- Guy-André Kieffer
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Pour les articles homonymes, voir Kieffer.
Guy-André Kieffer est un journaliste franco-canadien, né le 25 mai 1949. Il a disparu le 16 avril 2004 à Abidjan, capitale économique de la Côte d'Ivoire, dans des circonstances qui n'ont pas été totalement élucidées[1].
Sommaire
Ses débuts au Canada
Issu d’une famille bourgeoise alsacienne, il acquiert la nationalité canadienne, lors de son premier mariage, et devient attaché parlementaire d’un député canadien. Il rencontre sa future épouse, Osange Silou-Kieffer, journaliste guadeloupéenne, en 1979 à Ottawa[2], celle-ci le décrivant comme "plutôt trotskiste et idéaliste"[3].
Journaliste
Journaliste économique, il travaille d'abord à Libération. Il rejoint ensuite, dès sa création en 1984, le quotidien La Tribune, créé par quatre journalistes économiques du quotidien Le Monde. Il y reste 18 ans.
Guy-André Kieffer s'intéresse au monde des affaires dans le domaine des matières premières[4], et l'un des animateurs du Cercle Cyclope, qui réunit des journalistes, économistes, et professionnels des matières premières.
Il est, jusqu'à sa disparition, le principal rédacteur des bulletins mensuels de Cyclope et du rapport annuel[5] Cyclope[6] du même nom[7], un livre relié de 400 pages, puis plus de 500 pages[8], dans le domaine des matières premières[9], sous la direction de l'économiste Philippe Chalmin.
Par ailleurs délégué syndical CGT pour la rédaction de La Tribune [10], il négocie plusieurs accords importants, en particulier sur les droits d'auteurs [11].
Enquête en Côte d'Ivoire
En 2002, il part pour la Côté d'Ivoire, où le président Laurent Gbagbo lui commande un audit sur la filière cacao. Cet audit met rapidement en lumière des malversations[12]. Un rapport de l'Union européenne sur « l'argent du cacao » [13], publié fin 2005, fait également état de malversations.
Il élargit le champ de ses investigations au financement des ventes d'armes en Côte d'Ivoire, des groupes rebelles du Libéria, de la Banque Nationale d'Investissement et du paiement des salaires des fonctionnaires de Guinée-Bissau par la Côte d'Ivoire [14]. Il publie de nombreux articles critiques concernant l'économie de la Côte d'Ivoire, dans la presse ivoirienne (sous différents pseudonymes) et dans La Lettre du Continent, publiée en France [15].
Un documentaire intitulé « Guy-André Kieffer : un journaliste qui dérangeait » est réalisé par Bernard Nicolas et diffusé sur Canal + dans le cadre de Jeudi investigation fin mai 2008. Sa chute, reprise sur France 24 par Ulysse Gosset, a prêté à polémique auprès de sa famille et de ses proches [16], le président Laurent Gbagbo ayant en substance déclaré que, en temps de guerre, la mort d'un homme n'était qu'un « détail ».
Enlèvement
Au moment de sa disparition, Guy-André Kieffer est correspondant de La Lettre du Continent, lettre confidentielle consacrée à l'Afrique, spécialisé dans les matières premières, notamment le cacao, ainsi que les affaires économiques et financières. En plusieurs occasions, après des articles gênants, il avait été la cible de sérieuses attaques dans la presse proche du pouvoir du président Gbagbo[12].
Une semaine après sa disparition, des menaces de mort obligent le journaliste ivoirien Baudelaire Mieu, ami de Guy-André Kieffer, qui suit les mêmes dossiers, et travaille pour l'agence de presse Associated Press (AP), à quitter la Côte d'Ivoire pour quelque temps, comme il l'explique entre autres dans un documentaire [17]. Il reprend par la suite une activité normale, et fonde en avril 2008 un collectif ivoirien de soutien à Guy-André Kieffer [18].
D'après l'enquête menée en France par le juge Patrick Ramaël [19], il a été enlevé par un commando proche de la présidence ivoirienne, composé de membres des services de renseignement[20]. Elle indique également qu'il a été victime d'un piège tendu par Michel Legré, beau-frère de Simone Gbagbo, qui lui a donné rendez-vous sur le parking d'un supermarché où l'enlèvement a eu lieu[20]. Legré est incarcéré quelque temps à la prison d'Abidjan avant d'être relâché, et n'accepte pas, par la suite, d'être interrogé en France[20].
La famille de Guy-André Kieffer, est reçue par Nicolas Sarkozy après son élection, en août 2007[20].
Le 16 avril 2004, jour de son enlèvement, Bruno Joubert, ex-Monsieur Afrique de Nicolas Sarkozy, débarque à Abidjan, pour des raisons inconnues, en compagnie de Nathalie Delapalme, ex-conseillère Afrique de plusieurs ministres des Affaires étrangères[20]. Les avocats de la famille requièrent leur audition, sans succès jusqu'à présent[20].
Références
- Cébon, « Affaire Guy-André Kieffer: … »
- selon le quotidien Libération du 5 janvier 2006
- http://www.liberation.fr/portrait/0109552502-femme-en-quete
- Un an après l’enlèvement de Guy-André Kieffer, l’enquête est au point mort, Reporters sans frontières. Consulté le 14 août 2008
- http://www.lefigaro.fr/matieres-premieres/2009/05/12/04012-20090512ARTFIG00575-le-cercle-cyclope-optimiste-sur-les-cours-du-sucre-.php
- http://bu.univ-chlef.dz/index.php?lvl=author_see&id=153177
- http://documentation.2ie-edu.org/cdi2ie/opac_css/index.php?lvl=author_see&id=12191
- http://www.librairiedialogues.fr/livre/1583565-les-marches-mondiaux-cyclope-1996-philippe-chalmin-guy-andre-kieffer-christian--economica
- Rapport Cyclope, Le Monde diplomatique, octobre 1997. Consulté le 14 août 2008
- International / Monde / Dans l'actualité, rubrique de L'Humanité du 28 août 2007 ; aussi indiqué par la CGT, Otages en Irak, 21 février 2005. Sa qualité de délégué syndical CGT-SNJ est rapportée par
- [1]. Il représente le syndicat SNJ-CGT pour la négociation de l'accord du droit d'auteur du groupe Tribune Desfosses signé le 3 novembre 2000, accord consultable sur le site du syndicat USJ-CFDT
- La disparition de Guy-André Kieffer en Côte d'Ivoire émission Rendez-vous avec X sur France Inter le 23 octobre 2010, archivée sur le Blog Ménilmontant Solidarités
- Tempête sur le cacao de Côte d’Ivoire. Le Monde diplomatique, juillet 2006. Le rapport aurait par la suite été refusé par la Commission européenne, selon L'Expansion, parce qu'il ne « répondait pas à ce qui avait été demandé ». Voir Gbagbo accusé de détourner l'argent du cacao ivoirien, L'Expansion, 18 janvier 2006. Sid Amri et Alain Gourdon, Étude diagnostic des organisations et des procédures de la filière café-cacao de Côte d’Ivoire, cabinet ECO, Bruxelles, cabinet BAA, Barcelone, 2006, cité par exemple par
- Vérité pour Guy-André Kieffer, visite du 15 aout 2008. Indiqué sur la biographie réalisée par son comité de soutien
- Côte d’Ivoire Le pays de la peur. Le Nouvel observateur, no 2060, semaine du jeudi 29 avril 2004 : « Guy-André Kieffer n’a jamais cessé d’enquêter pour la « Lettre du continent », ou de dénoncer sous pseudonyme dans la presse locale les malversations les plus graves. »
- La famille Kieffer réagit aux propos du président ivoirien sur France 24 / Communiqué de la famille de Guy-André Kieffer. Agence panafricaine de presse, lundi 9 juin 2008, reprise sur le site abidjan.net (visite du 16 aout 2008).
- Guy-André Kieffer, ce journaliste qui dérangeait
- Des journalistes ivoiriens mobilisés pour Guy-André Kieffer, 16 avril 2008.
- Il y a 4 ans disparaissait le journaliste Guy-André Kieffer, RFI, 16 avril 2008.
- Le journaliste Guy-André Kieffer disparu depuis quatre ans, Rue 89, 16 avril 2008 David Servenay,
Sources
- Les responsables de l'enlèvement de Guy-André Kieffer auraient été identifiés, Le Monde, 2 septembre 2006
- Affaire Kieffer : un ex-officier ivoirien écroué à Paris, Le Monde, 2 février 2006
- (fr) La famille du journaliste disparu Guy-André Kieffer lance un appel aux Ivoiriens
- (fr) Toujours pas de nouvelles du journaliste Guy-André Kieffer
- (fr) « Affaire Guy-André Kieffer: … » in Nathalie Cébon, Afrique Liberté No 4, octobre 2007, page 10, Paris: L'Harmattan. (ISBN 2296042880)
Liens externes
- Le Dossier Kieffer sur le blogue d’un de ses anciens confrères
- La disparition de Guy-André Kieffer sur le site "Assassinats de coopérants"
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