Inscription de Behistun

Inscription de Behistun
Behistun *
Patrimoine mondial de l'UNESCO
Inscription de Behistun, photo du site.
Inscription de Behistun, photo du site.
Coordonnées 34° 23′ 18″ N 47° 26′ 12″ E / 34.388333, 47.43666734° 23′ 18″ Nord
       47° 26′ 12″ Est
/ 34.388333, 47.436667
  
Pays Drapeau d'Iran Iran
Subdivision Kermanshah
Type Culturel
Critères (ii) (iii)
Superficie 187 ha
Numéro
d’identification
1222
Zone géographique Asie et Pacifique **
Année d’inscription 2006 (30e session)
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification géographique UNESCO

L’inscription de Behistun (ou Béhistoun ou Bisistun) est une inscription monumentale décrivant les conquêtes de Darius Ier en trois langues : le vieux-persan, l’élamite et l’akkadien. Le texte est gravé dans une falaise du mont Behistun, dans la province de Kermanshah de l’actuel Iran. Elle a été déchiffrée par Henry Rawlinson à partir de 1835. Elle est à l’écriture cunéiforme ce que la pierre de Rosette est aux hiéroglyphes égyptiens : le document le plus crucial dans le déchiffrement de cette écriture.

Sommaire

L’inscription

L’inscription de Behistun, donne le même texte en trois langues, gravée dans une falaise, indiquant l’histoire des conquêtes du roi Darius. Elle est illustrée par des images gravées du Grand Roi et d’autres personnages grandeur nature qui l’accompagnent.

Le texte lui-même est une déclaration de Darius Ier de Perse, écrit trois fois en trois écritures et langues différentes : deux langues côte à côte, vieux-perse et élamite, et akkadien au-dessus d’elles. Darius a régné sur l’Empire perse de -521 à -486.

Vers -515, il relate en un long récit son accession au trône face à l’usurpateur Smerdis de Perse ainsi que ses guerres victorieuses suivantes et la répression de la rébellion. Les textes sont gravés sur une falaise près de la ville moderne de Bisutun, dans les monts Zagros en Iran, à l’entrée de la plaine de Kermanshah.

L’inscription, d’approximativement 15 mètres de haut et 25 mètres de large, se trouve à 100 mètres au-dessus de la route antique reliant les capitales de Babylone en Babylonie et d’Ecbatane de l’Empire mède. Elle est extrêmement peu accessible, la montagne ayant été arasée pour rendre l’inscription plus évidente après gravure. Le texte en vieux-perse contient 414 lignes en cinq colonnes ; le texte élamite comprend 593 lignes en huit colonnes et le texte akkadien en comporte 112. L’inscription a été illustrée d’un bas-relief représentant Darius, deux domestiques, grandeur nature et dix personnages hauts d’un mètre représentant les peuples conquis. Le dieu Ahura Mazda flotte au-dessus, donnant sa bénédiction au roi. Un personnage semble avoir été ajouté après les autres, de même, assez curieusement, la barbe de Darius, est un bloc de pierre indépendant fixé par des goupilles et du fil de fer.

Diffusion

Une traduction en araméen de l’inscription fait partie des papyri araméens d’Éléphantine[1]. Une autre traduction en araméen a été trouvée à Saqqarah, en Égypte, et des versions en akkadien ont été retrouvées à Babylone[2].

Première postérité historique et légendaire

La première mention historique de l’inscription est faite par l’historien grec Ctésias, qui a noté son existence vers -400. Tacite la mentionne également et décrit certains des monuments auxiliaires, longtemps oubliés, à la base de la falaise, où se trouve une source. Ce qui en reste est conforme à sa description. Diodore de Sicile écrit également sur « Bagistanon » et déclare que le texte a été gravé par la reine Sémiramis de Babylone.

Après la chute de l’Empire perse et de ses successeurs, et après que l’écriture cunéiforme fut tombée en désuétude, la signification de l’inscription a été oubliée et des interprétations fantaisistes sont devenues la norme. Pendant des siècles, on a ainsi pensé qu’elle était due à Khosro II.

Une légende est apparue, selon laquelle elle serait due à Fahrad, amant de Shirin, l’épouse de Khosro II. Exilé pour sa faute, Fahrad aurait eu pour tâche de tailler la montagne pour y trouver de l’eau ; s’il réussissait, il aurait la permission d’épouser Shirin. Après de nombreuses années et avoir déplacé la moitié de la montagne, il aurait trouvé l’eau, mais pour apprendre de Khosro II la mort de Shirin. Fou de douleur, il se serait jeté de la falaise. Shirin, qui n’était naturellement pas morte, se serait pendue en apprenant la nouvelle.

Découverte par les Européens

En 1598, l’inscription est révélée à l’Europe de l’Ouest quand Robert Shirley, un Anglais au service de l’Autriche, la découvre lors d’une mission diplomatique en Perse. Il parvient à la conclusion qu’il s’agit d’une représentation de l’Ascension de Jésus Christ. Les fausses interprétations bibliques européennes se répandront au cours des deux siècles qui suivent : elles évoquent le Christ et ses apôtres, ou encore les tribus d’Israël et Salmanazar.

En 1835 Henry Creswicke Rawlinson, un officier de l’armée britannique entraînant l’armée du Chah d’Iran, commence à étudier sérieusement l’inscription. Tandis que le nom de la ville de Bisistun est anglicisée en l’actuel « Behistun », le monument devient connu sous le nom d’« inscription de Behistun ». En dépit de son inaccessibilité, Rawlinson peut escalader la falaise et copier l’inscription en vieux-perse. La version élamite, qui se trouve de l’autre côté d’un abîme, et la version en akkadien, située quatre mètres au-dessus, sont moins faciles d’accès et sont remises à un accès ultérieur.

Armé du texte vieux-perse et environ un tiers du syllabaire fourni par l’allemand Georg Friedrich Grotefend, expert en cunéiforme, Rawlinson déchiffre le texte. Par chance, la première partie du texte donne une liste de rois perses identiques à celle qui est mentionnée par Hérodote. En mettant en correspondance les noms et les caractères, Rawlinson peut, vers 1838, déchiffrer les caractères cunéiformes utilisés pour le vieux persan.

Plus tard vient l’étude des deux textes restants. Après une période de service en Afghanistan, Rawlinson revient en 1843. En utilisant des planches, il franchit l’espace entre le texte vieux-perse et l’élamite, qu’il copie. Il recrute un garçon entreprenant des environs, qui grimpe le long d’une fissure dans la falaise et installe des cordes à la hauteur du texte en akkadien. De la sorte, il peut prendre l’empreinte du texte en papier-mâché. Rawlinson se met au travail et traduit à la fois l’écriture akkadienne et la langue, indépendamment des travaux d’Edward Hincks, de Julius Oppert et de William Henry Fox Talbot, qui contribuent également au déchiffrement. Edwin Norris et d’autres sont les premiers à faire de même pour l’élamite. S’appliquant à trois des langues primaires de Mésopotamie et à trois variations de l’écriture cunéiforme, ces déchiffrements furent l’une des clefs pour faire entrer l’assyriologie dans l’époque moderne.

On pense que Darius avait placé spécifiquement l’inscription en ce lieu pour la rendre infalsifiable — la lisibilité passant au second plan de ses impératifs : le texte est complètement illisible au niveau du sol. Malheureusement, le roi perse n’avait pas compté sur la mare qui se formerait au pied de la falaise et sur le fait qu’une route serait ouverte dans le secteur. La fente par laquelle le garçon a escaladé la falaise est aujourd’hui la sortie d’un petit cours d’eau souterrain, inexistant à l’époque de l’inscription et asséché aujourd’hui, mais peut-être à l’origine du conte de la recherche de l’eau par Fahrad. Il a causé des destructions considérables à certains personnages. Darius n’avait pas non plus prévu la poudre à canon : son monument a subi des dommages suite à des tirs de soldats au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Notes et références

  1. (en) Rüdiger Schmitt, Heinz Luschey, Rüdiger Schmitt, « Inscription de Behistun », in Encyclopædia Iranica en ligne
  2. Chul-Hyun Bae, literary stemma of king darius's (522-486 b.c.e.) bisitun inscription: evidence of the persian empire's multilingualism Journal of the Linguistic Society of Korea, volume 36, 2003, p. 6

Annexes

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Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • H.C. Rawlinson, Archaeologia, 1853, vol. XXXIV, p. 74

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