Jean-baptiste cléry

Jean-baptiste cléry

Jean-Baptiste Cant Hanet dit Cléry

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Hanet dit Cléry par le peintre Henri-Pierre Danloux.

Jean-Baptiste Cant Hanet, dit Cléry, né à Jardy (Vaucresson) le 11 mai 1759, mort à Hietzing, en Autriche, le 27 mai 1809, est un valet de chambre du duc de Normandie, puis le valet de Louis XVI enfermé à la prison du Temple.

Sommaire

Biographie

Une famille à l’ombre de Versailles

Les biographes qui se sont intéressés à sa famille ont reprit partiellement les Mémoires[1] de son frère Pierre-Louis Hanet : leur arrière-grand-père, un certain Jean Hanet, maître d'armes vivant à Versailles en 1708, et qui aurait acheté la seigneurie de Cléry, en Normandie, où il se serait retiré. La vérité est que ce récit est erroné, la réalité ayant été déformée et enjolivée.

L'acte de mariage des grands parents de Cléry[2] indique que Jean Hanet (1711 † 1775), est le fils d'un cordonnier de Cléry-en-Vexin. D'abord palefrenier aux Petites Écuries de Versailles, il devient charretier au Potager du roi vers 1740, puis entrepreneur des Petites Écuries en 1758. Il a eu dix enfants, une trentaine de petits enfants, dont un certain nombre figure parmi le personnel attaché aux administrations royales : Petites Ecuries, Jardin de Trianon, Musique du roi. Son fils aîné Jean François (1733 † 1793) est palefrenier à la Petite Écurie et prend déjà le surnom de Cléry, tandis que son second fils Cant est piqueur au jardin de Trianon[3].

Cant Hanet (1736 † 1788) quitte rapidement son emploi à Trianon pour louer la ferme du Jardy, le 8 mars 1757[4] et épouse l'année suivante Marguerite Laurent (1737 † 1801), fille d'un aubergiste de Vaucresson. Selon les Mémoires de son fils, Marguerite Laurent est sélectionnée en 1763 pour être la nourrice de Madame Élisabeth, mais un accident l'empêche d'exercer cette charge. Elle n'en est pas moins remarquée par Victoire Armande de Rohan, femme de Henri Louis Marie de Rohan, prince de Rohan-Guéméné, qui l'emploie comme nourrice de son fils Charles Alain Gabriel (1764 † 1836). Une amitié s'est certainement nouée entre les deux femmes, car la princesse de Guéménée se charge par la suite d'assurer l'avenir des fils de Cant Hanet et de Marguerite Laurent[5].

À la cour

Madame de Guéménée tient parole et envoie les garçons dans la maison d'éducation tenue par Guiné. Outre Jean Baptiste, Pierre Louis Hanet bénéficie de la même faveur, qui semble s'être étendue à deux autres frères, lesquels seront employés dans la domesticité de la Cour de Prusse. Le dernier frère, âgé de cinq ans lors du scandale de la banqueroute des Rohan, n'a pas pu en bénéficier. C'est à cette époque que Jean Baptiste Cant, imitant son oncle, use du surnom de Cléry pour être distingué de son frère Pierre Louis[5].

En 1778, à la naissance de Madame Royale, Madame de Guéménée préfère placer Pierre Louis comme valet de chambre de la princesse et garder Jean Baptiste Cant comme secrétaire à son service. En 1781, à la naissance du dauphin, elle lui réserve une place de valet de chambre mais continue à le garder à son service. Malheureusement, le prince et la princesse de Guéménée, pour tenir leur rang, doivent de plus en plus souvent recourir aux emprunts, et se retrouvent en octobre 1782 dans l'incapacité de rembourser leurs dettes s'élevant à trente trois millions de livres. Le scandale est tel que les époux doivent abandonner leurs charges, tombent en disgrâce et doivent s'exiler[6]. Les places vacantes de la domesticité du dauphin sont pourvue et Cléry, qui vient de se marier, se retrouve alors sans emploi. Mais la reine Marie-Antoinette, avertie de la situation, le fait nommer comme barbier du roi et le poste de valet de chambre du prochain enfant royal à naitre. Cet enfant est le duc de Normandie, né en 1785[5].

Le 4 juin 1789, le duc de Normandie devient dauphin, à la mort de son frère aîné, mais la révolte gronde et les Parisiens transfèrent la famille royale à Paris le 6 octobre 1789. Cléry et sa famille suivent la cour et s'installent à Paris, tandis que Pierre Louis continue de vivre à Versailles et cumule à sa charge de valet celle de la gestion de moulins pour subvenir aux besoins de sa mère, devenue récemment veuve[5]. Le 10 août 1792, la foule parisienne envahit le palais des Tuileries. La famille royale parvient à s'enfuir et à se réfugier à l'Assemblée Nationale, et la foule furieuse de voir sa proie s'échapper, massacre la garde suisse et une partie des serviteurs. Cléry et Agathe de Rambaud, femme de chambre du Dauphin, s'enfuient par une fenêtre et se réfugient chez le cousin de celle-ci, l'architecte Louis Le Dreux de La Châtre. C'est à ce dernier qu'il doivent de ne pas être arrêtés par une patrouille et envoyés à la prison de Vaugirard quand ils s'enfuient de Paris pour rejoindre leurs familles à Versailles[5].

La captivité au Temple

Le Louis XVI que sert Jean-Baptiste Cléry ne ressemble plus guère au Louis XVI peint par Duplessis

Le 26 août 1792, Cléry demande à Jérôme Pétion de Villeneuve, maire de Paris, la permission de servir le roi durant sa captivité au Temple et l'obtient. Un commissaire municipal introduit immédiatement Cléry dans la Tour du Temple.

M. Cléry devient le valet de chambre de Louis XVI qu'il sert pendant cinq mois jusqu'au 21 janvier 1793. Madame Cléry loue deux chambres proche du jardin de la Tour du Temple et elle compose de la musique qu'elle joue quand la reine se promène dans ce jardin. Mais la police fait cesser ces concerts[7]. Elle paye également un crieur des rues qui annonce les nouvelles importantes et les délibérations de la Convention, ce qui permet à Cléry de tenir le roi informé des nouvelles[8].

Jean-Baptiste Cléry essaie d'adoucir le sort de son maître. Il essaie aussi de l'empêcher de penser à sa mort et à l'avenir incertain de sa sa famille. Beauchesne écrit : Valet de chambre aux Tuileries, Cléry était un ami au Temple...[9]. Avant de mourir Louis XVI lui dit : Plus de courage, Cléry, ceux qui m'aiment ne doivent-ils pas souhaiter la fin d'une si longue agonie ? [10]. Cléry lui répond : Ah! mon maître, si mon zèle a pu vous être agréable, donnez-moi votre bénédiction. Le roi serre alors Jean-Baptiste Cléry contre son sein [11].

Cléry n'est pas libéré car son dévouement au roi lui vaut quelques semaines de détention supplémentaire au Temple. Libéré en mars 1793, il est arrêté et emprisonné à la prison de la Force le 25 septembre 1793. Il n'est libéré que le 9 août 1794, après la chute de Robespierre, (9 thermidor an II ou 27 juillet 1794)[12].

L’émigration

Sans ressources, il trouve un emploi dans les bureaux des subsistances de la ville de Paris[12], mis la modicité du salaire et la dévaluation de l'assignat l'obligent à vendre ses biens. Des négociations entre la France et l'Autriche aboutissent à la libération de Marie Thérèse de France (1778-1851). Cléry cherche à l'approcher et rejoint son frère à Strasbourg où il trouve un emploi d'inspecteur de l'agence des subsistances. C'est là que, étranger à toute comptabilité, il rédige son Journal. N'ayant pu contacter la princesse, il quitte la France avec l'aide de la France et ne rejoint Madame Royale qu'en Autriche, puis le comte de Provence à Vérone. Ce dernier lui confie plusieurs missions[13]. Il tente de publier son Journal à Vienne, mais n'en obtient pas l'autorisation et profite d'une mission en Angleterre pour le faire imprimer à Londres, en 1798 et obtient rapidement le succès. Le futur Louis XVIII le nomma premier valet de la Chambre du roi et Chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis[14].

Le château de Schönbrunn est situé à Hietzing, localité où meurt Jean-Baptiste Cléry.

Autorisé à rentrer en France en 1801, il ne revient qu'en 1803, auprès de sa femme et de ses trois enfants encore en vie. Napoléon Bonaparte, qui cherche à s'attacher des ancien serviteur de la Couronne lui fait proposer par Madame Campan le poste de premier chambellan de Joséphine de Beauharnais, mais Cléry le refuse et s'exile[13] et rejoint Marie Thérèse de France (1778-1851), à Varsovie et à Vienne[12].

Jean-Baptiste Cléry est frappé d'apoplexie en automne 1808, il meurt en Autriche dans une propriété qu'il avait acquise, le 27 mai 1809, à Hietzing, en Autriche. Il est enterré sous l'épitaphe : Ci-gît le fidèle Cléry[12].

Mariages et enfants

Le 30 septembre 1782, à la paroisse Notre-Dame de Versailles, il épouse Marie Elisabeth Talvaz-Duverger (1762 † 1811), fille d'un musicien de la Musique du roi. De ce mariage sont nés :

  • Bénédicte Hanet-Cléry (1783 † 1856), marié en 1809 à Aylesbury avec Edouard Gaillard, officier émigré au service du comte de Provence
  • Pierre François Hanet-Cléry (1785 † mort jeune)
  • Charles Hanet-Cléry (1786 † 1811), soldat émigré fusillé après la bataille de Zujar, en Espagne.
  • Hubertine Hanet-Cléry (1787 † ), mariée à Thomas Grem, directeur des Postes à Charleville.
  • Louis François Hanet-Cléry (1789 † 1795)

Les Journaux et les Mémoires

L'unique œuvre de la main de Cléry est :

  • Jean-Baptiste Cléry, Journal de ce qui s'est passé à la tour du Temple pendant la captivité de Louis XVI, Londres, 1798.

Afin de discréditer ces mémoires, le Directoire fait publier une fausse édition intitulée Mémoires de Monsieur de Cléry sur la détention de Louis XVI.

Un des frères de Cléry, Pierre Louis Hanet, a publié à Paris en 1825 des Mémoires où il s'efforce de justifier ses actions au services de la Première République[15] et tente de montrer qu'il est resté fidèle à la royauté.

Notes et références

  1. Pierre Louis Hanet-Cléry, Mémoires, Paris, 1825 .
  2. Mariage de Jean Hanet et de Louise Turcq à Paris, paroisse de Saint-Germain-l'Auxerrois le 19 mai 1733 (Archives de Paris).
  3. Acte de baptême de Marguerite Girardin, paroisse Saint-Louis de Versailles, 23 mai 1756 (Archives départementales des Yvelines).
  4. Dr Ed Christen, Vaucresson, depuis ses origines jusqu'à nos jours, notice historique, Versailles, 1923 .
  5. a , b , c , d  et e Pierre Louis Hanet-Cléry, Ibid
  6. Trois ans plus tard, c'est un autre membre de la famille, le cardinal de Rohan, qui se retrouve impliqué malgré lui dans le scandale de l'Affaire du collier.
  7. Hoefer Jean Chrétien Ferdinand, Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, avec les ..., p. 842
  8. Journal de ce qui s'est passé à la Tour du Temple pendant la captivité de Louis XVI, per M. Cléry, et autres mémoires sur le Temple, Mercure de France, coll. « Le temps retrouvé », 1968 (réimpr. 1987) (ISBN 2-7152-1445-6), p. 50-1 .
  9. Alcide de Beauchesne, Louis XVII, sa vie, son agonie, sa mort, captivité de la famille royale au Temple : ouvrage... p. 379
  10. Louis XVII, sa vie, son agonie, sa mort; captivité de la famille royale au Temple, Alcide de Beauchesne, H. Plon, p. 464
  11. La mort de Louis XVI. Scènes historiques, Armand Du Chatellier, Picard, 1875, p. 320
  12. a , b , c  et d M. Prévost et Roman d'Amat et , Dictionnaire de Biographie Française, vol. 8, Librairie Letouzey et Ané, Paris, 1959 .
  13. a  et b M. Michaud et , Biographie Universelle Ancienne et Moderne, A. Thoisnier Desplaces Éditeur, Paris, 1844 .
  14. Journal de ce qui s'est passé à la Tour du Temple, Ibid, p.15-6
  15. Il a été munitionnaire des armées républicaines.

Annexes

Bibliographie

  • Saurat Pierre, L'adieu au roi et à la reine, Saurat éditeur, 1987

Liens externes

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