John Oswald

John Oswald
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Frontispice de The Cry of Nature, Londres, 1791. On lit cette légende: « The butcher's knife hath laid low the delight of a fond dam, & the darling of Nature is now stretched in gore upon the ground » (« Le couteau du boucher a mis bas la joie d'une mère affectueuse, & le chéri de Nature est maintenant étendu dans son sang sur la terre »).

John Oswald (né vers 1760 à Édimbourg, tué le 14 septembre 1793 à Thouars ou aux Ponts-de-Cé) est un philosophe, écrivain, poète, critique social et révolutionnaire écossais.

Sommaire

Jeunesse

La jeunesse de John Oswald est mal connue. Il est né entre 1755 et 1760 à Édimbourg[1],[2],[3],[4], voire en 1730 selon plusieurs auteurs[5]. Son père aurait été un tenancier d'un coffee house, c'est-à-dire un café de deuxième ordre, ou un orfèvre[6],[1]. Pour Pierre-Henri Zaidman, il est né en 1764 dans une famille de la petite bourgeoisie[7]. Il devient lui-même apprenti-orfèvre[8],[1].

Séjour en Inde

Grâce à ses économies ou à un héritage inattendu, il peut acheter un brevet d'enseigne au Royal Highland Regiment, le 42e régiment de ligne[1],[6]. Avec son régiment, il est envoyé d'abord pour s'opposer à la Révolution américaine, y gagnant le grade de lieutenant[1]. Puis, en 1780, il embarque pour le Malabar, dans le cadre des guerres anglo-maratha. En Inde, Oswald découvre le végétarisme hindou, dont il a décrit l'impact sur sa philosophie dans The Cry of Nature or An Appeal to Mercy and Justice on Behalf of the Persecuted Animals, publié en 1791[8]. Cet ouvrage esr considéré comme l'une des grandes œuvres du végétarisme occidental[9].

Retour en Grande-Bretagne

Oswald ne peut demeurer plus longtemps officier. Il quitte l'armée et rentre en 1784 en Grande-Bretagne, où il se marie et a trois enfants, deux garçons et une fille. Durant ses voyages, il a appris l'arabe, le français, l'italien, l'espagnol et le potugais. Pendant son retour des Indes, il s'est mis au latin et au grec[1]. Il se consacre alors à la poésie et à la critique sociale et publie un périodique intitulé: Le Mercure britannique. Durant cette période, Oswald écrit un pamphlet tranchant en faveur de l'idée républicaine, Review of the Constitution of Great Britain, et une brochure antireligieuse Ranae Comicae Evangelizantes: or the Comic Frogs turned Methodist, dans laquelle il se prononce pour l'athéisme[8].

Installation en France

Lors du déclenchement de la Révolution française, Oswald s'installe à Paris et rejoint le club des Jacobins. Au sein de cette société, il intervient en faveur d'une intervention plus énergique des Jacobins dans les affaires britanniques, arguant que la Révolution en Angleterre est essentielle pour la paix entre les deux nations.

En novembre 1791, avec treize autres rédacteurs, en grande partie girondins, il fonde la Chronique du mois ou les Cahiers patriotiques, où Jean-Marie Collot d'Herbois représente la partie avancée des démocrates, vers laquelle Oswald incline peu à peu[1].

En mars 1792, Oswald fait placarder sur les murs du faubourg Saint-Antoine des affiches demandant l'abolition des armées permanentes[1].

Le 4 juin 1792, il intervient aux Jacobins pour demander, en vain, l'envoi d'une lettre de soutien au club de Manchester, la Manchester Constitutional Society, dont l'une des principales figures, Thomas Cooper, selon ses dires, a été arrêtée sur ordre du gouvernement britannique[10],[11]. Le 22 août 1792, il propose aux Jacobins l'envoi, à tous les clubs populaires de l'Angleterre, de l'Écosse et l'Irlande, d'une adresse à la nation britannique justifiant la journée du 10 août 1792, avec prière de la faire réimprimer et de la répandre par toute l'étendue de l'empire britannique[12],[13].

Le 25 septembre 1792, il obtient la nationalité française[14].

Nommé commandant en chef du 1er bataillon des piquiers par le ministre de la Guerre le 1er octobre 1792, il assure la levée des hommes et son organisation. Le 28 et le 29 octobre, la formation du bataillon est opérée par la réunion en corps de compagnies de volontaires déjà levées — la 1re compagnie est constituée par une compagnie de la section du Panthéon-Français, une compagnie de canonniers formée le 16 septembre dans la section de Molière et La Fontaine lui est adjointe le 10 décembre. Il est rassemblée à la caserne de Lourcine, dans le quartier Croulebarbe, puis, en novembre 1792 à la caserne Babylone, située rue de Babylone, où il est définitivement constitué[15].

Ayant reçu l'ordre de partir le 16 mars 1793 pour Brest, où il est placé sous les ordres de Santerre, avec le nom de 14e bataillon de la République, le bataillon quitte la capitale le 26 mars. Passant le 4 mai par Orléans, il est engagé dans la guerre de Vendée et participe le 15 juillet à la bataille de Martigné-Briand, où le commandant en second — Vignot — et un volontaire — Guillaume-Léonard Lavard — trouvent la mort, puis, le 18, à celle de Vihiers, où six hommes sont tués et quatre faits prisonniers. Chargé d'occuper Chinon du 4 au 21 août, puis Thouars le 23, il reprend part ensuite à des opérations actives[16].

Le 14 septembre 1793, Oswald est tué d'un boulet[1] ou d'une balle[17] aux Ponts-de-Cé[1] ou lors de la deuxième bataille de Thouars[18],[19]. Selon des biographes, ses deux fils, qui servaient comme tambours auprès de lui, auraient également péri, d'un coup de mitraille[1]. Selon le rapport du général Rey, les républicains comptent quatre tués au sein du bataillon — le chef de bataillon Oswald, le grenadier Jean-Gabriel Oursel et les volontaires Joseph Gazard et Philippe Gautier — et quinze blessés, contre cent morts parmi les insurgés, dont deux femmes et un prêtre[20],[21].

Œuvres

  • Review of the Constitution of Great Britain (Revue de la constitution anglaise), Londres 1790 (Paris, 1792 - 3e édition, traduction en français la même année)[1].
  • Ranae Comicae Evangelizantes: or the Comic Frogs turned Methodist (sous le pseudonyme de Sylvester Otway), 1786.
  • The Alarming Progress of French Politics, 1787.
  • The British Mercury (journal), 1787.
  • Euphrosyne or an Ode to Beauty (dédiée à Mrs. Crouch, du théâtre de Drury Lane), Londres, 1787.
  • Poems, to which is added « The Humors of John Bull » an Operatic Farce (sous le pseudonyme de Sylvester Otway), Londres 1789.
  • The Cry of Nature, or An Appeal To Mercy and Justice On Behalf of the Persecuted Animals, J. Johnson, Londres 1791.
  • The Triumph of freedom, an ode to commemorate the anniversary of the French Revolution (précédée d'une adresse à l'Assemblée nationale), 1791.
  • The spirit of the French constitution: or, The almanach of Goodman Gerard for the year 1792 (traduction de l'Almanach du bonhomme Gérard de Jean-Marie Collot d'Herbois), Londres, Ridgway ; Paris, Imprimerie du Cercle social, 1791, 90 pages.
  • La Tactique du peuple, ou Nouveau principe pour les évolutions militaires, par lequel le peuple peut facilement apprendre à combattre par lui-même et pour lui-même, sans le secours dangereux des troupes réglées, Gueffier, Paris, 179?.
  • Le Gouvernement du peuple, ou Plan de constitution pour la république universelle, traduit de l'anglais, Imprimerie des Révolutions de Paris, 1793.

Notes et références

  1. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k et l André Lichtenberger, Le Socialisme utopique: études sur quelques précurseurs inconnu du socialisme, F. Alcan, 1898, 276 pages, p. 221-244.
  2. A. R. Ioannisian, Les Idées communistes pendant la révolution française, Éditions du Progrès, 1984, 533 pages, p. 43.
  3. En 1755 selon Robert Durand, L'Homme, l'animal domestique et l'environnement: du Moyen-Âge au XVIIIe siècle, Ouest éditions, 1993, 386 pages (ISBN 9782908261332).
  4. En 1760 selon Rod Preece, Sins of the flesh: a history of ethical vegetarian thought, UBC Press, 2008, 393 pages, p. 236 (ISBN 9780774815093) ; Peter Linebaugh,Marcus Rediker, The Many-headed hydra: sailors, slaves, commoners, and the hidden history of the revolutionary Atlantic, Verso, 2000, 433 pages, p. 285 (ISBN 9781859847985).
  5. En 1730 selon Howard Williams,Carol J. Adams, The ethics of diet: a catena of authorities deprecatory of the practice of flesh-eating, University of Illinois Press, 2003, 394 pages, p. 179 (ISBN 9780252071300) ; Colin Spencer, The heretic's feast: a history of vegetarianism, UPNE, 1996, 402 pages , p. 234 (ISBN 9780874517606) ; Robert Dare, Food, power and community: essays in the history of food and drink, Wakefield Press, 1999, 212 pages, p. 158 (ISBN 9781862545014) ; Ceri Crossley, Consumable metaphors: attitudes towards animals and vegetarianism in nineteenth-century France, Peter Lang, 2005, 22 pages, p. 19 (ISBN 9783039101900) ; Michael Allen Fox, Deep vegetarianism, Temple University Press, 1999, 34 pages, p. 16 (ISBN 9781566397056) ;
  6. a et b « Scottish Regiments: Royal Highland Regiment » Scottish Military - Highland Regiments, par William Melven, M.A., Glasgow.
  7. Pierre-Henri Zaidman, Le Mandat impératif: de la révolution française à la commune de Paris, Monde libertaire, 2008, 90 pages, p. 30.
  8. a, b et c (nl) « John Oswald: De Eerst Theoreticus Van De Directe Democratie? » (« John Oswald: Le premier théoricien de la démocratie directe? »), par Roger Jacobs, Athene, février 2003.
  9. « An Historical Perspective on Being Vegetarian », par Indira Nathan, Frances Robinson, Lynne Burgess et Allan Hackett, Centre for Consumer Education and Research, Liverpool John Moores University.
  10. Michael Rapport, Nationality and citizenship in revolutionary France: the treatment of foreigners 1789-1799, Oxford University Press, 2000, 382 pages, p. 175 (ISBN 0198208456).
  11. Compte-rendu de la séance du club des Jacobins du 4 juin 1792
  12. Voir le compte-rendu de la séance du club des Jacobins du 22 août 1792, in, Alphonse Aulard, La Société des Jacobins : recueil de documents pour l'histoire du club des Jacobins de Paris (1889-1897), tome 4: « juin 1792 à janvier 1793 », Librairie Jouaust, Paris, 1892, p. 229-232.
  13. Compte-rendu de la séance du club des Jacobins du 22 août 1792
  14. Mike Rapport, « "Deux nations malheureusement rivales" : les Français en Grande-Bretagne, les Britanniques en France, et la construction des identités nationales pendant la Révolution française », Annales historiques de la Révolution française, n° 342, octobre-décembre 2005.
  15. Charles-Louis Chassin et Léon Clément Hennet, Les Volontaires nationaux pendant la révolution: Historique militaire et états de services du 9e bataillon de Paris (Saint-Laurent) au 18e (bataillon des Lombards), levés en 1792, vol. 2 des Volontaires nationaux pendant la révolution, L. Cerf, 1902, p. 349.
  16. Charles-Louis Chassin et Léon Clément Hennet, op. cit., p. 350-352 et 354.
  17. Charles-Louis Chassin et Léon Clément Hennet, op. cit., p. 420.
  18. Charles-Louis Chassin et Léon Clément Hennet, op. cit., p. 420, 422 et 449.
  19. David V. Erdman, Commerce des lumières: John Oswald and the British in Paris, 1790-1793, considère, p. 277, qu'Oswald est « tombé au champ d'honneur » à Thouars avec trois autres hommes, mais que « les biographes signalent parfois Oswald comme tombé aux Ponts-de-Cé (diversement othographié, peut-être une vague indication de l'ensemble de la région) »
  20. Étienne Charavay, Correspondance générale de Carnot: Août-octobre 1793, vol. 3, Imprimerie nationale, 1897, lettre du 24 septembre 1793, p. 206.
  21. Charles-Louis Chassin et Léon Clément Hennet, op. cit., vol. 2, p. 354.

Bibliographie

  • William Anderson, « Oswald, John », The Scottish nation: or The surnames, families, literature, honours, and biographical history of the people of Scotland, vol. 3, Fullarton, 1863, p. 268-269.
  • David V. Erdman, Commerce des lumières: John Oswald and the British in Paris, 1790-1793, University of Missouri Press, 1986, 338 pages (ISBN 0826206077).
  • T. F. Henderson, « Oswald, John (c.1760–1793) », in Ralph A. Manogue (dir.), Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
  • André Lichtenberg, « John Oswald, Écossais, jacobin et socialiste », La Révolution française : revue historique, Paris, Charavay frères, 1897, vol. 32, p. 481-495

Lien externe


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