Joseph Donzé de Verteuil

Joseph Donzé de Verteuil

L'abbé Joseph-François-Ignace Donzé de Verteuil, né le 20 octobre 1736 à Belfort et mort le 26 décembre 1818 à Nancy[1], est un homme d'Église et un révolutionnaire français, membre du Tribunal révolutionnaire.

Sommaire

Biographie

Fils aîné de Jean-Nicolas Donzé, conseiller du roi et maître régent de la ville de Belfort, et d'Anne-Barbe Montagne[2], il entra au noviciat de Nancy le 8 novembre 1760 et devint jésuite, ainsi que son frère François-Xavier[3].

La suppression de la Compagnie de Jésus, qui n'eut lieu qu'en 1768 dans le duché de Lorraine, les rendit à la vie séculière. Donzé se rendit à Paris, attiré par l'abbé Joseph Delaporte[1], ancien jésuite, Belfortain lui aussi, et entra, peut-être grâce à l'aide de ce dernier, comme chapelain au service de l'abbesse de Montmartre, avant de collaborer sous le nom d'abbé de Verteuil, qui était, à la particule près, celui de son oncle[4], à l'Année littéraire d'Élie Fréron de 1774 à 1776[1] et traduisit du latin Les Nuits attiques d'Aulu-Gelle en 1776.

Il fut nommé par la Convention nationale à la séance du 13 mars 1793, en même temps que Jean-Baptiste Fleuriot-Lescot, un des deux substituts de l'accusateur public, autrement dit, de Fouquier-Tinville, près le tribunal criminel extraordinaire créé par la loi du 10 mars 1793.

Avant même l'entrée en vigueur de la loi du 22 prairial an II (10 juin 1794), il fut envoyé à Brest en qualité d'accusateur public. Il y arrive le 9 mars 1794 en compagnie de Pierre-Louis Ragmey. Leur arrivée suscite de l'émoi dans la population puis lors du procès des 26 administrateurs du Finistère.

Le soir du 18 nivôse an III, à la suite d'une plaisanterie, le comité de surveillance révolutionnaire du district de Brest le fit arrêter « comme prévenu de propos contre-révolutionnaires » et interner à la maison d'arrêt. Les envoyés en mission Villers et Desrues profitèrent de l'affaire pour le faire conduire à Paris. S'emparant de ces faits, le 5 pluviôse an III (24 janvier 1795), les députés brestois le dénoncèrent à la Convention, qui décréta immédiatement son renvoi et celui des autres membres du tribunal devant le comité de sûreté générale. Le 22 pluviôse (10 février), les députés brestois complétèrent leurs dénonciations en déposant un rapport intitulé Les Crimes de l'ex-tribunal révolutionnaire de Brest, dénoncés au peuple français et à la Convention nationale, par les députés extraordinaires de cette commune[5].

Tandis qu'il était dirigé sur Paris, en vertu d'un arrêté des envoyés en mission du 29 pluviôse (17 février), la Convention, qui l'ignorait, vota le 16 prairial an III (4 juin 1795), sur un rapport de Génissieu, le renvoi des membres du tribunal révolutionnaire devant le tribunal de Brest[6].

Retenu à Évreux, il bénéficia des mesures d'amnistie votées par la Convention avant sa séparation, le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795). Le 1er brumaire (23 octobre 1795), il écrivit, de sa prison, au comité de législation:

« Citoïens représentants, du fond de ma prison, je viens d'apprendre qu'un mouvement de bienfaisance a engagé le commissaire des guerres de cette commune à vous écrire pour réclamer en ma faveur le bénéfice de la loi du 23 vendémiaire concernant les détenus.
Permettez, citoïens représentants, que dans deux ou trois jours au plus tard, je puisse vous faire parvenir un mémoire court et dans lequel j'aurai l'honneur de vous présenter des choses absolument neuves relatives à ma position et au droit que je crois avoir au bienfait de la loi du 23 vendémiaire. Je serai très exact à vous adresser ce mémoire important. Verteuil[7]. »

Libéré, il vécut obcurément, par la suite, pendant près d'un quart d'un siècle. Il mourut au séminaire de Nancy après s'être réconcilié avec l'Église[1]. Il fut inhumé au cimetière Saint-Pierre[8].

Charles-Jean Barbaroux, qui le considère comme un ami de Robespierre dans ses Mémoires, le décrit « couvert de guenilles »[9].

Apparence physique

En 1795, Donzé est décrit ainsi : « 59 ans, 5 pieds 2 pouces, cheveux et sourcils grisonnés, front haut, yeux gris, nez ordinaire, bouche petite, menton court, visage rond et plein »[10].

Œuvres

  • Antilogies et fragmens philosophiques, ou Collection méthodique des morceaux les plus curieux et les plus intéressans sur la religion, la philosophie, les sciences et les arts, extraits des écrits de la philosophie moderne, Amsterdam, 1774-1775, 4 volumes
  • Derniers sentiments des plus illustres personnages condamnés à mort, ou Recueil des lettres qu'ils ont écrites dans les prisons, des discours qu'ils ont prononcés sur l'échafaud ; avec un précis historique de leur vie, de leurs procédures et des circonstances les plus intéressantes de leur mort, Paris, Moutard, 1775, 2 volumes
  • Les Nuits attiques d'Aulu-Gelle, Paris, Dorez, 1776-1777, 3 volumes, 453 et 411 pages

Bibliographie

  • Yves de Bellaing, « Au sujet de la mort de Donzé-Verteuil, ex-"accusateur public" au Tribunal révolutionnaire de Brest », Cahiers de l'Iroise, nouvelle série, volume 19, 1972, p. 253-254
  • Jean-Louis Debauve, « Pour une réhabilitation de l'accusateur public Donzé-Verteuil », Les Cahiers de l'Iroise, octobre-décembre 1990, p. 183-189

Notes et références

  1. a, b, c et d Dictionnaire biographique du Territoire de Belfort, tome 1 : A à I, Société belfortaine d'émulation, 2001, 660 pages, p.  184 (ISBN 2903545308).
  2. M. Borel d'Hauterive, Annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l'Europe, Paris, Bureau de la publication, 1862, t. 19, p. 154.
  3. Né le 4 avril 1745 à Belfort, François-Xavier Donzé entra dans la Compagnie de Jésus, à Nancy, un an après son frère, le 22 juillet 1761. Il s'installa, à la fin de 1772, à Bermont comme vicaire de son oncle, Claude-François Verteuil, curé de la paroisse depuis le 6 octobre 1721. En septembre 1773, l'oncle, trop âgé, résigna son bénéfice au profit de son neveu. Il l'occupa jusqu'à la mort du vieillard, le 12 juin 1776, avant de rejoindre son frère à Paris. Favorable à la Révolution, il prêta le serment constitutionnel le 23 janvier 1791 et prit le nom d'Armand Verteuil. Il mourut à Strasbourg le 20 avril 1813.
  4. Joseph Liblin, August Gasser, Angel Ingold (dir.), Revue d'Alsace, vol. 98, 1959, p.  86.
  5. Prosper Jean Levot, Histoire de la ville et du port de Brest, tome III, 1866, p. 391-394.
  6. Prosper Jean Levot, Op. cit., p. 411-412.
  7. Prosper Jean Levot, Op. cit., p. 413-414.
  8. Bulletins de la Société d'archéologie lorraine et du Musée historique lorrain, Nancy, A. Lepage, 1858, tome VIII, p. 23.
  9. Mémoires de Barbaroux, Paris, A. Colin, 1936, 311 pages, p.  143.
  10. Voir les signalements des 19 membres du tribunal révolutionnaire jugés en 1795. Archives nationales, carton du parquet, W n° 88.

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