Joëlle Kuntz

Joëlle Kuntz
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Joëlle Kuntz
Joëlle Kuntz en 2010
Joëlle Kuntz en 2010
Naissance 25 avril 1946
Uznach (Suisse)
Profession Journaliste
Autres activités Écrivain
Années d'activité 1971 à ce jour
Distinctions honorifiques Chevalière en 2010
Media
Média principal Presse écrite
Pays Suisse
Journal Le Temps
Fonction Chroniqueuse

Joëlle Kuntz, née à Uznach, dans le canton de Saint-Gall, en Suisse, le 28 avril 1946, est une journaliste et écrivaine franco-suisse. Elle est chroniqueuse au quotidien suisse romand Le Temps et membre du Conseil de fondation de l'Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) à Genève.

Sommaire

Parcours

Scolarisée en France puis en Suisse, elle a absorbé les cultures historiques des deux pays comme deux identités conjointes et sans les synthétiser, comme elle le dira dans un essai sur les frontières , Adieu à Terminus, (Hachette-littérature, 2004)

Elle entre à l'Université de Genève en automne 1967 dans la cohorte des enfants des familles modestes qui accèdent aux études supérieures. Elle choisit la géographie et la sociologie. Mêlée aux mouvements anti-autoritaires et féministes, elle y fait sa propre éducation politique et philosophique. Elle rencontre les grands textes de la critique sociale et politique qui la convainquent de la validité des idéaux, de la possibilité d'une autre société et d'une forme plus juste de pouvoir. Elle milite contre la guerre du Vietnam et contre les dictatures ibériques. Le Printemps de Prague et sa répression par les chars russes en 1968 est sa première expérience politique, et sa première confrontation avec les divers courants communistes qui appuient la répression ou n'osent la condamner. De là date l'orientation fondamentale de ses convictions, sa découverte du totalitarisme sous sa version soviétique et la chaîne des lectures et manifestations qui l'amèneront à la critique radicale de la gauche léniniste sous ses diverses appellations. Sous l'influence d'une part des penseurs libertaires ou socialo-libertaires, notamment de la revue Libre, les Claude Lefort, Cornelius Castoriadis et autres Pierre Clastres, et d'autre part d'un féminisme propice à la remise en question des pouvoirs, elle se range dans l'imprécise mouvance de la gauche libérale. Sa licence de géographie obtenue, sous l'autorité du professeur Paul Guichonnet, elle quitte l'université.

Le journalisme

Elle a découvert dans le courant de ses études l'intérêt d'un métier, la presse. Les articulets qu'elle écrit en échange d'un dîner gratuit sur des événements genevois pour un journal local lui ouvrent la réalité d’une société qu'elle connaît mal, n'étant pas du cru. Sa curiosité d'étrangère dans sa ville est excitée. Comme elle le répète souvent à propos du métier de journaliste, "voir une porte s'ouvrir devant moi grâce un carton où il est écrit Presse, pouvoir regarder, entendre et poser des questions, a été le motif principal de mon engagement professionnel. Je l'ai vécu comme un privilège, assorti d'un devoir moral: raconter aux autres ce que j'avais vu. J'avais un rôle!"

Elle fait son stage au Courrier de Genève, alors catholique conservateur qui lui confie avec méfiance une page "femmes". Elle devient ensuite correspondante de la Feuille d'Avis de Lausanne[1], l’ancien 24 heures, pour Genève et l’ONU. Elle forge là son intérêt pour les relations internationales.

Elle participe en même temps, avec une douzaine d’amis politiques de la place, à la création d’un journal, Tout Va Bien[2], d’abord mensuel, puis hebdomadaire, qui se veut libre et indépendant. Le titre restera pendant plus de dix ans un rendez-vous de gauche en Suisse romande.

Fin avril 1974, Joëlle Kuntz se rend à Lisbonne où vient d’éclater la «Révolution des Œillets ». Correspondante de la Radio suisse romande, de L’Impartial (Neuchâtel) de La Liberté (Fribourg) puis du Quotidien de Paris, elle reste dans ce pays pendant les deux ans et demi durant lesquels il se débarrasse de sa dictature, se sépare de ses colonies africaines et se rebâtit une identité européenne.

Elle assiste au déroulement d’une révolution dont elle rapporte les événements avec les questionnements qu’ils suscitent. S’expérimentent sous ses yeux la plupart des concepts qui peuplent l’univers politique de sa génération : autogestion, collectivisation, nationalisation, social-démocratie, décolonisation, indépendance nationale, lutte armée, liberté , communisme, anti-communisme, etc.. Elle observe les foules internationales venant participer aux événements. Elle se joint aux grands débats qu’ils occasionnent. Elle écrit son premier livre : Le Portugal, les fusils et les urnes, (Denoël, 1975). A l’automne 1976, elle entre à la rédaction du Quotidien de Paris, dans le service étranger, en charge du domaine européen, puis, un an plus tard au Matin de Paris. Elle couvre les pays de la « Communauté » et leur antenne commune, Bruxelles.

En 1982, elle fait connaissance de la diplomatie syndicale, de ses conditions, de ses rapports de force et aussi de ses invariants : les relations que les sociétés entretiennent entre elles par l’intermédiaire de leurs diverses institutions, syndicats comme parlements ou gouvernements, sont imprégnées d’histoire et changent peu.

Elle travaille à L’Hebdo, qui vient d’être créé à Lausanne, puis dès 1986, à la Télévision suisse romande, dont elle dirige à partir de 1988 le service international. Elle se familiarise avec la représentation visuelle de l’information et avec tous les problèmes liés à la puissance de l’image. Elle le quitte ce média en 1991 pour rejoindre Le Nouveau Quotidien, fondé par le groupe suisse romand Edipresse et le journaliste Jacques Pilet. Elle y devient rédactrice-en-chef adjointe jusqu’à sa fusion, en 1998, avec le Journal de Genève dans un nouveau titre, Le Temps, dont elle dirigera les pages Opinions.

Elle écrit des articles de politique internationale, mais aussi, depuis la création du Temps, des chroniques hebdomadaires sur les oscillations psycho-politiques des sociétés (Affaires intérieures) ainsi que sur l’histoire des événements de l’actualité (Il était une fois).

Sa carrière de journaliste est typique de celle de sa génération. « En Suisse, explique-t-elle, comme en France, au Portugal, en Italie, en Espagne, se créaient dès les années 1970-1980 de nouveaux titres (Libération, le Matin de Paris, La Repubblica, El Païs, L’Hebdo, et bien d’autres) qui changeaient les pratiques traditionnelles de l’information, les ouvraient sur des préoccupations de société sous un angle politique et culturel sans en nier l’aspect de divertissement. Les lecteurs étaient aussi convoqués comme consommateurs et comme auteurs de leurs propres choix. C’était la fin de la parole d’autorité, remplacée par la parole de communication. »

Joëlle Kuntz s’affirme de cette partie-là. Ses années de journaliste puis de cadre dans des entreprises de presse coïncident avec l’apparition d’un nouveau paradigme de l’information dominé, dans un contexte de concurrence inconnu dans le passé, par la nécessité pour chaque titre, voire pour chaque journaliste, de trouver un rapport plus personnalisé avec « son » public. Le « je » pour ainsi dire interdit par la profession en 1970, est devenu un exercice quasi obligé.

Vie privée

Issue d'une famille française et suisse, Joëlle Kuntz se définit dans cette double appartenance nationale qui l'a entraînée très tôt à essayer de comprendre le sens et la valeur de la frontière séparatrice. Pourquoi de part et d'autre du Jura, sur la ligne Genève-Vesoul qui formait son paysage d'enfance, le langage et les formes changent-elles ? Sa rencontre en 1982 et son mariage en 1984 avec Dan Gallin[3], secrétaire général de l’Union internationale des travailleurs de l'alimentaire (UITA), la ramène à Genève.

Bibliographie

  • Portugal. Les fusils et les urnes, Denoël, 1975.
  • L'agrandissement, divertimento, Éditions Campiche, 1993.
  • Adieu à Terminus. Réflexion sur les frontières d'un monde globalisé, Hachette-Littérature, 2004.
  • L'histoire suisse en un clin d'œil, préface de Jean-François Bergier, Éditions Zoé et Le Temps éditions, 2006.

Articles

  • "Le Conseil fédéral: une invention française", Politique suisse, Le Temps 05.11.2011

Distinctions

Joëlle Kuntz est Chevalier de l'ordre national du Mérite.

Références & notes

Liens externes


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