Homosexualité Dans Les Religions

Homosexualité Dans Les Religions

Homosexualité dans les religions

Le point de vue des religions sur l’homosexualité est très largement négatif. Le fait est connu du lecteur occidental en ce qui concerne les trois monothéismes issus de la révélation abrahamique, il l’est moins pour le bouddhisme ou l'hindouisme. Les homosexuels, longtemps persécutés par les autorités religieuses ou qui le sont parfois encore, choisissent la dissimulation, le combat associatif, humoristique ou la fuite, parfois militante, via l’apostasie.

Sommaire

Les trois monothéismes abrahamiques

L'homosexualité dans le judaïsme est une abomination. Les religions héritières de la loi de Moïse ont intégré ce rejet biblique de l'homosexualité : l'homosexualité dans le christianisme, est considérée comme un acte contre nature, un péché et l'homosexualité dans l'islam ne fait pas exception à la règle même si on observe selon les temps et les lieux, de très singulières variations en matière de tolérance. D'après l'historien John Boswell, le christianisme aurait pratiqué des unions de même sexe jusqu'au XIIe siècle côté latin et plus tard encore (au moins jusqu'au XVIIIe siècle) côté oriental. Il aurait cité un cas romain remontant à un siècle et demi[1].

L'Église catholique romaine est passée d'une condamnation pénale[2] à une tolérance envers « la condition ou tendance homosexuelle » des croyants, tout en rejetant les « actes »[3]. La Congrégation pour la doctrine de la foi, sous la houlette du cardinal Ratzinger (futur Benoît XVI) a rappelé, en 1986[4] et 2003[5], cette position, enjoignant, en particulier, les évêques et législateurs catholiques à s'opposer aux législations en faveur du Pacte civil de solidarité ou de son équivalent dans les autres législations.

De nos jours, excepté dans les communautés à tendance intégriste (lire à ce titre quelle est la perception mormone de l'homosexualité ou comment est perçue l'homosexualité chez les Témoins de Jéhovah), on ne réclame pas des homosexuels l'abstinence mais seulement un minimum de retenue et de discrétion[6].

Le Protestantisme, dans sa grande majorité, a revu sa position sur la question en suivant le principe Ecclesia semper reformanda (« l'Église doit se réformer sans cesse ») et laisse les croyants seuls juges de leurs foi et de la manière de l'appliquer.

L'homosexualité dans l'anglicanisme, par exemple, semble échapper au rejet de l'homosexualité issu du christianisme et, au-delà du judaïsme, avec bénédiction du mariage homosexuel et consécration d'évêques ouvertement gay ou lesbien. De même, l'Église évangélique luthérienne en Amérique (ELCA) a voté en août 2009 pour permettre aux homosexuels monogames (et non plus simplement célibataires) d'être ordonné pasteurs [7].

En Orient

Le bouddhisme n'aborde pas explicitement le sujet de l'homosexualité, mais il prône globalement de garder la maîtrise des sens. Les interprétations varient dans le détail mais la tendance globale est de reconnaitre la seule sexualité hétérosexuelle en vue de la procréation et de rejeter la recherche du plaisir « pour le plaisir ». Donc de l'homosexualité. Le Dalaï Lama, représentant suprême du bouddhisme tibétain s'est clairement exprimé sur le sujet[8].

Dans l'hindouisme, le plaisir n'est pas perçu comme un mal : c'est un don de Dieu. Le péché de la chair n'existe pas comme dans le judaïsme ou le christianisme, et de nombreuses sculptures sensuelles voire érotiques sur les parois externes des temples sont là pour en témoigner. En revanche, le plaisir charnel est accepté et acceptable uniquement dans la mesure où il est hétérosexuel et consommé dans les liens du mariage. Comme en Europe, différentes époques ont apporté différents degrés de tolérance mais faire de l'hindouisme et de ses divers… avatars (sikhisme, jaïnisme, bouddhisme, etc.) un havre homophile serait un contresens.

Les homosexuels et la religion

Des lesbiennes et des gays croyants, poussés par la foi en Dieu et la croyance que leur Église va changer, les comprendre et les accepter, ont fondé des lieux, des associations qui les réunissent dans leur foi. Beit Haverim (« la maison des amis ») pour les juifs, David et Jonathan pour les chrétiens, jouent ce rôle d'accueil.

Pour celles et ceux que cette démarche de soumission rebute, il reste la possibilité de l'apostasie. Certaines associations, comme les Panthères roses[9], militent ouvertement pour cette solution. En Espagne, le Collectif des lesbiennes, gays et transsexuels[10] a déposé, le jeudi 8 juillet 2004, 1 200 déclarations d'abandon de la foi catholique à l'archevêché de Madrid pour protester contre les « privilèges injustifiés » de l'Église catholique romaine dans ce pays et pour supprimer les noms des déclarants des listes de baptisés sur lesquelles elle s’appuie pour établir le nombre de catholiques en Espagne et recevoir un financement public proportionnel.

Des lesbiennes et des gays ont créé les Radical Faeries (« Fées radicales »), un rassemblement oscillant entre le new-age et le paganisme préjudéochrétien. L’humour est une arme traditionnelle de la culture gay et les sœurs de la perpétuelle indulgence, nées de la lutte contre le sida, mettent en scène le décorum papiste en le retournant.

Notes et références

  1. John Boswell, Les Unions du même sexe dans l'Europe antique et médiévale, Fayard, 1996.
  2. Les bûchers moyen-âgeux brulant les sodomites sont là pour le prouver.
  3. Dans sa Lettre sur la pastorale à l'égard des personnes homosexuelles, le cardinal Ratzinger rappelle : « Déjà dans sa Déclaration sur quelques questions d'éthique sexuelle, du 29 décembre 1975, (…) on soulignait le devoir de chercher à comprendre la condition homosexuelle et on observait combien la culpabilité des actes homosexuels devait être jugée avec prudence. En même temps, la Congrégation tenait compte de la distinction faite communément entre la condition ou tendance homosexuelle et les actes homosexuels. Ces derniers étaient décrits comme des actes qui sont privés de leur finalité essentielle et indispensable, des actes intrinsèquement désordonnés et, en tant que tels, ne pouvant en aucun cas être approuvés. »
  4. Card. Joseph Ratzinger, « Lettre sur la pastorale à l'égard des personnes homosexuelles », 1986, vatican.va. Consulté le 15 juin 2008
  5. Card. Joseph Ratzinger, « Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles », 2003, vatican.va. Consulté le 15 juin 2008
  6. Arlene Swidler (dir.), Homosexuality and World Religions, Trinity Press, 1993.
  7. Jacqueline L. Salmon, 'Monogamous' Gays Can Serve in ELCA, Washington Post, 22 août 2009
  8. Même avec votre conjoint, utiliser votre bouche ou l'autre trou est une conduite condamnable. Utiliser la main est une pratique condamnable. (Dalai Lama, rapporté par le San Francisco Chronicle du 11 juin 1997).
  9. Les Panthères roses, « L’église catholique est anti-choix, choisissons de nous débaptiser ! », pantheresroses.org. Consulté le 15 juin 2008
  10. Judith Silberfeld, « Apostasie en masse pour protester contre les «privilèges» de l'Eglise », 2004, tetu.com. Consulté le 15 juin 2008

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