- Grande Ambassade
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La Grande Ambassade est le nom de la mission diplomatique et éducative menée par Pierre Ier de Russie entre mars 1697 et septembre 1698, qui la mena dans plusieurs pays d'Europe. Son but diplomatique est de nouer des alliances avec différents États d'Europe pour mener la guerre contre la Turquie. Son but éducatif est de connaître le mode de vie des populations européennes et d'apprendre différents métiers manuels qui l'intéressent.
La Douma des boyards est très surprise, le 16 décembre 1696, lorsque Pierre leur apprend la création de cette Grande Ambassade et son intention d'en faire partie. En effet, la dernière fois qu'un chef d'État russe s'est aventuré en terre étrangère, c'est en 1075, lorsque le grand-duc Iziaslav de Kiev, a rendu visite à Henri IV du Saint-Empire à Mayence.
La Grande Ambassade est composée de trois ambassadeurs : Franz Lefort, Fédor Golovine et Prokopy Voznitsine. Chaque ambassadeur est accompagné de douze gentilshommes et de deux pages. Parmi le personnel, se trouvent des interprètes, des écuyers, des médecins, des chirurgiens, des prêtres, des orfèvres. On peut également y observer 35 volontaires dont le but premier est de s'instruire. Parmi eux, se trouve le tsar Pierre, inscrit sous le nom de Pierre Mikhaïlov, car son désir est de visiter l'Europe plus ou moins incognito.
Les principales étapes doivent être Amsterdam, Berlin, Vienne, Copenhague, Venise et Londres. Pierre n'y a pas inclus la France car ce pays est trop allié avec la Turquie pour y envisager une alliance.
La Grande Ambassade quitte Moscou le 20 mars 1697. Pendant l'absence du tsar, un Conseil de trois membres, dont l'oncle de Pierre, doit diriger le pays. Une milice, commandée par Fédor Romodanovski, veille à maintenir l'ordre.
La première étape est Rīga, alors possession suédoise, où la Grande Ambassade est reçue plutôt froidement. Puis elle se dirige vers la Courlande, à Libau, où elle est reçue par le duc Frédéric-Casimir. À Mitau, Pierre découvre pour la première fois, la Baltique qui l'émerveille. C'est en bateau qu'il se rend à Königsberg. Il y apprend le métier d'artilleur pendant que les ambassadeurs négocient une alliance anti-turque avec Frédéric III de Brandebourg.
Le 7 août 1697, Pierre et la Grande Ambassade arrivent à Amsterdam, en Hollande, le pays dont il rêve depuis son enfance. Il se fait aussitôt conduire à Zaandam, où il emménage dans une cabane qui existe encore aujourd'hui. Il se loue un bateau et s'aventure en mer où il joue au matelot. Revenu à Amsterdam, il devient apprenti charpentier dans un chantier naval et s'y fait accorder un certificat. Il rend également visite à des chirurgiens et à des dentistes car il se passionne pour l'anatomie humaine. C'est d'ailleurs sur le personnel de la Grande Ambassade qu'il exerce ses nouveaux "talents" en médecine dentaire.
Pierre se rend par la suite à La Haye où il assiste en observateur à une réunion des États généraux. Puis, laissant la Grande Ambassade à Amsterdam, il s'embarque pour Londres avec son plus fidèle compagnon, Alexandre Menchikov, et quelques serviteurs. Il loge au 15 Buckingham Street où le roi Guillaume III d'Orange lui rend visite. En Angleterre, ses principales destinations sont l'Académie des Sciences, l'université d'Oxford, le château de Windsor, l'arsenal de Woolwich, les docks, une fonderie de canons et la demeure d'Isaac Newton.
Pierre et Menchikov reviennent à Amsterdam en avril 1698. Aussitôt, c'est le départ pour Vienne. Il y rencontre Léopold Ier d'Autriche, visite qu'il trouve décevante. En fait, du point de vue politique, la Grande Ambassade sera un échec car aucun État visité n'envisage sérieusement une guerre à court ou long terme contre la Turquie. Tous les intérêts se dirigent en effet alors vers la succession du trône d'Espagne qui se prépare.
Pierre s'apprête à partir pour Venise lorsqu'il apprend que les streltsy se sont révoltés en Russie. Il court alors vers Moscou où la révolte sera réprimée dans le sang. Il arrive dans sa capitale le 5 septembre 1698. Son voyage de seize mois lui aura permis d'accumuler une somme de connaissances, mais la recherche d'une alliance militaire aura été nulle.
Bibliographie
- Henri Troyat, Pierre le Grand, Flammarion. 1979.
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