I. H. Weiss

I. H. Weiss

Isaac Hirsch Weiss

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Portrait d'Isaac Hirsch Weiss, de la Jewish Encyclopedia.

Eisik (Isaac) Hirsch Weiss (9 février, 18151er juin, 1905) (hébreu: יצחק הירש ווייס) était un rabbin, talmudiste et historien de la littérature autrichien.

Sommaire

Biographie

Né à Gross Meseritsch, en Moravie au sein d'une famille traditionnelle aisée, il reçoit son instruction élémentaire en hébreu et en Talmud dans divers ḥadarim local, avant d'entrer précocement, à l'âge de 8 ans, à la yeshiva de Moïshe Aaron Tichler, fondée à Gross Meseritsch en 1822, soit un an plus tôt. Il y étudie le Talmud pendant cinq ans, avant de recevoir un enseignement sous tuteur à domicile, puis à la yeshiva de Trebitsch, sous la tutelle de Ḥayyim Joseph Pollak, et à celle d'Eisenstadt, sous la supervision de Yitzhak Moshe Perles, retournant étudier chez lui en 1837.

Bien que son tuteur lui ait appris l'allemand, il n'a pas l'occasion d'étudier les sciences profanes, et n'est pas satisfait des cours d'hébreu et de grammaire hébraïque dispensées dans les yeshivot, raisons pour lesquelles il en change si souvent. Influencé par Nachman Krochmal, Rapoport, et le Gottesdienstliche Vorträge de Zunz, Weiss consacre une partie de son temps à l'étude de la philosophie religieuse, bien que ses études talmudiques restent au premier plan. Au cours des années qu'il passe chez ses parents, il ecrit de nombreux feuillets contenant des novellæ sur des traités talmudiques ainsi que sur le Yoreh De'ah et le Ḥoshen Mishpaṭ du Shoulḥan aroukh. Il entretient aussi une correspondance avec de nombreux rabbins distingués, en particulier Joseph Saul Nathanson. En 1842, il épousa la fille du Rav David Oppenheim, après quoi il se lança dans le commerce, et assura en parallèle la direction de la yeshiva de sa ville natale, jusqu'à sa fermeture par les autorités en 1845. Il approfondissait par ailleurs ses liens avec la Haskala, contribuant au Kokhvei Yiẓḥaḳ de Stern, au Jeschurun[1] de J.I. Kobak, au Maggid etc. Il contribua au premier sur des sujets généraux, ainsi que sur des versets et plusieurs biographies, dont celle de Rav. Dans le Jeschurun, il publia plusieurs articles sur l'origine de la prière.

Activité à Vienne

En 1858, Weiss s'établit à Vienne, et devient correcteur pour la maison de presse Samarski & Dittmarsch de livres juifs, où il s'attelle principalement à l'amendement critique du texte du Talmud, composant une édition viennoise de celui-ci. Six ans plus tard, il est nommé professeur de Talmud de Babylone et de Talmud de Jérusalem au Collège rabbinique de Vienne, fondé par Adolf Jellinek en vue d'établir un passage entre le monde des yeshivot et les séminaires rabbiniques plus modernes. Il exercera avec Meïr Friedmann cette fonction jusqu'à sa mort, formant de nombreux élèves, dont Solomon Schechter.
Dans ses cours sur le Talmud et les Midrashim, Weiss n'hésite pas à déclarer le texte faux quand il pense que c'est le cas; cependant, il est particulièrement prudent en effectuant ses corrections. Il enseigne aussi que les paroles des anciens rabbins ne doivent pas être interprétés en fonction des conceptions modernes, laquelle interprétation peut mener à l'erreur, mais en fonction de son contexte historique, politique ou autre.

À Vienne, entouré de Jellinek et d'autres grands érudits du judaïsme, Weiss trouve un terrain favorable à son activité littéraire. À la demande de Jacob Schlossberg, il rédige un compendium des lois et observances rituelles; ce travail, intitulé Oraḥ la-Ẓaddiḳ, est publié par Schlossberg au début du Seder Tefillat Ya'aḳob (Vienne, 1861). L'année suivante, Weiss entreprend l'édition du Sifra avec commentaire d'Abraham ben David de Posquières; il y ajoute une introduction historique et linguistique en neuf chapitres, ainsi que des annotations critiques et exégétiques, intitulées Massoret haTalmud, donnant les variantes du texte dans différents manuscrits, ainsi qu'un index montrant les passages parallèles dans les deux Talmuds.

En 1864, Weiss tient un rôle important dans le procès de Kompert, lequel se double d'une dispute théologique entre rabbins orthodoxes et réformés sur la question du Messie dans le judaïsme: Leopold Kompert, a été accusé d'avoir diffamé la "religion juive orthodoxe" en publiant dans son numéro annuel un article de Grätz, qui niait qu'Isaïe annonçait un Messie personnel; Lazar Horowitz, rabbin de la communauté orthodoxe de Vienne, appelé comme expert, déclare lors du procès (30 décembre 1863) qu'il n'avait pas connaissance d'un "judaïsme orthodoxe" en tant que religion distincte, et que si lui-même considère la croyance en un Messie personnel comme essentielle au judaïsme, il admet qu'il puisse exister d'autres interprétations des prophéties messianiques. Weiss publie un pamphlet intitulé Neẓaḥ Yisrael, qui l'appuie, ainsi que I.N. Mannheimer, qui prêche des idées similaires. Ce livre, jugé trop libéral, entraine la réaction de Nissan Schidhoff, intitulée Nesheḳ Bar (Fürth, 1864).

La même année, Weiss édite les mishnayot du traité Berakhot, fournissant une liste de variantes dans les deux Talmuds et un synopsis du contenu. Un an plus tard (1865), il fonde avec Friedmann un mensuel, Bet ha-Midrash, dont seuls cinq numéros paraitront. Toujours la même année, il édite la Mekhilta, à laquelle il ajoute une introduction traitant du développement historique de la Halakha et de la Aggada, ainsi qu'un commentaire critique intitulé Middot Soferim.

Suivant la publication de son Mishpaṭ Leshon ha-Mishnah (1867), un essai sur l'hébreu mishnaïque, Weiss entreprend la rédaction de son grand-œuvre, le Dor Dor we-Dorshaw (1871-91). En 1881, il lance un nouveau magazine mensuel, toujours avec Friedmann, le Bet Talmud, qui connaitra plus de succès que leur précédent essai. Ce périodique sert de tribune à Weiss lui-même, la plupart de ses articles traitant du Talmud en général et sur des sujets particuliers. Il réalise aussi les esquisses biographiques, entre autres de Maïmonide, Rachi, et Rabbenou Tam [2]. En 1891, son Dor achevé, Weiss réédite le Darke ha-Gemara, une méthodologie du Talmud d'Isaac Campanton.

Son dernier travail livresque est le Zikronotaï (Varsovie, 1895), un recueil de souvenirs, de son enfance à ses 80 ans. Il continue cependant à contribuer à divers périodiques en hébreu, principalement des biographies.

Ses biographies les plus prisées sont celles de de Saadia Gaon[3], publiee avant les 30 ans de Weiss, et de Mannheimer[4].

Isaac Hirsch meurt à Vienne le 1er juin 1905.

Son Dor Dor veDorshav

L'oeuvre la plus importante de Weiss, à laquelle il doit la plus grande partie de sa réputation, est son Dor Dor veDorshav, un travail en cinq volumes. Ainsi que le montre son titre allemand, Zur Geschichte der Jüdischen Tradition,, c'est une histoire de la tradition orale et de la Loi juive, depuis les temps bibliques jusqu'à l'expulsion des Juifs d'Espagne au XVe siècle:

  • le premier volume (1871) couvre l'histoire depuis les débuts de la loi orale jusqu'à la destruction du Second Temple
  • le second volume (1876) traite la période tannaïtique jusqu'à la conclusion of the Mishna
  • le troisième volume (1883), va de la période amoraïque jusqu'à la complétion du Talmud de Babylone
  • le quatrième volume (1887), se penche sur la période des Gueonim jusqu'à la fin du cinquième millénaire, c'est-à-dire le milieu du XIIIe siècle,
  • et le cinquième volume de puis la période des casuistes ("poseḳim") jusqu'à la composition du Shoulḥan 'Aroukh.

La loi orale étant en réalité l'interprétation du Pentateuque, Weiss situe ses origines à la suite immédiate de la rédaction de la Torah par Moïse. Les divergences apparentes entre elle et divers livres des Prophètes (dont les « contradictions » entre le Livre d'Ezéchiel et le Lévitique) ne sont dues qu'à différentes interprétations de la Torah à différentes époques. Weiss défend l'unité du Pentateuque et soutient que seul Moïse en fut l'auteur. Toutefois, il pense que Moïse lui-même se conforme déjà à certaines traditions de son temps, ce qui explique qu'il puisse être dit qu'Abraham observait les lois et préceptes de Dieu[5]. Il explique aussi que si le Pentateuque ne contient pas de simples répétitions, il contient des additions qui amplifient ou limitent la portée des préceptes donnés dans les Livres précédents.
Dans le second volume, Weiss donne l'histoire de la Mekhilta, du Sifra, du Sifre, et de la Mishna. Ce volume contient aussi des monographies sur les Tannaim; sans voiler les échecs de certains, il les défend, particulièrement les Nessi'im contre les accusations de Schorr et d'autres. Le troisième volume est en grande partie consacré à la Aggada et à ses maîtres; si l'auteur ne cherche pas à trouver des excuses pour ces curieux passages de cette partie du Talmud, qui servent de prétexte à l'attaquer pour en diminuer la valeur, il souligne les nombreux aphorismes et phrases édifiantes éparpillées dans la Aggada, en citant un grand nombre.

Ce travail, s'il a été adopté par la majeure partie des Talmudistes maskilites comme l'historiographie de référence de la loi orale, suscita de nombreuses critiques parmi leurs opposants. Isaac Halevy écrivit son Dorot ha-Rishonim contre le Dor de Weiss (principalement en notes à la fin du sixième volume), et Eleazar Zarkes publia une critique dans le Keneset ha-Gedolah (iv., part 2, pp. 65 et seq.). Simḥah Edelmann rédigea un petit pamphlet intitulé Ma'amar Doreshe Reshoumot (Varsovie, 1893), où il tentait de mettre en évidence les erreurs de Weiss, et Simḥah Weissmann ne s'abstenait, dans son pamphlet Teshouvot ou-Ma'anot Nimraẓot, d'attaques personnelles. Y. Lifshitz écrivit une réfutation "Dor Yesharim," qui reçut l'approbation de grandes figures du monde Haredi, comme Chaim Ozer Grodzinski.

Références

  1. Il s'agit non pas mensuel de S.R. Hirsch, mais d'un périodique promouvant la Wissenschaft des Judentums (à laquelle Hirsch était opposé), édité and publié par Joseph Isaac Kobak, auquel contribuèrent entre autres S. J. Rapoport, S. D. Luzzatto, Halberstam, Dukes, Steinschneider, Reifmann, etc. Les deux premiers volumes furent rédigés exclusivement en hébreu, mais les suivants l'étaient aussi partiellement en allemand (vols. i., ii., Lemberg, 1856-58; iii., Breslau, 1859; iv., v., Fürth, 1864-66; vi.-ix., Bamberg, 1868-78). Certains articles hébreux furent publiés séparément en quatre volumes sous le titre "Ginze Nistarot" (Bamberg, 1868-78) -- Richard Gottheil et Peter Wiernik, JESCHURUN (Zeitschrift für die Wissenschaft des Judenthums).
  2. Bet Talmud, i., ii., and iii., réimprimé dans un livre intitulé Toledot Gedole Yisrael
  3. in Ha-Assif, ii. 275-293
  4. in Mi-Mizraḥ umi-Ma'arab, iii. 17 et seq.
  5. Genèse 26:5


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