- Henriette Caillaux
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Henriette Caillaux, née Henriette Raynouard ("Rainouard" sur sa pierre tombale) (6 décembre 1874 Paris - 29 janvier 1943 Mamers), épouse de Joseph Caillaux, est connue pour avoir assassiné en mars 1914 le journaliste Gaston Calmette, directeur du quotidien Le Figaro.
Sommaire
L'affaire Caillaux
Ayant entamé une relation amoureuse avec Joseph Caillaux alors qu'il était encore marié à Mme Dupré, née Berthe Gueydan, elle l'épouse après leur divorce. Tandis que Caillaux exerce la fonction de ministre des Finances dans le gouvernement Doumergue, il subit des attaques dont Le Figaro, dirigé par Gaston Calmette, se fait un relais actif. Dans un premier temps, ces attaques portent sur la politique, Calmette s'étant procuré des documents diplomatiques relatifs à l'affaire d'Agadir. Il faut l'intervention de Louis Barthou pour l'empêcher de les publier. Puis le journal remet en cause l'honnêteté de Caillaux, l'accusant d'avoir reçu de diverses sources des sommes pour financer ses campagnes électorales[1], et lui reproche des interventions auprès de la justice en faveur d'un escroc[2]. Calmette aurait également soudoyé la femme de chambre d'Henriette Caillaux pour qu'elle subtilise les lettres de Caillaux à son épouse[3]. Il publie dans son journal plusieurs de ces lettres, écrites avant le mariage des Caillaux[2]. Dans l'une de ces lettres, Caillaux se félicitait d'avoir fait capoter un vote sur l'impôt sur le revenu en paraissant le défendre. Or, au début de 1914, le même Caillaux a fait adopter par la Chambre un projet d'impôt sur le revenu, repoussé par le Sénat, et c'est l'un de ses principaux thèmes de campagne de la gauche. Sa publication vise donc à décrédibiliser Caillaux, en pleine campagne électorale.
Henriette Caillaux, décidée à défendre la réputation de son mari et la sienne, prend rendez-vous avec Calmette le 16 mars 1914 à la direction du Figaro, où elle se fait conduire en voiture. Après quelques mots, elle tire plusieurs balles à bout portant sur Calmette. Ce dernier en décédera quelques heures après.
Lors de son procès, Henriette Caillaux et son avocat, Fernand Labori, plaident le crime passionnel. Fait exceptionnel, le président de la République fait une déposition et nombre de membres de la haute société de l'époque doivent aussi s'exposer. Ce verdict a fait l'objet de critiques, à l'époque : on a avancé que plusieurs jurés avaient des opinions politiques proches du Parti radical[4], et des journalistes évoquent une collusion entre Caillaux et Boucard, le juge d'instruction[5].
À une époque où le féminisme commençait tout juste à poser son empreinte sur la société française, la défense en la personne de Fernand Labori exploita habilement les stéréotypes encore bien ancrés. Il convainquit le jury que le crime n'était pas le fait d'un acte mûrement préparé mais d'un réflexe féminin incontrôlé, transformant le crime prémédité en crime passionnel, et obtint ainsi l'acquittement le 28 juillet 1914.
Historienne d'art
Au début des années trente, elle obtint le diplôme de l'École du Louvre en présentant une thèse sur la vie et l'œuvre de Jules Dalou. Cette thèse lui servit de base pour publier un ouvrage[6] de référence en 1935, dans lequel elle a établi un inventaire de l'œuvre de ce sculpteur.
Filmographie et bibliographie
- L'affaire inspira en 1985 un téléfilm à la télévision française, L'Affaire Caillaux.
- Elle a fait l'objet d'un ouvrage d'Edward Berenson, professeur d'histoire américain, The Trial of Madame Caillaux, University of California Press, 1993 (ISBN 978052007347X).
- Henriette Caillaux est le thème du roman de Valentine Goby, Des corps en silence, Gallimard, 2009 (ISBN 978-2-07-012804-4)
Références
- Jean Baptiste Duroselle, La France et les Français: 1900-1914, Université de Paris I: Panthéon-Sorbonne, vol. 2 de La France et les Français, Éditions Richelieu, 1972, 414 pages, p. 377.
- Serge Berstein, Pierre Milza, Histoire de la France au XXe siècle, vol. 1: « 1900-1930 », Éditions Complexe, 1999, 573 pages, p. 59 (ISBN 287027758X).
- ISBN 2110807156). Jean-Claude Allain, Joseph Caillaux, Imprimerie nationale, 1978, 537 pages, p. 497 (
- ISBN 2732829242). Lionel Dumarcet, L'Affaire Caillaux, Éditions De Vecchi, 1999, 142 pages, p. 88 (
- Jean-Claude Allain, op. cit., 1978, p. 430.
- Henriette Caillaux : Dalou (1838-1902) L'homme - L'œuvre, Préface de Paul Vitry, Librairie Delagrave, Paris, 1935.
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