- Alain Corbin
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Alain Corbin, né le 12 janvier 1936 à Lonlay-l'Abbaye[1], est un historien français spécialiste du XIXe siècle en France.
Sommaire
Parcours et œuvre
Il suit des études à l’université de Caen où il a notamment comme professeur Pierre Vidal-Naquet. Professeur à l’université Paris I - Panthéon-Sorbonne, il a travaillé sur l’histoire sociale et l’histoire des représentations. On dit de lui qu’il est « l’historien du sensible », tant il a marqué sa discipline par son approche novatrice sur l’historicité des sens et des sensibilités.
On lui doit plusieurs ouvrages, dont Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot, sur les traces d’un inconnu, 1798-1876 (1998), biographie d’un sabotier inconnu choisi au hasard dans les archives de l’Orne. Ce travail s’inscrit dans le concept de la microhistoire.
Par ailleurs, il a travaillé sur le désir masculin de prostitution (Les Filles de noce, 1978), l’odorat et l’imaginaire social (Le Miasme et la Jonquille, 1982), l’homme et son rapport au rivage (Le Territoire du vide, 1990), le paysage sonore dans les campagnes françaises du XIXe siècle (Les Cloches de la terre, 1994) et la création des vacances (L’Avènement des loisirs, 1996). Il a aussi publié un livre d’entretiens avec Gilles Heuré (Historien du sensible, 2000). En 2005, ses étudiants lui ont rendu hommage dans un livre collectif qui rend compte de son itinéraire historiographique : Anne-Emmanuelle Demartini et Dominique Kalifa (dir.), Imaginaire et sensibilités au XIXe siècle : études pour Alain Corbin, Paris, Créaphis, 2006.
Le Miasme et la Jonquille
Il s'agit d'un des principaux ouvrages d'Alain Corbin.
L'auteur s'y intéresse à ce qu'il nomme la « révolution olfactive » et explique que l’odorat est un « construit social » qui s'est lentement transformé au fil de l'histoire. Alain Corbin montre comment les représentations des élites - et notamment des savants - ainsi que celles du peuple vont se répercuter sur les grands principes qui régissent l'urbanisme. Les rues du XVIIIe siècle sont en effet connues pour leur fétidité. L'eau suscite la méfiance ; les médecins l'associent à la notion de malsain. On pense alors que les individus sont gouvernés par leurs " humeurs ". La puissance des odeurs corporelles est supposée témoigner de la vigueur des individus. Prisons, hôpitaux mais aussi tribunaux ou casernes incarnent alors l'insalubrité.
L'auteur explique que le " seuil de tolérance " aux odeurs va évoluer, notamment sous l'effet de l'émergence d'une nouvelle perception des odeurs très clivée socialement. C'est l'époque où naissent les premières théories hygiénistes qui visent à " purifier " les villes en permettant à l'eau et à l'air de mieux circuler et d'emporter avec eux détritus et miasmes. C'est également la période durant laquelle on cherche à dé-densifier les villes en " dés-entassant" les hommes. On tente de " dés-odoriser" la sphère publique en se focalisant sur la puanteur supposée des plus pauvres de leurs habitants.
Au XIXe siècle, un tournant s'opère. On n'amalgame plus les mauvaises odeurs et le peuple. On considère au contraire que la salubrité urbaine est le produit de celle de la population dans sa globalité. La bourgeoisie crée de nouveaux codes, valorisant les parfums discrets. Une épidémie de choléra fait toutefois renaître l'idée selon laquelle les classes défavorisées seraient des vecteurs de maladies et de puanteur. Un mouvement d'inspection sanitaire et sociale est créé.
Le XXe siècle marque enfin l'entrée dans un relatif " silence olfactif " : c'est la discrétion voire l'absence totale d'odeur qui est à présent recherchée.Références
- Mon village natal se nomme Lonlay-l’Abbaye », raconte Alain Corbin. [Archives Réforme (page consultée le 31 août 2010)] «
Publications
- Archaïsme et modernité en Limousin au XIXe siècle (1845-1880), nouvelle édition, Presses universitaires de Limoges, Limoges, 1999 (1re éd. 1975), 2 vol. (ISBN 978-2-84287-101-7) [présentation en ligne]
- Les Filles de noces. Misère sexuelle et prostitution (XIXe siècle), Flammarion, coll. « Champs » (ISSN 0151-8089) no 118, Paris, 1982 (1re éd. 1978), 342 p. (ISBN 978-2-08-081118-9) [présentation en ligne]
- Le Miasme et la Jonquille. L’odorat et l’imaginaire social, XVIIIe-XIXe siècles, Flammarion, coll. « Champs » (ISSN 0151-8089) no 165, Paris, 1986 (1re éd. 1982), 342 p. (ISBN 978-2-08-081165-3) Fiche de lecture en ligne : http://socio.ens-lyon.fr/agregation/corps/corps_fiche_corbin.php
- Le Village des « cannibales », Flammarion, coll. « Champs » (ISSN 0151-8089) no 333, Paris, 1990 (1re éd. 1986), 204 p. (ISBN 978-2-08-081321-3) [présentation en ligne]
- Le Territoire du vide. L’Occident et le désir du rivage, 1750-1840, Flammarion, coll. « Champs » (ISSN 0151-8089) no 218, Paris, 1990 (1re éd. 1988), 407 p. (ISBN 978-2-08-081218-6) [présentation en ligne]
- Le Temps, le Désir et l’Horreur. Essais sur le XIXe siècle, Flammarion, coll. « Champs » (ISSN 0151-8089), Paris, 1998 (1re éd. 1991), 250 p. (ISBN 978-2-08-081409-8) [présentation en ligne]
- Les Cloches de la terre. Paysage sonore et culture sensible dans les campagnes au XIXe siècle, Flammarion, coll. « Champs » (ISSN 0151-8089) no 453, Paris, 2000 (1re éd. 1994), 359 p. (ISBN 978-2-08-081453-1) [présentation en ligne]
- L’Avènement des loisirs (1850-1960), avec la collaboration de Julia Csergo, Jean-Claude Farcy, Roy Porter, André Rauch, Jean-Claude Richez, Léon Strauss, Anne-Marie Thiesse, Gabriella Turnaturi et Georges Vigarello, Flammarion, coll. « Champs » (ISSN 0151-8089) no 480, Paris, 2001 (1re éd. 1995), 466 p. (ISBN 978-2-08-080006-0) [présentation en ligne]
- L’Homme dans le paysage (entretien avec Jean Lebrun), Gallimard, coll. « Textuel », Paris, 2001 (ISBN 978-2-84597-027-4)
- Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot. Sur les traces d’un inconnu (1798-1876), Flammarion, coll. « Champs » (ISSN 0151-8089) no 504, Paris, 2002 (1re éd. 1998), 336 p. (ISBN 978-2-08-080036-7) [présentation en ligne]
- La mer. Terreur et fascination (dir. avec Hélène Richard), Éditions du Seuil, Paris, 2004 (ISBN 978-2-02-068653-2)
- Histoire du corps (dir. avec Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello), Éditions du Seuil, coll. « L’Univers historique » (ISSN 0083-3673), Paris, 2005, 3 vol., 2005-2006 (ISBN 978-2-02-022455-0)
- Histoire du christianisme. Pour mieux comprendre notre temps (direction), Éditions du Seuil, coll. « L’Univers historique » (ISSN 0083-3673), Paris, 2007, 468 p. (ISBN 978-2-02-089421-0)
- L’Harmonie des plaisirs. Les manières de jouir du siècle des Lumières à l’avènement de la sexologie, Perrin, 2007. (ISBN 978-2-262-01929-7)
- Alexandre Parent-Duchâtelet, La Prostitution à Paris au XIXe siècle, texte présenté et annoté par Alain Corbin, « Points-Seuil Histoire », Paris, Seuil, 2008, 238 p. (ISBN 978-2-7578-0691-3)
- Les Héros de l'histoire de France expliqués à mon fils, Alain Corbin, 2011
- Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, Georges Vigarello, Histoire de la virilité, tome 1, De l'antiquité aux lumières, L'invention de la virilité, Paris, Éditions du Seuil, coll. « L'Univers historique », 2011, 577 p. (ISBN 978-2-02-098067-8)[1]
- Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, Georges Vigarello, Histoire de la virilité, tome 2, Le triomphe de la virilité, Le XIXe siècle, Paris, Éditions du Seuil, coll. « L'Univers historique », 2011, 493 p. (ISBN 978-2-02-098068-5)
- Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, Georges Vigarello, Histoire de la virilité, tome 3, La virilité en crise ?, Le XXe-XXIe siècle, Paris, Éditions du Seuil, coll. « L'Univers historique », 2011, 566 p. (ISBN 978-2-02-098069-2)
Bibliographie
- (fr) Alain Corbin, Historien du sensible, entretiens avec Gilles Heuré, La Découverte, coll. « Cahiers libres » (ISSN 0526-8370), Paris, 2000, 200 p. (ISBN 978-2-7071-3098-3) [présentation en ligne]
- (fr+en) Stéphane Gerson, « The virtue of idiosyncrasy », Dominique Kalifa, « L’expérience, le désir et l’histoire : Alain Corbin ou le “tournant culturel” silencieux », Emmanuelle Saada, « L’historien, l’ethnographe et l’employé de l’état civil », Michelle Perrot, « Alain Corbin et l’histoire des femmes », Christophe Prochasson, « La politique comme “culture sensible ” : Alain Corbin face à l’histoire politique », Arthur Goldhammer, « Torpor and rage from Haute-Frêne to Hautefaye », Michel Beaujour, « Une ”histoire au second degré ” : le style d’Alain Corbin », Stéphane Gerson, « L’impossible présence de l’historien », French Politics, Culture & Society (ISSN 1537-6370), vol. 22 n° 2, été 2004, p. 14-25 [présentation en ligne]
- (fr) Anne-Emmanuelle Demartini et Dominique Kalifa (dir.), Imaginaire et sensibilités au XIXe siècle. Études pour Alain Corbin, Créaphis, Paris, 2006 (ISBN 978-2-913610-61-3) [présentation en ligne]
- (fr) Philippe Poirrier, « Corbin Alain, 1936 », dans Patrick Savidan et Sylvie Mesure, Dictionnaire des sciences humaines, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige / Dicos poche » (ISSN 1762-7370), Paris, 2006, p. 210-211 (ISBN 978-2-13-055710-4) [présentation en ligne]
- (fr) Philippe Poirrier, « L’histoire culturelle en France. Retour sur trois itinéraires : Alain Corbin, Roger Chartier et Jean-François Sirinelli », Cahiers d’histoire, vol. XXVI no 2, hiver 2007, p. 49-59 [lire en ligne]
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