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Gérard Gasiorowski
Gérard Gasiorowski est un plasticien contemporain français né à Paris le 30 mars 1930 et mort à Lyon le 19 août 1986.
Sommaire
Biographie
Après une formation à l’École des Arts Appliqués entre 1947 et 1951, l’œuvre de Gérard Gasiorowski apparaît progressivement dans l’actualité artistique entre 1964 et 1972. Peintre, il fait un travail “ précisionniste ” qui valorise un choix d’images récoltées chez l’éditeur Delpire où il est documentaliste. Intéressé par le retour général de l’image dans la pratique picturale de son temps, du Pop Art en particulier, il développe un travail original sans lien formel avec ce courant. Reproduisant et magnifiant des images photographiques, il développe un travail en noir et blanc, série de tableaux qui connote à la fois l’étrangeté d’un album de famille et celle des photos de presse. Gasiorowski revendique en effet “ l’inquiétante étrangeté ” des images qu’il restitue. Après 1972 il réprouve toute assimilation, très soucieux de construire une œuvre à partir d’une “ attitude ” radicale, il procèdera dans son travail à un effacement de l’image, de la peinture, du tableau.
Malgré le succès de ses premières toiles hyperréalistes (L'Approche, 1965), Gasiorowski, se lance dans une sorte de « suicide pictural » qui est une critique radicale de la tradition picturale occidentale et du marché de l’art. Il cherche à faire disparaître la peinture (série des Albertines, 1971), éliminer le cadre et la toile pour accumuler des jouets, avions de guerre, tanks, rails et trains jetés à bas, maculés de peinture. « Toute cette traduction de l’horreur n’est en fin de compte que l’horreur du pictural », dira-t-il au critique Bernard Lamarche-Vadel[1]. « Ce qui est en cause n’est et n’a toujours été que la peinture, l’acte pictural est mon unique problème. »[2] Ses séries dégoulinent avec les Croûtes puis décrivent cliniquement son évolution jusqu’aux Impuissances et aux Régressions.
Le monde de l'art, les galeries, les musées et même les artistes, ne lui pardonnent pas cette critique acerbe de la société. Plus aucune exposition ne lui est proposée et Gasiorowski s'enferme alors dans un isolement total. Il se retire du monde de l'art mais poursuit ses interrogations sur les fondements de l'art en inventant des fictions : d'abord celle de la Guerre (1975) puis l'AWK, fausse académie Worosiskiga (anagramme de son nom), académie imaginaire dirigée par un tyran, dont sortent 500 chapeaux signés des noms d'artistes célèbres. Là encore il critique violemment le système du marché de l'art et dénonce la compromission des artistes.
Comme il l'a écrit, il reprend pied grâce à la confiance que lui témoigne Adrien Maeght. Sa première exposition à la Galerie Maeght est organisée en 1981. Pour la première fois l'académie AWK est déployée. Malgré l'échec cuisant de l'exposition, d'autres expositions sont organisées et soutenues par Maeght. Le Musée d'art Moderne de Paris lui consacre une magistrale exposition en 1983.
Les fictions se succèdent, déroutant les visiteurs. On y découvre celle de l'Indienne Kiga (dernière et premières syllabes de son nom), de la tribu imaginaire des Worosis, incarnation prétendue de la peinture innocente et primitive. Apparaissent les Paysans et les hommages à Cézanne.
Kiga, qui est l'incarnation de la peinture primitive, mélange ses excréments à des plantes aromatiques, obtenant ainsi un produit avec lequel elle fabrique des compositions à la manière de Cézanne, il s'agit des Tourtes (1977) sortes de galettes d'excréments que Gasiorowski dispose comme les pommes de Cézanne. Le jus des Tourtes est lui recueilli et utilisé pour peindre la série des Jus.
Construits comme l’histoire d’une culture voire d’une civilisation, ce sont les épisodes d’une grande saga fictionnelle, qui se déroule dans l’œuvre :
Parallèlement à ces travaux fictionnels dont l’aventure est traduite en peintures, dessins, objets peints, sculptures organiques, deux séries de peintures Les Fleurs et Les Amalgames se développent avec une véritable virtuosité.
Après 1983 il revient à la peinture définitivement et développe de grands ensembles souvent monumentaux soutenus par l’inscription d’une ligne, fil d’Ariane d’un parcours qui, de pièce en pièce, se revendiquait comme une œuvre unique. Cette dernière partie de l’œuvre s’installe dans l’invention et la référence, de Lascaux à Manet comme autant de cérémonies contemporaines. C’est dans la certitude d’avoir rejoint le territoire de la peinture que Gasiorowski peint un dernier polyptyque de douze tableaux “ Fertilité ”.
Il meurt brutalement en août 1986.
Références
Liens externes
- Michel Guilloux, « Gérard Gasiorowski ou la passion de peindre », L'Humanité, 4 mai 1995
- (de) Notice biographique du Ludwig Museum de Coblence
- Maeght, Biographie, Photos
- Philippe Agostini, « Cultures & catastrophe », un regard sur l'œuvre de Gérard Gasiorowski (1996, texte inédit)
Bibliographie
- Jean de Loisy (dir.), Gérard Gasiorowski, Éditions du Centre Pompidou, 1995, 256 pp.
Notes
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