- Denise Duval
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Denise Duval est une cantatrice française (soprano), née le 23 octobre 1921 à Paris.
Elle débute en 1942 au Grand Théâtre de Bordeaux. De retour à Paris, elle engagée dans une revue aux Folies-Bergère. Remarquée par Georges Hirsch, administrateur de la RTLN, elle fait ses débuts à l'Opéra-Comique le 5 mars 1947 dans le rôle-titre de Madame Butterfly. Elle y interprète par la suite de nombreux premiers rôles dont Angélique de Jacques Ibert, La Périchole dans Le Carrosse du Saint-Sacrement d'Henri Büsser, Giulietta dans Les Contes d'Hoffmann de Jacques Offenbach, Conception dans L'Heure espagnole de Maurice Ravel, Alexina dans Le Roi malgré lui d'Emmanuel Chabrier, Musette dans La Bohème et Tosca de Giacomo Puccini, ou encore Emma Bovary dans Madame Bovary d'Emmanuel Bondeville[1].
Mais sa carrière est surtout marquée par sa collaboration avec Francis Poulenc dont elle créa les principaux rôles féminins : Thérèse dans Les Mamelles de Tirésias en 1947, Blanche de la Force dans Dialogues des carmélites en 1957, la Femme dans La Voix humaine en 1958 et La Dame de Monte-Carlo en 1961.
Francis Poulenc décrit ainsi sa rencontre avec Denise Duval à Claude Rostand : « Imaginez-vous que Les Mamelles reçues par Jacques Rouché dès le printemps [19]45, n'ont pu passer qu'en juin [19]47, car je ne trouvais pas d'interprète pour créer le rôle difficile de Thérèse-Tirésias. Max de Rieux, à qui je dois une sensationnelle mise en scène, avait déjà commencé à faire répéter les rôles d'hommes, mais où dénicher la star rêvée ? Un beau jour, il me dit : “Monte donc au théâtre, tu verras une jolie fille qui sort des Folies-Bergère. Elle pourrait peut-être faire notre affaire.” Je ne me le fis pas dire deux fois, et pris l'ascenseur pour ce petit théâtre sous les toits où se font la plupart des mises en scènes de l'Opéra-Comique. Très sportivement vêtue Mlle Duval, je ne savais même pas son nom, répétait La Tosca avec Mme Matthieu-Hirsch, dont le mari était alors directeur des subventionnés. De suite, je fus frappé par sa voix lumineuse, sa beauté, son chic, et surtout ce rire sain qui dans Les Mamelles fait merveille. En un instant, j'étais décidé. C'était l'interprète rêvée. De plus, venant des Folies-Bergères où Georges Hirsch avait eu le flair de la dénicher, elle était rompue à toutes les audaces scéniques. »[2]
Le charme, la prestance et les qualités de comédienne de la jeune Denise Duval exercent tout de suite une fascination sur Poulenc. De cette rencontre va naître une amitié et une complicité qui se poursuivra jusqu'à la mort du compositeur en janvier 1963. C'est ainsi pour qu'elle puisse les chanter à son jeune fils que Poulenc compose en 1960 le cycle de mélodies La Courte Paille, sur des poèmes de Maurice Carême.
En 1965, des graves problèmes de santé l'obligent à interrompre sa carrière. Elle vit depuis retirée en Suisse.
Sommaire
Bibliographie
- Bruno Bérenguer, Denise Duval, Symétrie, 2003, 239 p.
Discographie
- Les Mamelles de Tirésias avec Denise Duval, Jean Giraudeau, Émile Rousseau, Robert Jeantet, chœur et orchestre de l'Opéra-Comique, André Cluytens (dir.) – EMI, 1953 (distribution de la création)
- Dialogues des carmélites avec Régine Crespin (Mme Lidoine), Denise Duval (Blanche), Rita Gorr (Mère Marie), Liliane Berton (Sœur Constance), chœur et orchestre de l'Opéra de Paris, Pierre Dervaux (dir.) – EMI Classics, 1958 (distribution de la création)
- La Voix humaine, Denise Duval, Orchestre de l'Opéra-Comique, Georges Prêtre (dir.) – EMI, 1959 (distribution de la création)
- DVD
- La Voix humaine, Orchestre de l'Opéra-Comique Georges Prêtre (dir.), Dominique Delouche (réal.), 1970 - rééd. 2009, avec en complément le documentaire Denise Duval revisitée chez Doriane Films
Sources
- Stéphane Wolff, Un demi-siècle d'Opéra-Comique (1900-1950), éd. André Bonne, Paris, 1953.
Notes et références
- Stéphane Wolff, Un demi-siècle d'Opéra-Comique, op. cit., p. 250.
- Entretien avec Claude Rostand cité in Francis Poulenc, Journal de mes mélodies, texte intégral établi et annoté par Renaud Machart, éd. Cicéro, Paris, 1993, p. 130.
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