaque, dont la surface était sculptée d'un personnage incliné en arrière, reposant sur un énorme bloc de calcaire. A un congrès d'américanistes à Cambridge, il avança qu'il s'agissait d'un autel et que le personnage était une victime sacrificielle[9].
En novembre de la même année, les archéologues forèrent un trou dans le bloc et s'aperçurent qu'il était creux. Ils utilisèrent des crics pour soulever la dalle lourde de cinq tonnes et découvrirent une cavité de deux mètres de long dans laquelle reposait un squelette, la tête vers le nord. Les parois du cercueil ainsi que le corps étaient couverts de cinabre. Le défunt était couvert de bijoux et d'ornements précieux, en jade pour la plupart. Sur le visage se trouvait les fragments d'un masque de jade désagrégé qui fut reconstitué par la suite. Sur la poitrine reposait un pectoral de jade. Parmi les autres objets retrouvés, les plus énigmatiques sont un cube de jade que le défunt tenait dans la main droite, et une sphère de jade dans la main gauche[10]. En 1952, Ruz n'avait pas la moindre idée de l'identité du défunt. Il fallut attendre les années 1960 et les progrès du déchiffrement de l'écriture maya pour que David Kelley et Floyd Lounsbury mettent un début de nom sur le défunt: «Pacal» («bouclier» en maya).
Controverse
Après la de la découverte du sarcophage de Pakal, des anthropologues physiques procédèrent à un examen ostéologique des restes du défunt et lui attribuèrent - sans préciser par quelle méthode - un âge d'«approximativement 40 à 50 ans»[11]. À cette époque, l'état du déchiffrement de l'écriture maya ne permettait pas encore de lire les inscriptions du sarcophage. Dans les années 1970, leur déchiffrement révéla que Pakal était âgé de 80 ans au moment de sa mort. C'est ainsi que débuta une controverse au sujet de l'âge de Pakal, opposant anthropologie et épigraphie. Certains auteurs ont spéculé que les dates choisies correspondent à des événements symboliques du calendrier maya et ne doivent donc pas être prises littéralement. Il s'agissait de favoriser le règne du souverain en associant à son règne des dates propices, marquant des événements religieux significatifs[12]. En 2003, eut lieu une conférence[13] ayant pour but de réexaminer le problème. Une analyse histologique fine permet maintenant de conclure que l'âge de Pakal est tout à fait compatible avec les données épigraphiques selon lesquelles il mourut à 80 ans[14].
Culture populaire
Pacal II est le dirigeant des Mayas dans le jeu vidéo Civilization IV : Beyond the Sword [12].
Notes et références
- Tiesler & Cucina 2004, p. 40.
- compte long : 9.8.9.13.0 pour sa naissance et 9.12.11.5.18 pour sa mort (cf. Tiesler et Cucina 2004, p. 40 et Peter Mathews, Who's who in the Classic maya world, K'inich Janab' Pakal I). Ces dates correspondent à celles indiquées par les inscriptions mayas en
- Mathews 2006
- Simon Martin & Nikolai Grube, Chronicle of the Maya Kings and Queens, Thames & Hudson (2 éd.), 2008, p. 161; George Stuart & David Stuart, Palenque. Eternal city of the Maya, Thames & Hudson, 2008, p. 145
- George Stuart & David Stuart, op. cit., p. 149
- Heather Irene McKillop, The Ancient Maya: New Perspectives, ABC-CLIO, 2004 (ISBN 1576076962) [lire en ligne], p. 346
- David Drew, The Lost Chronicles of the Maya Kings, Phoenix, 2000, p. 260
- George & David Stuart, Palenque. Eternal city of the Maya, Thames & Hudson, 2008, p. 97
- Linda Schele & Peter Mathews, The Code of Kings, Scribner, 1998, p. 127
- Eusebio Davalos Hurtado & Arturo Romano Pacheco, Estudio preliminar de los restos osteologicos encontrados en la tumba del Templo de las Inscripciones, Palenque, cité dans : Alberto Ruz Lhuillier, El Templo de las Inscripciones, Palenque (2éd.), Fondo de cultura Economica, 1992, p. 333
- Norman Bancroft, Atlas Historique de la Méso-Amérique, Editions Saint-André des Arts, 2002
- Age Confirmed for Pakal of Palenque; George Stuart & David Stuart, op.cit., p. 182
- M. Anne Katzenberg & Shelley R. Saunders (ed.), Biological Anthropology of the Human Skeleton (2e éd.), John Wiley & Sons Inc., 2008, p. 159
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- (es) INAHTV, « Reproducción de la tumba de Pakal en el Museo de Sitio de Palenque, Chiapas » sur Youtube, INAH, 8 octobre 2009. Mis en ligne le 8 octobre 2009, consulté le 9 octobre 2009.
Bibliographie
- (es) Vera Tiesler et Andrea Cucina, Janaab' Pakal de Palenque: Vida y muerte de un gobernante maya, Mexico, Université nationale autonome du Mexique, 2004, 275 p. (ISBN 9789703214891) [lire en ligne]
- (en) Simon Martin & Nikolai Grube, Chronicle of the Maya Kings and Queens, Thames & Hudson (2 éd.), 2008
- (en) Linda Schele & Peter Matthews, The Code of Kings. The Language of Seven Maya Temples and Tombs, Scribner, 1998
- (en) Peter Mathews, Who's who in the classic maya world : K'inich Janab' Pakal I, site du FAMSI (Foundation for the Advancement of Mesoamerican Studies, Inc.), 2006 [lire en ligne].
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