- Isaac Babel
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Isaac Babel (en russe : Исаа́к Эммануи́лович Ба́бель) est un écrivain juif d’expression russe, né dans le ghetto juif d’Odessa le 13 juillet 1894, fusillé le 27 janvier 1940 à Moscou.
Sommaire
Biographie
Isaac Babel est né dans une famille juive aisée d’Odessa. La ville connaît alors de fréquents pogroms. Il échappe à celui de 1905. Il fréquente l’école de commerce d’Odessa, tout en étudiant aussi parallèlement la religion juive. Il apprend ainsi à lire le yiddish et acquiert aussi une bonne maîtrise de la langue et de la littérature française. Flaubert et Maupassant sont les auteurs qui le marqueront le plus et ils auront une influence très forte sur son style littéraire. Pendant la Première Guerre mondiale, il se rend à Petrograd. En 1916, il y est remarqué par Maxime Gorki qui lui conseille d’abandonner quelque temps la littérature et « de courir le monde » pour engranger des impressions de la vie. Il soutient la Révolution russe puis s’engage dans l’Armée rouge en 1920.
Babel résume ainsi son activité pendant les premières années du régime soviétique : « Et, sept années durant, de 1917 à 1924, je suis entré dans le monde. Pendant ce temps, j’ai été soldat sur le front roumain, puis j’ai travaillé à la Tchéka, au Commissariat du peuple à l’éducation, j’ai pris part aux expéditions de réquisition de nourriture en 1918, aux combats de l’armée du Nord contre Youdénitch, à ceux de la Ière armée de cavalerie, j’ai participé au comité de province d’Odessa, j’ai été responsable de publication de la 7e typographie soviétique d’Odessa, j’ai travaillé comme reporter à Pétersbourg et à Tiflis, etc. Je n’ai appris qu’en 1923 à exprimer mes idées de façon claire et pas trop longue. C’est alors que je me suis remis à écrire »[1].
Il est dénoncé en 1939 par Nikolaï Iejov, le chef du NKVD (dont la femme était l’ancienne maîtresse de Babel) pour avoir dénigré Staline en privé. Probablement torturé lors des huit mois de sa détention, il avouera « les crimes » retenus contre lui : trotskisme, espionnage au profit de la France et de l’Autriche — on l’accusera d’avoir été l’informateur d’André Malraux sur l’aviation soviétique[2] — et pour ses liens avec la femme de « l’ennemi du peuple » Iejov. Babel est secrètement fusillé le 27 janvier 1940. Ses cendres reposent au monastère Donskoï de Moscou, dans la même fosse commune que celles de son dénonciateur Iéjov, fusillé peu de temps après lui.
Son œuvre est interdite jusqu’à la réhabilitation de l’écrivain en 1954, au moment de la déstalinisation. Les manuscrits saisis lors de son arrestation n’ont jamais été retrouvés.
Analyse des œuvres
Isaac Babel est l’auteur d’une série de nouvelles regroupées dans Cavalerie Rouge (Konarmiya), publié en 1926, récit sur sa participation, comme correspondant de guerre (sous le nom romancé de Lyoutov), à la campagne de Pologne dans la Première Armée de cavalerie de Boudienny en 1920, en pleine guerre civile. Il décrit des soldats courageux mais brutaux et incultes, dont le comportement rappelle celui des cosaques de l’ancien temps (ceux, par exemple, évoqués par Nicolas Gogol dans Tarass Boulba) et dont les convictions politiques sont assez floues. Les cavaliers de Babel sont capables de tuer pour la Révolution, mais ils n’ont que des notions assez vagues de ce que peut être le communisme. Ce portrait sans concession ne fut pas du goût de Boudienny qui ne cessa d’accuser Babel de salir ses hommes.
Le narrateur, qui n’est pas sûr de son identité, rencontre, dans la nouvelle intitulée Ghedali le juif du shtetl éponyme qui lui propose de participer à une « Internationale des gens de cœur ». « La révolution, nous lui dirons oui, mais faut-il que nous disions non au shabbat ? » lui-demande-t-il.
Babel est également l’auteur des Récits d’Odessa, écrits en 1927 et publiés en 1931, recueil de nouvelles décrivant avec ironie les petites gens, les bas-fonds et la pègre juive d’Odessa.
Selon Maurice Friedberg, il essaya toute sa vie de « concilier en lui le Juif mi-sentimental mi-cynique, émancipé depuis peu des commandements du judaïsme orthodoxe, et le communiste orthodoxe et rigoriste qu’il était devenu ».
Citations
Œuvres
- Cavalerie rouge (traduit du russe avec une introduction par Maurice Parijanine), Gallimard, 1959.
- Cavalerie rouge, suivi des récits du cycle « Cavalerie rouge », des fragments du journal de 1920, des plans et esquisses (traduction, notes et étude de Jacques Catteau), Lausanne, L’Âge d’Homme, 1972. Disponible également au Seuil, collection Points, 1986.
- Cavalerie rouge (traduction Irène Markowicz et Cécile Térouanne) suivi de Journal de 1920 (traduction Wladimir Bérélovitch), Arles, Actes Sud, 1997.
- Contes d’Odessa (traduit par A.Bloch et M.Minoustchine), Gallimard, 1967.
- Récits d’Odessa et autres récits (traduits du russe par Irène Markowicz et Cécile Térouanne, sous la direction d’André Markowicz), Arles, Actes Sud, 1996.
- Chroniques de l’an 18 (traduit du russe sous la direction d’André Markowicz), Actes Sud, 1996.
- " Entre chien et loup" adapté par Koukou Chanska et François Marié, "Marie" traduit par A. Bloch, théâtre NRF Théâtre du Monde entier 1970
- Œuvres complètes (traduit du russe par Sophie Benech), Paris, Le Bruit du temps, 2011[3].
Annexes
Bibliographie
- Isaac Babel, l’homme et l’œuvre de Judith Stora-Sandor, Paris, Klincksiek, 1968
- Sténo sauvage - La vie et la mort d’Isaac Babel, de Jerome Charyn, éd. Mercure de France 2007
- Carnet d’URSS (1934), d’André Malraux, éd. Gallimard
- La parole ressuscitée : archives littéraires du KGB de Vitali Chentalinski, éd. Hachette 1994
- Cavalerie rouge d’Isaac Babel : invitation à la lecture de Laurent Fabien, éd. Publibook 2005
Film
Le film de Chris Marker, Le Tombeau d'Alexandre (1993), évoque largement la mémoire d’Isaac Babel et donne la parole à ses proches.
Notes et références
- Les Écrivains, autobiographies et portraits des prosateurs russes contemporains, 1924, sous la direction de Vladimir Lioine, publié à Moscou en 1926 (cité dans Chroniques de l’an 18, coll. Babel, Actes Sud, p. 11).
- Le Point, 31 mai 2007 La vie brisée d’Isaac Babel,
- Isaac Babel sort du purgatoire » sur http://www.lexpress.fr/culture/livre, 11/10/2011. Consulté le 16/11/2011 Emmanuel Hecht, L'Express, n°3149, 9/10/2011. Babel cavalier seul, «
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