Jean-marie françois merlino

Jean-marie françois merlino

Jean-Marie François Merlino

Jean-Marie François Merlino, né le 8 décembre 1737 à Lyon et mort le 16 octobre 1805 à Fareins, (Ain) fut un homme politique français dont l'activité s'exerça pendant la période de la Révolution. Il fut notamment député à la Convention nationale, au Conseil des Anciens et au Conseil des Cinq-Cents.

Biographie

Négociant pour le compte de la firme « Veuve Antonio Merlino et fils » qui contribua notamment au financement de l'encyclopédie (cf. Robert Darnton, « l'aventure de l'encyclopédie », Perrin, 1982), il fit plusieurs voyages en Italie et rédigea un mémoire sur l'exploitation de la soie dans la péninsule. Il entreprit des études de droit sur le tard et devint, la cinquantaine avancée, conseiller de la Sénéchaussée de Trévoux. Il s'installa à Fareins et eut des démêlés, qui contribuèrent à sa notoriété, avec une secte convulsionnaire animée par le curé Bonjour. Ce combat, par bien des aspects rocambolesque, excita la verve des érudits locaux mais contribua surtout à sa notoriété en lui permettant d'élargir progressivement ses mandats électifs : Recteur de la fabrique de Fareins puis premier consul et délégué de sa paroisse à l'assemblée sénéchale lors de la convocation des États Généraux, commissaire à la rédaction du cahier des doléances du Tiers-État de la Sénéchaussée, administrateur du district de Trévoux, juge au tribunal du district puis au tribunal criminel du département de l'Ain à Bourg-en-Bresse.

Élu le 6 septembre 1792 dernier député de l'Ain à la Convention nationale, il fut membre du Comité de Défense Générale, préfiguration du grand Comité de Salut public. Il exerça sous la Convention une activité très soutenue marquée par une grande assiduité dans plusieurs comités (commerce, agriculture, guerre, secours) et dans différentes commissions (commission des six sur les subsistances, commission des seize sur la nouvelle Constitution, commission Garran-Coulon sur l'esclavage). On lui doit en particulier la mise en œuvre de l'embrigadement (BN 8 Le 38/411 8921 067) qui consistait à rassembler au sein d'une demi-brigade un bataillon de ligne avec deux bataillons de volontaires, un plan d'organisation du gouvernement (BN 8 Le 38-1369 8961 068) qu'il rédigea avec Romme et Thibaudeau.

Lors du procès de Louis XVI, il vota successivement pour la culpabilité du roi, pour la ratification du jugement par le peuple, pour la mort, et contre le sursis. Il motiva ainsi son opinion : « Vous avez déclaré, à l'unanimité que Louis Capet était coupable et convaincu de haute trahison et de conspiration envers la nation ; comme juge j'ai ouvert le livre de la loi ; elle m'a indiqué la peine due aux conspirateurs ; fidèle à mes devoirs, fidèle à ma conscience, ami de mes commettants, je vote pour la mort. »

Le 11 mars 1793, il partit avec Amar en mission dans l'Ain et l'Isère pour accélérer le recrutement dans le cadre de la levée des 300 000 hommes, et ne rentra à Paris que le 25 mai 1793, si bien qu'il ne participa pas au scrutin du 25 avril sur la mise en accusation de Marat, ni aux débats sur les Girondins. À leur départ, les municipalités fédéralistes de l'Ain avec lesquelles ils entrèrent en conflit déposèrent une pétition à la Convention pour se plaindre de leur comportement. Elle fut classée sans suite. Au demeurant Merlino, à qui il était reproché des arrestations arbitraires, intervint peu de temps après, le 24 pluviose an II (12 février 1794), pour faire examiner la conduite du tribunal des sept qui sévissait à Commune Affranchie (Lyon) et dénonça le 10 ventose an II (28 février 1794) les exactions d'Albitte qui lui avait succédé comme représentant en mission dans l'Ain. Merlino et Amar rendirent compte de leur mission dans l'Ain et l'Isère et justifièrent de leurs frais de déplacements et de séjour. Ils furent parmi les très rares représentants en mission à n'avoir pas levé en cette occasion d'impôts révolutionnaires (BN 8 Le 39 8921 066).

Devenu membre du Comité militaire, puis des secours il intervint à ces différents titres près d'une soixantaine de fois à la barre de la Convention dont il devint secrétaire le 1er messidor an II (19 juin 1794).
Il fut compris dans le quota des deux tiers qui permettait aux conventionnels de siéger de nouveau sous le Directoire sans craindre les aléas d'une élection. Nommé au Conseil des Anciens dont il devint secrétaire le 1er ventose an IV (20 février 1796) il fut ensuite constamment réélu au Conseil des Cinq-Cents Conseil des Cinq-Cents ; ou il y siégea jusqu'à la fin de la quatrième législature du directoire (19 mai 1799). Il se retira ensuite à Fareins.

Il n'existe pas de biographie sur ce personnage de la Révolution mais des articles dans des dictionnaires biographiques publiés sous la Restauration et donc peu amènes à l'endroit d'un régicide, dont ils dénonçaient contradictoirement ses excès et sa modération.

Merlino fut partisan comme Vergniaud, girondin notoire, de l'appel au peuple (archives parlementaires, tome 57 page 90) ce qui lui fut reproché par certains montagnards comme Ichon (Moniteur, tome 21, n°315 P.366, 15 thermidor an II, 31 juillet 1794) et il participa aux journées de thermidor s'opposant à des robespierristes comme Jagot. Plus tard, il s'illustra au club de Noailles qui regroupait des montagnards modérés comme lui.

Il resta cependant fidèle à des convictions tranchées ce qui explique la complexité du personnage. Son opposition au clergé, nourrie et développée contre la secte fareiniste en est le meilleur exemple. Il dénonça le 2 frimaire an II (22 novembre 1793) « l'horizon de la France obscurci par une nuée de prêtres » et, après thermidor, le 5 vendémiaire an II (27 septembre 1794), il s'élevait encore au Club des jacobins, dont il faisait partie depuis le 26 septembre 1792, contre la nomination des prêtres et des nobles à des emplois publics. Dans le même temps il dénonça (AN: F7-4774), alors que ce n'était plus de saison, d'anciens girondins comme le romancier Sébastien Mercier pour son comportement anti-républicain. Son hostilité à l'esclavage a été mise en lumière par Dorigny (M) et Gainot (B) in La société des amis des noirs, 1788-1799, contribution à l'histoire de l'abolition de l'esclavage: Ils écrivent notamment  : « Il est tout à fait symptomatique de voir grandir au sein de la société l'influence de plusieurs personnalités de premier plan de cette opposition parlementaire comme Duplantier, Deydier et surtout Merlino. C'est ce dernier que les rapports de police présentent comme membre actif des réunions qui cherchent à articuler opposition législative et opposition néo-jacobine extra-parlementaire... .» Ce court extrait, qui concerne la fin du Directoire, suffit à souligner la générosité du personnage et la fermeté de ses convictions. Il est tombé dans l'oubli mais bénéficiait alors de la considération de collègues de bords opposés comme Denis Toussaint Lesage par exemple, député de l'Eure-et-Loir, qui avait été comme girondin exclu de la Convention le 31 mai 1793 avant d'être rappelé le 18 frimaire an III (8 décembre 1794) et qui, lors des controverses qui suivirent l'exécution de Robespierre s'opposa à lui en ces termes : « ...d'après ce qu'a dit notre collègue Merlino, que je ne connais pas, mais que tout le monde m'assure être un homme de bien... » (Moniteur tome 25 n°325 pp. 453-455, 27 thermidor an III, 14 août 1795). C'était, de la part d'un conventionnel qui avait rudement souffert de la tyrannie montagnarde, une formule qui contraste étrangement avec ce que la postérité a retenu du personnage.

Jean-Marie François Merlino mourut le 16 octobre 1805 à Fareins, dans l'Ain, et fut inhumé dans sa propriété du Graberet où sa tombe existe encore.

Articles sur Merlino in Sine dolo par une société de gens d'histoire, (disponibles à la BN et à la BM de Lyon) : n°1, un négociant lyonnais à la fin du 18e, pp.93-128; n°2, Jean-Marie-François Merlino à la sénéchaussée de Dombes, pp. 255-309; n°3, Jean-Marie-François Merlino et les débuts de la Révolution dans l'Ain, pp. 128-283; et pour plus d'informations cf http://sinedolo.com

  • Portail de la Révolution française Portail de la Révolution française
Ce document provient de « Jean-Marie Fran%C3%A7ois Merlino ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Jean-marie françois merlino de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужно сделать НИР?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Jean-Marie Francois Merlino — Jean Marie François Merlino Jean Marie François Merlino, né le 8 décembre 1737 à Lyon et mort le 16 octobre 1805 à Fareins, (Ain) fut un homme politique français dont l activité s exerça pendant la période de la Révolution. Il …   Wikipédia en Français

  • Jean-Marie François Merlino — Naissance 8 décembre 1737 Lyon Décès 16 octobre 1805 Fareins Nationalité …   Wikipédia en Français

  • François Xavier Lanthenas — Naissance 19 avril 1754 Puy Décès 2 janvier 1799 Paris Nationalité …   Wikipédia en Français

  • Jean-Pierre-André Amar — or Jean Baptiste André Amar (May 11, 1755 mdash;December 21, 1816) was a French political figure of the Revolution.LifeEarly activitiesBorn in a rich family of cloth merchants in Grenoble, he became a lawyer for the local parlement in 1774. Ten… …   Wikipedia

  • Jean-Baptiste-Antoine Nourrisson — Naissance 21 novembre 1768 Lyon Décès 28 juillet 1855 (à 87 ans) Besançon Nationa …   Wikipédia en Français

  • Convulsionnaires — Le vocable « convulsionnaires » est forgé au XVIIIe siècle à partir du terme médical de convulsion. En effet, il sert à l origine à désigner collectivement des individus atteints de troubles mentaux qui, lors de transes mystico… …   Wikipédia en Français

  • Liste Des Membres Du Conseil Des Cinq-Cents — Le Conseil des Cinq Cents était une assemblée législative, mise en place en 1795. Ses membres sont élus par départements: Sommaire : Haut A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z …   Wikipédia en Français

  • Liste des membres du Conseil des Cinq-Cents — Le Conseil des Cinq Cents était une assemblée législative, mise en place en 1795. Ses membres sont élus par départements: Sommaire : Haut A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z A …   Wikipédia en Français

  • Liste des membres du conseil des cinq-cents — Le Conseil des Cinq Cents était une assemblée législative, mise en place en 1795. Ses membres sont élus par départements: Sommaire : Haut A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z …   Wikipédia en Français

  • Membres du Conseil des Cinq-Cents — Liste des membres du Conseil des Cinq Cents Le Conseil des Cinq Cents était une assemblée législative, mise en place en 1795. Ses membres sont élus par départements: Sommaire : Haut A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”