- Serge Berna
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Serge Berna est un des quatre lettristes (dont Michel Mourre, Ghislain Desnoyers de Marbaix et Jean Rullier) auteurs du fameux "Scandale de Notre-Dame".
Poète dans le cercle de jeunes radicaux autour d'Isidore Isou, et destiné à faire partie de la scission qui quittera Isou pour fonder la plus radicale Internationale lettriste, précurseur de l'Internationale situationniste, c'est Berna qui rédigea le texte nietzschéen et anticatholique déclamé par Michel Mourre le jour de Pâques du 9 avril 1950 à Notre-Dame de Paris, en pleine messe.
Déguisé en dominicain et accompagné par Berna et leurs deux complices qui faisaient office de garde du corps, Mourre est monté en chaire pour y annoncer « la mort du Christ-Dieu pour qu'enfin vive l'Homme ». Ils ne furent pas lynchés grâce à l'intervention de la police.
La Proclamation Mourre-Berna
- Aujourd’hui, jour de Pâques en l’Année sainte,
- Ici, dans l’insigne Basilique de Notre-Dame de Paris,
- J’accuse
- l’Église Catholique Universelle du détournement mortel de nos forces vives en faveur d’un ciel vide ;
- J’accuse
- l’Église Catholique d’escroquerie ;
- J’accuse
- l’Église Catholique d’infecter le monde de sa morale mortuaire,
- d’être le chancre de l’Occident décomposé.
- En vérité je vous le dis : Dieu est mort.
- Nous vomissons la fadeur agonisante de vos prières,
- car vos prières ont grassement fumé les champs de bataille de notre Europe.
- Allez dans le désert tragique et exaltant d’une terre où Dieu est mort
- et brassez à nouveau cette terre de vos mains nues,
- de vos mains d’orgueil,
- de vos mains sans prière.
- Aujourd’hui, jour de Pâques en l’Année sainte,
- Ici, dans l’insigne Basilique de Notre-Dame de France,
- nous clamons la mort du Christ-Dieu pour qu’enfin vive l’Homme[1].
Notes
Publication, revue, contribution cinématographique
- poème "Cri" dans la revue Janus, cahiers mensuels bilingues de la jeune poésie française et américaine. No 1, mars 1950.
- poème "Du léger décalage qu’il y a entre le Tam du cœur et son écho aux tempes" et texte autobiographique "Un nommé Berna Serge, né à…" dans la revue lettriste Ur. No 1, décembre 1950. (Cf. Visages de l'avant-garde, 1953, inédit 2010.)
- en février 1952, il répond à l’enquête de la revue Le Soleil noir, Positions, no 1, "La révolte en question" (qui porte en bandeau : « Ceci est un effort pour comprendre Camus », qui l’année précédente avait publié L'Homme révolté) : "1) La condition d’homme révolté se justifie-t-elle ? 2) Quelle serait, d’après vous, la signification de la révolte face au monde d’aujourd’hui ?" Sa réponse, qui revient assez brièvement sur le scandale de Notre-Dame, porte le titre "Comment ?" et paraît dans la rubrique "Témoignages".
- texte "Jusqu'à l'os" dans la revue lettriste ION, centre de création, numéro spécial sur le cinéma. No 1, avril 1952.
- contribution vocale au film de Guy Debord, Hurlements en faveur de Sade, juin 1952.
- tract contre Charlie Chaplin, Finis les pieds plats, 29 octobre 1952, cosigné avec Jean-Louis Brau, Guy Debord et Gil J Wolman.
- préface à Antonin Artaud, Vie et mort de Satan le feu, suivi de Textes mexicains pour un nouveau mythe, Paris, Arcanes, juin 1953. La couverture porte la mention : "Manuscrit retrouvé et préfacé par Serge Berna".
- En marge. La revue du refus pour une nouvelle participation. Rédacteur : Serge Berna. 1re année. No 1, janvier-février 1955, Paris, Galerie de la Huchette.
Catégories :- Lettrisme
- Poète français du XXe siècle
- Anticlérical
- Anticatholicisme
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