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Gestion alternative
La gestion alternative est un mode de gestion de portefeuille appliqué par certains fonds d'investissement dits « fonds alternatifs » ou « fonds de couverture », ou hedge funds. L'investissement minimal est généralement élevé : de quelques dizaines de milliers de dollars parfois, à plusieurs centaines de milliers plus souvent, suivant les fonds. De plus, n'étant par essence pas aussi régulés que les fonds de placement classiques ils ne peuvent être distribués au grand public et sont réservés à la catégorie des investisseurs institutionnels ou aux grandes fortunes.
Sommaire
Objectifs
Elle vise à décorréler les performances du portefeuille de l'évolution générale de la bourse en intervenant sur les marchés des actions mais aussi sur les obligations, les devises, les matières premières, l'immobilier et les entreprises non cotées, le marché des œuvres d'art... Le but est généralement de lisser les courbes de rendement et de les améliorer par rapport au rendement du marché permettant d'avoir un meilleur rapport performance / volatilité. La raison pour laquelle ces « fonds alternatifs » sont considérés comme risqués est liée au fait qu'au-delà du « lissage » des courbes de rendement, ils ont servi lors de nombreuses attaques spéculatives, sur les taux de change par exemple, avec des retombées économiques néfastes pour le pays attaqué. Des exemples incluent la crise économique du Mexique (1992-1994), la crise asiatique de 1997-1998, la Russie, le Brésil etc... Pour certains, ces « fonds » n'ont fait que rétablir les taux de change « surévalués » de certains pays à un niveau plus raisonnable. Cependant, les attaques spéculatives ne s'arrêtent pas seulement aux monnaies « surévaluées » comme lors de la crise asiatique où Taïwan, Singapour et Hong Kong n'ont pas été épargnés.
Historique
Ils sont apparus dans les années 1950 avec les activités de Alfred Winslow Jones, un ancien journaliste du magazine Fortune. Ils ont été découverts par le public à l'occasion de la dévaluation de la livre Sterling consécutive à l'intervention de Georges Soros. Historiquement, les family offices furent les premiers à les utiliser et ont ainsi contribué à leur émergence. En novembre 2007, Près de 10 000 hedge funds sont opérationnels dans le monde et gèrent environ 1 760 milliards USD (1 250 milliards d'euros)[1].
Types d'actifs utilisés dans les portefeuilles alternatifs
Les portefeuilles alternatifs se composent notamment :
- d'actions défensives ou contracycliques en période de marché baissier, ou des actions à coefficient bêta élevé en période de marché haussier.
- de produits dérivés : en fonction de la tendance du marché, le gestionnaire peut acheter ou vendre des contrats qui profiteront de la baisse (achat d'options de vente/puts, etc.) ou de la hausse (achat d'options d'achat/calls, etc.). Le gérant a aussi la possibilité d'emprunter plus de titres qu'il n'en possède (achat à découvert) ou inversement (vente à découvert), dans le but d'augmenter l'effet de levier financier.
- des placements dans des domaines très spécifiques tels que ceux que pratique Vice fund
- de placements autres que sur le marché des actions : devises, matières premières, dettes décotées, etc.
Implication des gérants
Les gérants alternatifs investissent une partie significative de leur patrimoine personnel dans les fonds qu'ils gèrent et leurs rémunérations dépendent principalement de la performance du fonds ; ils sont donc associés avec les investisseurs. Bien que ces fonds soient souvent fermés et limités en taille, le potentiel de gain de ces Fund Managers peut devenir énorme car en corrélation avec la taille du fonds (part prélevée sur les fonds apportés par un investisseur) et 20 % de performance fees (commissions prélevées sur la performance du fonds. Ces chiffres peuvent varier, par exemple un fonds reputé de Floride qui prend plus de 30 % de frais de gestion a octroyé un performance fee de 1,5 milliard de dollars au gestionnaire de ce fonds pour l'année 2005[réf. nécessaire].
Les outils des Hedge Funds
- La vente à découvert (short selling) consiste à vendre au comptant des titres que l'on ne détient pas, en espérant les racheter moins cher ultérieurement. Pour ce faire, le gérant emprunte ces mêmes titres sur la période. En effet, lors d'un prêt de titres il y a transfert de propriété vers l'emprunteur, si bien que celui-ci a le droit de les vendre ; il lui faut seulement faire en sorte d'avoir racheté les titres au moment où il doit les rendre. Cette stratégie est très risquée en cas de retournement haussier du marché : en effet, le cours du titre sous-jacent a la capacité de hausser théoriquement à l'infini et si l'on ajoute l'effet de levier les pertes peuvent être abyssales.
- L'arbitrage consiste à exploiter des écarts de prix injustifiés, par exemple en achetant des obligations convertibles supposées sous-évaluées tout en vendant à découvert l'action sous-jacente. On peut également profiter de l'écart des prix d'un même titre ou d'une même devise (cf spéculation sur le Yen dont la correction a perturbé les marchés asiatiques peu avant la crise des subprime) sur deux marchés différents.
- La recherche de l'effet de levier (leverage) consiste à emprunter pour augmenter la taille effective du portefeuille (constitué au départ seulement des fonds apportés par les investisseurs).
- Le recours aux produits dérivés : options, futures ou contrats de gré à gré est fréquent, soit dans un but spéculatif, soit au contraire pour couvrir le portefeuille.
- La justice internationale : des fonds rachètent à bas prix des créances sur des pays du tiers-monde, puis engagent des actions en justice afin de permettre la saisie de matières premières ou d'autres valeurs appartenant à ces pays, si ceux-ci ne respectent pas leurs obligations de paiement.
- La gestion alternative s'appuie aussi sur la recherche et l'analyse micro ou macroéconomique, qui doit permettre de trouver des opportunités soit dans les tendances de fond de l'économie ou des marchés financiers, soit en découvrant des entreprises à fort potentiel ou au contraire en difficulté.
Les stratégies
Les différentes stratégies se caractérisent par des ratios rendement / risque très variables. Il existe de nombreuses présentations des différentes stratégies alternatives.
- Arbitrage de convertible (convertible arbitrage) : investit dans les obligations convertibles mal cotées sur le marché. Typiquement, cette stratégie consiste à acheter l'obligation convertible, tout en vendant l'action sous-jacente à découvert.
- Sélection de titres (long short Equity) : consiste à prendre des positions aussi bien longues (acheteuses) que courtes (vendeuses) sur des actions sélectionnées appartenant au même secteur ou à la même zone géographique, avec une position nette résultante plutôt longue (long bias), ou plutôt vendeuse (short bias), ou neutre (market neutral). Ceci nécessite de bien maîtriser les outils de sélection des titres (stock picking).
- High Frequency Statistical arbitrage : consiste à prendre des positions basées sur un écart de comportement par rapport à l'historique, i. e. à miser sur un retour à la moyenne. Ceci peut consister à tirer profit d'une baisse ou d'une hausse de la corrélation entre des titres, secteurs ou marché, lorsque celle-ci semble injustifiée d'un point de vue fondamental. Ce comportement est auto prédictif, i. e. son adoption favorise la stabilité des observations. Ex. : tirer profit d'une baisse de la corrélation entre BNP et GLE en achetant l'une et en vendant l'autre.
- Quantitative trading : consiste à prendre des positions basées sur des prédictions effectuées par un modèle quantitatif, i. e. une analyse des cours et des informations dans le but de déceler des signaux acheteurs ou vendeurs. Stratégie efficace sur les futures uniquement (frais de courtages très faibles et liquidité suffisante).
- Macro / opportuniste (global macro) : tente de tirer profit des évolutions de l'économie globale, en particulier les évolutions de taux dues aux politiques économiques des gouvernements. Elle utilise les instruments reflétant la situation économique mondiale : devises, indices, courbes de taux, matières premières.
- Arbitrage sur produits de taux (fixed income arbitrage) : cherche à tirer profit des mouvements et des déformations de la courbe des taux. Elle utilise comme véhicules les titres d'État, les futures et les swaps de taux.
- Situations spéciales (event driven) : le gestionnaire recherche les opportunités générées par des événements intervenant dans la vie des entreprises : filialisation, fusions, ou des difficultés (distressed securities)
- Arbitrage sur fusions-acquisitions (merger arbitrage) : la possibilité d'arbitrage dans ce genre de situations (OPA, OPE) résulte de l'écart entre le prix annoncé par l'acquéreur et le prix auquel la cible se traite sur le marché. Le merger arb est une sous-catégorie de l'event driven.
- Marchés émergents (emerging markets) : investit dans les marchés en développement. Stratégie très risquée car les instruments de couverture ne sont pas toujours disponibles sur ce type de marché. En outre, le gérant est confronté au risque de liquidité, les marchés émergents étant souvent peu liquides.
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Avantages et inconvénients de la gestion alternative
- Risque :
Les fonds alternatifs sont très peu réglementés et apprécier leur risque est difficile pour un investisseur particulier. Certains fonds ont une volatilité plus faible que celle d'un marché action de pays développé et sont d'ailleurs décorrélés des marchés actions (actions achat/ventes). D'autres sont beaucoup plus risqués compte tenu notamment des effets de levier importants utilisés (matières premières). Les Hedge Funds ont servi plusieurs fois depuis les années 1990, et notamment lors de la crise asiatique, à opérer des attaques spéculatives. Lors de la crise asiatique, les Hedge Funds ont systématiquement attaqué les banques centrales de nombreux pays asiatiques en commençant par la Thaïlande. Les dégâts économiques ainsi occasionnés ont été énormes.
- Liquidité :
Les meilleurs Hedge Funds sont souvent fermés, donc moins liquides que d'autres placements, et il faut mettre au moins 1 million d'euros d'investissement initial. Se constituer un portefeuille diversifié de gérants utilisant des stratégies différentes demande donc soit des moyens très importants, soit de passer par un Fonds de Hedge Funds.
Les Hedge Funds offrent généralement peu de liquidité a leurs souscripteurs. Un investissement doit régulièrement attendre 1 à 3 mois avant d'obtenir une souscription puis 2 à 12 mois pour pouvoir sortir du fonds. Ce manque de liquidité ne convient pas aux investisseurs qui recherchent des instruments de placement plus liquides. Cependant l'émergence de platesformes de managed accounts (ou comptes gérés) tend à apporter une solution aux problèmes de liquidité et de transparence.
- Transparence :
Certains fonds très performants peuvent être aussi très opaques, il est très important pour l'investisseur de se faire conseiller par un spécialiste du marché qui a des contacts directs avec les gérants de fonds. Comme l'affaire Madoff en décembre 2008 l'a montré, la faible transparence ou le défaut de transparence, souvent pris pour des gages de discrétion et faisant ainsi partie du prestige et de l'attrait psychologique de certains placements, peuvent tout aussi bien cacher des pratiques problématiques, voire illégales.
- Opportunités :
La croissance importante des placements en fonds alternatifs fait que de plus en plus de gérants sont à la recherche des mêmes opportunités d'investissements avec beaucoup plus d'argent que par le passé. Les performances des fonds alternatifs auraient tendance à diminuer et ainsi encouragent leurs gérants à prendre de plus en plus de risques. L'effondrement des cours peut aussi résulter inéluctablement de l'épuisement naturel de pratiques problématiques, voire illégales, comme dans le cas de la crise des actions bancaires de 1983 en Israël [2].
Pour lutter contre le manque de transparence et la faible liquidité, l'industrie bancaire s'est mise à développer les stratégies dites de managed account. Elles permettent de répliquer les stratégies des hedge funds tout en donnant accès à un nombre élargi d'investisseur des instruments plus ouverts.Notes et références
Voir aussi
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