- Jules-Émile Péan
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Jules-Émile Péan
Le docteur Péan
par Charles ReutlingerNaissance 21 novembre 1830
Marboué, Eure-et-Loir (France)Décès 30 janvier 1898 (à 67 ans)
Paris (France)Nationalité Français Champs Chirurgie Institution Académie de médecine Diplômé de Docteur en médecine Renommé pour La fondation de l'hôpital Péan
La pince de Péan
L'opération de Péan
L'opération de Péan-Segondmodifier Jules-Émile Péan est un chirurgien français du XIXe siècle, né le 21 novembre 1830 à Marboué, à 4 km au nord de Châteaudun et mort le 30 janvier 1898 à Paris.
Sommaire
La vie
Fils de Jean-Pierre Péan, minotier et maire de Marboué, et de Marie-Christine Rose Foucault, Jules Péan fait ses études secondaires au collège de Chartres. Son passage à Châteaudun, comme clerc de notaire chez maître Lumière, dure peu et, en 1851, il s'inscrit à la faculté de médecine de Paris.
Externe en 1852, il entre au service de Jean-Nicolas Marjolin à l’hôpital Beaujon, puis, en seconde année, chez Édouard-Pierre Chassaignac[1] qui lui démontre les vertus de l’hémostase.
Reçu second au concours de l’internat en 1855, il est attaché au service de Charles Denonvilliers[2]. Après ce passage à l’hôpital Saint-Louis, il devient l’interne d’Auguste Nélaton, auprès duquel il travaille pendant deux ans et qui sera son maître le plus influent. À la fin de son internat, il échoue au concours de prosecteur, et ce n’est que quelques mois plus tard qu’il est admis à l’hôpital de Clamart.
En mai 1865, il réussit au Bureau central et devient chirurgien des hôpitaux. Dès lors, il partage son temps entre son activité hospitalière et son activité libérale, tout en privilégiant la dernière. Il est successivement chirurgien du Bureau central aux Enfants assistés, puis à l'hôpital Lourcine (actuel hôpital Broca) et enfin à l’hôpital Saint-Antoine. En 1873, il est nommé chef de service à l’hôpital Saint-Louis. Cependant, il n'accèdera pas au grade de professeur, et ne sera pas reçu membre de la Société de chirurgie. Il est finalement reçu à l'Académie de médecine en 1887, malgré la tenace opposition de ses collègues chirurgiens. Il est admis à la retraite en décembre 1892.
Ses honoraires sont parfois exorbitants, mais c'est en philanthrope qu'il s'enrichit, faisant construire à ses frais, en 1893, l'Hôpital international situé à l'entrée de la rue de la Santé. Cet établissement de cinquante lits, destiné à soigner tous les malades, y compris les pauvres et les indigents, sera renommé hôpital Péan après sa mort. Il n'existe plus de nos jours. La même année 1893, Péan est fait commandeur de la Légion d'honneur.
Le 17 mai 1870, il épouse Mlle Françoise Henriette Girou de Buzareingues, de quinze ans sa cadette, et Mme Péan reçoit le Tout Paris dans son salon de la place Vendôme, puis du boulevard Malesherbes. Cependant, le seul loisir de son mari est la chasse, qu’il pratique dans son château des Boulayes, proche de Tournan-en-Brie. Le 25 janvier 1898, au cours d’une battue à laquelle assiste Armand Fallières, Péan contracte une pneumonie qui l'emporte le 30 janvier à son domicile parisien.
Péan est inhumé au cimetière de Montmartre après des obsèques solennelles en l’église de la Madeleine, le 1er février 1898. L’éloge funèbre, prononcé par Samuel Pozzi au nom de l’Académie, exalte son œuvre chirurgicale que l’on a enfin cessé de discuter.
En 1895, Péan avait acquis les parfumeries Muraour[3] que son fils Jacques dirigea jusqu'en 1954.
L'œuvre
Auteur de deux volumes de clinique (1876 et 1890), Péan est à la fois très admiré et très critiqué à son époque. Adepte de l'hygiène, il conteste pourtant les découvertes de Louis Pasteur. Il refuse de disséquer les cadavres et il opère de préférence à domicile. Bien qu'enseignant, il ne sera jamais nommé professeur.
En 1863, Péan est le premier à réussir l'ablation de la rate et, en 1864, celle du kyste de l'ovaire. La même année, il réalise avec succès une des premières ovariectomies pour kyste. Il est également le premier à utiliser la voie vaginale pour extirper les lésions gynécologiques. Perfectionné par son élève Paul Segond, ce procédé deviendra l'opération de Péan-Segond[5]. À partir de 1868, Péan utilise de façon systématique une pince de son invention pour assurer l'hémostase pendant les opérations sur la cavité abdominale. Cette pince de Péan est encore utilisée de nos jours dans tous les blocs opératoires du monde. En 1879, il pratique, pour la première fois encore, une gastrectomie partielle avec anastomose gastroduodénale à laquelle il laisse aussi son nom : l'opération de Péan[6]. Précurseur également dans l'implantation de prothèses, il réalise en 1893 la première arthroplastie totale de l'épaule. En 1895 enfin, il applique un procédé nouveau à l'ablation des diverticules de la vessie.
Hommages
- Il existe une rue Jules-Péan à Champigny-sur-Marne.
- Une rue porte également son nom à Châteaudun.
- Une voie du 13e arrondissement de Paris a été nommée rue Péan.
- Un monument à Jules Péan est inauguré boulevard de Port-Royal, à Paris, le 16 décembre 1909, onze ans après la mort du chirurgien, en présence de Mme Péan, du président de la République Armand Fallières et de nombreux académiciens. Érigé face au Val-de-Grâce, dans l'axe de la rue de la Santé où se situent la clinique des Augustines et l’hôpital Péan, ce monument est l’œuvre du sculpteur Henri Gauquié et de l'architecte Henri Guillaume. La statue en bronze représente le chirurgien debout, une pince de Péan à la main. Étendue à ses pieds, une femme lui tend une palme. Mais sous Vichy, l'effigie en bronze est abattue par les Allemands pour être fondue. Celle, en pierre, de la jeune malade est détruite peu après la Libération, avec le reste du monument[7].
Sources
- (en) Q. Désiron, « History of Instrumental Haemostasis and the Particular Contribution of Jules E. Péan » , Acta chir. belg., vol. 107, 2007, pp. 88-95 ;
- Philippe Monod-Broca, « Un glorieux et surprenant précurseur de l'asepsie, Jules-Émile Péan », Trimestriel d'information de l'Association amicale des anciens internes, n° 19, décembre 1998, Internat des Hôpitaux de Paris
- J. de Fourmestraux, Les Biographies médicales, Lib. J.-B. Baillière et fils, Paris, mai 1938 ;
- Jules Poilleux, Portrait de Jules Péan, discours prononcé à la séance solennelle du 22 janvier 2003 de l'Académie nationale de chirurgie (consulté le 26 janvier 2011).
Bibliographie
- Robert Didier, Péan, Librairie Maloine, Paris, 1948.
Notes et références
- Édouard-Pierre Chassaignac (1804-1879), professeur agrégé à la faculté de médecine de Paris, chirurgien des hôpitaux, membre de l’Académie nationale de médecine, considéré comme l’un des précurseurs de l’hémostase préalable à l’exérèse, par la mise au point d’un « écraseur » qui porte son nom.
- Charles Denonvilliers (1808-1872), professeur agrégé de la faculté de médecine de Paris, chirurgien des hôpitaux, titulaire des chaires d'anatomie, de pathologie externe, puis de médecine opératoire, médecin en chef de l'hôpital Saint-Louis, membre de l'Académie de médecine.
- Archives de la parfumerie Muraour. Voir les
- L'appareil resta en place pendant deux ans, au bout desquels il dut être retiré pour cause d'infection.
- Précis de pathologie chirurgicale, IV, 412 et V, 879, Masson & Cie, 1928.
- Pathologie de l'œsophage et affections gastro-duodénales, p. 62. Jean Escat, « La chirurgie de l'ulcère gastro-duodénal », dans
- e-monument.net, Base de données géolocalisée du patrimoine monumental français et étranger. (Consulté le 7 octobre 2011.) Voir « Monument à Jules Péan - Paris, 5e arrondissement », sur
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