- Histoire de l'homosexualité au Québec
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Histoire de l'homosexualité au Canada
L’histoire de l’homosexualité au Canada est effervescente entre les années 1960 et les années 2000. Antérieurement aux années 60, l’homosexualité au Canada est un acte criminel passible d’emprisonnement et demeure dans la clandestinité.
Sommaire
Historique
Les années 1960
Durant les années 60 (et antérieurement), les tribunaux considèrent l’homosexualité comme un acte de grossière indécence, passible de poursuites et de condamnation criminelle. Les homosexuels sont alors victimes de la répression policière, ecclésiastique et populaire; l’église considère les homosexuels comme des pécheurs, la médecine comme des malades mentaux et la loi comme des criminels. Tous les jours, les policiers présentent une cause d’homosexualité devant les tribunaux. Les condamnés peuvent être emprisonnés pour une période de cinq ans. Cette répression force les homosexuels canadiens à vivre dans la clandestinité[1].
En 1968, des gais et lesbiennes sont pour la première fois interrogés à la télévision de Radio-Canada à l’émission Dossier présenté par Bernard Derome. L’une des invitées, Jeannine Mahès, est poursuivie, emprisonnée et internée à Saint-Jean-de-Dieu quelques jours après l’entrevue, puis elle perd la garde de sa fille qu’elle ne peut revoir durant quinze ans[2].
À la même époque, George Klippert, un mécanicien de Yellowknife, est emprisonné durant quatre ans pour avoir dit aux policiers qu’il avait eu des relations avec d’autres hommes. Son cas se rendit jusqu’en Cour suprême du Canada et c’est son histoire qui poussa le ministre de la justice, Pierre Elliott Trudeau, à revoir le code criminel en regard à l’homosexualité. George Klippert est la dernière personne au Canada à être arrêtée, inculpée, poursuivie, condamnée et emprisonnée pour son homosexualité[3],[4].
Le 14 mai 1969, le gouvernement Trudeau réforme le Code criminel du Canada et décriminalise les actes homosexuels en présentant le Bill omnibus : « Tout ce que nous proposons comme amendement au code pénal, c’est ce qui se fait entre deux adultes consentants, ça ne regarde pas la police. Nous n'autorisons pas l’homosexualité, mais n’allons pas punir, nous n’allons pas envoyer des policiers pour voir ce qui se passe entre adultes majeurs consentants, en privé. [sic] »[1].
Les années 1970
Bien que le Bill omnibus de Trudeau décriminalise l’homosexualité, le quotidien des homosexuels demeure difficile au Québec et au Canada. Jusqu’au milieu des années 1970, l’homosexualité est considérée comme une maladie mentale au sein de la communauté médicale. Jusqu’alors, la thérapie par électrochocs, insuline et lobotomie était préconisée par les psychiatres.
En 1971, le Front de libération homosexuel (FLH) est le premier regroupement gai du Canada. Le mouvement est né après une descente policière dans un bar des États-Unis, le Stone Wall Inn, où se déroula l’une des plus grande émeute en Amérique entre gais et policiers. Au Canada, le Front de libération homosexuel ne dure qu’un an, victime de la répression policière[1].
La première manifestation gaie au Canada se déroule devant le parlement du Canada à l’automne 1971.
À Montréal, durant les Jeux olympiques d'été de 1976, le maire Jean Drapeau lance une offensive de nettoyage des rues de la ville. On tente de cacher les taudis, les sans abris et les bars/saunas gais.
Le soir du 21 octobre 1977, vers 23 heures, des policiers de Montréal, munis de gilet pare-balles et de mitrailleuses, effectuent la plus grosse descente jamais effectuée dans un bar. Plus de 145 clients du bar TruXX sont arrêtés et accusés. Cette opération policière constitue la plus importante opération de masse depuis la crise d'octobre[1]. Le lendemain des arrestations, plus de deux milles personnes manifestent spontanément dans les rues du centre-ville de Montréal.
Jusqu’en 1977, Citoyenneté et Immigration Canada refuse toujours l’accès au territoire canadien à tout homosexuel déclaré.
En décembre 1977, pour la première fois en Amérique, le ministre de la justice québécois Marc-André Bédard présente un amendement avant-gardiste à la Charte des droits et libertés, interdisant toute forme de discrimination sur la base de l’orientation sexuelle.
En 1979, la commission des écoles catholiques de Montréal refuse la location d’un local à une association gaie. Après un jugement de la cour, les gais obtiennent pour la première fois gain de cause grâce à la Charte des droits de M. Bédard[1].
Les années 1980
Les années 1990
Union de fait
En 1999, une décision de la Cour suprême du Canada[5] fait en sorte que les couples homosexuels soient inclus dans les unions de fait.
Les années 2000
Mariage
Article détaillé : Mariage homosexuel au Canada.Dans plusieurs provinces canadiennes, le mariage entre conjoints de même sexe fut légalisé suite à des procès dans lesquels les juges ont déterminé que la loi existante sur le mariage (le limitant aux couples hétérosexuels) était anticonstitutionnelle. Le 20 juillet 2005, le Canada légalise le mariage homosexuel en adoptant la Loi sur le mariage civil.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Reportage de l'émission « Tout le monde en parlait », Radio-Canada, 29 juillet 2008.
Bibliographie
En français
- Line Chamberland, Mémoires lesbiennes, 1950-1972, Montréal, Remue-Ménage, 1996.
- Irène Demczuk et Frank Remiggi (dir.), Sortir de l’ombre, Histoire des communautés lesbiennes et gaies de Montréal, Montréal, VLB, 1998.
- Irène Demczuk (dir.), Des Droits à reconnaître, les lesbiennes face à la discrimination, Montréal, Remue-ménage, 1998.
- Danielle Julien et Joseph J. Lévy (dir.), Homosexualités : variations régionales, Presses de l'Université du Québec, 2007.
- Guy Ménard, De Sodome à l’Exode. Jalons pour une théologie de la libération gaie, Montréal, Guy Saint-Jean, 1982.
- Nathalie Ricard, Maternités lesbiennes, Montréal, Remue-Ménage/IREF.
- Pierre Salducci (dir.), Écrire gai, Montréal, Stanké, 1998.
- Paul-François Sylvestre, Les Homosexuels s'organisent, Montréal, éditions Homheureux, 1979.
En anglais
- Terry Goldie (dir.), In a Queer Country: Gay and Lesbian Studies in the Canadian Context, Arsenal Pulp Press, 2001.
- Didi Herman, Rights of Passage, Struggles for Lesbian and Gay Equality, Toronto, University of Toronto Press, 1994.
- Bruce MacDougall, Queer Judgements: Homosexuality, Expression, and the Courts in Canada, Toronto, University of Toronto Press, 2000.
- Donald McLeod, Lesbian and Gay Liberation in Canada : A Selected Annotated Chronology, 1964-1975, Toronto, EDW books, 1996.
- David Rayside, Queer Inclusions, Continental Divisions: Public Recognition of Sexual Diversity in Canada and the United States, Toronto, University of Toronto Press, 2008.
- Miriam Smith, Lesbian and Gay Rights in Canada, Social Movements and Equality-Seeking 1971-1995, Toronto, University of Toronto Press, 1999.
- Alex Spence (éd.), Gay Canada: A Bibliography and Videography, 1984-2000, Canadian Scholars Press, 2002.
- Tom Warner, Never Going Back: A History of Queer Activism in Canada, Toronto, University of Toronto Press, 2002.
Notes et références
- ↑ a , b , c , d et e Émission « Tout le monde en parlait », Les gais sortent de l'ombre (1969-1979), juillet 2008.
- ↑ Émission « Dossier », Gais et lesbiennes s'affirment, 25 novembre 1968.
- ↑ (en) Archive de CBC : NWT man jailed for being gay
- ↑ (en) Everett George Klippert, appellant; and Her Majesty The Queen, respondent
- ↑ Texte de l'arrêt dans M. c. H. (1999) 2 R.C.S. 3
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