Jacques Gleyse

Jacques Gleyse
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Jacques Gleyse, né le 10 octobre 1952 au Vigan, est un chercheur français en histoire et anthropologie du corps et en Éducation physique et sportive. Son objet réside dans les rapports qu'entretiennent " la chair " et le " le verbe " au sein de la corporalité.

Sommaire

Biographie

Il enseigne comme professeur des universités en STAPS à l'IUFM de Montpellier, à l'université Paul Valéry de Montpellier (directeur de recherche) et à l'Université de Montpellier I (UFRSTAPS). Il est docteur en sciences de l'éducation (1987) et habilité à diriger les recherches en Lettres et Sciences humaines (1997). Il a été membre de la première promotion des agrégés d'éducation physique et sportive en 1983, et à ce titre diplômé de l'Académie des sports cette même année et plusieurs fois membre des jurys de CAPEPS et d'Agrégation externe ou interne d'EPS.

Il a été professeur invité au sein de plusieurs universités du Brésil (Belem, Campinas, Florianopolis, Natal), d'Argentine (Buenos-Aires, Cordoba, Villa Maria), d'Allemagne (Berlin), Belgique (Louvain-la-Neuve) et d'Italie (Torino, Voghera). Il fut par ailleurs, professeur invité à l'École normale supérieure d'EPS de 2005 à 2011. Il a été également sollicité pour de nombreuses conférences au plan national.

Il a été l'organisateur ou le coorganisateur de multiples colloques nationaux ou internationaux dont Le Corps en Mouvement 2 et le colloque mondial de l'ISHPES à Montpellier.

Il a dirigé et dirige encore aujourd'hui plusieurs thèses d'anthropologie du corps (sociologie et anthropologie), STAPS ou de Sciences de l'éducation. Il est expert STAPS, pour l'Agence nationale de la recherche (ANR) dans le cadre du programme « Vulnérabilité ». Il est membre du conseil scientifique des revues Corps et Pensar a practica (Brésil).

Domaine

Il a été l'un des premiers à tenter d'appliquer une archéologie foucaldienne des discours au champ de l'éducation physique scolaire dans son ouvrage Archéologie de l’éducation physique au XXe siècle en France (1995, rééd. 2006) où il montre comment l'école et les technologies laborieuses fonctionnent en système ou en homologie avec la structure du discours de l'éducation physique (isomorphisme archéologique selon les mots de Michel Foucault[1]. Il montre également, dans cet ouvrage, la porosité d'un discours à son environnement. Il décrit ainsi l'ordre du discours de l'Éducation physique et sportive, de l'École et du Travail qui se découpe en trois séquences majeures : la première, mécanique, la deuxième machinique, industrielle et énergétique, la troisième enfin tertiaire et informationnelle. Il qualifie cette séquence transformative de « cognomorphose » autrement dit du passage d'un contact de la main avec la matière à un contact du cerveau avec l'information, dans ces trois domaines en dialogue. Il décrit ainsi, poursuivant le projet foucaldien, une forme spécifique de micro et de biopouvoir.

Par la suite, il a mis en œuvre cette même méthode dans L'Instrumentalisation du corps (1997). Cette fois il s'agissait de définir des isomorphismes archéologiques et des structures du discours de l'instrumentation rationnelle des corps. Ici il décrit les structures archéologiques qui font passer le corps d'un statut d'objet fabriqué par Dieu et de la nature à celui d'un objet fait ou refait de la main de l'homme (le manus opera de Vesalius). Il décrit alors différentes déclinaisons de cette fabrication du corps au cours des quatre derniers siècles, la dernière étant qualifiée d'hypermodernité hédoniste en opposition au concept de postmodernité. Dans la même perspective il a publié avec Renata Freccero La fabrica dei corpi (2001).

Depuis maintenant une quinzaine d'années, il s'intéresse également à l'anthropologie des techniques du corps au sens le plus extensif du terme. Il a récemment publié plusieurs articles dans différentes langues sur les rapports entretenus par la « chair » et le « verbe » au sein de la structure corporelle. Les recherches entreprises sous sa direction aussi bien au sein de l'équipe Corps et Culture que de la JE 2416 ou actuellement de la JE 2516, ont permis de faire émerger l'idée que la société contemporaine, notamment dans le domaine des pratiques corporelles est celle de l'oxymore ou de la hiérogamie, c'est-à-dire finalement du rapprochement des contraires (par exemple la modernité ET la tradition, la Communauté ET la Société, la compétition ET la fraternité, l'élite ET la masse...). Par ailleurs, il a particulièrement tenté de décrypter ce que, de manière plus large, on a dénommé « L'invention de la tradition[2] » notamment dans le domaine des pratiques d'exercice (Joutes Languedociennes, Courses camarguaises...), montrant ainsi la difficulté qu'il y a, à vouloir reconstruire une « tradition culturelle » (qui souvent est réinventée après coup par un groupe spécifique : il rejoint ici la thèse d'Aurélie Epron sur l'invention de la lutte bretonne).

Ses derniers travaux s'intéressent aux modèles totalitaires de corps véhiculés notamment par la poupée Barbie ou encore par les images de publicité. Il travaille également sur de nouvelles épidémies du XXIe siècle en Occident telles que la boulimie ou l'anorexie. Il participe activement à la jeune équipe santé, éducation et situations de handicaps[3] en dirigeant de nombreuses thèses et masters 2. Une réorientation thématique des recherches est en cours sur la question du handicap et de l'école ainsi que sur les notions de tératologie et la question des limites de l'Humain et de l'Humanité. Il s'appuie notamment, dans cette perspective sur les travaux de Mary Douglas, notamment Purity and danger, 1965 et How institutions think. Le dialogue de la « chair » et du « verbe » est particulièrement interrogé, dans ce cadre de travail. Il est désormais le socle fondateur de l'ensemble des recherches qu'il réalise ou anime.

Il a été l'un des fondateurs et des rédacteurs de la revue Corps & Culture[4], il est également le directeur de la revue STAPS, International Journal Of Sports Science and Physical Education[5]www.afraps.fr/, depuis 2001. Il est par ailleurs l'un des membres fondateurs de la revue Tréma (revue reconnues AERES Sciences de l’Éducation) et membre du comité scientifique de la revue Corps et de la revue brésilienne Pensar a practica. Il est en outre membre du conseil d'administration de l'Association francophone pour la recherche en activités physiques et sportives (AFRAPS). Il est expert pour de multiples revues portant sur le sport, le corps ou l'éducation dans le domaine des sciences humaines.

Controverses et critiques

Le livre Archéologie de l'Éducation Physique et Sportive au XXème siècle, publié aux Presses Universitaires de France, a fait l'objet d'une tardive et sévère critique par Jacques Defrance dans la Revue STAPS, no 42, en 1997, soit deux ans après sa parution. Cette note de lecture, intitulée « L'histoire critique dans un état critique », dénonce « un vocabulaire ronflant », une ignorance de l'histoire et une posture épistémologique floue, oscillant entre histoire et philosophie . Le propos de l'auteur comporte deux aspects. Le premier renvoie plus directement à la signification du livre au sein des STAPS; Jacques Defrance craint en effet que ce livre fasse des « ravages » au sein des STAPS, en raison du « jargon » et du vocabulaire employé. Le deuxième aspect se centre sur un aspect purement scientifique et dénonce le manque de données empiriques, le manque de cohérence entre le discours de et les références utilisées. « En résumé, le livre de Gleyse paraît dans un premier temps échapper aux sciences sociales et historiques classiques, pour aller vers une certaine philosophie: mais à l'examen, il n'est ni sur le terrain philosophique de Michel Bernard, ni sur celui de Michel Foucault. Il agence un mélange de propositions épistémologiques, qui par leurs incompatibilités, produisent un effet de brouillage, plutôt qu'une clarification » (p. 99)4. À cette attaque, Jacques Gleyse a répondu dans ce numéro 45 de la revue STAPS. Sa réponse a été en partie censurée, on le sait aujourd'hui (témoignages d'Yves Le Pogam et Pr. Gilles Bui-Xuân), par la direction du moment de la revue (Pr. Richard Pfister)[réf. nécessaire]. Elle démontait point par point l'argumentaire de Jacques Defrance sur des bases scientifiques et rationnelles (voir STAPS 45). Elle rappelait que tout l'argumentaire de Jacques Gleyse, dans Archéologie de l'Education Physique au XXe siècle en France (PUF, 1995, L'harmattan 2006), repose sur des citations précises, référencées et sur des preuves factuelles (Gleyse J., PUF, 1995, L'harmattan, 2006). Cela fait, selon l'auteur, la spécificité de cette archéologie particulière poursuivie dans d'autres ouvrages (dernièrement sur les manuels scolaires de morale et d'hygiène). Elle expliquait que l'argumentaire de Jacques Defrance n'avait rien de rationnel mais était entièrement biaisé par des considérations affectives (STAPS, 45, Réponse de J. Gleyse). Les évènements survenus ensuite au sein de l'AFRAPS pour lesquels des poursuite pénales ont été engagées (compte-rendu CA AFRAPS, voir colloque 30 ans de l'AFRAPS Mai 2011, Paris: plusieurs interventions dont celle de Nancy Midol), contre un membre du Conseil d'Administration (pour violences physiques contre Nancy Midol), ont montré le bien fondé de la réponse de Jacques Gleyse (au sujet de l'implication affective et non académique). Ses publications ultérieures dans des revues indexées telles 'Sport, Education and Society, STADION ou le Canadian Journal of History (Annales canadiennes d'histoire), closent cette polémique qui reposait, sans doute, sur d'autres bases que le texte de l'ouvrage lui-même. De plus, Jacques Gleyse revendique, conformément aux positions défendues par Michel Foucault (1969), le redéploiement de l'archéologie dans d'autres domaines et selon d'autres formes que celles initialement mises en œuvre par le philosophe critique. L'Instrumentalisation du corps. Archéologie de la rationalisation instrumentale du corps de l'Age classique à l'Epoque hypermoderne, n'a fait l'objet d'aucune critique alors qu'il s'appuyait à peu près sur les mêmes fondements théoriques, bien que touchant à des objets très différents (L'harmattan, 1997). Il fut l'objet d'émissions à France Culture, notamment Le Gai Savoir de Gérard Gromer, en 1998 (archives Radio France)[réf. nécessaire].

Publications

  • Enseigner l'EPS ? !, AFRAPS, 1993
    co-écrit avec J. Bui-Xuân G..
  • Archéologie de l'Éducation physique et sportive au XXe siècle en France, Le corps occulté, Paris, PUF, 1995
    réédité par L'harmattan en 2007
     
  • L'instrumentalisation du corps. Archéologie de la rationalisation instrumentale du corps de l'Age classique à l'époque hypermoderne, Paris, L'harmattan,, 1997 
  • L'Éducation physique au XXe siècle. Approches historique et culturelle, Paris, Vigot,, 1999 
  • L’Émergence de l'Education physique, Hatier,, 2001
    co-écrit avec G. Bui-Xuân.
  • La fabrica dei corpi, Levrotto & Bella,, 2002
    co-écrit avec R. Freccero.
  • L'EPS de ses environnements à l'élève, Vigot,, 2004
    co-écrit avec D. Cebe et G. Lecoq.
  • Le verbe et la chair. Un siècle de bréviaires de la République. Une archéologie du corps dans les manuels scolaires de morale et d'hygiène (1880-1974), L'Harmattan,, 2010

Jacques Gleyse est également l'auteur de plus d'une centaine d'articles (en français, anglais, allemand, brésilien, espagnol et italien) dans des revues, des ouvrages collectifs ou des interventions en colloques. Il a réalisé également de nombreuses conférences invitées dans plusieurs pays du monde notamment au Brésil et en Argentine.

Références et sources

  1. Michel Foucault, L'Archéologie du savoir, Gallimard, 1969
  2. Eric Hobsbawm et Terence Ranger, L'invention de la tradition, 1983
  3. JE 2516
  4. Corps et culture
  5. Staps, De Boeck Université

Liens externes



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