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Grands arrêts du Conseil d'État (France)
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Grands arrêts du Conseil d'État (France)Textes Textes de l'Ancien Droit • Lois depuis 1789 Portail Histoire du droit français Par « grands arrêts », on entend les décisions qui ont joué un rôle majeur dans l'évolution de la jurisprudence.
Le droit administratif français étant largement de formation prétorienne, la jurisprudence, spécialement celle du Conseil d'État et celle du Tribunal des conflits, a été déterminante pour les règles de procédures et de fond qui se sont progressivement dégagées, celles-ci étant bien sûr pour une part d'origine législative ou règlementaire, mais pour une part non moins importante construites ou dégagées par le juge lui-même.
On comprend dès lors l'importance des « grands arrêts » du Conseil d'État en ce domaine.
Sommaire
La légalité et la hiérarchie des normes
- 1er mai 1822 : Lafitte :
Les actes dits « de haute politique » sont des actes de gouvernement, qui ne sont pas susceptibles d'être discutés par la voie contentieuse. C'est la théorie du mobile politique.
- 19 février 1875 : Prince Napoléon :
Abandon de la théorie de l'acte de haute politique (ou de l'acte pour mobile politique) : il existe toujours des actes de gouvernement, mais ceux-ci ne peuvent se définir simplement par l'existence d'un mobile politique. Aujourd'hui, le Conseil d'État considère comme acte de gouvernement les actes ayant trait au rapport entre l'exécutif et le législatif ou à la conduite des relations internationales. Voir les conclusions du commissaire du gouvernement David à l'audience et l’analyse sur le site du Conseil d’État.
- 6 novembre 1936 : Arrighi :
Théorie de la loi-écran. Le juge administratif ne contrôle pas la constitutionalité d'une loi. Étant le juge du pouvoir exécutif, il ne peut, au nom de la séparation des pouvoirs, contrôler le travail du législateur. Voir aussi l'article consacré à l'arrêt « Arrighi ».
- 26 octobre 1945 : Aramu :
Affirmation de l'existence de principes généraux du droit. Ceux-ci s'imposent à l'administration, mais pas au législateur. Il est généralement admis qu'ils ont valeur législative, même si certains auteurs leur assignent une valeur « supra-décrétale mais infra-législative » (René Chapus).
- 30 mai 1952 : Dame Kirkwood :
Un acte administratif doit être conforme à un traité. Pour la première fois, le juge contrôle l'application par l'administration du droit international, qui n'était jusqu'alors qu'une règle de conduite ne faisant pas grief.
- 1er mars 1968 : Syndicat général des fabricants de semoules de France :
Le Conseil d'État se refuse à faire prévaloir le traité sur la loi postérieure. Par cet arrêt, le Conseil d'État cherche à concilier la suprématie des traités sur la loi (article 55 de la constitution) avec son refus de censurer les actes du législateur.
- 20 octobre 1989 : Nicolo :
Le Conseil d'État indique qu’il appartient au juge administratif de contrôler la compatibilité entre les traités internationaux et les lois françaises même postérieures, revenant ainsi sur sa jurisprudence « semoules » de 1968. Il se rallie ainsi à la solution dégagée en 1975 par la Cour de cassation dans son arrêt Société cafés Jacques Vabre et suivie par le Conseil constitutionnel (dans sa fonction de juge électoral) lors de sa décision n° 88-1082/1117 du 21 octobre 1988 sur les élections législatives dans le Val-d'Oise. Voir aussi l’analyse sur le site du Conseil d’État et l'article consacré à l'arrêt « Nicolo ».
- 3 juillet 1996 : Koné :
En vertu d’un principe fondamental reconnu par les lois de la République, l’extradition doit être refusée lorsqu’elle est demandée dans un but politique. Une convention internationale d’extradition doit être interprétée conformément à ce principe de valeur constitutionnelle. Voir les conclusions du commissaire du gouvernement Jean-Marie Delarue à l'audience.
- 30 octobre 1998 : Sarran, Levacher et autres :
Suprématie des dispositions constitutionnelles sur les normes internationales même régulièrement intégrées en droit interne (décret organisant la consultation des populations sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie).
- 8 février 2007 : Société Arcelor et autres :
Conciliation entre la suprématie de la Constitution dans l’ordre juridique interne et les exigences liées à la participation de la France à l’Union européenne[1]. Voir les conclusions du commissaire du gouvernement Mattias Guyomar à l'audience. Voir aussi le communiqué de presse.
Autres grands arrêts du Conseil d'État
De 1875 à 1914
- 26 novembre 1875 : Pariset : Le Conseil d'État censure pour détournement de pouvoir la décision du préfet de fermer une manufacture d'allumettes.
- 13 décembre 1889 : Cadot : Abandon de la théorie du ministre-juge : compétence générale du juge administratif. Voir les célèbres conclusions du commissaire du gouvernement Jagerschmidt à l’audience et l’analyse sur le site du Conseil d’État.
- 21 juin 1895 : Cames : Naissance de la responsabilité sans faute.
- 29 mars 1901 : Casanova : Tout contribuable d’une commune a un intérêt à agir contre l'inscription d'une dépense au budget de celle-ci.
- 10 janvier 1902 : Compagnie nouvelle du gaz de Deville-lès-Rouen : Mutabilité (ou pouvoir de modification unilatérale) des contrats administratifs.
- 18 avril 1902 : Commune de Néris-les-Bains : Pouvoirs de police municipale des maires. Recevabilité d’un REP du maire contre une décision de l’autorité de tutelle.
- 6 février 1903 : Terrier : Compétence du juge administratif pour les contrats publics des collectivités locales.
- 11 décembre 1903 : Lot : Intérêt pour agir d’une personne contre une décision qui porte atteinte aux droits qu’elle tient de son statut, de ses titres ou des prérogatives de sa fonction.
- 8 juillet 1904 : Botta : Autorité de chose jugée d'un arrêt de cassation ou d'annulation.
- 10 février 1905 : Tomaso Grecco : Responsabilité en matière de police.
- 4 août 1905 : Martin : Recours des tiers contre les actes détachables d’un contrat. Ainsi contre les clauses réglementaires (C.E., 10 Juillet 1996, Cayzeele). Voir aussi 16 juillet 2007, Société « Tropic Travaux Signalisation ».
- 21 décembre 1906 : Syndicat des propriétaires et contribuables du quartier Croix-de-Seguey-Tivoli : Intérêt pour agir d’une association. Recevabilité du recours pour excès de pouvoir .
- 28 décembre 1906 : Syndicat des patrons coiffeurs de Limoges : Intérêt pour agir d’un syndicat professionnel, mais non au nom d'intérêts particuliers, sauf mandat spécial.
- 6 décembre 1907 : Compagnie de chemin de fer de l'Est : Recours pour excès de pouvoir contre un règlement pris en vertu d'une délégation législative.
- 29 janvier 1909 : Compagnie des messageries maritimes et autre : L'inexécution d’un contrat en cas de force majeure exclut la responsabilité du cocontractant.
- 19 février 1909 : Abbé Olivier : Pouvoir de police et liberté des cultes.
- 7 août 1909 : Winkell : La grève dans la fonction publique est un acte illicite. Voir 7 juillet 1950, Dehaene (plus bas).
- 4 mars 1910 : Thérond : Compétence de la juridiction administrative pour un contrat de service public.
- 11 mars 1910 : Compagnie générale française des tramways : Mutabilité des contrats administratifs et indemnisation en cas de préjudice.
- 3 février 1911 : Anguet : Cumul de la faute personnelle et de la faute de service.
- 8 mars 1912 : Lafage : Recours pour excès de pouvoir et recours de plein contentieux.
- 10 mai 1912 : Abbé Bouteyre : Pouvoir d’appréciation du ministre de l'instruction publique refusant d'admettre un prêtre catholique à concourir à l'agrégation de philosophie.
- 31 juillet 1912 : Société des granits porphyroïdes des Vosges. Un contrat conclu par l'administration peut l'être selon les « règles et conditions des contrats intervenus entre particuliers » et le juge judiciaire est alors compétent. En revanche, un contrat comportant une clause exorbitante du droit commun est administratif et le juge administratif est compétent dans ce cas.
- 29 novembre 1912 : Boussuge : Tierce-opposition à une décision contentieuse rendue suite à un REP.
- 20 juin 1913 : Téry : Respect des droits de la défense : droit du prévenu à être entendu.
- 4 avril 1914 : Gomel : Contrôle par le juge de la qualification juridique des faits à laquelle se livre l'administration.
De 1915 à 1939
- 14 janvier 1916 : Camino : Contrôle de l’exactitude matérielle des faits par le juge de l’excès de pouvoir.
- 30 mars 1916 : Compagnie générale d'éclairage de Bordeaux : Théorie de l'imprévision.
- 28 juin 1918 : Heyriès : Théorie des circonstances exceptionnelles.
- 26 juillet 1918 : Epoux Lemonnier : Responsabilité de l'administration à raison de fautes commises par ses agents. Célèbres conclusions du commissaire du gouvernement Léon Blum à l’audience.
- 28 février 1919 : Dames Dol et Laurent : Pouvoirs de guerre et circonstances exceptionnelles justifiant une police des moeurs plus rigoureuse.
- 28 mars 1919 : Regnault-Desroziers : Responsabilité pour risque.
- 8 août 1919 : Labonne : Existence d'un pouvoir réglementaire de police au plan national.
- 10 juin 1921 : Commune de Monségur : Entretien d’une église, dommages se rattachant à l’exécution ou l’inexécution de travaux publics.
- 3 novembre 1922 : Dame Cachet : Pouvoir de retrait d'une décision individuelle créatrice de droits pendant le délai de recours contentieux. Voir 26 octobre 2001, Ternon (plus bas).
- 26 janvier 1923 : Robert de Lafregeyre : Emploi de direction d’un service public industriel et commercial (SPIC).
- 30 novembre 1923 : Couitéas : Responsabilité pour rupture de l'égalité devant les charges publiques.
- 26 décembre 1925 : Rodière : Effet rétroactif de l'annulation contentieuse.
- 10 janvier 1930 : Despujol : Recours dans le cas d’un changement de circonstances faisant qu’un acte réglementaire est devenu illégal.
- 30 mai 1930 : Chambre syndicale du commerce en détail de Nevers : Intervention économique de la puissance publique et liberté du commerce et de l'industrie.
- 29 janvier 1932 : Société des autobus antibois : Utilisation du domaine public.
- 9 décembre 1932 : Compagnie de tramways de Cherbourg : Le bouleversement définitif de l'économie du contrat extérieur à la volonté des parties est un cas de force majeure. La résiliation du contrat peut être demandée au juge par les cocontractants.
- 7 avril 1933 : Deberles : Révocation irrégulière d'un fonctionnaire : en l’absence de service fait, droit à une indemnité et non à un rappel de traitement.
- 19 mai 1933 : Benjamin : Contrôle des atteintes portées par le pouvoir de police à la liberté de réunion. Le Conseil met en place le contrôle de proportionnalité.
- 7 février 1936 : Jamart : Pouvoir réglementaire du chef de service pour organiser ses services.
- 3 juillet 1936 : Demoiselle Bobard : Égalité des sexes dans l’accès aux fonctions publiques et restrictions pour des exigences spéciales du service.
- 14 janvier 1938 : Société anonyme des produits laitiers « La Fleurette » : Responsabilité du fait des lois.
- 13 mai 1938 : Caisse primaire « Aide et protection » : Personnes morales de droit privé et service public.
- 3 juin 1938 : Société « La cartonnerie et imprimerie Saint-Charles » : Responsabilité sans faute de la puissance publique en cas d'inexécution non fautive d'une décision judiciaire.
- 12 novembre 1938 : Chambre syndicale des constructeurs de moteurs d'avions : Conditions pour les sursis à exécution des décisions administratives.
De 1940 à 1979
- 31 juillet 1942 : Monpeurt : Compétence du Conseil d’État pour les actes administratifs d’un organisme chargé d’un service public.
- 2 avril 1943 : Bouguen : Compétence du Conseil d’État pour statuer sur certaines décisions des ordres professionnels.
- 5 mai 1944 : Dame veuve Trompier-Gravier : Principe de respect des droits de la défense.
- 2 février 1945 : Moineau : Nature et étendue du rôle du juge de cassation.
- 29 mars 1946 : Caisse départementale d'assurances sociales de Meurthe-et-Moselle : Responsabilité des autorités de tutelle et de contrôle des services publics.
- 22 novembre 1946 : Commune de Saint-Priest-la-Plaine : Responsabilité sans faute en raison d’un accident survenu à des collaborateurs occasionnels d’un service public.
- 7 février 1947 : D'Aillières : Possibilité du recours en cassation en l’absence de texte législatif clairement contraire...
- 21 mars 1947 : Compagnie Générale des Eaux et Veuve Aubry : La date d'évaluation du préjudice, dans le cas des dommages aux biens, est la date où il peut être procédé aux réparations et, dans le cas des dommages aux personnes, la date de la décision juridictionnelle.
- 25 juin 1948 : Société du journal « L'Aurore » : Principe de non-rétroactivité des actes administratifs.
- 27 mars 1949 : Véron-Réville : Réintégration du fonctionnaire illégalement évincé de l'administration et reconstitution de carrière.
- 24 juin 1949 : Consorts Lecomte : Responsabilité du service de police, même sans faute lourde, en cas d’utilisation d'armes et d’engins comportant un risque exceptionnel pour les personnes.
- 18 novembre 1949 : Demoiselle Mimeur : Responsabilité de l'administration en cas de faute non dépourvue de tout lien avec le service (cumul de responsabilités).
- 17 février 1950 : Ministre de l'agriculture c/ Dame Lamotte : Principe selon lequel toute décision administrative peut faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir.
- 7 juillet 1950 : Dehaene : Droit de grève des fonctionnaires. Pouvoir des chefs de service de réglementer le droit de grève de ceux-ci.
- 29 juillet 1950 : Comité de défense des libertés professionnelles des experts-comptables : Ordres professionnels et libertés individuelles.
- 9 mars 1951 : Société des concerts du conservatoire : Principe d'égalité régissant le fonctionnement des services publics.
- 22 juin 1951 : Daudignac : Pouvoirs de réglementation du maire et liberté du commerce et de l'industrie.
- 28 juillet 1951 : Laruelle et Delville : Responsabilité des agents publics : action récursoire de l'administration.
- 4 avril 1952 : Syndicat régional des quotidiens d'Algérie : La compétence d'un gouvernement démissionnaire est limitée aux affaires courantes.
- 13 mars 1953 : Tessier : Limites de la liberté d’expression des fonctionnaires et sanction disciplinaire.
- 17 avril 1953 : Falco et Vidaillac : Compétence de la juridiction administrative en ce qui concerne l'organisation du service public judiciaire, ici pour des élections au Conseil supérieur de la magistrature (CSM).
- 29 janvier 1954 : Institution Notre-Dame du Kreisker : Recevabilité du recours pour excès de pouvoir contre les circulaires qui ajoutent des règles nouvelles. Voir 18 décembre 2002, Mme Duvignères (plus bas).
- 28 mai 1954 : Barel : Principe de l'égalité d'accès aux fonctions et emplois publics. L'administration ne saurait, sans méconnaître ce principe, écarter un candidat en se fondant exclusivement sur ses opinions politiques.
- 20 avril 1956 : Epoux Bertin et Ministre de l'agriculture c/ consorts Grimouard : Critère du service public et qualification de contrat administratif ou de travaux publics.
- 19 octobre 1956 : Société « Le Béton » : Délimitation du domaine public.
- 31 mai 1957 : Rosan Girard : Notion d'acte inexistant.
- 26 juin 1959 : Syndicat général des ingénieurs-conseils : Le pouvoir réglementaire autonome est soumis aux principes généraux du droit.
- 18 décembre 1959 : Société « Les films Lutétia » : Police municipale et interdiction d'un film à caractère immoral.
- 24 juin 1960 : Société Frampar : Saisie des journaux, distinction entre police administrative et police judiciaire.
- 24 novembre 1961 : Consorts Letisserand : Réparation au titre de la douleur morale.
- 2 mars 1962 : Rubin de Servens : Le chef de l'État a la possibilité d'exercer le pouvoir législatif, au titre de l'article 16 de la Constitution (pleins pouvoirs), sans contrôle du juge administratif.
- 19 octobre 1962 : Canal, Robin et Godot : Principes généraux du droit pénal. Annulation d'une ordonnance du Président de la République pour atteinte aux droits et garanties essentielles de la défense.
- 30 mars 1966 : Compagnie générale d'énergie radio-électrique : Responsabilité du fait des conventions internationales sur le fondement de l'égalité devant les charges publiques.
- 26 janvier 1968 : Société « Maison Genestal » : Le contrôle de la légalité d'une décision économique reposant sur des motifs imprécis peut exiger un complément d'instruction.
- 11 décembre 1970 : Crédit foncier de France : Statut des directives.
- 28 mai 1971 : Ville Nouvelle-Est : Contrôle de l’utilité publique d’une opération d’expropriation, par la théorie du bilan.
- 2 novembre 1973 : Société Anonyme « Librairie François Maspero » : Le juge administratif effectue un contrôle minimum sur la décision du ministre de l'intérieur d'interdire la diffusion d'une publication étrangère. Voir 9 juillet 1997, Association Ekin. Voir aussi Loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881#Contrôle des publications étrangères.
- 5 mai 1976 : Société d'aménagement foncier et d'établissement rural d'Auvergne c/Bernette : Le juge de l'excès de pouvoir contrôle si les faits reprochés à un salarié protégé sont d'une gravité suffisante pour justifier la décision administrative autorisant son licenciement.
- 8 décembre 1978 : G.I.S.T.I., C.F.D.T. et C.G.T. : Droit de mener une vie familiale normale.
- 22 décembre 1978 : Ministre de l'intérieur c/ Cohn-Bendit : Portée juridique des directives communautaires.
De 1980 à aujourd'hui
- 17 mai 1985 : Mme Menneret : Pouvoir du juge de condamner à une astreinte.
- 1er avril 1988 : Bereciartua-Echarri : Principe général du droit selon lequel un réfugié politique ne doit pas être remis à son pays d'origine.
- 3 février 1989 : Compagnie Alitalia : Obligation pour l'administration d'abroger un réglement illégal (ici, contraire au droit communautaire).
- 6 avril 1990 : Cofiroute : Avis sur renvoi. Préjudice commercial indemnisable du fait d’attroupements.
- 29 juin 1990 : GISTI : Compétence du juge administratif pour interpréter une convention internationale sans renvoi préjudiciel au ministre des affaires étrangères.
- 28 février 1992 : S.A. Rothmans International France et S.A. Philip Morris France : Contrôle par le juge administratif de la compatibilité entre les objectifs d'une directive européenne et une loi même postérieure. Voir aussi 3 décembre 1999, Association ornithologique et mammalogique de Saône-et-Loire (plus bas).
- 10 avril 1992 : Epoux V. : Responsabilité du service public hospitalier. Application d'un régime de responsabilité pour faute simple.
- 15 octobre 1993 : Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord et Gouverneur de la Colonie Royale de Hong-Kong : Le rejet d'une demande d'extradition est un acte détachable des relations internationales.
- 17 février 1995 : Hardouin et Marie : Restrictions sur la notion de mesures d'ordre intérieur. Voir les conclusions du commissaire du gouvernement Patrick Frydman à l'audience.
- 27 octobre 1995 : Commune de Morsang-sur-Orge : Le respect de la dignité de la personne humaine est une composante de l’ordre public. Voir les conclusions du commissaire du gouvernement Patrick Frydman à l'audience.
- 6 décembre 1996 : Société Lambda : Contrôle du recrutement de fonctionnaires par des entreprises privées.
- 6 juin 1997 : Aquarone : Les règles coutumières du droit international public sont applicables en droit interne mais ne prévalent pas sur la loi en cas de conflit entre ces deux normes. Voir aussi les conclusions du commissaire du gouvernement Gilles Bachelier à l'audience.
- 9 juillet 1997 : Association Ekin : Le juge administratif effectue un contrôle normal sur la décision du ministre de l'intérieur d'interdire la diffusion d'une publication étrangère. Voir finalement 7 février 2003, GISTI (suite à l'arrêt de la CEDH, Association Ekin, 17 juillet 2001)...
- 3 novembre 1997 : Société Million et Marais : Le droit interne de la concurrence est opposable aux actes administratifs.
- 5 mars 1999 : Président de l'Assemblée nationale : La juridiction administrative est compétente pour connaître des litiges relatifs aux marchés conclus par les assemblées parlementaires.
- 3 décembre 1999 : Didier : Droit à un procès équitable et principe d'impartialité devant les autorités administratives indépendantes. Voir les conclusions du commissaire du gouvernement Alain Seban à l'audience.
- 3 décembre 1999 : Association ornithologique et mammalogique de Saône-et-Loire : Suprématie du droit communautaire sur la loi.
- 18 janvier 2001 : Commune de Venelles et 5 mars 2001 : Saez : Conditions de recevabilité et d'admission du référé.
- 26 octobre 2001 : Ternon : L’administration ne peut retirer une décision individuelle explicite créatrice de droits, si elle est illégale, que dans le délai de quatre mois suivant la prise de cette décision. Cette jurisprudence remplace partiellement celle issue de l'arrêt Dame Cachet de 1922. Voir les conclusions du commissaire du gouvernement François Séners à l'audience (pp. 20-31). Cette jurisprudence a été prolongée par l'arrêt Mme Soulier (6 novembre 2002), en matière de décisions pécuniaires, et par l'arrêt M. C. (6 mars 2009), pour l'abrogation des décisions créatrices de droit.
- 30 novembre 2001 : Ministre de la défense c/ Diop : La « cristallisation » du montant des pensions des ressortissants de pays anciennement sous souveraineté française est contraire à la CEDH.
- 12 avril 2002 : Papon : Responsabilités de l'État et des fonctionnaires pour les dommages causés sous le régime de Vichy.
- 18 décembre 2002 : Mme Duvignères : Les dispositions impératives à caractère général d’une circulaire peuvent faire l’objet d’un recours contentieux.
- 27 février 2004 : Mme Popin c/ Université de Strasbourg : La justice étant rendue de manière indivisible au nom de l'État, responsabilité de celui-ci pour des dommages résultant de l'exercice de la fonction juridictionnelle relevant d'une autre personne morale.
- 11 mai 2004 : Association AC ! et autres : A titre exceptionnel, les effets d'une annulation contentieuse peuvent faire l'objet d'une modulation dans le temps [2]. Voir les conclusions du commissaire du gouvernement Christophe Devys à l'audience et le communiqué de presse.
- 24 mars 2006 : Société KPMG et autres : Consécration du principe de sécurité juridique.
- 8 février 2007 : Gardedieu : Responsabilité de l'État du fait des lois contraires aux engagements internationaux. Voir les conclusions du commissaire du gouvernement Luc Derepas à l'audience.
- 22 février 2007 : Association du Personnel Relevant des Etablissements pour Inadaptés (APREI) : Qualification d'un service public en fonction de l'intention du créateur du service (méthode du faisceau d'indices)
- 16 juillet 2007 : Société « Tropic Travaux Signalisation » : Un nouveau type de recours contre les contrats administratifs est ouvert aux concurrents évincés. Eu égard à l’impératif de sécurité juridique, non-rétroactivité de cette nouvelle jurisprudence. Voir le communiqué de presse et l'intervention du Vice-Président du Conseil d'Etat.
- 3 octobre 2008 : Commune d'Annecy : la Charte de l'environnement a une valeur constitutionnelle.
Notes et références
- ↑ Voici le considérant de principe de l'arrêt Arcelor : « Considérant que si, aux termes de l’article 55 de la Constitution, « les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son application par l’autre partie », la suprématie ainsi conférée aux engagements internationaux ne saurait s’imposer, dans l’ordre interne, aux principes et dispositions à valeur constitutionnelle ; qu’eu égard aux dispositions de l’article 88-1 de la Constitution, selon lesquelles « la République participe aux Communautés européennes et à l’Union européenne, constituées d’États qui ont choisi librement, en vertu des traités qui les ont instituées, d’exercer en commun certaines de leurs compétences », dont découle une obligation constitutionnelle de transposition des directives, le contrôle de constitutionnalité des actes réglementaires assurant directement cette transposition est appelé à s’exercer selon des modalités particulières dans le cas où sont transposées des dispositions précises et inconditionnelles ; qu’alors, si le contrôle des règles de compétence et de procédure ne se trouve pas affecté, il appartient au juge administratif, saisi d’un moyen tiré de la méconnaissance d’une disposition ou d’un principe de valeur constitutionnelle, de rechercher s’il existe une règle ou un principe général du droit communautaire qui, eu égard à sa nature et à sa portée, tel qu’il est interprété en l’état actuel de la jurisprudence du juge communautaire, garantit par son application l’effectivité du respect de la disposition ou du principe constitutionnel invoqué ; que, dans l’affirmative, il y a lieu pour le juge administratif, afin de s’assurer de la constitutionnalité du décret, de rechercher si la directive que ce décret transpose est conforme à cette règle ou à ce principe général du droit communautaire ; qu’il lui revient, en l’absence de difficulté sérieuse, d’écarter le moyen invoqué, ou, dans le cas contraire, de saisir la Cour de justice des Communautés européennes d’une question préjudicielle, dans les conditions prévues par l’article 234 du Traité instituant la Communauté européenne ; qu’en revanche, s’il n’existe pas de règle ou de principe général du droit communautaire garantissant l’effectivité du respect de la disposition ou du principe constitutionnel invoqué, il revient au juge administratif d’examiner directement la constitutionnalité des dispositions réglementaires contestées... »
- ↑ Voici le considérant de principe de l'arrêt Association AC ! : « Considérant que l'annulation d'un acte administratif implique en principe que cet acte est réputé n'être jamais intervenu ; que, toutefois, s'il apparaît que cet effet rétroactif de l'annulation est de nature à emporter des conséquences manifestement excessives en raison tant des effets que cet acte a produits et des situations qui ont pu se constituer lorsqu'il était en vigueur que de l'intérêt général pouvant s'attacher à un maintien temporaire de ses effets, il appartient au juge administratif - après avoir recueilli sur ce point les observations des parties et examiné l'ensemble des moyens, d'ordre public ou invoqués devant lui, pouvant affecter la légalité de l'acte en cause - de prendre en considération, d'une part, les conséquences de la rétroactivité de l'annulation pour les divers intérêts publics ou privés en présence et, d'autre part, les inconvénients que présenterait, au regard du principe de légalité et du droit des justiciables à un recours effectif, une limitation dans le temps des effets de l'annulation ; qu'il lui revient d'apprécier, en rapprochant ces éléments, s'ils peuvent justifier qu'il soit dérogé à titre exceptionnel au principe de l'effet rétroactif des annulations contentieuses et, dans l'affirmative, de prévoir dans sa décision d'annulation que, sous réserve des actions contentieuses engagées à la date de celle-ci contre les actes pris sur le fondement de l'acte en cause, tout ou partie des effets de cet acte antérieurs à son annulation devront être regardés comme définitifs ou même, le cas échéant, que l'annulation ne prendra effet qu'à une date ultérieure qu'il détermine »
Bibliographie
Ouvrage thématique
- Jean-Louis Mestre, Introduction historique au droit administratif français, Presses universitaires de France, Paris, 1985
Recueils de jurisprudence
- Jean-Claude Bonichot, Paul Cassia, Bernard Poujade, Les Grands Arrêts du contentieux administratif, Dalloz, 2006 (ISBN 978-2-2470-7095-4)
- Marceau Long, Patrick Weil, Guy Braibant, Pierre Delvové, Bruno Genevois, Les Grands Arrêts de la jurisprudence administrative, Dalloz, 2007 (ISBN 978-2-2470-7424-2)
Contentieux administratif
- Bernard Asso, Frédéric Monera, avec la collaboration de Julia Hillairet et Alexandra Bousquet, Contentieux administratif, Studyrama, 2006 (ISBN 2-84472-870-7)
- René Chapus, Droit du contentieux administratif, Montchrestien, 2006 (ISBN 978-2-7076-1441-4)
Articles
- Guy Braibant, « Qu'est-ce qu'un grand arrêt ? », dans L'actualité juridique. Droit administratif, 2006, p. 1428
« Actes du colloque du 29 novembre 2006 de l'Association Française pour la recherche en Droit Administratif (AFDA) sur le cinquantième anniversaire des Grands arrêts de la jurisprudence administrative », dans Revue française de droit administratif, no 2, mars-avril 2007
Voir aussi
- Histoire du droit administratif français
- Conseil d'État (France)
- Grands arrêts du Tribunal des conflits (France)
Liens externes
- Jurisprudence
- Jurisprudence du Conseil d'État sur le site de celui-ci
- Recherche de la jurisprudence administrative sur Légifrance
- Grands arrêts
- Présentation des grands arrêts du Conseil d'État sur le site de celui-ci
- Analyse des grands arrêts du Conseil d'État sur le site de celui-ci
- Recueil des « très grandes décisions » du droit administratif sur le site du Professeur Guglielmi
- Les immanquables du droit administratif sur le site RAJF
- Les grands arrêts du droit administratif (comparaison des arrêts choisis suivant les éditions récentes) sur le site Affaires publiques
- Sélection Sarroise de la Jurisprudence Administrative Française
- Grands arrêts illustrés sur le Blog de Frédéric Rolin
- Liste des grands arrêts du droit administratif - résumé sur le site Cours de droit en ligne gratuit
- Tous les grands arrêts commentés sur le site dacodoc.fr
- Conclusions
- Conclusions de commissaires du gouvernement célèbres sur le site lex-publica
- Conclusions de commissaires du gouvernement sur le site RAJF
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