Jean-marc rouillan

Jean-marc rouillan

Jean-Marc Rouillan

Jean-Marc Rouillan, né le 30 août 1952 à Auch dans le Gers, était un des militants du groupe d'extrême gauche français Action directe à l'origine d'actions terroristes dans les années 1970 et 1980.

Arrêté en 1987 avec d'autres membres du groupe, il est condamné en 1989 à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de dix-huit ans, pour l'assassinat de l'ingénieur général de l'armement René Audran en 1985 ainsi que celui du PDG de Renault Georges Besse en 1986.

Il a bénéficié d'un régime de semi-liberté du 17 décembre 2007 au 2 octobre 2008. Ce régime a d'abord été suspendu préventivement « pour éviter tout contact avec la presse » et des « troubles à l'ordre public » à la suite d'une interview publiée dans L'Express[1], puis révoqué, le tribunal d'application des peines anti-terroriste jugeant que ses propos constituaient une « apologie de la lutte armée ».

Sommaire

Biographie

Jeunesse

Né le 30 août 1952 à Auch.

Engagement politique

Il prend part aux activité des Comité d'action lycéen (CAL) puis des Groupes autonomes libertaires sur Toulouse dans l'après-68.

Dans la première partie des années 1970, il participe à la création d'organisations de lutte armée anti-franquiste (Mouvement ibérique de libération, Groupes d'action révolutionnaire internationalistes). Il est arrêté en 1974 puis relâché en 1977.

En 1979, il s'organise au sein de la « coordination politico-militaire interne au mouvement autonome » qui donnera Action directe. Rouillan est arrêté une première fois en 1980 (en compagnie de sa compagne Nathalie Ménigon). Libéré avec les autres militants d'Action directe lors de l'amnistie décidée par le Président Mitterrand en 1981, Rouillan choisit avec une minorité d'Action directe de continuer à la lutte armée.

Cette cellule reprend les attentats à partir de 1982 mais aussi les assassinats (Gabriel Chahine le 13 février 1982, René Audran le 25 janvier 1985 et Georges Besse le 17 novembre 1986, ainsi que deux tentatives contre Guy Brana et le général Henri Blandin).

Il est arrêté le 21 février 1987 en compagnie de Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron et Georges Cipriani.

Prison

Il est condamné en 1989 puis 1994 à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de dix-huit ans (il est donc libérable depuis février 2005). Classé comme DPS (Détenu particulièrement Signalé), il est soumis à un régime d'exception. Il passe 7 ans et 6 mois à l'isolement total. Dès 1989, le Syndicat de la Magistrature qualifiait ces conditions d'incarcération de "traitement inhumain" [2]

En prison, Rouillan s'est distingué par sa détermination : soutien à ses camarades d'Action directe, grève de la faim[3], écriture... Il écrit en outre régulièrement dans le mensuel CQFD notamment des « Chroniques carcérales » témoignant des conditions de vie dans les prisons françaises.

Libération conditionnelle

Jean-Marc Rouillan a bénéficié d'un régime de semi-liberté à partir du 17 décembre 2007 et a travaillé chez son éditeur Agone à Marseille, devant rejoindre un centre de semi-liberté la nuit et les week-ends[4].

Malgré ses années de prisons, Jean-Marc Rouillan reste « convaincu que la lutte armée est nécessaire à un moment du processus révolutionnaire »[5], tout en précisant qu'elle doit être menée « dans des conditions historiquement déterminées »[6].

À la suite d'un entretien accordé le 1er octobre à L'Express et dans lequel il affirmait : « Je n'ai pas le droit de m'exprimer là-dessus... Mais le fait que je ne m'exprime pas est une réponse. Car il est évident que, si je crachais sur tout ce qu'on avait fait, je pourrais m'exprimer. Par cette obligation de silence, on empêche aussi notre expérience de tirer son vrai bilan critique[1] » et de la plainte du parquet de Paris[7], le juge d'application des peines a rendu le 2 octobre une « ordonnance suspendant la mesure de semi-liberté de Jean-Marc Rouillan[8] ». En effet, dans le cas d'une condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité, les années incompressibles ne sont qu'un minimum à l'issue duquel le tribunal d'application des peines peut accorder une libération conditionnelle au détenu. Celle-ci peut toutefois être révoquée si le condamné n'a pas respecté ses obligations[9].

Le 16 octobre, le tribunal d'application des peines (juridiction spéciale anti-terroriste) réuni à la prison des Baumettes a confirmé la révocation[10]. Un pourvoi en cassation contre ce jugement a été formulé[11].

En mars 2009, Jean-Marc Rouillan a été hospitalisé[12]. En avril 2009, il a demandé de nouveau l'obtention d'un régime de semi-liberté[13]. Atteint de la très rare maladie de Chester-Erdheim, il a demandé une suspension de peine comme la loi le prévoit en pareil cas[11].

Rapprochement avec le NPA

Les 28 et 29 juin 2008, à l'occasion de la première réunion nationale des comités pour un Nouveau Parti anticapitaliste, les responsables de la Ligue communiste révolutionnaire ont confirmé avoir eu des contacts avec Jean-Marc Rouillan [14]. Ces contacts ont été dénoncés par Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, L'un des fondateurs de la LCR, Alain Krivine, rétorque que si Jean-Marc Rouillan « accepte le programme du nouveau parti, il viendra, on ne demande pas aux gens leur passé ». Olivier Besancenot ajoute que la LCR appartient « à un courant politique qui désapprouvait et décriait les méthodes d’Action directe à l’époque[15] ».[16]

Ouvrages

  • Je hais les matins, Denoël, 2001
  • Glucksamschlipszig, le roman du Gluck, L'Esprit frappeur, no 115, 2003 (ISBN 2-84405-195-2)
  • Lettre à Jules, Agone, 2004 (ISBN 2-7489-0019-7)
  • La Part des loups, Agone, 2005 (ISBN 2-7489-0050-2)
  • De mémoire (1), Agone, 2007 (ISBN 978-2-7489-0069-9)
  • Le Capital humain, L'arganier, 2007 (ISBN 2-912728-51-7)
  • Chroniques carcérales (2003-2007), Agone, 2008 (ISBN 978-2-7489-0089-7)
  • Les viscères polychromes de la peste brune (Avec 21 interventions de Dado), Editions de La Différence, 2009 (ISBN 978-2729118457)

Notes et références

  1. a  et b « Jean-Marc Rouillan, l'ancien terroriste d'Action directe, parle et pourrait se voir privé de sa semi-liberté », L'Express, 1er octobre 2008.
  2. « Statut des détenus membres d’Action directe », Le Monde, le 22/07/1989, p. 7. « Le Syndicat de la magistrature, qui précise ‘‘ne pas admettre ni faire siennes les théories prônées par AD’’, estime que ‘‘l’isolement rigoureux et prolongé des détenus est assimilable à une torture et à un traitement inhumain et dégradant au regard de la convention européenne de sauvegarde des libertés’’. »
  3. http://apa.online.free.fr/article.php3?id_article=2
  4. « Semi-liberté accordée à Jean-Marc Rouillan cofondateur d'Action directe », Agence France-Presse, 6 décembre 2007.
  5. « Rouillan : « La lutte armée est nécessaire » Libération, 1er octobre 2008
  6. « Jean-Marc Rouillan défend « la lutte armée », Le Nouvel Observateur, 20 février 2007
  7. « Ce que risque Jean-Marc Rouillan », L'Express, 1er octobre 2008.
  8. « La semi-liberté de Rouillan suspendue », L'Express, 2 octobre 2008.
  9. Étude de législation comparée n° 152 - novembre 2005 - La libération conditionnelle, service des études juridiques du Sénat, novembre 2005.
  10. « Retour à la case prison pour Jean-Marc Rouillan », Le Nouvel Observateur, 16 octobre 2008.
  11. a  et b « Malade, Jean-Marc Rouillan demande à sortir de prison pour raison médicale », LibéMarseille, 18 juin 2009.
  12. http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/03/09/jean-marc-rouillan-hospitalise_1165226_3224.html
  13. « Rouillan demande à nouveau sa semi-liberté », LibéMarseille, 24 avril 2009.
  14. Dépêche Associated Press, 29 juin 2008
  15. « La LCR confirme avoir eu des contacts avec Jean-Marc Rouillan »
  16. http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20081002.OBS3780/olivier_besancenot_appelle_a_la_mobilisation_contre_la_.html

Voir aussi

Bibliographie

  • Martine Herzog-Evans, « Une interview qui coûte cher à un ancien terroriste », Recueil Dalloz, 2009, n° 20, pp. 1388-1393. [lire en ligne]

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