Jean-francis held

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Jean-Francis Held


Jean-Francis Held (30 juillet 1930 à Paris - 22 mai 2003) est journaliste et auteur.

Biographie

Il est le fils du psychanalyste René Held (1897-1992). Né à Paris d’un couple de juifs ashkénazes originaires de Russie, et quelque peu mêlé à la révolution russe de 1917 puis au mouvement surréaliste. Élevé sous la houlette de cet homme de grande culture qui allie une brillante carrière psychiatrique à une pratique analytique variée, il suit ses études au lycée Janson-de-Sailly puis à la Sorbonne où il obtient une licence de lettres.

Militant du PCF à partir de 1952[1], il débute sa carrière journalistique à Franc-Tireur, à L’Humanité et à L’Humanité-Dimanche avant de rejoindre Libération au milieu des années 1950. Mais en 1960, il quitte le PCF en même temps que le quotidien de d'Astier de La Vigerie. Il publie alors L’affaire Moumié (Maspero, 1961) tout en collaborant au magazine de reportages “Cinq colonnes à la une”. Il marque aussi une sensibilité aux questions du racisme comme l’illustre sa publication en 1965 d’un ouvrage collectif sur Les Français et le racisme (Payot,) avec le concours du MRAP. Au début de cette même année, il entre au service société du Nouvel Observateur.

Très vite, il se fait remarquer par sa manière de décrypter les modes, les goûts et les comportements de ses contemporains. Consacrant l’essentiel de ses articles aux rapports de l’homme moderne avec les voitures, il atteint une notoriété dans laquelle son article « l'homme à la DS » (28 janvier 1965) n’est pas étranger. Mais, comme l’illustre son envoi à Tel-Aviv pour couvrir la guerre des Six Jours, il se détache progressivement de la rubrique “auto” à partir de 1966. Ainsi, après avoir rassemblé ses articles sur le sujet dans un livre publié en 1970 (Je roule pour vous, Le Seuil), il décrypte d’autres phénomènes comme la drogue, le sport ou encore le rapport aux autres.

Recourant à la psychanalyse dans un style insolent et ironique sans être sarcastique, il réussit à donner du sens aux détails anodins et à les inscrire dans une tendance de la société. Innovant dans un journalisme « de capteur-décrypteur de l'air du temps », il est de « ceux qui ont le plus contribué à donner [au] journal son ton, sa couleur et son originalité »[2]. Politiquement situé dans la gauche modérée, franchement réaliste sur le plan économique, il a cette gouaille parisienne et cette façon joyeuse et argotique de s’exprimer qui lui donne un côté populaire alors qu’il sort du 16e arrondissement et roule en BMW (une motocyclette R60/2).

S’imposant comme le numéro un du service « Notre Époque » après le retour d’Olivier Todd (juin 1970), il n’en laisse pas moins la direction effective du service à ce dernier et sa coordination à François Paul-Boncour puis Christiane Duparc.

Ainsi, il laisse sans difficultés cette dernière s’imposer à la tête du service (1973), se contentant du titre de grand reporter qui lui a été accordé la même année. En 1974, c'est d’ailleurs elle qui lui conseille d’aller faire un tour dans le Luberon. Mais s’il en tire un reportage en 1975, la direction du journal refuse de le publier en raison des « amis » (Althusser, Edgar Morin, Lacouture) dont il se moque. Il doit attendre août 1976 pour le publier non sans susciter des protestations du lectorat. Mais en dehors de ce sujet, il reste éloigné des débats intellectuels si ce n'est pour se faire l’écho de la cause des femmes et de l’avortement au sujet duquel il interviewe Françoise Giroud en avril 1979.

Le même mois, il dénonce la condition féminine en Iran (« Toutes voilées ! », 2 avril 1979). Ce pays est toutefois, avec l’Afghanistan, un des rares pays dont il traite en dehors de la péninsule indochinoise. Car son remplacement de Christiane Duparc à la tête du service “Notre Epoque” de novembre 1977 à mai 1978 s’étant mal passé avec les hommes du service (Alain Schifres, Gérard Petitjean, Fabien Gruhier, Pierre-Marie Doutrelant), il s’y sent quelque peu mal à l’aise et tend à traiter de plus en plus de sujets étrangers, durant l’hiver 1978/1979. Ceux-ci portent essentiellement sur le Cambodge, pays dont son premier grand reportage (« Les naufragés de la révolution ») remontant à octobre 1977 avait marqué les esprits en relatant les témoignages des réfugiés.

Il apparaît alors à la pointe du journal dans la dénonciation des totalitarismes indochinois. Avec des dossiers comme « Indochine : l’autre holocauste » (25 juin 1979) et le « Laos : au nom de Marx et de Bouddha » (5 février 1979) ou des articles sur « Le Vietnam entre deux guerres » (16 octobre 1978), il porte un coup fatal aux mythes révolutionnaires qui avaient emporté un partie de l’équipe dans cette région du monde. Il traite plus rarement de politique intérieure en dehors des élections législatives de 1978 pour lequel il publie un recueil d’entretiens (Si la gauche l'emportait, 1977) avec des personnalités de tous bords : G. Martinet, Jacques Attali, Pierre Bérégovoy, A. Henry, G. Defferre, J.-D. Bredin, J. Daniel, Jean Elleinstein, Jacques Chirac, J. de Fouchier, A. Griotteray, R. Haby, A. Sanguinetti, J. Foyer, R. Hersant, Jean d'Ormesson, A. Bergeron, J. Moreau.

En juin 1979, il accepte donc la proposition d’Olivier Todd d’occuper la tête de la rubrique société-vie moderne de L'Express. Il publie alors un livre sur le tourisme de masse Dix ans d'histoire des Français en vacances et en voyage (Ramsay, 1979). Il s’intéresse aussi à des questions internationales comme le conflit israélo-arabe dont il tire La Déchirure. Voyage au cœur d'Israël (Ramsay, 1983). En 1983, il quitte l'Express pour la codirection de la rédaction des Nouvelles puis, en 1984, celle de l'Événement du jeudi où il est aussi éditorialiste. Il écrit aussi des romans (le Grand Arc orientale, les Nouvelles Amours de Troïle et Cresside) qui auront moins de succès. Décédé en mai 2003, il appartenait, selon Jean-François Kahn qu’il avait suivi à Marianne, à « cette génération très cultivée, très littéraire » de « journalistes écrivains ».

Sources : Bilan de son expérience journalistique fournie par sa contribution à l’ouvrage de M. Achard, Les années 60 en noir et blanc, Paris, A.-M. Métaillié, pp. 61–78.

Bibliographie

Notes

  1. D’après Emmanuel Ratier, Encyclopédie politique française, Paris, Faits & Documents, 1992,
  2. Josette Alia, « L'homme qui faisait parler les choses », Le Nouvel Observateur, n°2012 – 29 mai 2003
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