- Franz Rosenzweig
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Franz Rosenzweig est un philosophe et théologien juif allemand des XIXe et XXe siècles (Cassel, 25 décembre 1886 - 10 décembre 1929).
Né dans une famille assimilée et contemplant la conversion au christianisme, il effectue un spectaculaire retour au judaïsme et s’intéresse dès lors au judaïsme et au messianisme qui figurent proéminemment dans son œuvre.
Sommaire
Biographie
Franz Rosenzweig est né à à Cassel, le 25 décembre 1886. Il est le fils unique de Georg et Adèle Rosenzweig. Il grandit dans une famille juive d'industriels aisés dans la teinturerie. La mère est férue d’art et de littérature. L’observance juive de la famille se limite à la Bar Mitzvah et aux grandes fêtes religieuses.
Rosenzweig étudie à l'université la médecine, l'histoire et la philosophie. Sa thèse de doctorat de 1912 porte sur Hegel et l’Etat (publiée en 1920). La question qui traverse la thèse de Rosenzweig est celle de savoir si l’Etat universel hégélien est adéquat à la réalité de l’Etat-puissance. Il subit alors l'influence de l'historien Friedrich Meinecke puis d'Eugen Rosenstock-Huessy, juif converti au protestantisme.
Peu satisfait du rationalisme hégélien, il songe à se convertir au christianisme. Mais comme il veut que sa conversion soit celle d’un Juif et non d’un païen, Rosenzweig décide, en 1913, de passer une ultime journée de Kippour dans un office de Kippour dans une synagogue berlinoise. Cet office le détourne de son idée première et le rapproche de son judaïsme. Puis sa participation directe à la guerre le confirme dans ses réserves à l’égard de la philosophie hégélienne de l’histoire qui justifie la mort des individus au nom de causes supérieures. Entre 1913 et 1921, il subit l'influence d'Hermann Cohen et entre en relation avec Martin Buber.
En 1917 Rosenzweig publie un manuscrit de la main de Hegel qu'il intitule "Le plus ancien programme de système de l'idéalisme allemand" (Das älteste Systemprogramm des deutschen Idealismus). Il y voit un texte de Schelling et ouvre un débat concernant l'attribution, car d'autres affirment, au contraire, qu'il s'agit d'un texte de Hegel voire de Hölderlin.
Durant la Première Guerre mondiale, il écrit son œuvre maîtresse L'Étoile de la rédemption (Der Stern der Erlösung, 1921). Il publie dans le même temps sa thèse en l’encadrant de quelques pages de préface et de conclusion qui montrent qu'il n'adhère plus du tout aux idées de sa jeunesse. Rosenzweig voit bien que les courants intellectuels dont il a été proche ne sont pas étrangers au développement du pangermanisme et de l'antisémitisme. Il fonde ensuite à Francfort une académie d'études juives pour adultes (freies jüdisches Lehrhaus), où enseignent les meilleurs savants juifs allemands.
Franz Rosenzweig reste avant tout un allemand, un juif allemand assimilé. Il écrit en 1923 que : « Mon retour au judaïsme (Verjudung) a fait de moi un meilleur et non un pire Allemand... Et je crois qu’un jour L’Étoile [de la Rédemption] sera reconnue et appréciée à juste titre comme un cadeau que l’esprit allemand doit à son enclave juive[1]. » Paralysé les huit dernières années de sa vie, il continue cependant à travailler. Il traduit des poèmes de Juda Halévy puis la Bible avec Martin Buber. Il continue à observer les préceptes pratiques du judaïsme.
L'œuvre de Rosenzweig est mal connue du public francophone. Il en existe une traduction anglaise par William Hallo (New York, 1971) et une traduction hébraïque par Joshua Amir (Jérusalem, 1970). Le philosophe et professeur français Stéphane Mosès lui a consacré des études substantielles : Système et Révélation. La philosophie de F. R., Le Seuil, 1982; L'Ange de l'histoire, édition revue et augmentée, Gallimard, Folio, 2006. L'étoile de la Rédemption a été traduite par A. Derczanski et J.-L. Schlegel au Seuil, 1982.
L'étoile de la rédemption
Rosenzweig a commencé à écrire L'Étoile de la Rédemption dans les tranchées sur des cartes postales envoyées à sa famille. Il part de trois notions qui sont pour lui essentielles à toute pensée, toute expérience et toute réalité : Dieu, le monde, l'homme. Ces trois notions, inséparables, ne sont pas immobiles et sont mises en relation. Dieu s'occupe du monde, il « renouvelle par sa bonté, tous les jours, éternellement, l’acte de création ». Il se manifeste à l’homme sous la figure de la révélation. Quant à l'homme, le destin du monde lui importe. Les deux triangles - Dieu, l'homme, le monde d’un côté, la création, la révélation, la rédemption de l’autre se rejoignent et se recoupent à la manière d’une étoile. Le judaïsme qui se dessine ici se situe en dehors de l'histoire et du politique, il se transmet de génération en génération. Il s’agit de faire fructifier par l'étude et par la liturgie, mais non par l'engagement concret dans l’histoire.
Notes et références
- [1] Michael Löwy, La culture juive allemande entre assimilation et catastrophe, p 37, disponible sur
Annexes
Bibliographie
- Myriam Bienenstock, Cohen face à Rosenzweig. Débat sur la pensée allemande. Paris, Vrin, 2009, 256 pages, 25 Euros (ISBN 978-2-7116-2170-5)
- Héritages de Franz Rosenzweig. "Nous et les autres". Sous la direction de Myriam Bienenstock. Paris, éditions de l'Éclat, 2011, 272 pages (ISBN 978-2-84162-227-6)
Articles connexes
Liens externes
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