- Internationale lettriste
-
L’internationale lettriste a été fondée « arbitrairement » à Bruxelles en juin 1952. Regroupement de certains lettristes dissidents (Jean-Louis Brau, Guy-Ernest Debord, Serge Berna, Gil J Wolman) ayant rejeté le lettrisme « isouïen », elle marque définitivement sa désolidarisation après un scandale perpétré à l'encontre de Charlie Chaplin qu'Isidore Isou refusa de cautionner[1].
Tout en s'inspirant des théories du Soulèvement de la Jeunesse et de la destruction des arts prônées par Isou, cette dissidence du lettrisme se rapproche plutôt du marxisme révolutionnaire, du dadaïsme berlinois et des pensées nihilistes et anarchistes. L'internationale lettriste n'a donc de lettriste que le nom, et possède déjà toutes les germes théoriques de ce qui deviendra l'Internationale situationniste (dérive, psychogéographie, détournement, urbanisme unitaire...).
Sommaire
Histoire
En 1953-1954, après l'exclusion de plusieurs de ses membres (J.-L. Brau, J.-M. Mension, S. Berna), la brève apparition de Gaëtan M. Langlais (alias Double-Wagon) [2] et d'Ivan Chtcheglov (alias Gilles Ivain) [3] marque une évolution notable de l'I.L., avec le développement de quelques thèmes essentiels (détournement, dérive, psychogéographie, construction d'ambiances) qu'on retrouvera ensuite dans Potlatch (1954-1957), le bulletin de l'I.L., et qui anticipent la formulation théorique d'une grande partie des futurs projets situationnistes.
Il existe très peu d'œuvres de la période "Internationale Lettriste", si ce n'est quelques collages réalisés en 1953/1954 et nommés "Métagraphies" (ou plus précisement métagraphies influentielles) signés Wolman, Debord, Langlais ou Gilles Ivain. La métagraphie est , à la base, un art créé par Isidore Isou en 1950 qui se base sur l'exploitation de tous les signes (alphabets, codes, idéogrammes...) de la communication. Les membres de l'I.L ont repris ce terme pour leurs collages constitués d'éléments détournés issus de journaux ou de magazines, revenant à une attitude proche des collages dada de Haussman, Schwitters ou Heartfield.Wolman est exclu du mouvement par Debord en 1957, année où l'Internationale Lettriste est fondue dans l'Internationale situationniste.
Concepts
Quelques membres
- Guy Debord
- Gil J Wolman
- Jean-Louis Brau
- Serge Berna
- Jean-Michel Mension
- Gilles Ivain (Ivan Chtcheglov)
- Mohamed Dahou
- Gaëtan M. Langlais
- Michèle Bernstein
- Patrick Straram
Œuvres cinématographiques
- Gil J Wolman, L'Anticoncept (1951).
- Guy-Ernest Debord, Hurlements en faveur de Sade (1952).
- Guy-Ernest Debord, assisté de Gaëtan M. Langlais, La Belle Jeunesse, projet inabouti (cf. Internationale lettriste, n°3, août 1953).
- Jean-Louis Brau, La Barque de la vie courante, projet inabouti.
Repères bibliographiques
- Internationale lettriste, 4 numéros (Paris, 1952-1954).
- Visages de l'avant-garde, 1953, inédit, Paris 2010.
- Potlatch, "bulletin d'information de groupe français de l'Internationale lettriste" puis "bulletin d'information de l'Internationale lettriste", 29 numéros (Paris, 1954-1957) ; rééd. augmentée, éditions Champ Libre, Paris, 1985. Edition de poche Folio, Gallimard, Paris, 1996.
- Les Lèvres Nues, 12 numéros (Bruxelles, 1954-1958) ; rééd. en fac-similé des douze numéros, Paris, 1978.
- Ed Van der Elsken, Love on the Left Bank, Amsterdam, Hamburg, London, 1956.
- Jean-Louis Brau, Cours camarade, le vieux monde est derrière toi, Paris, 1968.
- Eliane Brau, Le Situationnisme ou la Nouvelle Internationale, Paris, 1968.
- Jean-Louis Brau, Le Singe appliqué, Paris, 1971.
- Documents relatifs à la fondation de l'Internationale situationniste, 1948-1957, Paris, 1985.
- Jean-Michel Mension, La Tribu, Paris, 1998.
- Guy Debord, Le marquis de Sade a des yeux de fille, Paris, 2004 (fac-similés de lettres adressées au début des années cinquante par Guy Debord à Hervé Falcou et Ivan Chtcheglov).
Notes
- 29 octobre 1952, lors de la venue de Charlie Chaplin à Paris pour présenter son film Limelight, Berna, Brau, Debord et Wolman lancèrent un tract d'insulte (Finis les pieds plats!) qui traitait notamment Chaplin d'« escroc aux sentiments » et de « fasciste larvé ». Isou, Pomerand et Lemaître, refusant de cautionner cette action, publièrent aussitôt un démenti dans le journal Combat du 1er novembre 1952. Ce désaveu public acheva de marquer cette séparation idéologique. Le
- Marcel Henri Langlais (dit Gaëtan M., 1935-1982), signataire du tract Touchez pas aux lettristes (avril 1953) diffusé après l’arrestation de Pierre-Joël Berlé, auteur de Jolie Cousette (texte par détournement, 1952-1953), de l'une des inscriptions murales les plus populaires au sein de l'I.L. (« Les Chinoises pour Gaëtan ») et d'un projet de film avec Guy-Ernest Debord : La Belle Jeunesse. Dans le troisième numéro d'Internationale lettriste (août 1953), il a rédigé avec Guy-Ernest Debord et Gil J Wolman l'« Acte additionnel à la constitution d'une Internationale lettriste » (« Les rapports humains doivent avoir la passion pour fondement, sinon la terreur ») et « Il faut recommencer la guerre en Espagne ». Démissionnaire de l’Internationale lettriste en février ou mars 1954 (selon Potlatch, « exclu » pour « bêtise »), quelques mois avant l'exclusion d'Ivan Chtcheglov.
- Découvreur du Continent Contrescarpe, peintre, auteur du Formulaire pour un urbanisme nouveau (1953-1954) dont une version établie par Guy-Ernest Debord a paru en 1958 dans le premier numéro de la revue Internationale situationniste, Ivan Vladimirovitch Chtcheglov (1933-1998) a réalisé, seul ou en compagnie de Gaëtan M. Langlais, de nombreuses métagraphies influentielles, dont quelques-unes ont été montrées à Paris, lors d'une exposition organisée par Guy-Ernest Debord et Gil J Wolman à la galerie dite du Double Doute, passage Molière, du 11 juin au 7 juillet 1954.
Voir aussi
Liens
Wikimedia Foundation. 2010.