Guerre de révolution portugaise

Guerre de révolution portugaise

Guerre de Restauration (Portugal)

La guerre de Restauration est une guerre d'indépendance menée par le Portugal contre l'Espagne du 1er décembre 1640 au 12 février 1668 (traité de Lisbonne).

Elle est causée par la volonté des Portugais de se débarrasser de la domination des Habsbourgs d'Espagne, en détrônant Philippe IV d'Espagne, roi du Portugal sous le nom de Philippe III du Portugal, au profit d'un roi portugais de la maison de Bragance, Jean IV de Portugal qui rétablit la lignée aînée antérieure des rois de la dynastie d'Aviz.

Sommaire

Dénomination

La guerre de la Restauration de l'Indépendance est le nom créé par les historiens nationalistes romantiques portugais du XIXe siècle. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, elle était connue sous le nom de guerre d'Acclamation.

Déclenchement

Refusant d'aller combattre en Catalogne, où les castillans étaient aux prises avec une rébellion militaire généralisée avec l'appui français, l'aristocratie portugaise prit le parti de combattre chez elle, pour ses propres intérêts.

Article détaillé : Guerre de Trente Ans.

Elle profitait ainsi de la guerre de Trente Ans, qui immobilisait la plupart des moyens militaires de l'Espagne au royaume d'Aragon, en Catalogne, dans le Roussillon et aux Pays-Bas catholiques.

Cette guerre dure presque 28 ans et se déroule sur trois plans d'égale importance pour la cour de Lisbonne : le militaire, le diplomatique, et l'économique ; elle se divise en deux périodes principales :

  • Entre 1640 et 1659, elle consiste principalement en une série d'escarmouches régulières proches de la frontière, d'invasion et pillage des villes frontalières de part et d'autre.
  • Au traité des Pyrénées de 1659, Mazarin livre le Portugal à Madrid en échange du Roussillon catalan. L'Espagne peut enfin retirer ses armées principales des autres fronts européens et les tourner vers le Portugal avec toute la force dont elle dispose encore. Aux escarmouches de frontières succède une guerre régulière, ponctuée par 4 importantes victoires portugaises ; les opérations militaires cessent en 1665.

Première période : 1640-1659

Philippe IV d'Espagne (peint vers 1652-1655)

En 1640, le Portugal, entièrement désarmé, doit se fournir de tout l'équipement nécessaire, y compris la poudre, auprès des autres puissances européennes, notamment de la Suède. Il conclut la paix en Europe avec la France, les Pays-Bas, l'Angleterre et la Suède. Cette paix ne s'applique pas sur les autres théâtres d'opération : en Afrique, en Amérique et en Asie, les Portugais continuent à affronter, parfois violemment, les Français, les Néerlandais et les Anglais.

Ces alliances sont donc fragiles : la France ne l'appuie que dans son propre intérêt, pour contrer le Royaume de Castille (et elle l'abandonnera en 1659 par le traité des Pyrénées). L'Angleterre est absorbée par ses propres problèmes internes, avec sa guerre civile entre le Parlement et le roi, et à partir de mai 1649 le Commonwealth de l'Angleterre mis en place par Cromwell rejettera son allié portugais pour intensifier la guerre aux Indes, et même sur sur son littoral.

La papauté a toujours été l'alliée de la Castille, et pendant 28 ans les églises portugaises se videront de leurs évêques, que Rome refuse de renouveler à mesure qu'ils meurent. À la paix de 1668, il ne restera qu'un évêque dans tout le Portugal. Le pape refuse aussi de recevoir l'ambassadeur portugais à Rome : celui-ci, dom Miguel de Portugal, évêque de Lamego, appartient à la maison de Vimioso, (c'est un Bragance de lignée illégitime). Il manque d'être assassiné dans une rue de Rome par l'ambassadeur de la Castille et ses valets, au cours d'une véritable bataille rangée, et doit quitter la ville sans avoir obtenu aucun résultat.

Le Portugal manque également de soldats : il doit recruter des mercenaires hors de ses frontières pour former ses troupes de de première ligne. Ses secondes lignes, dites Milícia, sont recrutées sur place. Il crée également de nouveaux instruments d'administration, un Conseil de guerre et un Conseil d'Outremer. Il décide aussi de remettre en fonction l'Ordenança, c'est-à-dire son armée territoriale de troisième ligne : c'est une armée de conscription, où les soldats étaient par ordre, d'où son nom. Créée à la fin du XVIe siècle par le roi Sébastien Ier, elle avait été supprimée par les Habsbourg.

Luísa de Gusmão, régente du Portugal à partir de 1656

Le Portugal met ainsi en place en peu de temps un formidable dispositif militaire coordonné en trois niveaux :

  • une première ligne concentrée sur ses trois grandes armées d'Alentejo, de Beira, et de Trás-os-Montes, mobiles et capables d'agir de concert ;
  • une deuxième ligne de milices régulières confiée aux fidalgos de province, plus mobile et vigilante sur l'ensemble de son territoire continental, et sur les quatre principales lignes traditionnelles d'invasion ;
  • une troisième ligne, l'Ordenança ou armée territoriale, couvrant tout le territoire portugais, avec tous ses hommes valides en armes mobilisés dans leurs municipalités, recrutée par les sargento-mor (grand-sergent), entraînés et conduits par les capitão-mor (grand-capitaine) de la noblesse locale. L'Ordenança est très avancée pour son temps, et très efficace. Elle permettra au Portugal, sur le continent ou dans son Empire, d'attaquer au plus tôt.

Dans le même temps, elle couvre ses deux grandes frontières avec la Castille, ainsi que sa ligne de côtes et ses îles, de nombreuses forteresses à la Vauban, grandes et petites.

C'est donc un pays très uni autour d'un roi très aimé, payant sans murmurer tous les impôts de guerre (refusés en bien moindre quantité à Olivarès peu auparavant) ; un pays tout en armes, entraîné massivement, que devront combattre les armées castillanes qui tardent à venir.

Ainsi, dès 1644, les forces portugaises lancent des incursions en Castille : Matias de Albuquerque conquiert la ville de Montijo en Extrémadure, puis, le 26 mai 1644, remporte la seule bataille importante de cette période, la bataille de Montijo. Il est appuyé par dom João da Costa, le futur comte de Soure, et par le comte de Cantanhede, futur marquis de Marialva[1]. Ce dernier conquiert en même temps l'importante place-forte castillane de Valencia de Alcántara, que le Portugal gardera jusqu'au traité de Lisbonne.

La guerre continua, tout aussi ruineuse. Au cours des années 1650, il y eut dans la seule Estrémadure plus de 20.000 soldats espagnols, (à comparer aux 27.000 qui se trouvaient dans les Flandres). Entre 1649 et 1654, c'est environ 29 pour cent des dépenses militaires espagnoles (plus de six millions de ducats) qui furent affectées à la lutte contre le Portugal, chiffre qui devait encore monter pendant les grandes campagnes des années 1660. Le Portugal fut en mesure de financer son effort de guerre du fait qu'il arriva à taxer le commerce d'épices avec l'Asie et le commerce de sucre en provenance du Brésil et qu'il reçut un certain soutien des pays européens adversaires de l'Espagne, particulièrement la Hollande, la France et l'Angleterre.

Les années 1650 furent indécises sur le plan militaire, mais importantes sur les fronts politique et diplomatique. La mort de João IV en 1656 marqua le début de la régence de sa femme, suivie par une crise de succession et un coup d'État (1662). Malgré ces problèmes internes, l'expulsion des Néerlandais du Brésil (1654) et la signature d'un traité avec l'Angleterre (également en 1654) améliora temporairement la position diplomatique et financière du Portugal et lui assura la protection dont il avait besoin contre un raid naval sur Lisbonne.

Néanmoins le Portugal n'arriva pas à atteindre son objectif principal : un traité en bonne et due forme avec la France, si bien que sa faiblesse et son isolement se manifestèrent par le fait qu'il fut virtuellement exclu des négociations des Traités de Westphalie (1648) qui marquaient en Europe les débuts d'une politique tout à fait nouvelle.

Grâce à ce traité et à la fin des hostilités en Catalogne en 1652, l'Espagne était de nouveau prête à concentrer ses efforts contre le Portugal, mais elle manquait d'hommes, de ressources et, surtout, de bons chefs de guerre.

Deuxième période : 1659-1668

Cette période de guerre classique est principalement marquée par quatre batailles importantes, toutes au Portugal et toutes remportées par les armées portugaises :

La mort du roi Philippe IV d'Espagne (ex-Philippe III de Portugal) à Madrid en septembre 1665 met fin aux hostilités : son successeur Charles II d'Espagne n'a que quatre ans, et son oncle, le bâtard Juan José d'Autriche, se révolte contre la régente Marie-Anne d'Autriche. Ces circonstances facilitent la signature en février 1668 du traité de Lisbonne, négocié entre les cours de Lisbonne et de Madrid par l'ambassadeur d'Angleterre, Lord Sandwich.

Notes et références

  1. et futur vainqueur de la bataille de Montes Claros
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