Joanny Domer

Joanny Domer
Joanny Domer
Portait de Joanny Domer

Nom de naissance Antoine-Jean Barthélémy Domer
Naissance 8 août 1833
Lyon
Décès 2 juillet 1896
Lyon
Nationalité Drapeau de France France
Activité(s) Artiste-peintre

Antoine-Jean Barthélémy Domer, dit « Joanny[1] », le 8 août 1833 à Lyon[2] il est mort le 2 juillet 1896, est un artiste peintre français.

Fils de Charles-Chalier Domer, un canut de la Croix-Rousse qui avait été caisse roulante au temps de lEmpereur, et de Louise Alboud, qui navait jamais quitté le « Plateau ».

Le métier de canut avait peu de charmes pour le jeune Antoine-Jean Domer, qui délaissa vite latelier paternel pour travailler comme apprenti chez un peintre-plâtrier, de lallée des Images, et plus tard chez Lacombe et Jourdan qui exerçaient, vers 1850, la même profession. Cest en peignant des enseignes et des plafonds bourgeois, que Domer entra, en quelque sorte, par la petite porte dans le domaine de lart dont il séprit et auquel il devait consacrer sa vie.

Entre temps, il suivit les cours de lÉcole des Beaux-Arts, que dirigeait le peintre Bonnefond. Loriginalité de Domer, la souplesse de son imagination, son ardeur au travail, étonnaient déjà ses maîtres. Il séprit surtout de la décoration, le plus difficile de tous de tous ces arts. Bientôt, il prit le chemin de Paris, il devait se perfectionner, grâce aux leçons des peintres de cette grande période, et acquérir un talent, qui en a fait un des maîtres de la décoration. Il travailla longtemps, sans rien livrer à la critique. Parti pour Rome, il y apprit à analyser les chefs-dœuvre des primitifs et de la Renaissance. Les cartons quil rapporta de ses voyages en Italie montrent quil visita tous les palais, tous les musées, toutes les cathédrales de lItalie, copiant partout, étudiant ses compositions, qui devaient rester pour toujours gravées dans son esprit pour y laisser leur empreinte.

Le 11 juillet 1871, Domer, âgé de trente-huit ans, revenait à Lyon pour sy fixer définitivement. Son caractère, porté au travail et à la réflexion, le tint longtemps enfermé dans son atelier, en compagnie de ses souvenirs, de ses études et de ses maîtres. Cependant, parfois, une de ses toiles paraissait à lExposition permanente de Dusserre et les amateurs qui se pressaient dans ce petit salon, large dune aune, quon appelait la petite Bourse de lArt, étaient captivés et retenus par le charme au dessin simple et nouveau, au coloris étrange et harmonieux. En 1873, il exposa au Salon de Lyon une nature morte très fouillée qui fit sensation, représentant une amphore, un plateau dor, un hanap dargent ciselé, au milieu de joyaux étincelants et détoffes chatoyantes. Ce tableau fut aussitôt acquis par le musée de Saint-Étienne.

Domer exposa peu. La grande composition labsorbait trop et le retenait dans son atelier il recevait quelques amis, presque jamais délèves. Domer aimait à travailler seul, à se recueillir, à sétudier lui-même, à se corriger et souvent à se refaire. Le seul élève quil paraisse jamais avoir eu dans son atelier fut Léon Gaborit, qui obtint à lÉcole des Beaux-Arts, le prix Ponthus-Cinier, et le grand prix de Paris. « Que ferait un élève chez moi, disait-il ? II me regarderait crayonner sur un mur. Comment devinerait-il ce que je veux faire ? Je lignore souvent moi-même. » Un seul trouva grâce devant cette exclusion systématique, ce fut Baüer, qui entourait Domer daffection et dune profonde reconnaissance.

Domer, qui aimait à sisoler, pouvait souvent être vu attablé, solitaire, devant le Tonneau ou le Bar Américain. Ce petit homme trapu, au grand front encadré de cheveux gris, aux yeux profonds, pétillants et bons, à la barbe grise en broussaille, la bouche toujours souriante, les lèvres épaisses, caressant perpétuellement une courte pipe en terre, noire de culottage, cétait Domer, qui, la tête penchée sur le marbre de la table, ne voyait personne et oubliait son absinthe. Un crayon à la main, il traçait des signes et soudain, une forme se dessinait, un groupe se détachait, une ébauche apparaissait. Alors, Domer relevait la tête et se rappelait celui qui sétait attablé silencieusement à côté de lui pendant sa méditation. Il effaçait dun revers de manche les traits, et, souriant, serrait la main qui se tendait vers lui : « Excusez-moi ! Je cherchais une idée !… »

Sa conversation était toujours chargée de souvenirs et dune érudition quil semblait chercher toujours à se faire pardonner, mais quil navait pu acquérir quau prix dun travail acharné, opiniâtre, puisque rien, dans son éducation première, ne le prédestinait à cette carrière. Cest en voyageant à travers lItalie que Domer avait récolté cette abondante moisson de souvenirs, mais cétait également un érudit, et rien des grands poètes antiques, Aristophane ou Pindare, Homère ou Eschyle ne lui était inconnu.

Jadis caché dans une tour aux grandes baies ouvertes avec, au loin, les Alpes enneigées, quavait habitée Paul Chenavard, était mort le peintre Guichard, directeur des Beaux-Arts à Lyon, Domer dut quitter ce nid daigle, lorsque sa santé, ruinée par le travail, le força à redouter les côtes. Il sinstalla alors rue de la Bourse, 55, conservant son atelier du quai Pierre-Scize ; puis, sur le quai de lArchevêché, au n° 17. Depuis longtemps condamné, Domer travaillait cependant toujours sans relâche jusquà ce quune maladie de cœur et une toux ne lui laissant aucun repos, qui le torturaient depuis longtemps, amenant des suffocations qui lui imposaient de cruelles insomnies, finissent par lachever.

Notes

  1. On lappelait ainsi dans lintimité de sa famille, de latelier et de lécole, et il conserva ce prénom quil devait illustrer dans la suite.
  2. 27, montée de la Grande-Côte.

Source

  • Eugène Berlot, Revue du Lyonnais, t. XXIX, Lyon, Louis Boitel, 1900, p. 321-38.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Joanny Domer de Wikipédia en français (auteurs)

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