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Alea jacta est
Alea jacta est, ou Alea iacta est – le latin ignorant la lettre j –, est une locution latine signifiant « le sort en est jeté ». Selon les historiens Plutarque[1], puis Suétone[2], puis Appien[3], ces paroles furent prononcées par Jules César, le 12 janvier -49 lors du passage du Rubicon.
Sommaire
Précisions historiques
Sommé de remettre ses légions au Sénat et de rentrer en Italie comme civil ordinaire[4], Jules César décida de braver l’autorité du Sénat romain et d’affronter Pompée.
Plutarque, Suétone et Appien dépeignent César réfléchissant longuement face à l’importance de son entreprise qui allait bouleverser la République. De plus, selon Suétone, César prit sa décision à la suite d’un signe miraculeux[5] qui entraîna ses troupes à franchir le pont du Rubicon[6]. Toujours selon ces trois historiens, il prononça alors la célèbre phrase « Alea jacta est », « le sort en est jeté ».
La rivière du Rubicon marquait la limite entre la Gaule cisalpine, province sous l’autorité du proconsul Jules César, et l’Italie. Un tel acte, contraire à la décision du Sénat, fut considéré comme un acte d’agression. Il déclencha, du même coup, la guerre civile.
Remarques linguistiques
Plusieurs articles modernes parus dans les années 1950[7],[8],[9] parviennent indépendamment aux mêmes conclusions : César cita dans la langue originale le proverbe grec bien connu « ἀνεῤῥίφθω κύϐος » que Suétone rendit mal par iacta alea est. En effet, le sens de l’expression grecque n’est pas « le dé est jeté », mais bien « le dé soit jeté ». Dès lors, il faudrait peut-être adopter la correction qui remonte à Érasme : jacta alea esto.
Réserves
Parmi les nombreux historiens antiques qui ont couvert cette période, seuls Plutarque, puis Suétone et enfin Appien évoquent ce qui deviendra un mot historique de César.
Au début de ses Commentarii de bello ciuili, Jules César ne dit pas un mot sur cette anecdote, ni sur le passage du Rubicon, franchi en toute illégalité, passage sur lequel César préféra probablement ne pas abonder. L’historien Velleius Paterculus, qui écrit sous Tibère - donc avant Plutarque -, évoque le passage du Rubicon, mais ne rapporte aucune parole historique[10]. Dion Cassius, historien postérieur à Plutarque, Suétone et Appien, est encore plus laconique : « César mit, alors pour la première fois, le pied hors de son gouvernement et s’avança jusqu’à Ariminum »[11].
Source bibliographique
- Michel Dubuisson, « Toi aussi, mon fils », dans Latomus, 39, pp. 881-891, 1980.
Notes
- ↑ Plutarque, Vie de César, 32, 8
- ↑ Suétone, Vie des douze Césars, César, 32, 3
- ↑ Appien, Guerres civiles, livre 2, 38, Plutarque, Vie de César, 37
- ↑ Plutarque, Vie de César, 35
- ↑ D’après Suétone, un berger d’une grande prestance se saisit d’une trompette militaire et franchit le pont sur la rivière en jouant une marche tonitruante (Suétone, Vie des Douze César, César, 32)
- ↑ Ici, au sens propre, mais c’est une expression signifiant avoir franchi le point de non-retour
- ↑ E. Bickel, Iacta alea est, dans Paideia, 7, pp. 269-273, 1952
- ↑ M. Markovic, Was hat Caesar bei Rubico eigentlich gesagt ?, dans Z. Ant., 2, pp. 53-64, 1952
- ↑ H. Glaesener, Un mot historique de César, dans Ant. Cl., 22, pp. 103-105, 1953
- ↑ Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 49.
- ↑ Dion Cassius, livre XLI, 4.
Voir aussi
Liens internes
Autres citations célèbres de Jules César :
- « Tu quoque mi fili »
- « Veni, vidi, vici »
- Portail de la Rome antique
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