- Françoise Catherine Thérèse Boutinon des Hayes
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Françoise Catherine Thérèse Boutinon des Hayes, née à en 1714 à Paris où elle est morte en 1752, est une comédienne et femme du monde française.
Fille de Mimi Dancourt et petite-fille de Florent Dancourt, elle avait elle-même rempli des rôles de soubrette, dans sa première jeunesse. En 1725, elle devint la maîtresse du fermier général Alexandre Le Riche de La Pouplinière et vécut douze ans avec lui jusqu’à ce que le cardinal Fleury, informé, oblige celui-ci, sous menace de radiation de la liste des fermiers généraux, d’épouser, en 1737, la jeune « innocente » qu’il avait trompée.
Joignant, à une grande beauté, une intelligence rare, une mémoire prodigieuse et un tact exquis[1] pour juger les œuvres littéraires et théâtrales, elle eut pour professeur de clavecin Jean-Philippe Rameau qu’elle soutint de façon active (elle écrivit un commentaire remarqué sur la génération harmonique[2]).
Elle animait un salon qui jouissait, à Paris, d’une certaine réputation. « Sa maison, dit le baron Grimm, était le réceptacle d’une foule de gens de tous les états, tirés indistinctement de la bonne et mauvaise compagnie. Gens de la cour, gens du monde, gens de lettres, artistes, étrangers, acteurs, actrices, filles de joie, tout y était rassemblé. » Aussi lui donnait-on le nom de « Ménagerie », et, au maître, celui de « Sultan ».
Parmi les habitués notables de ses salons, gens de lettres, artistes, philosophes, grands seigneurs, étrangers de marque, se rencontraient Rameau, Voltaire, Mondonville, Vaucanson, Carle van Loo et sa femme, la cantatrice italienne, Marmontel, Jean-Jacques Rousseau, Duclos, Raynard, Suard, La Condamine, Saurín, Darcet, Chardin, le pastelliste La Tour et le sculpteur Pigalle, les écrivains anglais David Hume et Gibbon et la plupart des ambassadeurs étrangers. L’armée était représentée par les maréchaux de Saxe et de Lowendal et surtout, pour le malheur du ménage La Pouplinière, par le futur maréchal de Richelieu, l’homme le plus aimable, le plus libertin et le plus séduisant de son époque.
Un essaim de soupirants gravitait autour de Françoise de La Pouplinière et des amis charitables avaient déjà averti M. de La Pouplinière des assiduités récompensées de Richelieu auprès de sa femme. Un mauvais plaisant dit alors que La Pouplinière était bien heureux d’être fermier-général, parce qu’on l’aurait fait payer aux barrières, comme bête à corne. Depuis lors, la vie en commun lui était devenue insupportable. « II fallait voir à table, dit Marmontel dans ses Mémoires, ces deux époux vis-à-vis l’un de l’autre ; la morne taciturnité du mari, la fière et froide indignation de la femme, le soin que prenaient leurs regards de s’éviter, et l’air terrible et sombre dont ils se rencontraient, surtout devant leurs gens, l’effort qu’ils faisaient sur eux-mêmes pour s’adresser quelques paroles et le ton sec et dur dont ils se répondaient. On a de la peine à concevoir comment deux êtres, aussi fortement aliénés, pouvaient habiter ensemble, mais elle était déterminée à ne pas quitter sa maison, et lui, aux yeux du monde et en bonne justice, n’avait pas droit de l’en chasser. »
La découverte, à l’automne de 1748, de la fameuse plaque tournante de la cheminée qui permettait à Richelieu de s’introduire de la maison vacante qu’il avait louée tout exprès, dans l’hôtel de M. de La Pouplinière, rue de Richelieu, vis-à-vis de la Bibliothèque, fut enfin un motif plausible de la séparation qu’il désirait et il le saisit. Marmontel a rapporté les détails fort amusants du constat que fit dresser, le 28 novembre, l’époux malheureux en présence de sa belle-mère, du commissaire du quartier, d’un architecte assisté d’un maître maçon, de son ami le mécanicien Vaucanson et de l’avocat Balot, sa découverte et sa disgrâce : la perfection du travail de la plaque, de ses gonds invisibles, faisait l’admiration de Vaucanson qui, s’inquiétant fort peu de la situation critique de son ami, s’écriait : « Le beau travail ! l’excellent ouvrier ! » et voulait à tout prix empêcher la destruction d’un tel chef-d’œuvre.
Enfin, la séparation ayant lieu eu, M. de La Pouplinière s’engagea à verser à sa femme une somme de 5 000 livres, une fois donnée, pour son ameublement, et une rente annuelle de 10 000 livres, sa vie durant.
Elle loua alors un appartement dans la rue Ventadour, et c’est là que, dans l’oubli, elle mourut d’un cancer au sein en 1752. L'auteur de la Vie du maréchal de Richelieu dit que l’abbé de Sade la consolait de l’inconstance de ce seigneur, après qu’elle fut séparée de son mari.
Notes et références
- On a dit qu’elle avait tous les talents, sauf la reconnaissance.
- [1] Voir
Catégories :- Salonnière
- Naissance en 1714
- Décès en 1752
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