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John Stuart Mill
Pour les articles homonymes, voir Mill.John Stuart Mill Philosophe Occidental
Époque ContemporaineNaissance : 20 mai 1806 (Pentonville, Londres, Royaume-Uni) Décès : 8 mai 1873 (Avignon, France) École/tradition : Utilitarisme, empirisme, libéralisme Principaux intérêts : Éthique, philosophie politique, économie, logique inductive Idées remarquables : Séparation des sphères publique et privée, hiérarchisation des plaisirs dans la théorie utilitariste, émancipation des femmes, premier système de logique inductive Influencé par : Épicure, Hume, James Mill, Bentham et beaucoup d'autres A influencé : Henry Sidgwick, Bertrand Russell, Peter Singer et beaucoup d'autres John Stuart Mill (20 mai 1806 à Londres - 8 mai 1873 à Avignon, France) est un philosophe et économiste britannique. Il fut le penseur libéral le plus influent du XIXe siècle. Il était un défenseur de l'utilitarisme, une théorie éthique préalablement exposée par son parrain Jeremy Bentham, dont Mill proposa sa version personnelle. En économie, il est avec Karl Marx l'un des derniers représentants de l'école classique. Des chercheurs contemporains associent à son nom celui de son épouse Harriet Taylor, qui aurait converti son mari à l'idée d'une valeur de la liberté et inspiré son œuvre sans laisser son nom à l'histoire en raison de sa condition de femme[1].
Sommaire
Biographie
Fils aîné de James Mill, il est né dans la maison parentale à Pentonville, Londres. Il a été instruit par son père, sur les conseils et avec l'assistance de Jeremy Bentham et David Ricardo. Il lui a été donné une éducation extrêmement rigoureuse et il fut délibérément protégé de relations avec des enfants de son âge. Son père, adepte de Bentham et défenseur de l'associationnisme, avait pour but avoué d'en faire un génie qui pourrait poursuivre la cause de l'utilitarisme et de ses applications après sa mort et celle de Bentham.
Son intelligence et sa culture furent exceptionnellement précoces ; son père lui avait appris à l'âge de trois ans l'alphabet grec et une longue liste de mots grecs avec leurs équivalents en anglais. À huit ans, il avait lu les fables d'Ésope, l'Anabase de Xénophon, tout Hérodote, il était à l'aise avec Lucien de Samosate, Diogène, Isocrate et connaissait six dialogues de Platon. Il avait aussi lu une grande quantité d'ouvrages sur l'histoire.
Toujours à l'âge de huit ans, Mill commença le latin, étudia Euclide, l'algèbre et fut chargé de l'éducation des plus jeunes enfants de la famille. Ses principales lectures concernaient l'histoire, mais il lut tous les auteurs latins et grecs communément étudiés dans les collèges et les universités de l'époque. Il n'avait pas à composer en latin ou en grec et ne fut jamais un pur scolaire ; c'étaient des matières qu'il devait lire, et à dix ans il lisait Platon et Démosthène aisément. L'ouvrage de son père : Histoire des Indes, fut publié en 1818 ; immédiatement après, vers douze ans, John commença l'étude de la logique scolastique, tout en parcourant les traités de logique d'Aristote dans le texte. Les années suivantes, son père l'introduisit à l'économie politique par l'étude d'Adam Smith et de David Ricardo et, finalement, compléta sa vision économique avec l'étude des facteurs de production.
À vingt ans, il est victime d'une dépression liée probablement au surmenage. Cet épisode de sa vie l'amène à reconsidérer l'utilitarisme de Bentham et de son père : il en vient à penser que l'éducation utilitariste qu'il avait reçue, si elle avait fait de lui une exceptionnelle "machine à penser", l'avait dans le même mouvement coupée de son moi profond et avait presque tari en lui toute forme de sensibilité. Dès lors, il tentera de concilier la rigueur scientifique et logique avec l'expression des émotions. Ce sont les oeuvres du poète Wordsworth qui, dans un premier temps, l'aideront à développer une "culture des sentiments", à faire (re)surgir en lui la vitalité du coeur, et l'amèneront à se rapprocher de la pensée romantique.
Sa charge de travail ne semble pas avoir handicapé Mill dans sa vie sentimentale : la famille qu'il forma avec sa femme, Harriet Taylor Mill, et sa belle-fille a été considérée par ses contemporains comme exceptionnellement réussie. Lui-même indique dans l'un de ses ouvrages que « ceux-ci ne sont pas le travail d'un esprit, mais de trois ». Notamment, il a décrit son essai sur la liberté comme issu de la "conjonction" de l'esprit de sa femme Harriet, et du sien, et souligne dans des pages émouvantes de ses Mémoires combien l'amour qu'il lui portait se doublait d'une complicité intellectuelle intense :
- « Lorsque deux personnes partagent complètement leurs pensées et leurs spéculations, lorsqu'elles discutent entre elles, dans la vie de tous les jours, de tous les sujets qui ont un intérêt moral ou intellectuel, et qu'elles les explorent à une plus grande profondeur que celle que sondent d'habitude et par facilité les écrits destinés aux lecteurs moyens ; lorsqu'elles partent des mêmes principes, et arrivent à leurs conclusions par des voies suivies en commun, il est de peu d'intérêt, du point de vue de la question de l'originalité, de savoir lequel des deux tient la plume. Celui qui contribue le moins à la composition peut contribuer davantage à la pensée ; les écrits qui en sont le résultat sont le produit des deux pris ensemble, et il doit souvent être impossible de démêler la part qu'ils y ont chacun, respectivement, et d'affirmer laquelle appartient à l'un, et laquelle, à l'autre. Ainsi, au sens large, non seulement durant nos années de vie maritale, mais encore durant les nombreuses années de complicité qui les précédèrent, toutes mes publications furent tout autant les œuvres de ma femme que les miennes... »[2]
Il fut très affecté par le décès de sa femme à Avignon, morte d'une congestion pulmonaire, et il resta depuis lors en France, pour demeurer près d'elle.
Il est enterré au cimetière Saint-Véran d'Avignon.
Principales œuvres
- Système de logique déductive et inductive, 1843. Traduction française réalisée par Louis Peisse à partir de la 6e édition britannique de 1865. Paris: Librairie philosophique de Ladrange, 1866.
Cet ouvrage n'est pas, malgré son titre, une répétition de la logique d'Aristote, ni un manuel supplémentaire pour une discipline codifiée. En réalité, le système est l'expression d'une philosophie nouvelle, chaînon indispensable qui relie David Hume à Bertrand Russell. Le système de logique nous offre sans doute un récapitulatif de tout ce qu'il faut entendre sous le terme de logique, mais il nous propose aussi une nouvelle théorie des sophismes, des noms propres, de la référence, et surtout de l'induction. C'est chez Mill que l'on trouve l'une des réponses les plus convaincantes au paradoxe de l'induction mis en évidence par Hume, comme l'on y lit la critique, devenue classique, de la déduction comme raisonnement circulaire, et condamné par nature à ne pouvoir remettre en cause, donc ne pas dépasser, ses axiomes et prémisses. Enfin, et ce n'est pas la moindre contribution de Mill, le système de logique, met en place une théorie générale des sciences humaines et de leurs méthodes propres, nous rappelant ainsi que Mill est aussi l'auteur des Principes d'économie politique, et le contemporain de Karl Marx. - Essays on Some Unsettled Questions of Political Economy, London, 1844 ;
- Principles of Political Economy (en:Principles of Political Economy), London, 1848, 7th ed., 1871 dans lequel il développe ses idées sur les droits sociaux et des libertés des travailleurs ;
John Stuart Mill, interprète synthétique des classiques, offre un exemple inoubliable de l’économie précédé dans le chapitre VI du livre IV de ses « principes d’économie politique». Il définit les bornes du progrès des sociétés industrielles, notamment par la baisse tendancielle du taux des profits. Il ne quitte pas la réalité en observant que l’Occident est en quête de perfectionnement humain. Au nom de quoi, il constate que les mobiles d’agressivité et de gain ne sont utilisés que, faute de mieux, pour accroître les richesses matérielles ; leur déchaînement grevé d’un lourd passif, dégrade les hommes et leur ravit le loisir et la solitude. Les progrès économiques ne sont pas parvenus à engendrer les grands changements qui feraient, comme il convient, des inventions mécaniques la commune propriété du genre humain. Aussi, la société en vue du mieux-être de tous ses membres, peut-elle être réorientée et remodelée sans peur, même si elle doit pour cela perdre un peu de ses dynamismes matériels et manifestes. L’épanouissement de tout l’homme en chaque homme est desservi par les ruées d’êtres avilis sur une nature humiliée. Puisse l’humanité choisir l’état stationnaire bien avant que la nécessité l’y contraigne !
- Pour Heilbroner in Les Grands Économistes, il est l’auteur du « plus grand “mais” de l’histoire de la pensée économique ». En effet, Mill pose que la science économique s’applique à la production de biens et de services, permet d’utiliser au mieux les ressources, mais elle ne s’applique pas au champ de la répartition : c’est à la société de choisir le mode de répartition des richesses créées, ce qui laisse le champ libre à la politique, au rôle de l'État, à des choix de société, etc.
- De la liberté, (titre en anglais : On Liberty), 1859. Première traduction française par Charles Brook Dupont-White, Paris : Guillaumin, 1860 ;
- Considerations on Representative Government, Londres, 1861 - Traduction française : Considérations sur le gouvernement représentatif par Patrick Savidan, Paris, Gallimard, 2009
- Utilitarianism, Londres, 1863, Traduction française: L'utilitarisme ;
- An Examination of Sir Hamilton's Philosophy, Londres, 1865 ;
- Auguste Comte et le positivisme, Londres, 1865, Westminster Review, traduction française ;
- De l'assujettissement des femmes, 1869. Traduction française de Émile Cazelles. Paris : Éditions Avatar, 1992, 206 pages. Ouvrage dans lequel il défend la cause de l'émancipation des femmes et demande à ce qu'elles bénéficient elles aussi du suffrage ;
- Autobiographie, Londres, 1873, traduction française ;
- Three Essays on Religion, (Nature + Utility of Religion + Theism), Londres, 1874.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Gilbert Boss, John Stuart Mill, Induction et utilité, PUF, Paris, 1990
- Jean-Pierre Cléro et Gilbert Boss, « Le vocabulaire de John Stuart Mill », Le vocabulaire des philosophes, Suppléments I, vol. V, éd. J.-P. Zarader, Ellipses, Paris, 2006
Articles connexes
- Allocation universelle
- Harm principle
- Utilitarisme
- Liste des économistes célèbres
- Sophisme
- Jean Henri Fabre
Liens externes
- L'utilitarisme (1871) Traduit de l'anglais par Philippe Folliot, janvier 2008, à partir de Utilitarianism. 4e édition (la dernière publiée du vivant de l’auteur). London: Longmans, Green, Reader, and Dyer, 1871. Suivi de la traduction française de Le Monnier, Paris: Ancienne librairie Germer Baillière et Cie, Félix Alcan Éditeur, 188
- Utilitarianism sur les pages du Projet Gutenberg; la version française du texte est disponible, dans la traduction de P.-L. Le Monnier, sur le site gallica.bnf.fr
- Liens John Stuart Mill
- John Stuart MILL, Sur la liberté - Edition bilingue et lecture Mp3 - traduction O. Gaiffe
- Audiolivre : John Stuart Mill, Autobiographie I - Un Modèle d'éducation
- Paola Cavalieri, Principe de liberté, ou principe de dommage envers autrui?
- Estiva Reus, Sur La Nature de John Stuart Mill
- Peter Singer, La pertinence de Mill aujourd'hui : un point de vue personnel
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