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Ctésias
Ctésias (en grec ancien Κτήσιας / Ktếsias), né à Cnide au Ve siècle av. J.-C., mort après 398 av. J.-C., médecin grec au service d'Artaxerxès II, historien de la Perse et de l'Inde.
Sommaire
Biographie
Membre de la famille des Asclépiades, il voit le jour à Cnide, cité d'Asie mineure réputée pour ses médecins. Il devient le médecin d'Artaxerxès II Mnémon, Grand Roi de Perse, et de sa famille, à une date inconnue. Diodore de Sicile et Jean Tzétzès indiquent qu'il reste 17 ans à son service, et qu'il rentre chez lui en 398, ce qui place le début de sa carrière perse en 415. Diodore précise qu'il a rejoint le Grand Roi après avoir été fait prisonnier par les Perses. Selon Xénophon, Ctésias accompagne Artaxerxès lors de la bataille de Counaxa (401), livrée contre son frère Cyrus le Jeune.
Ctésias meurt après son retour à Cnide, à une date inconnue.
Œuvre
Ctésias est principalement l'auteur de travaux historiques sur l'Inde et la Perse, qui ont subsisté sous forme de citations ou de résumés. Il a également rédigé des ouvrages dont seul le titre est connu :
- Sur les montagnes (Περὶ ὀρῶν / Perì orôn) et Sur les fleuves (Περὶ ποταμῶν / Peri potamôn), cités par Plutarque ;
- Le Tour de l'Asie (Περίπλους Ἀσίας / Períplous Asías), cité par Étienne de Byzance ;
- Des tributs en Asie (Περὶ τῶν κατὰ τὴν Ἀσίαν φόρων / Perì tôn katà tên Asían phórôn), peut-être un appendice de l’Histoire de Perse.
Il ne reste de ces ouvrages que des fragments et des extraits transmis par Photius et par des dizaines d'autres auteurs. Ils ont été rassemblés par : J.C.F. Baehr (1824), C. Müller (1844) et F. Jacoby (1958). Enfin, Dominique Lenfant en a donné une édition avec traduction et commentaire, publiée en 2004 dans la Collection des Universités de France (Les Belles Lettres).
L’Histoire de Perse
L’Histoire de Perse (Περσικά / Persika) est rédigée à partir des notes prises par Ctésias pendant son séjour en Perse. Il vise à faire mieux connaître le peuple perse aux Grecs, et en particulier corriger la vision qu'en a donnée Hérodote. Selon Diodore (II, 32, 4), il se fonde non seulement sur son expérience personnelle, mais aussi sur les « parchemins royaux (basilikai diphterai) dans lesquels, selon certaine coutume (nomos), les Perses consignaient les faits du passé. » Cependant, aucun autre élément ne vient corroborer l'existence d'archives historiques.
L'ouvrage se compose de 23 livres, rédigés dans une langue teintée de dialecte ionien. Les six premiers rappellent l'histoire du pays, des Assyriens à l'Empire perse. Les livres VII à XIII contiennent l'histoire de la Perse jusqu'à Xerxès, et les dix livres suivants poursuivent jusqu'au départ de Ctésias pour Cnide. Ctésias affectionne les anecdotes, et se plaît à émailler son texte de passages dramatiques ou extraordinaires. Pour cette raison, Plutarque, dans sa Vie d'Artaxerxès, l'accuse d'avoir « rempli ses livres d'un ramassis disparate de mythes incroyables et extravagants » (I, 4).
Seuls des extraits de l'œuvre ont été conservés, préservés par des auteurs comme Plutarque, Athénée ou encore Diodore de Sicile. Photius l'a également partiellement résumé.
L’Histoire de l’Inde
Ctésias est également l'auteur d'une Histoire de l’Inde (Ἰνδικά / Indika). Il s'attache à décrire le nord du pays, les mœurs des habitants, la faune et la flore que l'on y rencontre. Il s'agit davantage de recherches que d'une histoire au sens moderne du terme. À lire Photius, l'œuvre ne possède pas d'ordre particulier : Ctésias y aborde un sujet après l'autre, au gré de sa fantaisie. Pour lui, l'Inde est un pays fantastique : il collecte tous les récits fabuleux qu'il peut entendre à son sujet. C'est ainsi qu'il évoque :
- des « cynocéphales » (littéralement, « à tête de chien ») — probablement une mauvaise interprétation d'un commentaire sur des castes inférieures, obligées de manger avec les chiens, et qui semblent être à l'origine du mythe des crocotes ;
- le martichoras (manticore, sorte de lion à visage humain, doté d'une queue de scorpion) ;
- des sciapodes, individus s'ombrageant de leur pied, sans doute une mauvaise compréhension d'une pratique rituelle des sâdhus.
À l'instar de l’Histoire de Perse, cette œuvre est principalement connue par des citations de Photius et d'Élien.
Sources
- Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne] (II, 32) ;
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne] (Artaxerxes, I, 4 ; VI, 9 ; IX, 1, 4 ; XI ; XIII, 3–7 ; XIV, 1 ; XVIII, 1–7 ; XIX, 2–5 ; XXI, 3–4) ;
- Strabon, Géographie [détail des éditions] [lire en ligne] (XIV) ;
- Xénophon, Anabase [lire en ligne] (I, 8) ;
- Photios, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne] (72).
Voir aussi
Bibliographie
Édition
- Ctésias de Cnide. La Perse. L'Inde. Autres fragments, édition, traduction et commentaire par Dominique Lenfant, Les Belles Lettres, coll. « Universités de France », Paris, 2004 (ISBN 2-251-00518-8).
Ouvrages généraux
- Pierre Briant, Histoire de l’Empire perse, de Cyrus à Alexandre, 1996 [détail des éditions] ;
- Suzanne Saïd, Monique Trédé et Alain Le Boulluec, Histoire de la littérature grecque, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige », Paris, 1997 (ISBN 2-13-053916-5) ;
- (en) William Smith, A Dictionary of Greek and Roman Biography and Mythology, John Murray, Londres, 1873 [lire en ligne].
Lien externe
- (fr) Oeuvres de Ctésias
- (en) Ctesias of Cnidus
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