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Ibère Parlée en Espagne, France Région côte méditerranéenne de la péninsule ibérique Classification par famille - - hors classification (isolat)
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Codes de langue ISO 639-3 xib IETF xib modifier L'Ibère était une langue paléo-hispanique (langue morte) parlée par les Ibères sur toute la côte méditerranéenne péninsulaire. Son extension avait pour limite, au nord, le fleuve Hérault (France) et au sud n'allait pas au-delà de Porcuna et Jaén en Andalousie (Espagne).
Plusieurs études récentes tendent à considérer cette langue comme hétérogène, du genre Lingua franca, plutôt que la langue maternelle d'un groupe homogène. La langue se serait étendue grâce au commerce, dopé par le contact avec les comptoirs grecs (Ampurias et Lattara).
Il est à peu près certain que l'Ibère n'appartient pas à la famille des langues indo-européennes, et semble être une langue autochtone : du fait de nombreux mots communs il a été proposé un lien avec le basque, mais cette théorie est toujours discutée, et aucun lien avec un autre groupe de langues n'est pour l'instant démontré. Cette langue indigène s'est progressivement éteinte au long du Ier et IIe siècle, étant remplacée alors de manière graduelle par la langue latine et les langues romanes qui en découlent, notamment le catalan sur la bordure méditerranéenne.
Sommaire
Extension géographique
Les ibères se sont répartis le long de la côte méditerranéenne de la Péninsule Ibérique.
Le nord de leur extension se situait au sud de la France actuelle jusqu'au fleuve Hérault. On a trouvé dans cette région d'importants vestiges d'écriture à Ensérune, entre Narbonne et Béziers, sur un oppidum ou se mêlent des éléments ibères et celtes.
Au sud, la limite était Porcuna, dans la Province de Jaén, dans laquelle on a trouvé de magnifiques sculptures de jinetes (cavaliers) ibères.
À l'intérieur de la péninsule ibérique la limite est incertaine. Il semble qu'il y eut une extension de la culture ibère le long de la vallée de l'Ebre, atteignant Salduie (Zaragoza), mais certainement pas au delà.
On considère que parmi les peuples préromains les suivants étaient de langue ibère : ausetanos (Vic, Girona), ilergetes (Lérida et Huesca jusqu'aux Pyrénées, indigetes (côte de Gerona), laietanos (Barcelona), cossetanos (Tarragona), ilercavones (Murcia et Valencia jusqu'à Tarragona), edetanos (Valencia, Castellón et Teruel), contestanos (Valencia, Alicante, Cartagena et Albacete), bastetanos (Granada, Almería et Murcia) et oretanos (Jaén, Ciudad Real, Albacete et Cuenca). On considère habituellement que les túrdulos et turdetanos étaient de langue tartesio.
Écriture
Les textes les plus anciens remontent au Ve siècle av. J.‑C..
L'ibère a été fixé par écrit au moyen de trois écritures différentes :
Alphabet grec
Alphabet latin
L'Alphabet latin, dans lequel sont écrits deux petits textes et certains anthroponymes, principalement le nom des documents originaux documentés en inscriptions latines.
Alphabet ibère
L'alphabet ibère, aussi appelé signario ibérico et qui est un semi-syllabaire, est propre aux ibères et est celui qui était utilisé le plus couramment et pendant le plus longtemps. Il est clair que son origine est dans le signario tartesio parlé dans le sud-est de la péninsule parce que ceux qui sont arrivés l'ont appelé tartesia.
Le signario ibère possède deux variantes, le méridional ou du sud-est (à Jaén et Albacete), dont les signes sont plus semblables à l'écriture tartesia, et celui du nord-est ou levantin, le plus parlé des deux et qui plus tard a été adapté pour le celtibère.
Sa forme la plus courante, le levantin, a été déchiffré en 1922 par Manuel Gómez-Moreno Martínez; bien que les premières lectures correctes du méridional furent effectuées par Ulrich Schmoll en 1961 et perfectionnées depuis par d'autres chercheurs, parmi lesquels se distingue Jürgen Untermann.
État actuel des connaissances
On connait très peu de choses sûres sur l'ibère. L'étude de la langue a dépassé sa phase initiale de translitération et compilation de matériels et se situe actuellement en phase d'identification de possibles éléments grammaticaux dans les textes.
Les commentaires suivants doivent être considérés comme des hypothèses non confirmées, qui resteront ainsi jusqu'à la découverte d'un long texte bilingue permettant de confirmer les déductions.
Phonologie et phonétique
Voyelles et diphtongues
L’ibère possédait les cinq voyelles du castillan, qui sont aussi celles du basque, mais la fréquence des voyelles [a], [e] et [i] était sensiblement plus élevée que celle des voyelles [o] et [u]. Les diphtongues étaient presque toujours fermantes, de la forme [aj], [aw], [ej] et [ow] (comme dans les formes /śaitabi/, /lauŕ-/, /neitin/) (exceptionnellement ouvrantes, de la forme [ja], [wa], [je] et [wo]). Untermann a relevé que le groupe [ui] n’existait qu’en première syllabe des mots.
Il ne semble pas qu'il y ait eu de différence de longueur des voyelles si l'on en juge par les transcriptions grecques. Il est ainsi significatif que, pour transcrire le /e/ ibère en gréco-ibère, on ait utilisé le êta /η/ long et non l'epsilon /ε/ court.
L’existence d’une voyelle nasale /ḿ/ pourrait être suggérée par l’écriture mais ne serait pas un phonème autochtone. Les différentes graphies ibères elles-mêmes ainsi que les transcriptions latines du /ḿ/ ibère, parfois contradictoires, en rendent l’interprétation délicate. On relève ainsi une équivalence /ḿi/ ≡ /nai/, comme dans les formes /bantui-(e)n-ḿi/, /leiśtikeŕ-ar-ḿi/, /sakaŕiskeŕ-ar-nai/. Une correspondance /ḿbar/ ≡ /nabar/ est également perceptible dans l’onomastique, mais cette remarque butte sur les transcriptions latines de type UMARBELES de l’ibère */ḿbar-beleś/, peu compatibles avec l’idée d’un son [nã] représenté par la lettre /ḿ/ et transcrit selon les cas /na/, /nḿ/ voire simplement /ḿ/ ; ces variations pourraient en fait trahir l’hétérogénéité de cette langue, à l’instar de ce qu’il en est du basque aujourd’hui.
Semi-consonnes
Consonnes
L’ibère possédait deux vibrantes notées /ŕ/ et /r/ qui semblent avoir correspondu respectivement au [ɾ] simple et au [r] multiple du castillan moderne, similaire en cela à l’opposition pero [’peɾo] / perro [’per:o]. Ces deux phonèmes ne se trouvaient jamais au début d’un mot, comme c’est encore le cas en basque. La liquide /l/ semble avoir été parfois complémentaire de /ŕ/ : /aŕikaŕ-bi/, mais /aŕikal-er/. Il existait, comme en basque, deux sifflantes, notées /s/ et /ś/, mais il n’y a pas de consensus sur l’opposition des phonèmes ainsi distingués. En se fondant sur les transcriptions ibères des noms celtiques, on pense que /ś/ devait représenter selon les cas les sons [s] laminal et [ɕ] apical (le phonème actuel en basque et largement en castillan pour la lettre s) tandis que /s/ devait représenter les affriquées correspondantes [ʦ̪] et [ʧ] (représentées en basque par les graphies en tz par exemple, comme Uztaritze).
Les occlusives ibères étaient étonnamment au nombre de cinq : [g]/[k], [d]/[t] et [b], ce qui signifie que le son [p] n’existait pas. Au contraire, le son [b] semble avoir été prononcé quasiment comme un [w], ce qui expliquerait la fréquence élevée du signe syllabique /bu/. Cette particularité phonologique évoque la confusion, pour une oreille étrangère, des sons écrits /b/ et /v/ en castillan moderne : móvil pour un téléphone « mobile ».
Un bon exemple est le traitement par les Romains du nom ibère de la ville de Saragosse. Zaragoza en castillan provient de CAESARAUGUSTA en latin, mais Pline appelait cette ville SALDUBA tandis qu’une pièce de monnaie la mentionne sous le nom SALDIUE, ce qui renvoie d’une part à /salti/ ou /saltu/ « cheval » d’après le basque zaldi, et d’autre part à /uba/ et /u(w)e/ (peut-être « gué », d’après le basque ibi) ; cette alternance /uba/ ≡ /u(w)e/ souligne la difficulté pour les romains de retranscrire le son représenté en ibère par la lettre /b/. On soupçonne en outre une forte nasalisation de ce /b/, à l’instar du phonème /ḿ/, et c’était peut-être tout le système phonologique ibère qui était largement nasalisé, comme l’est par exemple le portugais actuel. Ainsi le signe /m/ simple pourrait avoir été une variante de /n/ indiquant qu’il était géminé, voire que la voyelle qui le précédait était nasalisée ; ce dernier trait expliquerait certaines particularités morphologiques de l’ibère et accessoirement pourquoi on ne trouve presque jamais de /m/ en position initiale dans un mot.
Accentuation
Il n'existe que des hypothèses sur l'accentuation en ibère. Les deux hypothèses présentées estiment qu'il n'y avait qu'une accentuation fixe et non libre.
Luis Silgo Gauche défend l'idée d'une langue majoritairement à paroxyton, se basant principalement sur la perte de la voyelle faible dans beleś > bels et la comparaison avec le complexe aquitano-basque et le témoignage des langues romanes.
Xaverio Ballester propose une langue avec accent démarcatif, aussi bien fixe que final (oxyton) se basant principalement sur les universaux linguistiques et les adaptations grecques et latines de toponymes et anthroponymes ibères.
Anthroponymes
Grâce à l'inscription latine du bronze d'Ascoli, qui inclut une liste de personnages ibères qui furent analysés par Hugo Schuchardt on a pu dévoiler la forme des anthroponymes ibères (de fait, cette connaissance a aidé au déchiffrage de l'écriture ibère). Les noms ibères se forment d'éléments interchangeables, normalement formés de 2 syllabes, qui s'écrivent adjoints. Par exemple, un élément comme "iltiŕ" peut se retrouver dans les noms suivants : iltiŕaŕker, iltiŕbaś, iltiŕtikeŕ, tursiltiŕ, baiseiltiŕ ou bekoniltiŕ. Cette découverte fut un pas de géant, puisque à partir de ce moment on a pu déterminer avec une certaine assurance les noms de personnes dans les textes.
Les composants qui peuvent être isolés dans les noms sont : abaŕ, aibe, aile, ain, aitu, aiun, aker, albe, aloŕ, an, anaŕ, aŕbi, aŕki, aŕs, asai, aster, atin, atun, aunin, auŕ, austin, baiser, balaŕ, balke, bartaś, baś, bastok, bekon, belauŕ, beleś, bels, bene, beŕ, beri, beŕon, betan, betin, bikir, bilos, bin, bir, bitu, biuŕ, bolai, boneś, boŕ, bos, boton, boutin, ekes, ekaŕ, eler, ena, esto, eten, eter, iar, iaun, ibeś, ibeis, ike, ikoŕ, iltiŕ, iltur, inte, iskeŕ, istan, iunstir, iur, kaisur, kakeŕ, kaltuŕ, kani, kaŕes, kaŕko, katu, keŕe, kibaś, kine, kitaŕ, kon, koŕo, koŕś, kuleś, kurtar, lako, lauŕ, leis, lor, lusban, nalbe, neitin, neŕse, nes, niś, nios, oŕtin, sakaŕ, sakin, saltu, śani, śar, seken, selki, sike, sili, sine, sir, situ, soket, sor, sosin, suise, taker, talsku, tan, tanek, taŕ, tarban, taŕtin, taś, tautin, teita, tekeŕ, tibaś, tikeŕ, tikirs, tikis, tileis, tolor, tuitui, tumar, tuŕś, turkir, tortin, ulti, unin, uŕke, ustain, ḿbaŕ, nḿkei.
Dans certains cas on peut trouver un nom simple, avec un seul élément ou suivi d'un suffixe : BELES, AGER-DO et BIVR-NO sur le bronze d'Áscoli, neitin à Ullastret et lauŕ-to, bartas-ko ou śani-ko dans d'autres textes ibériques. Plus rarement, on a signalé la présence d'un infixe entre les deux éléments, -i-, -ke- ou -bo- (Ainsi Untermann explicite oto-iltiŕ face à oto-ke-iltiŕ ou avec AEN-I-BELES). De même, il signale qu'en de rares cas on trouve un élément is- ou o- préfixant un anthroponyme (is-betartiker; o-tikiŕtekeŕ; O-ASAI).
Dans les éléments qui forment les noms ibériques, on trouve habituellement des modèles de variation : ainsi eter/eten/ete avec les mêmes variations iltur/iltun/iltu; kere/keres comme lako/lakos ; ou alos/alor/alo comme bikis/bikir/biki).
À d'autres occasions on trouve des assimilations produites par le contact de consonnes en limite de composé. Ainsi, dans les inscriptions latines il apparait que dans ce contexte n+b se prononçait /m/ (ADIMELS ou SOSIMILVS équivalent à *adin-bels ou *sosin-bilus). De façon optionnelle, un ŕ disparait devant n ou l (*biuŕ+lakos > biulakos; *biuŕ+nius > biunius; *sakaŕ+laku > sakalaku).
Notes et références
Bibliographie
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Voir aussi
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