Francois Hanriot

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François Hanriot, né à Nanterre le 3 décembre 1759, guillotiné à Paris le 28 juillet 1794, est un militaire et un révolutionnaire français.

Sommaire

Biographie

Fils d'Edme Hanriot et de Marguerite Davoine, des paysans pauvres devenus domestiques[1], il étudie à l'école paroissiale, où il apprend à lire et à écrire, et devient saute-ruisseau chez un notaire, avant d'obtenir une place de commis à l'octroi de Paris.

Le 12 juillet 1789, il participe à une émeute au cours de laquelle les barrières sont brûlées, ainsi que les dossiers et registres du bureau, ce qui lui vaut d'être arrêté et emprisonné à Bicêtre. Bientôt remis en liberté grâce à la campagne de presse de Marat en faveur des incendiaires, il milite à la section du Jardin-des-Plantes, dans le faubourg Saint-Marcel, l'un des quartiers les plus peuplés et les plus pauvres de la capitale. Électeur en 1792, il occupe les fonctions de secrétaire-greffier du comité local, puis est élu, le 2 septembre, commandant du bataillon de la garde nationale de sa section.

Il participe à la journée du 10 août 1792 et à la prise du Tuileries, puis aux massacres de septembre. Toutefois, dans ce dernier cas, il est possible que sa responsabilité dans le massacre de Saint-Firmin vienne d'une confusion avec un homonyme, Humbert Henriot, débardeur de 32 ans[2].

Proclamé commandant en chef provisoire de la garde nationale par le Comité insurrectionnel de l'Évêché le soir du 30 mai 1793, il dirige le mouvement insurrectionnel lors des journées du 31 mai et du 2 juin 1793, où il cerne la Convention avec 80 000 hommes. Son rôle décisif lui vaut d'être appelé « sauveur de la patrie » par Marat.

Le 11 juin, il donne sa démission, mais la Commune le maintient dans ses fonctions jusqu'à l'élection d'un nouveau chef. Candidat des Jacobins et des sans-culottes, il l'emporte le 1er juillet face à Raffet, candidat de la bourgeoisie modérée, par 9 087 voix contre 6 095 à son concurrent. Proche des sans culottes, il parvient, secondé par Boulanger et Lavalette, à maintenir l'ordre dans la capitale, en prévenant les désordres plutôt qu'en réprimant. Il parvient notamment, durant l'hiver de l'an II, particulièrement rigoureux, à éviter que les queues devant les boucheries et les boulangeries ne tournent à l'émeute.

Il est promu général de brigade le 3 juillet 1793 puis général de division le 19 septembre.

Membre du club des Cordeliers, lié aux Hébertistes, il est menacé en ventôse lors de leur arrestation, mais Robespierre le protège. Désormais fidèle à l'Incorruptible, il s'oppose à Carnot, qui veut dégarnir Paris de ses canonniers. Destitué et décrété d'arrestation par la Convention lors de la séance du 9-Thermidor, il rejoint la Commune et tente d'organiser une insurrection, donnant l'ordre aux chefs des six légions de la garde nationale d'envoyer chacun 400 hommes à l'Hôtel de Ville et à l'adjudant-général des canonniers de requérir les compagnies de canonniers et les pièces d'artillerie. Mais quatre chefs de la légion refusent d'obéir, et seize sections seulement envoient des détachements de la garde nationale, mais plus que les 50 hommes demandés par Hanriot (la Section du Panthéon-Français en fournit à elle seule 1 200). Il tente ensuite de libérer Robespierre et ses amis, retenus dans les locaux du comité de sûreté générale, à l'hôtel de Brionne, mais il est lui-même arrêté sur ordre du député Rühl[3].

Délivré plus tard par Jean-Baptiste Coffinhal, il commet l'erreur, pour une raison que les historiens ont vainement tenté de déterminer avec certitude, de ramener ses troupes à l'Hôtel de Ville, au lieu de s'emparer de la Convention. On a parfois émis l'hypothèse qu'il aurait reculé par légalisme devant la perspective d'attaquer la Convention[4]. Une thèse, qui n'est fondée sur aucune source vérifiable, prétend que le jugement d'Hanriot aurait été obscurci par son état d'ébriété[5],[6],[7].

Lors de la prise de l'Hôtel de Ville par les troupes de la Convention, il se cache. On le retrouve, le matin du 10 thermidor, dans une cour de l'Hôtel de Ville, affreusement blessé à la tête. Une autre version, diffusée par les Thermidoriens, mais qu'aucune source ne permet d'étayer, prétend que Coffinhal l'aurait jeté par une fenêtre en lui reprochant l’échec de l’insurrection.

Mis hors-la-loi par la Convention comme tous les Robespierristes, il n'est pas jugé, Fouquier-Tinville se bornant à constater son identité. Il fut guillotiné le soir du 10 thermidor an II 28 juillet 1794 en compagnie des autres robespierristes.

La légende thermidorienne et plusieurs historiens hostiles ont, selon Raymonde Monnier, dressé de lui un portrait « venimeux et mensonger », destiné à le déconsidérer. Haim Bustin, de même, signale qu'« il fut la cible de critiques cinglantes, avant même que tout fût connu, de sa biographie »[2]et que l'« historiographie modérée » l'a « dépeint comme un homme despotique, ivrogne et peu sûr »[8]. Courtois l'a traité, dans son fameux rapport, de « domestique chassé pour infidélité par ses maîtres »[9], accusation dont les historiens lui ont depuis fait justice[10]. De même, l'accusation d'ivrognerie est couramment associée à l'image d'Hanriot, et se retrouve par exemple dans le film La Révolution française qui, dans sa seconde partie, dépeint le général comme une brute avinée, trop ivre pour commander ses hommes au soir du 9 thermidor et échouant ainsi à défendre l'Hôtel de Ville. Contrairement à cette légende, Buchez et Roux mettent en avant son extrême sobriété[11], de même qu'Ernest Hamel, qui attribue l'image d'un Hanriot ivrogne aux auteurs royalistes[12],[13].

Anecdote

Dans la pièce de théâtre Thermidor de Claude Vermorel, créée au théâtre Pigalle le 24 mars 1948, le rôle d'Hanriot était interprété par Louis de Funès.

Sources principales

Notes et références

  1. Henri Vuagneux, Courbevoie et ses environs: de leur origine à nos jours, 1906, 157 pages, p.  73.
  2. a  et b Haim Bustin, Une révolution à l'oeuvre: le faubourg Saint-Marcel (1789-1794), Éditions Champ Vallon, 2005, 923 pages, p. 426 (ISBN 2876733706).
  3. Françoise Brunel, Thermidor, Éditions Complexe, 1989, 155 pages, p.  102 (ISBN 2870272758).
  4. Daniel Guérin, La lutte de classes: sous la Première République, 1793-1797, Paris, Gallimard, 1968, p. 325. Françoise Brunel signale également cette hypothèse dans son Thermidor: la chute de Robespierre, 1989, p. 103.
  5. Buchez et Roux, Histoire parlementaire de la Révolution, tome XXXIV, p. 41, affirment que « que des gens qui l'ont connu assurent qu'il était ordinairement fort sobre, et que ce jour là ayant voulu boire un petit verre d'eau-de-vie pour s'exciter, cela avait suffi pour le mettre hors de lui », sans préciser l'identité de ces témoins, note Hamel dans son Histoire de Robespierre, tome III, p. 768.
  6. Léo Joubert, dans sa notice sur Robespierre, parue dans Jean-Chrétien Ferdinand Hoefer (dir.), Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Paris, Firmin Didot frères, fils & Cie, 1863, tome 42, p. 431, prétend quant à lui qu'Hanriot était « peu capable de sang-froid » et « avait bu pour se donner de l'assurance ».
  7. La Convention Montagnarde (suite) juin 1793 - juillet 1794
  8. Haim Bustin, Op. cit., p. 573
  9. Rapport sur les événements du 9 thermidor, p. 60.
  10. Il ne fut jamais « chassé par son patron pour vol » comme le prétendent plusieurs auteurs, car il a été établi qu'il s'agissait d'un autre Hanriot. Voir La Révolution française: revue d'histoire contemporaine, Société de l'histoire de la révolution française, Paris, 1907, p.  220.
  11. Histoire parlementaire de la Révolution française, tome XXXIV, p. 41.
  12. Histoire de Robespierre, tome III, p. 768. Il note l'absence complète de référence à la « prétendue ivresse » d'Hanriot dans « toutes les pièces officielles et officieuses sur le 9 Thermidor, les procès-verbaux et rapports des sections, les rapports des gendarmes, officiers et autres fonctionnaires ou simples citoyens ».
  13. C'est le cas de l'historien et romancier réactionnaire Charles d'Héricault (1823-1899), dans La révolution de thermidor: Robespierre et le Comité de salut public en l'an II, Didier & Cie., 1876, 514 pages, p. 425.

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