- José Mujica
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José Mujica Mandats 40e président de la
République orientale de l'UruguayActuellement en fonction Depuis le 1er mars 2010 Élection 29 novembre 2009 Vice-président Danilo Astori Prédécesseur Tabaré Vázquez Député 1er mars 1995 – 1er mars 2000 Sénateur de la République 1er mars 2000 – 1er mars 2010 Ministre de l'Élevage, de l'Agriculture et de la Pêche 1er mars 2005 – 3 mars 2008 Président Tabaré Vázquez Prédécesseur Martín Aguirrezabala Successeur Ernesto Agazzi Biographie Nom de naissance José Mujica Cordano Date de naissance 20 mai 1935 Lieu de naissance Montevideo, Uruguay Nationalité uruguayenne Parti politique Front large (Mouvement de participation populaire) Conjoint Lucía Topolansky Profession Agriculteur Signature
Présidents de la
République orientale de l'Uruguaymodifier José Mujica Cordano, surnommé « Pepe Mujica », est un homme politique uruguayen, né à Montevideo le 20 mai 1935. Il a été élu président le 29 novembre 2009.
Ex-guérillero des Tupamaros dans les années 1960-1970, il a été détenu en tant qu'otage par la dictature (1973-1985), puis participa à la création du Mouvement de participation populaire (MPP) avec le Mouvement de libération nationale - Tupamaros (MLN-T). Elu sénateur puis nommé ministre de l'Agriculture du gouvernement Vázquez, en 2005, il l'emporta aux primaires de juin 2009, au sein de la coalition de gauche du Front large (Frente Amplio) contre Danilo Astori (Assemblée Uruguay), qui a été son co-listier pour la présidentielle et a donc été élu vice-président. Candidat présidentiel du Front large pour la présidentielle d'octobre-novembre 2009, il l'a remporté au second tour contre le candidat du Parti national, Luis Alberto Lacalle, avec 52,9% des voix contre 42,9% [1]. Il a pris ses fonctions le 1er mars 2010. Sa femme, Lucía Topolansky, a été élue sénatrice sur les listes du MPP.
Sommaire
La guérilla des Tupamaros
Né dans une famille modeste de fermiers [2], José Mujica s'est d'abord engagé politiquement aux côtés d'anarchistes et d'autres activistes sociaux, étant proche, à la fin des années 1950, du sénateur blanco Enrique Erro, fondateur de l'Union populaire en 1962 [2].
Il devient ensuite l'un des dirigeants de la guérilla des Tupamaros[3], active dans les années 1960-1970. Selon lui, la création de ce groupe armé était destinée à l'origine autant à se défendre contre les agressions de groupes d'extrême-droite qu'à appuyer les mouvements sociaux et les luttes des cañeros, les travailleurs agricoles de Bella Unión organisés en syndicats avec l'aide de Raúl Sendic, qui devint plus tard la figure emblématique des Tupamaros [2]. En octobre 1969, le jour de la commémoration de la mort de Che Guevara, il participe à la prise de Pando [4]. Arrêté par la suite, il s'évade avec plus d'une centaine de prisonniers politiques de la prison de Punta Carretas le 6 septembre 1971 [4], en pleine campagne électorale, avant d'être à nouveau arrêté. Arrêté une autre fois, il s'évada à nouveau avant d'être définitivement arrêté sous le gouvernement de Juan María Bordaberry [2].
Sous la dictature militaire (1973-1985), il fut fait prisonnier-otage de la junte [3], étant détenu dans des conditions sordides (deux ans au fond d’un puits) [3]. Avec d'autres dirigeants des Tupamaros (Sendic, Fernández Huidobro, Mauricio Rosencof, Adolfo Wasem (es), Julio Marenales, Henry Engler (es), Jorge Manera (es), Jorge Zabalza, etc.) il était alors continuellement torturé [3] et menacé d'exécution par les militaires au cas où les Tupamaros décideraient d'agir contre la dictature [3]. Les otages étaient transférés de casernes en casernes pendant toute la durée de la dictature, Mujica restant ainsi aux côtés de Fernández Huidobro et Mauricio Rosencof, avec qui il communiquait en tapant sur les parois [4].
La transition démocratique et la voie parlementaire
Le MPP et le Sénat
Amnistié au retour de la démocratie, en 1985, il abandonne la lutte armée pour s'engager dans la voie électorale, en co-fondant le Mouvement de participation populaire (MPP), qu'il dirige, tout en restant membre de la direction collective du Mouvement de libération nationale - Tupamaros (MLN-T). Le MPP, composé du MLN-T et d'autres partis, devient progressivement la principale composante du Frente Amplio (Front large), la coalition de gauche qui s'oppose aux deux partis traditionnels, le Parti blanco et le Parti colorado. En 1994, il est élu député sur la liste 609 (qui regroupe plusieurs groupes autour du MPP), puis sénateur en 1999[3]. Dans le privé, Mujica vend des fleurs avec sa femme, Lucía Topolansky, tandis que son langage populaire [5], faisant appel à des métaphores issues de l'imaginaire gaucho, ainsi que ses capacités de négociation contribue à l'imposer sur la scène politique. A la fin des années 90, il est élu président du Congrès uruguayen.
Ministre de l'Agriculture (2005-2008)
Réélu sénateur en 2004 (liste 609), il est désigné ministre de l'Agriculture du gouvernement de gauche (Frente Amplio) du président Tabaré Vázquez. Mujica est accompagné dans cette tâche par le vice-ministre Ernesto Agazzi, ingénieur agronome chevronné et également ex-guérillero Tupamaro. Il est reconduit en septembre 2006 à la direction collégiale du MPP, obtenant 90% des votes [6].
En 2007, il échoue à faire admettre par le Congrès du Front large la candidature de Constanza Moreira comme présidente. A l'occasion d'un remaniement ministériel, Vázquez le fait démissionner de son poste le 3 mars 2008. Il redevient alors sénateur, sans annoncer ouvertement sa candidature [7]. Il rend toutefois visite aux chefs d'Etat voisins (Kirchner en Argentine, alors en pleine « guerre du papier » contre l'Uruguay; Lula au Brésil, etc.): s'il n'est pas alors véritablement considéré comme présidentiable en Uruguay, les autres présidents américains le considèrent comme tel. En août 2008, il rendit visite au candidat blanco Jorge Larrañaga, ce qui suscita l'agacement de l'électorat blanco de voir leur candidat dialoguer avec un ex-guérillero [8]. Le 14 décembre 2008, il est investi comme « candidat officiel » du Front large pour les prochaines élections primaires au sein de la coalition de gauche.
Vers la présidence de la République
Article détaillé : Élections générales de 2009 (Uruguay).Résultats du premier tour de l’élection présidentielle Candidat Parti Votes Résultat José Mujica Front large 1 105 262 (47,96 %) Second tour Luis Alberto Lacalle Parti national 669 942 (29,07 %) Second tour Pedro Bordaberry Parti Colorado 392 307 (17,02 %) Pablo Mieres Parti indépendant 57 360 (2,49 %) Raúl Rodríguez da Silva Assemblée populaire 15 428 (0,67 %) Il remporte l'investiture du Frente Amplio le 29 juin 2009, contre Danilo Astori (Assemblée Uruguay), représentant de la tendance centriste de la coalition, pour être candidat à l'élection présidentielle[9],[3]. Astori devient son co-listier, tandis que Mujica démissionne en mai 2009 du MPP pour devenir le représentant de l'ensemble du Frente Amplio [10]. Le 25 octobre 2009, il arrive en tête du premier tour de l’élection présidentielle avec 48% des voix.
Mis en ballotage par son adversaire du Parti national, Luis Alberto Lacalle (néolibéral), Mujica est élu avec 52,9% des voix lors du second tour, le 29 novembre 2009, contre 42,9% des voix pour Lacalle [11]; il sera investi le 1er mars 2010 [12].
Le 1er mars 2010, José Mujica devient officiellement président de l'Uruguay, au cours d'une cérémonie organisée place de l'Indépendance, à Montevideo, au pied de la statue du héros national, José Gervasio Artigas.
Il a d'ores et déjà annoncé qu'il avait l'intention de reverser 87 % des 250 000 pesos mensuels (9 400 euros) de son salaire de chef d'État à des organismes d'aide au logement social.
Mujica au pouvoir
Composition du gouvernement Mujica
Article détaillé : Gouvernement Mujica.La composition du gouvernement Mujica a été fixée presque dès la fin décembre 2009, les négociations au sein du Front large ayant été rapides [13],[14],[15]. La composition du gouvernement s'est ainsi faite en coordination avec le Commandement central du Front large [16].
Les ministres du Front Líber Seregni (FLS, l'autre grande composante du Front large) ont été désignés par le vice-président Danilo Astori, qui dirige celui-ci [17].
- L'avocat Alberto Breccia comme secrétaire de la présidence [15].
- Eduardo Bonomi (sénateur du MPP et ministre du Travail de Vázquez) est ministre de l'Intérieur [13], avec Jorge Vázquez Rosas, le frère du président et son actuel secrétaire (et ex-guérillero de l'OPR-33, le bras armé de la Fédération anarchiste uruguayenne), comme sous-secrétaire [17].
- Un nouveau Ministère du Gouvernement devrait être créé, avec Bonomi à sa tête (remplacé à l'Intérieur par Jorge Vázquez) et Javier Salsamendi (CAP-L) comme sous-secrétaire [18].
- L'ambassadeur Luis Almagro (MPP) est ministre des Relations étrangères, avec Roberto Conde (PS) comme sous-secrétaire d'Etat [15].
- Fernando Lorenzo (Front Líber Seregni, FLS-Nouvel Espace) est à l'Economie et aux Finances, avec Pedro Buonomo (Espace 609) comme sous-secrétaire d'Etat [15].
- Luis Rosadilla (CAP-L) est à la Défense [18], avec Gabriel Castellá (Espace 609) comme sous-secrétaire d'Etat [15].
- Daniel Olesker (Espace 90-PS) est à la Santé, avec Jorge Venegas (PCU) comme sous-secrétaire d'Etat [15].
- Enrique Pintado (FLS-Assemblée Uruguay) est aux Transports et Pablo Genta sous-secrétaire d'Etat [15]; Rafael Michelini a revendiqué sans succès ce portefeuille : cette décision du Front large pourrait pousser le Nouvel Espace, dirigé par Michelini, à s'éloigner du FLS [17].
- Roberto Kreimerman (Espace 90-PS) à l'Industrie, Energie et Mines.
- L'ex-ministre de l'Agriculture Ernesto Agazzi (MPP) était pressenti pour l'Education, mais ce fut finalement Ricardo Ehrlich (Front large, indépendant) qui a été choisi [19].
- L'architecte Graciela Muslera (MPP) au Logement, à l'Aménagement du Territoire et à l'Environnement, avec Jorge Vivienda (Assemblée Uruguay) comme sous-secrétaire d'Etat [15].
- Le vétérinaire Héctor Lescano (FLS-Alliance progressiste, président du Parti démocrate chrétien) a été reconduit au Tourisme.
- Tabaré Aguerre (indépendant, président de l'Association des Cultivateurs de riz et planteur de canne à sucre dans le département de Artigas) à l'Agriculture; le sous-secrétaire d'Etat Daniel Garín resterait en place [20].
- Eduardo Brenta (Vertiente Artiguista) au Travail et à la Sécurité sociale, avec Nelson Loustaunau comme sous-secrétaire d'Etat [15].
- Ana Olivera (PC) était pressentie pour le Développement social, mais ce fut finalement Ana María Vignoli (es) (PC); Olivera fut quant à elle candidate unique du Front large aux municipales de mai 2010 à Montevideo, étant ainsi élue maire de la capitale.
- Martín Dibarboure était pressenti pour rester à l'Oficina de Planeamiento y Presupuesto (es) [15], mais ce fut finalement Gabriel Frugoni (es) (MPP).
Politique du gouvernement Mujica
Mujica a renouvelé en avril 2010 avec le Venezuela de Chavez l'accord commercial de 2005, signé par Tabaré Vazquez, et qui prévoit notamment l'approvisionnement de l'Uruguay, à des conditions favorables, en pétrole [21].
Il a annoncé en mai 2010 le dépôt d'un projet de loi devant limiter le secret bancaire et ainsi l'évasion fiscale, conformément aux standards de l'OCDE. Selon la Banque centrale de l'Uruguay, près de 18% des dépôts appartiendraient à des non-résidents, soit 2 500 millions de dollars, appartenant pour la plupart à des Argentins [22].
Notes et références
- Un ancien guérillero va devenir président en Uruguay, Le Monde, 30 novembre 2009 Christine Legrand,
- La vida y lucha de un idealista enamorado de la justicia social, La Republica, 12 avril 2009 (compte-rendu de la biographie de Miguel Ángel Campodónico, intitulée Mujica et publiée en 1999) Hugo Acevedo,
- Le Monde, 2 juillet 2009, p. 6 Christine Legrand, « En Uruguay, l’ancien dirigeant des Tupamaros, José Mujica, brigue la présidence »,
- L'ex-rebelle «Pepe» Mujica élu à la tête de l'Uruguay, Le Figaro, 1er décembre 2009 Pauline Damour,
- El insoslayable compromiso con el cambio y el humanismo ético, La Republica, 27 septembre 2009 (au sujet du livre d'Alfredo García, Pepe Coloquios) Hugo Acevedo,
- Óscar Bottinelli, Los cambios al interior del Movimiento de Participación Popular, Radio El Espectador, 29 septembre 2006
- Ni en pedo, pero si me obligan de La Diaria, 6 février 2008 Voir l'encadré
- Mujica y Larrañaga hablan de acuerdos tras las elecciones: "Se terminó el tiempo de las familias ideológicas", El País, 10 août 2008 Federico Castillo,
- Le Monde, 29 juin 2009 « Un ancien guérillero tupamaro va briguer la présidence »,
- Mujica renunció al Movimiento de Participación Popular (MPP), La Republica, 25 mai 2009
- " Jose Mujica remporte la présidentielle en Uruguay ", Le Nouvel Observateur, 30 novembre 2009
- " Un ancien guérillero va devenir président en Uruguay ", Le Monde, 30 novembre 2009
- El FA comienza contactos con la oposición por grupos de trabajo, La República, 14 décembre 2009
- Posibles ministros de Mujica, La República, 7 décembre 2009
- Mujica anuncia a sus trece ministros, La República, 18 décembre 2009
- Mujica oficializa hoy el futuro gabinete, La República, 22 décembre 2009
- Mujica convocó a cumbre de líderes por crisis de gabinete, El País, 11 décembre 2009
- CAP-L aceptó: Rosadilla y Salsamendi asumirán cargos en gobierno de Mujica, La República, 28 décembre 2009
- Agazzi dijo no; Ehrlich lo va a pensar, La República, 16 décembre 2009
- Novedosa experiencia, La República, 16 décembre 2009
- Mujica volvió de Venezuela cargado de energía, Pagina/12, 7 avril 2010
- La apertura uruguaya, Pagina/12, 25 mai 2010
Voir aussi
Liens externes
- (es) Biographie de José Mujica sur le site de la Présidence de la République orientale de l'Uruguay
- (es) Blog officiel de José Mujica
- (es) Front large
Bibliographie
- (es) Miguel Ángel Campodónico, Mujica, Ed. Fin de Siglo, Montevideo, 2005, 260 p. (ISBN 9974-49-333-1)
- (es) María Noel Domínguez (dir.), José Mujica : la realidad, la angustia, la esperanza, Ediciones de la Banda Oriental, Montevideo, 2005, 196 p. (ISBN 9974-1-0390-8)
- (es) María Esther Giglio et José Alberto Mujica Cordano, Pepe Mujica : de tupamaro a ministro : (el loco encanto de la sensatez) (interview de Mujica par M. E. Giglio), Capital Intelectual, Buenos Aires, 2005, 91 p. (ISBN 987-118128-0)
Catégories :- Candidat à l'élection présidentielle uruguayenne de 2009
- Membre du Mouvement national de libération - Tupamaros
- Front large
- Président de l'Uruguay
- Ministre de l'Agriculture de l'Uruguay
- Naissance à Montevideo
- Naissance en 1934
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