- Garance des teinturiers
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Garance des teinturiers Rubia tinctorum Classification classique Règne Plantae Division Magnoliophyta Classe Magnoliopsida Ordre Rubiales Famille Rubiaceae Genre Rubia Nom binominal Rubia tinctorum
L., 1753Classification phylogénétique Ordre Gentianales Famille Rubiaceae Garance des teinturiers
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sont disponibles sur CommonsLa garance des teinturiers est une plante vivace de la famille des Rubiacées, qui fut largement cultivée pour la teinture rouge extraite de ses racines.
Nom scientifique : Rubia tinctorum L., famille des Rubiacées.
Nom commun : garance, rouge des teinturiers. de : Färberröte, Krapp, en : dyer's madder, es : granza, rubia de tintes, it : robbia salvatica.
Sommaire
Description
Plante vivace par ses rhizomes, à tiges couchées ou grimpantes mesurant jusqu'à 1,5 m de long.
Feuilles apparemment verticillées, munies sur les bords et sur la nervure principale de petits aiguillons qui permettent à la plante de se soutenir en s'appuyant sur les autres plantes.
Fleurs jaunâtres s'épanouissant en début d'été (juin-juillet), à 4-5 pétales soudés à leur base. Fruits charnus (baies), de la taille d'un pois, noirs à maturité.
Le rhizome peut atteindre 80 cm de long.
Distribution
Cette espèce est originaire d'Asie occidentale et centrale : Turquie, Syrie, Liban, Jordanie, Irak, Iran, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan et d'Europe de l'Est : Russie (Crimée), Ukraine, ex-Yougoslavie. Elle a été répandue par la culture et naturalisée çà et là dans les régions tempérées.
Utilisation
- Textile : les racines et les tiges souterraines contiennent de l'alizarine, qui a la propriété de donner aux tissu une belle couleur rouge. Les uniformes de l'armée française l'employaient abondamment avant la première guerre mondiale. Cette teinture naturelle a été remplacée par des colorants synthétiques. La culture de la garance, très ancienne (elle est attestée depuis plus de 3000 ans en Inde) n'est plus qu'un souvenir.
- Beaux-arts : la garance (rubia tinctorium) a longtemps été utilisée en tant que pigment pour la confection de la laque de garance, un rouge rosé transparent très prisé à l'huile comme à l'aquarelle. Après l'alizarine synthétique (XIXe siècle), c'est aujourd'hui un mélange de quinacridones ou de benzimidazolones, plus solides, qui imitent sa teinte.
- Botanique : cette espèce fait partie des plantes recommandées dans le capitulaire De Villis de l'an 812.
- Alimentation : la garance mélangée à l'alimentation des animaux colore leur os en rouge, ainsi que le lait.
- Médecine : La teinture mère de garance est traditionnellement utilisée dans l'insuffisance biliaire et les lithiases urinaires. Ses propriétés sont dues à la présence de dérivés de la familles des anthraquinones tel l'acide ruberythrique.
Le village d'Althen-des-Paluds, département de Vaucluse fut un centre de la culture de la garance en France au XIXe siècle.
La Garance et l'histoire
La garance était connue des Grecs et des Romains et l'ingénieur romain Vitruve précise qu'elle était employée dans les couleurs pourprées.
Les soins cosmétiques dans l'Égypte antique utilisaient un pigment laqué rose obtenu à partir des molécules colorantes (alizarine, purpurine, pseudopurpurine) de la garance (ou d'autres plantes analogues comme l'orseille, l'orcanette, le jus de mûre, de l'acanthe) précipitées sur de l'alun)[1].
La culture de la garance, qui présentait un grand intérêt économique grâce à la teinture extraite de ses racines, avait été tentée sous le règne de Louis XIV. Dans ce but, Colbert avait promulgué une instruction sur la culture et l'emploi de la garance. Un édit royal exonérait de l'impôt toute personne qui la cultiverait dans les anciens marais asséchés. En 1698, un marchand de Nîmes, Martin, avait obtenu un privilège royal pour en introduire la culture dans le Languedoc, mais ses tentatives, qui ne durèrent pas plus de deux ou trois ans, restèrent vaines. La Hollande gardait le monopole de cette culture.
En 1754, Jean Althen commença des essais de culture à Saint-Chamond, puis les renouvela à partir de 1763 avec plus de réussite dans le Comtat avec l'appui du marquis de Caumont, premier consul d'Avignon. Il n'y eut cependant aucun essor significatif à cause des importations du Levant. Mais les guerres de la Révolution ayant entravé le commerce, les cultivateurs se lancèrent dans cette culture qui se développa pour atteindre son maximum vers 1860.
En 1839, on compte cinquante moulins à garance en Vaucluse, alors qu'il n'y avait que dix moulins sur la Sorgue en 1804. Le Vaucluse, certaines années, générera jusqu'à 65 % de la garance au niveau mondial. À partir de 1860, plusieurs grandes crises (terres surexploitées, baisse de qualité, etc.) touchent cette culture de plus en plus concurrencée par les progrès récents de la chimie. Il ne subsiste plus qu'un seul des cinquante moulins qui tournaient en 1880.
Les superficies des cultures de garance étaient les suivantes:
Superficie des garancières en hectares Année 1840 1862 Vaucluse 9 515 ha 13 503 ha Bouches-du-Rhône 4 143 ha 3 735 ha Bas-Rhin 727 ha 273 ha Drôme 164 ha 1 104 ha Gard 125 ha 1 395 ha Seine-et-Oise 2 ha - Hérault - 204 ha Alpes-de-Haute-Provence - 181 ha Ardèche - 60 ha Var - 11 ha Tarn-et-Garonne - 2 ha Total 14 676 ha 20 468 ha Techniques culturales
La culture de cette plante nécessite des sols profonds, défoncés, humides mais sans excès pour éviter le pourrissement des racines. La préparation du sol est un véritable travail de forçat car il faut retourner la terre sur au moins 50 cm à l'aide d'un outil spécial et renforcé : le "luchet" à trois ou quatre dents. Pour enrichir les sols, les cultivateurs de garance ont été les premiers à utiliser les tourteaux de graines oléagineuses, résidus des huileries de Marseille. Les semis étaient effectués au mois de mars. Des sarclages fréquents étaient nécessaires pour enlever les mauvaises herbes.
La récolte était effectuée au mois de septembre, trois ans après la plantation afin d'avoir une racine plus riche en matière colorante. L'arrachage était également très pénible et se faisait au "luchet" pour déterrer les racines qui s'enfoncent jusqu'à 70 cm de profondeur. On a aussi utilisé la charrue mais il fallait de 16 à 20 chevaux. Le complément de main-d'œuvre nécessaire était fourni par des ouvriers ruraux de la montagne, inoccupés à cette période de l'année. Les rendements obtenus s'élevaient à environ 3 tonnes par hectare.
Après la récolte, la terre fort bien ameublie conservait une grande partie de la matière organique. La culture de la garance constituait donc une très bonne tête d'assolement pour les cultures ultérieures : blé, luzerne, etc. Elle était très bien adaptée aux petites exploitations familiales. De plus le feuillage de la plante, qui était coupé pour favoriser le développement des racines, constituait un fourrage de qualité.
Causes du marasme
Une première crise était apparue dès 1861 avec une baisse des importations de coton d'Amérique due à la guerre, d'où une moindre demande de matières colorantes.
La synthèse chimique de l'alizarine en 1869 allait amener la disparition très rapide de la garance, phénomène qui coïncide avec la crise de la vigne due à l'apparition du phylloxera. Une légère reprise était apparue en 1871 par suite de décisions malheureuses de certains viticulteurs qui, touchés par la crise du phylloxera, ont remplacé leur vigne par la garance.
Essais de relance
Pour faire face aux difficultés économiques, une commission des essais pour l'amélioration de la culture de la garance a été mise en place. Cette commission tirait un premier bilan le 1er mars 1875 avec un rapport d'Auguste Besse à la chambre de commerce et à la société d'agriculture. Ce rapport donnait les indications sur les meilleurs engrais à utiliser. Dans un second rapport du 29 mars 1876, la commission reconnaissait que, malgré des essais positifs sur l'emploi des engrais, la lutte devenait inutile.
Vers 1880, toutes les garancières avaient disparu : les statistiques agricoles annuelles qui paraissent à compter de 1884 ne contiennent aucune mention relative à la garance.
Usage médical
Garidel cite dans son livre "Plantes qui naissent aux environs d'Aix" la garance qui "débouche les obstructions du foye, de la rate et de la matrice". Après avoir précisé qu'elle est une des cinq racines apéritives, il ajoute " les teinturiers s'en servent pour teindre en rouge qu'on appelle vulgairement rouge garance. Les feuilles et les tiges servent à nettoyer la vaisselle d'étain...préférable à l'Equisetum".
D'après le docteur Debuigne la garance serait recommandée contre la jaunisse, l'anémie et les dartres[2]. Leclerc en 1933 confirmait les propriétés diurétiques. C'est pour cette dernière propriété que les arabes l'emploient encore. Les principes actifs seraient l'acide rubérythrique, la purpurine, la chinizarine etc. Pour certains ces propriétés seraient d'ordre dissolvant, il y aurait formation de complexes solubles, calciques et magnésiens, prévenant la formation des calculs[3].
Ennemis
Le papillon de nuit (hétérocère) suivant se nourrit de garance :
- - sphinx du gaillet, sphinx de la garance, Hyles gallii (Sphingidae).
Bibliographie
- P.J.F.B. Traité sur la culture de la garance Offray, Avignon, 1818
- Bastet, Nouvelle essai sur la culture vauclusienne et l'histoire naturelle de la garance, Imprimerie Raphel, Orange, 1839
- Auguste Picard, Rapport sur la situation générale de l'agriculture dans le département de vaucluse et de la culture de la garance en particulier, Imprimerie Jacquet, Avignon, 1857
- Fernand Benoit, L'outillage rural en Provence, Ed. Laffitte, Marseille, 1984
- Jean-Noël Marchandiau, Outillage agricole de la Provence d'autrefois, Edisud, Aix-en-Provence, 1984
- Claude Mesliand, Paysans du Vaucluse, Université de Provence, 1989
Références
- (en) P. Walter, Making make-up in Ancient Egypt, Nature, 397, 1999, pp. 483-484
- Docteur Gérard Debuigne, Dictionnaire des plantes qui guérissent Librairie Larousse, Paris, 1974 page 130
- L.Bezanger-Beauquesne, M.Pinkas, M.Tork, F.Trotin Plantes médicinales des régions tempérées Maloine, Paris, 1990.
Voir aussi
Catégories :- Flore (nom vernaculaire)
- Rubiaceae
- Plante tinctoriale
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