- Alexandre Auguste Ledru-Rollin
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Alexandre Ledru-Rollin
Pour les articles homonymes, voir Ledru.Alexandre-Auguste Ledru-Rollin, né à Paris le 2 février 1807 et mort à Fontenay-aux-Roses (Seine actuellement Hauts-de-Seine) le 31 décembre 1874, est un avocat et homme politique français. Il fut candidat à l'élection présidentielle française de 1848. Républicain progressiste, il est l'un des chefs de file de la campagne des banquets. Seconde figure du gouvernement provisoire, il fait adopter par décret le suffrage universel français.
Sommaire
L'opposant à la Monarchie de Juillet
Alexandre Ledru-Rollin est issu de la bourgeoisie républicaine. Son grand-père Ledru dit Comus était physicien du Roi (il vivait à Fontenay-aux-Roses) et son père médecin, était membre de l'Académie de médecine. A 22 ans il est avocat au barreau de Paris, il se signale par ses plaidoyers en faveur des journalistes républicains. Élu député du Mans en 1841 en remplacement d'un des chefs républicains, Étienne Garnier-Pagès, il siège à l’extrême-gauche. Il publie en 1846 un manifeste dans lequel il réclame le suffrage universel ce qui lui vaut un procès retentissant.
Certes, ses idées économiques manquent de rigueur, mais il exprime des principes républicains très fermes. Il s'oppose à la Monarchie de Juillet et se joint à Alphonse de Lamartine pour dénoncer les « féodalités de l'argent » et le capitalisme nouveau. Rapidement, il devient une figure radicale très importante de la Chambre, voulant changer les institutions à leurs racines même (en particulier l'adoption du suffrage universel).
En juin 1843, il fonde le journal La Réforme qui devient l'organe de ceux qui soutiennent un programme républicain et radical. De nombreuses personnalités participent à ce mouvement, qu'il s'agisse de Louis Blanc, Godefroi Cavaignac, Ferdinand Flocon ou encore François Arago. Pour eux, la réforme politique doit conduire à une réforme sociale. Ce journal s'oppose au journal modéré Le National, fondé par Adolphe Thiers, qui soutient le régime en place.
À une période où la répression contre les républicains est très forte, la campagne des Banquets (1847-1848) se révèle un exercice de contestation et de revendication précieux. En effet, c'est un moyen de détourner la loi interdisant les réunions politiques. Ledru Rollin y prend part activement. Elle aboutit à la révolution de février 1848, qui renverse le roi Louis-Philippe Ier et mit fin à la Monarchie de Juillet.
Un des chefs de la Deuxième République
Le Gouvernement provisoire de 1848 est imposé par les révolutionnaires après la révolution de 1848 qui met fin à la monarchie de Juillet. Ce gouvernement est composé de 7 députés dont Ledru-Rollin. Il représente la pensée radicale. Il devient ministre de l'Intérieur le 25 février. Pour installer la République, il épure l'administration de ses éléments orléanistes en remplaçant les préfets par des "commissaires du gouvernement" et les "sous préfets" par des "sous commissaires" de tendance républicaine. Dans un deuxième temps, le nouveau ministre de l'Intérieur cherche à affirmer la force de sa tendance au sein du gouvernement par le durcissement de ton de ses deux circulaires les 8 et 12 mars 1848: ainsi, on observe un renforcement des pouvoirs des commissaires pour les mesures d'ordre et de salut public. Le ministre désigne aussi des commissaires généraux qui sont chargés de surveiller les commissaires "ordinaux". Alexandre Ledru-Rollin prit la direction des Beaux-arts et des Musées. En effet, pour lui, la République avait besoin de la justification de sa culture. Ainsi dès le 15 mars, grâce à son initiative, l'exposition annuelle de peinture, de sculpture et d'architecture commençait.
Il tente maladroitement d'organiser la campagne électorale des "républicains de la veille" pour les élections d'avril 1848 à l'Assemblée nationale. Mais, le 16 avril, il combat la manifestation de l'extrême gauche républicaine qui tente de repousser les élections jugées trop rapides. Il est élu à Paris, mais les républicains et surtout les socialistes sont très nettement mis en minorité par le Parti de l'Ordre. Grâce à l'appui de Lamartine, il est néanmoins, mais difficilement, élu membre de la Commission exécutive qui dirige la France. Pendant la manifestation du 15 mai 1848, en faveur de la Pologne, en fait contre la politique de la Commission exécutive, il organise la lutte contre les manifestants parisiens. Après les massacres des Journées de Juin auxquelles il ne prend guère part, il est exclu du pouvoir dans le nouveau gouvernement du général Cavaignac. Il est poursuivi par l'Assemblée pour sa gestion du ministère de l'Intérieur (en particulier la gestion des fonds secrets), mais parvient à se disculper.
Ledru-Rollin défend le « double » droit à l'assistance et au travail en septembre 1848 [1]
Il est le candidat des républicains radicaux à l'élection de la présidence de la République. Il obtient 381 026 voix (soit environ 5% des suffrages) en se classant en troisième position derrière Louis Napoléon Bonaparte (environ 5 500 000 voix) triomphalement élu et le général Cavaignac (environ 1 400 000 voix), candidat des républicains modérés. Son électorat était composé principalement d'urbains et de la moyenne et petite bourgeoisie. Malgré la victoire triomphante du Parti de l'Ordre (1848), ces résultats ne correspondent pas à la force numérique réelle de la gauche dans le pays. Le rôle de Ledru-Rollin sera très sous-estimé à cause de ce désastre électoral. Il reste pourtant celui qui a formé le premier noyau du parti républicain et qui a donné une cohérence politique ainsi qu'une dimension populaire à une gauche radical-socialiste.
L’opposant à la république conservatrice
En attendant les élections législatives de mai 1849, il organise méthodiquement la propagande républicaine en province. Déjà en novembre 1848, les républicains démocrates-socialistes ont fondé la Solidarité républicaine, qui a soutenu sa candidature à la présidentielle. En mai 1849 il est élu député à l'Assemblée législative. Il est le chef d'un groupe de plus de 200 députés, la Montagne. Il s'oppose violemment à la politique réactionnaire de l'Assemblée en particulier à l'envoi d'une expédition militaire à Rome qui vise à étrangler la jeune République romaine pour rétablir le pouvoir absolu du pape Pie IX. Il tenta d’organiser un soulèvement contre le gouvernement d'Odilon Barrot et la majorité conservatrice de l'Assemblée, le 13 Juin 1849. Suite à la répression du général Nicolas Changarnier et de ses troupes, il est déchu de son mandat de représentant mais parvient à s’enfuir en Angleterre. La Haute Cour de justice de Versailles le condamne par contumace.
De Londres, il soutient la Nouvelle Montagne. Cependant, il est très affecté par son échec et son exil. En 1851, il publie une brochure ("Plus de président, plus de représentants") où il rejette l'idée même de gouvernement. Il ne rentre en France qu’en 1871, après la proclamation de la Troisième République, et, bien que réélu député en 1871 et 1874, il n’exerce plus aucune influence. Il est cité comme ayant fait partie de la franc-maçonnerie. [2]
Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise. Une avenue et une station de métro à Paris portent son nom, ainsi qu'un boulevard à Montpellier. Il existe aussi au Mans un quai Ledru-Rollin. A Pézenas, c'est une place qui est nommée Ledru-Rollin.
Sources
- Inès Murat, La Deuxième République, Paris, Fayard, 1987
- L. Louvet, « Ledru-Rollin (Alexandre-Auguste) », in Jean-Chrétien Ferdinand Hoefer, Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Paris, Firmin Didot frères, tome 29, 1862, p. 271-280
- Adolphe Robert, Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889, Paris, Bourloton, 1889, tome 4, de Lecointre-Puyraveau à Ledru-Rollin, p. 39-40, et de Ledru-Rollin à Lefebvre du Prey, p. 41-46
Notes et références
- ↑ Alexandre Ledru-Rollin, Débat sur le droit au travail. Discours à l'Assemblée nationale constituante : 11 septembre 1848, site de l'Assemblée nationale.
- ↑ GLDF
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