GBOGOLO

GBOGOLO

Gbogolo

Gbogolo (ou Gbogholo ou encore Bogolo ou souvent Bogholo) est une localité du centre de la Côte d'Ivoire et appartenant au département de Séguéla, Région du Worodougou. La localité de Gbogolo est un chef-lieu de commune dans le canton Tiéma[1]. Le canton Tiéma comprend treize villages

Sommaire

Histoire

Plaque à l'entrée de la commuune de Gbogolo.

Il y a de cela très longtemps, naquit Mory Kamani Fofana à Karawani, une localité située probablement en Guinée. Un jour, en adepte de l'Islam, il tua le serpent sacré du puits du village. Ce geste provoqua la colère des animistes et l'amena à abandonner son village natal. Mory Kamani Fofana dût s'exiler au Mali d'où il se rendit ensuite à Mankono en Côte d'Ivoire, puis à Massala dans le département de Seguela.

A la recherche d'un endroit propice à la pratique de sa religion, il partit dans le village de Tiémassoba. Après de multiples prières, Dieu lui aurait révélé que la terre propice à son installation définitive était celle du village de Gbogolo auprès du vieux Bobo Dosso, à quelques encablures de celui de Tiémassoba.

Le vieux Bobo Dosso serait le premier fondateur du village de Gbogolo. Il avait pour coutume d'adorer la grande montagne appelée «Bobo-lè-goulè» qui signifie « montagne de Bobo » en langue gouro. Mory Kamani se rendit donc à Gbogolo auprès de Bobo Dosso pour lui demander l'hospitalité. Bobo offrit une place à l'étranger afin de l'aider à développer le village.

Mory Kamani Fofana, grand marabout, aurait pris le nom local de Karamoko Djouambo Dosso, en hommage à son hôte.

La cohabitation entre l'hôte et son étranger ne fut pas aisée. En effet, Bobo Dosso était un grand féticheur polythéiste, adorant la montagne et d'autres divinités, tandis que Karamoko Djouambo Dosso, grand marabout monothéiste, n'adorait que son Dieu unique Allah. Le fétichisme et l'islam n'allant pas de pair, Karamoko Djouambo entreprit des prières afin que son tuteur s'éloignât de lui avec ses démons.

Ces prières ayant été exaucées, Bobo prit un jour la décision d'aller créer un nouveau village auprès d'une termitière dans laquelle il prit soin de ranger ses affaires avant la construction de sa case. La termitière en langue locale malinké se dit "toh", d'où le nom de son village Tonon qui signifie « à l'intérieur de la termitière ». Ce village se situe à environ deux kilomètres de Gbogolo. Avant d'aller s'établir à Tonon, Bobo recommanda à son étranger de bien prendre soin de la montagne qu'il adorait.

La distance qui séparait les deux hommes n'affecta pas du tout leur amitié. Ainsi, Bobo donna en mariage sa fille Makoumba Dosso à son étranger. Elle eut douze fils dont l'aîné s'appelait Dadou Dosso.

Karamoko Djouambo décida un jour d'effectuer le pèlerinage à la Mecque. Avant son départ, il confia sa femme et ses enfants à son hôte et beau-père Bobo Dosso. Après sept ans d'absence, El Hadj Karamoko Djouambo Dosso, entreprit son retour de la Mecque. À l'orée du village de Gbogolo, il s'assit en route, non loin de la montagne bobo-lé-glè, dans un endroit appelé «Gnaangna» et envoya un messager pour annoncer la bonne nouvelle de son arrivée à la population. Celle-ci, très heureuse, se mit en tenue de guerrier, battant des tam-tams pour aller accueillir l'érudit venant de La Mecque.

A la vue de ce spectacle affligeant pour un musulman, El Hadj Karamoko Djouambo aurait demandé au Tout-Puissant sa disparition aux yeux des humains. Cette prière aurait été immédiatement exaucée et l'homme de Dieu disparut à jamais. À l'endroit où il s'était assis, l'on ne retrouva que son chasse-mouches et son chapelet qui sont précieusement conservés par le doyen d'âge du village de Gbogolo de nos jours.

Éducation et santé

Le village comporte une école primaire et dispose également d'un centre de santé et d'une infirmerie qui servent pour les villages environnants.

Centre de santé de Gbogolo.
Fichier:Ecole de Gbogolo.JPG
École de Gbogolo.

Langues

La langue véhiculaire parlée et comprise par la majeure partie de la population du département de Seguela est le worodugukan qui est une composante du groupe Malinké. Le worodugukan est souvent confondu à tort avec le koyaka parlé essentiellement dans la sous-préfecture de Mankono. Ces deux langues mandingues sont semblalbles. Le worodugukan est appelé bakokan par les ressortissants de Mankono. Dans le canton Tiéma dont fait partie le village de Gbogolo, le parler est légèrement différent de celui de Seguela, en raison de l'influence de la langue gouro qui est beaucoup parlée dans la région. En effet, le canton Tiéma est à la lisière du pays gouro. Les mariages mixtes (dioulas-gouros) y sont légion.

Population

Il n'existe pas de statistiques actuelles disponibles sur l'effectif de la population de Gbogolo. Cependant, l'on estime le nombre d'habitants du village à un millier. La population est essentiellement composée de malinkés (Dioulas). Mais on rencontre également un nombre réduit de gouros, de sénoufos et de ressortissants du Mali et du Burkina Faso. La majorité des habitants portent le patronyme Dosso ce qui atteste de leur descendance d'un même patriarche. Ce nom est également utilisé dans les autres villages du canton. En langue manding, Dosso signifie chasseur.

La situation géographique du canton Tiéma, entre savane et forêt, en fait une terre privilégiée de rencontres pour plusieurs coutumes. L'un des traits les plus caractéristiques de l'ethnie malinké c'est l'existence de la notion de famille élargie. Le chef de famille c'est le père, ou plus généralement l'homme le plus âgé; à la mort du père, en effet, les responsabilités de chef de famille sont assumées par l'oncle aîné qui doit hériter des biens, de la descendance du défunt et souvent des veuves. Ce patriarche regroupe autour de lui ses femmes et ses enfants, ses frères avec leurs femmes et leurs enfants. Les étrangers qui ont séjourné dans une famille pendant plusieurs années deviennent des membres à part entière de cette famille. Tous travaillent pour le compte du chef de famille. C'est lui qui répartit les tâches et chacun doit lui rendre compte de ses activités.

La société Malinké est stratifiée en castes : les Nobles, les Forgerons, les Coordonniers. Cette distinction se retrouve à Gbogolo ou le pouvoir est exercé par les Nobles. Par le passé, les castes ne se mariaient pas entre-elles ; et pendant longtemps des sociétés sécrètes ont existé : les chasseurs, les masques.

L'excision et la circoncision font partie de l'éducation de la jeune fille et du jeune garçon.

Organisation sociopolitique

La société du canton Tiéma a une composition étatique. Celle-ci est régie par la chefferie qui obéit à une forme de monarchie, mais une certaine démocratie a lieu dans les prises de décision. Chaque village du canton a, à sa tête, un chef appelé sotigui. Il est garant de la tradition et des coutumes. L'administration coloniale a institué un dougoutigui (chef de terre), porte-parole du village auprès des autorités. La fonction de chef est héréditaire et familiale. C'est-à-dire que le chef est toujours issu d'une seule lignée. Il est en même temps le sacrificateur du village, ou bien il choisit un membre de sa famille élargie. Le chef de village réunit les notables pour avoir des opinions sur des questions concernant le village. Après consultation, il tranche en dernier ressort, et sa décision est irrévocable. La notabilité est représentative de toutes les familles, des jeunes et quelques fois des femmes. Chaque couche sociale est donc représentée. Cette représentation est souvent fonction de la nécessité du moment.

Aux côtés des gardiens des us et coutumes, les hommes religieux figurent en bonne place.

Religion à Gbogolo

L'Islam forme la religion dominante dans le canton Tiéma. Il a été introduit dans la région de Séguéla par des familles issues des Toucouleurs : les Bakayoko, les Fofana, les Keita, et les Binaté qui, à la suite d'une invasion, le plus souvent pacifique, sont venues de la boucle du Niger.

Dès leur jeune âge, les enfants sont initiés à la prière. Cependant, il n'existe pas d'école coranique à Gbogolo et pas de maître coranique à proprement parler. Beaucoup de pratiques animistes ont disparu au contact de l'Islam. Mais certains rites cohabitent avec la pratique islamique, notamment l'adoration de la montagne sacrée, l'offrande de volaille ou de bétail aux ancêtres. La fête de la pintade est une pratique répandue dans le worodougou.

Villages voisins de Gbogolo

  • Tiémassoba et Barana au nord.
  • Tonon et Fimanan à l'est.
  • Gbiéla ou Gouelo et Toukro au sud.
  • Dienfé et Kavala vers l'ouest.

Tourisme

Le tourisme à Gbogolo est constitué de curiosités. En effet, le village est entouré par deux immenses montagnes dont l'ascension constitue un plaisir pour les randonneurs et permet d'avoir une vue imprenable sur toute la région.

L'une des deux montagnes appelée Bobo-lé-Glé comporte un lieu d'adoration, à l'endroit où dit-on le patriarche Karamoko Djouambo aurait disparu miraculeusement à son retour de La Mecque (cf. supra). On raconte que cette montagne renfermerait un serpent boa protecteur du village. Le visiteur aura l'occasion de découvrir également la forêt sacrée du village où sont enterrés les chefs du village.

Économie

L'économie du village de Gbogolo et du canton Tiéma est essentiellement caractérisée par l'exploitation agricole. Les principaux produits vivriers sont l'igname, le riz, la banane plantain, le maïs, et l'arachide. Les cultures de rente sont constituées du coton, de l'anacarde, du café et du cacao dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial. L'élevage est également pratiqué, à une échelle très réduite, essentiellement par des éleveurs peuls. Un projet d'implantation de marché est en cours. Dans le canton, seul le marché de Tiémassoba sert de lieu de rencontre entre vendeurs et acheteurs tous les mercredis.

Dans le cantion Tiéma, l'agriculture repose sur l'alternance de périodes de culture et de jachère avec présence ou non de cultures pérennes. Elle se caractérise par une faible mécanisation. La pratique de la culture irriguée est également embryonnaire. Les cultures de bas-fond, en particulier le maraîchage, sont à vulgariser. Cette caractérisation permet de préciser les domaines d'intervention prioritaires pour cette région dans le domaine du développement rural. L'anacardier constitue aujourd'hui un élément central du système de production de la population de Gbogolo. Mais d'ores et déjà les paysans doivent s'interroger sur la superficie que doivent occuper ces vergers. En effet, l'anacardier mobilise la terre pour une durée d'au moins trente ans. Le développement de cette culture se fait donc au détriment du système igname/cultures secondaires/jachère. L'alimentation des habitants de Gbogolo est essentiellement à base de riz, d'igname, de banane-plantain et de manioc qui sont abondamment produits au gré de la pluviométrie. Mais la famine est à craindre pendant les périodes de soudure. Ce fait relève bien souvent de la mauvaise gestion des produits agricoles. En effet, les récoltes une fois entrées, sont consommées sans modération et aussi pour des raisons économiques ou culturelles (funérailles, fêtes de réjouissance, etc.).

Notes et références

  1. (fr) Décret n° 2005-314 du 06 octobre 2005 portant création de cinq cent vingt (520) communes.

Liens externes

--Dossomebra (d) 7 janvier 2009 à 20:24 (CET)

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